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Charles de Bonchamps

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Charles de Bonchamps
Charles de Bonchamps
Charles Melchior Artus de Bonchamps, huile sur toile de Girodet, 1816, musée d'Art et d'Histoire de Cholet.

Naissance
Juvardeil
Décès (à 33 ans)
Varades
Mort au combat
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France (1775-1791)
Drapeau de l'Armée catholique et royale de Vendée Vendéens (1793)
Grade Général
Années de service 17751793
Conflits Guerre d'indépendance des États-Unis
Guerre de Vendée
Faits d'armes Siège de Gondelour
Bataille de Beaupréau
Bataille de Thouars
2e Bataille de Fontenay-le-Comte
Bataille de Nantes
1re Bataille de Châtillon
Bataille de Martigné-Briand
Bataille de Torfou
Bataille de Clisson
Bataille de Treize-Septiers
2e Bataille de Châtillon
Bataille de La Tremblaye
Bataille de Cholet
Hommages Statue du Pardon de Bonchamps par David d'Angers
Famille Marie Renée Marguerite de Scépeaux de Bonchamps (épouse)

Emblème

Charles Melchior Artus de Bonchamps, né le à Juvardeil et mort le à Varades, est un militaire français et un général royaliste de la guerre de Vendée.

Il reste célèbre pour avoir gracié près de 5 000 soldats républicains à la suite de la bataille de Cholet du 17 octobre 1793, combat au cours duquel il sera mortellement blessé.

Biographie

Jeunesse

Charles de Bonchamps est issu d'une famille de petite noblesse angevine[1]. Son père est Louis Charles Artus de Bonchamps, né en 1735, et sa mère est Marguerite Heulalie Hellaut de La Vallerie, née en 1743. Marié en 1758, le couple s'établit au château du Crucifix, à Juvardeil, chez les parents de la nouvelle épousée[1]. Louis Charles Artus de Bonchamps dispose alors de 1 500 livres de revenu annuel et la dot de son épouse s'élève à 15 000 livres[1].

Charles Melchior Artus de Bonchamps naît en 1760 au château du Crucifix. Sa mère meurt en 1766, épuisée par plusieurs grossesses[1]. Son père se remarie et s'établit dans le château de son propre père, à La Baronnière, dans la commune de La Chapelle-Saint-Florent[1]. Charles de Bonchamps grandit alors avec son grand-père et deux de ses filles non mariées, son père, sa belle-mère, ses trois sœurs et sa belle-sœur[1].

Expédition aux Indes pendant la guerre de la Révolution américaine

En 1775, Charles de Bonchamps, alors âgé de 15 ans, s'engage comme cadet au régiment d'Aquitaine[1]. En 1778, il est nommé sous-lieutenant[2].

À cette période, il songe à se fiancer avec une jeune Bretonne de Saint-Brieuc, que son père lui interdit d'épouser en raison d'une dot trop maigre[2].

Cependant la guerre d'indépendance des États-Unis fait alors rage et le 2e bataillon du régiment d'Aquitaine est intégré à un corps expéditionnaire qui doit se rendre en Inde, pour soutenir le sultan du Mysore, Haidar Alî, contre les Britanniques[2]. Le , la flotte appareille, avec à son bord le sous-lieutenant Charles de Bonchamps[2]. Trois mois plus tard, elle atteint le cap de Bonne-Espérance, mais une épidémie de typhus l'oblige à relâcher longuement[2]. L'expédition atteint finalement Sumatra le [2]. Elle débarque ensuite à Gondelour, qui est assiégée pendant un mois par les Britanniques[2]. Les combats cessent lorsqu'une frégate française vient annoncer que de pourparlers de paix ont été engagés entre la France et la Grande-Bretagne[2]. Ces derniers sont suivis par la signature du traité de Paris et du traité de Versailles, le , qui marquent la fin de la guerre d'indépendance des États-Unis.

Charles de Bonchamps demeure pendant deux ans à Pondichéry, avant d'entamer le voyage du retour vers la France qui dure onze mois[2]. Atteint du scorbut pendant la traversée, il manque de peu de passer pour mort et d'être jeté par-dessus bord[2].

Début de la Révolution française

Portrait de Charles de Bonchamps, miniature réalisé de son vivant, XVIIIe siècle.

De retour en France, le régiment d'Aquitaine vient tenir garnison dans la ville de Paris[2]. Lors de son séjour dans la capitale, Bonchamps fréquente le café de Valois et se passionne pour le jeu des échecs[2].

