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« Histoire de l'art » : différence entre les versions

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Historiquement, à la Renaissance italienne, ''l'[[arti|arte]] del designo'' regroupaient les arts du volume (sculpture, architecture) et ceux de la surface (dessin, peinture, gravure), opposition que l'on retrouverait étymologiquement dans les expressions "arts plastiques" et "arts graphiques" (J.-R. Gaborit). Le point commun de ces pratiques manuelles serait alors l'action sur la matière.
Historiquement, à la Renaissance italienne, ''l'[[arti|arte]] del designo'' regroupaient les arts du volume (sculpture, architecture) et ceux de la surface (dessin, peinture, gravure), opposition que l'on retrouverait étymologiquement dans les expressions "arts plastiques" et "arts graphiques" (J.-R. Gaborit). Le point commun de ces pratiques manuelles serait alors l'action sur la matière.


Signalons par ailleurs que le débat actuel, en France, sur les arts visuels (ainsi que celui sur l'histoire ''des'' arts) succédant à celui plus ancien sur les arts plastiques, est aussi lié aux réformes de l'éducation artistique<ref>P. J. Galdin, [http://www.ac-nantes.fr:8080/peda/disc/arts/artsplastiques/textes_articles/des_ap_aux_av/sommaire.htm ''Des arts plastiques aux arts visuels : les mutations à venir''], Nantes, site ''InSitu'', 2001. V. Maestracci (dir.), ''Dossier : L'éducation artistique'', dans [http://web.archive.org/web/20061124174511/http://www.ciep.fr/ries/ries42b.htm ''Revue internationale d'éducation Sèvres''], 42, Sèvres, Centre international d’études pédagogiques, 2006. [http://www.inrp.fr/vst/LettreVST/fevrier2006.htm ''Évaluation de l'éducation artistique et culturelle''] [dossier], dans ''La lettre d'information. VST'', n° 15, Paris, INRP, février 2006.</ref>, objet de nombreux corporatismes de part et d'autre, et amplifié par l'opposition entres les deux ministères ([[Ministère de la Culture (France)#L'élargissement du champ culturel|culture]] et [[Ministère de l'Éducation nationale#Du Ministère de l'Instruction publique au Ministère de l'Éducation nationale|éducation]]).
Signalons par ailleurs que le débat actuel, en France, sur les arts visuels (ainsi que celui sur l'histoire ''des'' arts) succédant à celui plus ancien sur les arts plastiques, est aussi lié aux réformes de l'éducation artistique<ref>P. J. Galdin, [http://www.ac-nantes.fr:8080/peda/disc/arts/artsplastiques/textes_articles/des_ap_aux_av/sommaire.htm ''Des arts plastiques aux arts visuels : les mutations à venir''], Nantes, site ''InSitu'', 2001. V. Maestracci (dir.), ''Dossier : L'éducation artistique'', dans [http://www.ciep.fr/ries/ries42b.php ''Revue internationale d'éducation Sèvres''], 42, Sèvres, Centre international d’études pédagogiques, 2006. [http://www.inrp.fr/vst/LettreVST/fevrier2006.htm ''Évaluation de l'éducation artistique et culturelle''] [dossier], dans ''La lettre d'information. VST'', n° 15, Paris, INRP, février 2006.</ref>, objet de nombreux corporatismes de part et d'autre, et amplifié par l'opposition entres les deux ministères ([[Ministère de la Culture (France)#L'élargissement du champ culturel|culture]] et [[Ministère de l'Éducation nationale#Du Ministère de l'Instruction publique au Ministère de l'Éducation nationale|éducation]]).


Bien qu'imprécise ou critiquable, il faut noter cependant que ces terminologies sont significative du développement de lieux et de moyens nouveaux de créations et de réflexions artistiques, au delà du morcellement ou de l'appropriation des approches (et de l'[[:Catégorie:Études d'art|enseignement]]) de l'art.
Bien qu'imprécise ou critiquable, il faut noter cependant que ces terminologies sont significative du développement de lieux et de moyens nouveaux de créations et de réflexions artistiques, au delà du morcellement ou de l'appropriation des approches (et de l'[[:Catégorie:Études d'art|enseignement]]) de l'art.

Version du 6 octobre 2007 à 11:22

L'histoire de l'art est une discipline universitaire spécialisée dans la création artistique et ses divers aspects : idée (l'art, la culture), objet (l'œuvre, la technique), individu (l'artiste, le spectateur), langage (les discours portés dans et autour de l'objet d'art), expérience poétique (qu'est-ce que faire œuvre ?) ou imaginaire. On retrouve ces démarches face aux collections d'objets depuis l'Antiquité (chez Pline l'Ancien[1]) et à la Renaissance (avec Giorgio Vasari). Mais c'est aux XVIIIe et XIXe siècles qu'elle prend forme, en parallèle au développement de l'archéologie et des musées en Occident comme une spécialité de la philosophie et de l'histoire complémentaire à l'étude des textes, de la littérature.