En 1787, il est élevé au garde de capitaine des grenadiers du régiment d'Aquitaine[3]. Quelques mois plus tard, il se marie avec Marie Renée Marguerite de Scépeaux, nièce du comte d'Autichamp, colonel en second du régiment d'Aquitaine[3]. Le couple aura deux enfants : Zoé Anne Agathe Charlotte, née en 1789, et Hermenée, né en 1791.

En 1789, Bonchamps retourne en Anjou pour participer à l'élection des députés de la noblesse de sa province aux États généraux[3]. Il part ensuite rejoindre sa garnison à Longwy, en Lorraine[3]. Mais en 1790, des conflits et remous commencent à opposer soldats et officiers[3]. En 1791 une révolte éclate au sein du régiment à Laudau[4]. Après cet événement, Charles de Bonchamps démissionne et se retire sur sa terre de La Baronnière[3],[4].

Il devient acquéreur de biens nationaux et le 1er septembre 1792 il prête serment à la Nation[5].

Insurrection dans les Mauges et début de la guerre de Vendée

Ruines du château de La Baronnière, gravure de Thomas Drake, vers 1850.

C'est là que les insurgés de la Vendée viennent le chercher le 13 mars 1793 pour le mettre à leur tête. Les paysans l'empêchent de monter à cheval et le contraignent à marcher à pied[5]. Sous son commandement, ils mettent en fuite la garnison de Montjean-sur-Loire. Sa femme Marie Renée Marguerite de Scépeaux de Bonchamps le suit à la guerre.

Il obtient d'abord quelques succès dans l'Anjou, et contribue à la prise de Bressuire et de Thouars mais échoue devant Nantes.

Le 17 septembre 1793, l'Armée catholique et royale, commandée par Charette et Bonchamps, rangée en ordre de bataille sur le bord de la grande route de Tiffauges à Cholet, faisant face à Torfou, est attaquée par les républicains sous les ordres de Kléber. L'attaque est si impétueuse que le village et la hauteur sont évacués presque aussitôt par les Vendéens et occupés par Kléber ; mais la retraite des vendéens n'est point une fuite ; il se range derrière les haies et les fossés. L'affaire s'engage de nouveau, et Kléber ayant l'avantage de la position, charge les vendéens à la baïonnette et les débusque ; mais les fuyards, au lieu de se jeter en arrière, filent par la gauche des républicains pour les prendre en flanc et les contourner. Cette manœuvre nécessite la retraite de Kléber après cinq heures d'un combat sanglant où les deux partis montrent un égal courage et un grand acharnement. Les soldats appartenant à la colonne mayençaise se font hacher plutôt que de rendre les armes. Cette colonne doit surtout son salut à la résolution héroïque de Chevardin, chef de bataillon des chasseurs de Saône-et-Loire.

Kléber, déjà grièvement blessé et se sentant de plus en plus pressé par les Vendéens, arrive au pont de Boussay, y fait placer deux pièces de canon. Il dit à Chevardin : « Tu vas rester ici et défendre ce passage. Tu seras tué, mais tu sauveras tes camarades ». Chevardin répond : « Oui, Général ». Il combat et meurt au poste qui lui est assigné mais le passage n'est point forcé. Après cet échec, le général en chef Canclaux ordonne au général Beysser de se porter sur Boussay. Charette et Bonchamps décident de l'attaquer. Ils se rejoignent à Montaigu et là, à la suite d'un combat où le général républicain, atteint d'un biscaïen, passe pour mort pendant quelques moments, sa colonne est mise dans un désordre complet et s'enfuit, vivement poursuivie jusqu'à Aigrefeuille.

De Montaigu, Charette marche sur Saint-Fulgent, où il bat de nouveau les Républicains, leur prend 22 canons, leurs bagages et de nombreuses munitions. Le 22 septembre 1793, Bonchamps et d'Elbée assaillent près de Clisson le général Canclaux. Déjà Bonchamps s'est emparé des chariots, des ambulances et d'une partie de l'artillerie républicaine ; mais Charette ne vient pas au rendez-vous et les Vendéens sont vaincus à leur tour.

Le 30 septembre 1793, Kléber, placé sous les ordres de Canclaux, rencontre, à deux lieues de Montaigu, les avant-postes de Bonchamps et de d'Elbée. Ces généraux sont campés de ce côté avec 40 000 hommes et une nombreuse artillerie. Kléber donne le signal de l'attaque. « Nous n'avons pas de canons, disent quelques officiers ». Le général répond « Eh bien ! reprenons ici ceux que nous avons perdus à Torfou ». Après une lutte acharnée de deux heures, les Vendéens, troublés par l'impétuosité d'une charge à la baïonnette, sont mis en déroute.

Aux combats de Saint-Christophe-du-Ligneron et de La Tremblaie, les Vendéens, commandés par Bonchamps, d'Elbée, Lescure et La Rochejaquelein, sont encore battus après une lutte sanglante. Lescure est mortellement blessé.

La mort de Bonchamps, huile sur toile de Thomas Degeorge, 1837, Historial de la Vendée, Les Lucs-sur-Boulogne.

À la bataille de Cholet, le 17 octobre 1793, 24 000 Républicains combattent contre 40 000 Vendéens découragés, très mal armés et encore plus mal disciplinés. Il y a peu de batailles où les masses se sont entrechoquées avec autant de fureur. Les Vendéens ont longtemps l'avantage. C'est le jeune général républicain Marceau qui décide la victoire à se ranger du côté des Républicains. « Jamais, dit Kléber, les Vendéens n'ont livré un combat si opiniâtre, si bien ordonné ; ils combattent comme des tigres et leurs adversaires comme des lions ». Les pertes pour les insurgés s'élèvent à 8 000 hommes tués ou blessés. D'Elbée y est blessé grièvement et Bonchamps mortellement. Ce dernier, porté à Saint-Florent-le-Vieil, ordonne la grâce et la libération de 5 000 soldats républicains pour le lendemain 18 octobre, jour de sa mort[6]. Madame de Bonchamps, morte en 1845, raconte ainsi dans ses Mémoires les derniers moments de son mari :

« Monsieur de Bonchamps, après sa blessure, a été transporté à Saint-Florent, où se trouvent 5 000 prisonniers renfermés dans l'église. La religion avait jusqu'alors préservé les Vendéens de représailles sanguinaires ; mais lorsqu'on leur annonça que mon infortuné mari était blessé mortellement, leur fureur égala leur désespoir ; ils jurèrent la mort des prisonniers. Monsieur de Bonchamps avait été porté chez Monsieur Duval, dans le bas de la ville. Tous les officiers de son armée se rangèrent à genoux autour du matelas sur lequel il était étendu, attendant avec anxiété la décision du chirurgien. Mais la blessure ne laissait aucune espérance ; monsieur de Bonchamps le reconnut à la sombre tristesse qui régnait sur toutes les figures. Il chercha à calmer la douleur de ses officiers, demanda avec instance que ses derniers ordres fussent exécutés, et aussitôt il prescrivit que l'on donnât la vie aux prisonniers ; puis se tournant, vers d'Autichamp, il ajouta : « Mon ami, c'est sûrement le dernier ordre que je vous donnerai, laissez-moi l'assurance qu'il sera exécuté ». En effet, cet ordre, donné sur son lit de mort, produisit tout l'effet qu'on en devait attendre ; à peine fut-il connu des soldats que de toutes parts ils s'écrièrent : « Grâce ! Grâce ! Bonchamps l'ordonne ! ». Et les prisonniers furent sauvés ».

Augustin Burdet, La mort de Bonchamps, gravure d'après Auguste Raffet
Statue du Pardon de Bonchamps par David d'Angers

Bonchamps meurt le 18 octobre à 11 heures du soir à La Meilleraie[7] près de Varades. Son tombeau se trouve dans l'abbatiale de Saint-Florent-le-Vieil après que ses restes ont été déplacés par sa famille au début du XIXe siècle. Monsieur de Barante, rédacteur des Mémoires de Madame de La Rochejaquelein, prétend que quelques jours après l'enterrement de Bonchamps, les Républicains l'exhument pour lui trancher la tête et l'envoyer à la Convention.

Parmi les prisonniers graciés se trouve le père de l'artiste David d'Angers. Ce dernier érige la célèbre statue du Pardon de Bonchamps dont on peut voir l'original à l'abbatiale de Saint-Florent-le-Vieil et une copie à la galerie David d'Angers, à Angers.

Regards contemporains

« Monsieur de Bonchamp, chef de l'armée d'Anjou, était un homme de trente-deux ans : il avait fait la guerre dans l'Inde avec distinction, comme capitaine d'infanterie, sous Monsieur de Suffren. Il avait une réputation de valeur et de talent que je n'ai jamais entendu contester une seule fois ; il était reconnu pour le plus habile des généraux ; sa troupe passait pour mieux exercée que les autres ; il n'avait aucune ambition, aucune prétention ; son caractère était doux et facile ; il était fort aimé dans la grande armée et on lui accordait une entière confiance. Mais il était malheureux dans les combats : il a paru rarement au feu sans être blessé et son armée était ainsi souvent privée de sa présence ; c'est aussi pour cette cause que je n'ai jamais été porté à le voir[8]. »

— Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein, Mémoires

« Né humble et modeste, il ne s'égarait point dans de vaines pensées. [...] Ses manières étaient nobles et gracieuses ; sa taille moyenne, mais bien faite ; ses traits expressifs, son teint brun, ses cheveux épais et frisés; ses lèvres, un peu grosses, lui donnaient un air de bonté ; ses dents étaient d'une blancheur éclatante, et ses yeux étincelants d'esprit. Son langage, quoiqu'un peu recherché, peignait bien sa pensée. [...] S'il était sensible à l'amitié , il n'en était pas moins attaché à tout ce qui tient au luxe et à l'aisance de la vie. Ses dehors étaient brillants, ses dépenses considérables. Trente mille livres de rente auraient eu peine à y suffire, et il n'en avait pas quinze mille. Jamais il n'arrivait dans nos garnisons un militaire distingué sans qu'il ne le fêtât. Il aimait l'étude et les beaux-arts; le soir il ne s'endormait qu'après avoir lu plusieurs heures à la lumière d'une lampe qui éclairait tout l'appartement et était placée au milieu. Le matin son laquais l'éveillait de bonne heure ; il plaçait à côté de son lit des pantoufles rouges, un pantalon de soie et une robe de chambre élégante. Au sortir de son lit, il allait s'asseoir devant une glace pour s'accompagner sur la harpe, en chantant des airs qui respiraient l'amour ou l'héroïsme. Il cultivait tour-à-tour les mathématiques, le dessin, la musique et la littérature. Il suivait la mode dans sa coiffure et ses vêtements, autant que sa tenue militaire le lui permettait. Une partie de l'après-dinée était consacrée à des évolutions militaires de toute espèce, qu'il exécutait sur une table avec des fantassins et des cavaliers de métal. Le soir était partagé entre la société et le jeu; il perdait souvent beaucoup ; ses traits, sa gaieté, n'en recevaient aucune altération ; sa conversation était toujours la même : elle était instructive et variée, mais dégénérait parfois en calembourgs dont il faisait abus. Il désirait avancer dans la carrière militaire; ce désir cependant était modéré; et l'humanité dont sa mort a présenté un si touchant modèle, le faisait dès-lors aimer des officiers et des soldats. Deux de nos camarades, renvoyés du régiment pendant que nous étions en garnison à Mézières, avaient été condamnés à se battre avant leur départ; M. de Bonchamp s'y opposa en disant : N'est-ce pas assez de les déshonorer sans les contraindre à se tuer ? Les lieutenants et les capitaines se rendirent à cet avis. Quant à lui il n'eut jamais aucune affaire; il détestait les duels; son aménité, sa douceur, l'en mettaient à l'abri. MM. Soyers m'ont dit la belle réponse qu'il fit à Stofflet qui lui avait proposé un cartel : Non, monsieur, je n'accepte point votre défi; Dieu et le roi peuvent seuls disposer de ma vie, et notre cause perdrait trop, si elle était privée de la vôtre[9] »

— Jean de Sapinaud de Boishuguet

« Bonchamps était celui que les Rebelles chérissaient le plus et auquel on accordait en même temps les plus grands talents[10]. »

— Jean-Baptiste Kléber

Notes et références

  1. a b c d e f et g Dupuy 1988, p. 68.
  2. a b c d e f g h i j k et l Dupuy 1988, p. 70.
  3. a b c d e et f Dupuy 1988, p. 71.
  4. a et b Chassin, t. III, 1892, p. 435.
  5. a et b Gérard 1999, p. 94-95.
  6. Sous la direction de Jean Tulard, La Contre-Révolution. Origines, histoire, postérité, Paris, Perrin, coll. « Biblis », , 527 p. (ISBN 978-2-271-07595-6), p. 441.
  7. Calixe de Nigremont, « Le panthéon de l’Anjou. Charles de Bonchamps, celui qui fit grâce aux prisonniers », sur ouest-france.fr, Ouest-France, (consulté le )
  8. Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein, Mémoires de Madame la marquise de la Rochejaquelein, sixième édition, 1848. p.148-149
  9. Sapinaud de Boishuguet 1820, p. 29-30.
  10. Kléber 1989, p. 52.

Bibliographie