On distingue très sommairement deux approches (voir aussi les théories structurelles et individualistes[2]), selon leurs objectifs :

  • La plus courante ayant comme fin la mise à jour de corpus d'œuvres et d'artistes, fondée sur des notions telles que chef-d'œuvre, styles, écoles, mouvements, tendances et leurs articulations, leurs interactions avec l'histoire, les évènements politiques et sociaux. Identifier, classer et hiérarchiser est alors parfois consideré comme un fondement methodologique (cf. A. Chastel). Mais dans certains cas cette approche est qualifiée (ironiquement) d'attributionniste[3] pour son goût des biographies et des monographies d'artiste.
  • L'autre approche s'interroge aussi sur son propre discours sur l'art, sur la théorie de l'art[4] ou sur les frontières de l'art[5] – plus proche de la science de l'art, est elle aussi initiée autour de (de) Berlin et Vienne[6] au XIXe siècle. Aujourd'hui, certains parlent d'histoire de l'art critique (cf. Fr. Bardon, M. Podro) ou d'histoire de l'art comparée (cf. M. Bayard[7]) voire d'histoire de l’art philosophante (R. Pouivet[8]).

On peut présenter son domaine d'application comme tout ce qui relève de l'œuvre poétique (au sens large, qui provoque un écart esthétique) et de son contexte culturel et spirituel, depuis ses conditions de production par son auteur, de présentation et de diffusion, jusqu'à sa perception variable dans le temps par un public reconnaissant – ou non – un caractère artistique à l'objet, ou à l'acte de l'artiste, et à sa représentation. La mise en œuvre d'une histoire de l'art fait donc appel simultanément à différents savoirs et expériences, et il est plus simple de souligner ce qu'elle n'est pas censée être (un jugement sur l'art, un catalogue de collection, une lecture exhaustive de l'œuvre[9], un parti pris idéaliste[10], etc.), que de définir ce qu'elle est parfois (un travail critique, une interprétation, une épistémologie – un discours sur la connaissance), mais cela toujours avec une certaine érudition (un "savoir approfondi").

Quatre étapes du travail de l'historien de l'art face à un objet peuvent rapidement être mises en valeur :

  • la description, l'analyse formelle et iconographique, contextuelle, matérielle et technologique de l'œuvre ;
  • son analyse physique en laboratoire (datation, etc.) ;
  • l'étude des sources documentaires autour de la production de l'œuvre (contrat, projet, etc.) ;
  • et autour de sa perception (commentaires, critiques, interviews, etc.).

Voir La philosophie de l'art dans le wikilivre, Anthropologie de l'art, Histoire et évolution de l'art et le seul article sur wikipédia à ce sujet (de) Theorie der Kunst.

L'histoire de l'art considérée comme une science ?

Du fait que de nombreux contributeurs à l'histoire de l'art ne se sont pas qualifiés ni situés comme historiens de l'art (voire hors du champ de la science), on peut la présenter comme une science transdisciplinaire ou multidisciplinaire. Mais on discute aussi beaucoup de sa place dans les sciences humaines (cf D. Arasse) et sociales (est-ce une science appliquée aux musées ? quel est l'autonomie de la discipline ? par exemple).

On constate ainsi que l'histoire de l'art s'approprie de nombreuses méthodologies scientifiques comme celles phénoménologique (Merleau-Ponty, etc.), psychologique (René Huyghe, etc.) et psychanalytique (Meyer Schapiro, etc.), sociologique (Arnold Hauser, Pierre Francastel, Howard Becker), structuraliste (Aby Warburg, Erwin Panofsky, Hubert Damisch, Pierre Daix), marxiste (Michael Baxandall, Françoise Bardon, etc.), formaliste et sémiologique (Heinrich Wölffin, Roland Barthes, Umberto Eco), postmoderniste (Achille Bonito-Oliva, Jean-François Lyotard, Jacques Derrida).

De plus, il serait fastidieux de citer toutes les disciplines auxquelles font appel les historiens de l'art, de l'histoire culturelle à l'anthropologie de l'art ou culturelle en passant par l'esthétique, l'économie de la culture, la théorie de la littérature ou la médiologie, et des diverses études comparées, conséquences des nouvelles questions épistémologiques contemporaines.

Voir aussi, en complément de l'historiographie (de) allemande et (it) italienne, les débats sur le Tournant linguistique, les gender & les (en) cultural studies et sur l'art history dans le monde anglo-saxon.

Enseignement

En France, selon le président de l'Université Paris IV-Sorbonne (France culture, 23 mars 2007), le taux d'échec aux examens des étudiants en première année d'histoire de l'art et archéologie est de 70 % (mais 45 % sur le site de Paris I). Le cursus est régulièrement pris en exemple des dysfonctionnements de l'université (décalage entre les objectifs des étudiants au moment de leur première inscription et la réalité des enseignements, débouchés professionnels et formation permanente, encadrement et moyens des départements, cohérence des contenus et refus de l’interdisciplinarité, recrutement des enseignants, etc.).

Histoire de l'histoire de l'art

Schématiquement, l'histoire de l'art telle qu'on l'a conçue de la Renaissance - depuis Giorgio Vasari et sa Vie des Artistes célèbres (Le Vite), en passant par le XVIIIe siècle de Johann Joachim Winckelmann jusqu'au XIXe siècle hégelien - est l'histoire d'un progrès de l'art.

L'art est supposé passer d'un stade archaïque à un stade classique puis tomber en décadence.

L'art grec et romain sont présentés en exemple de cette courbe de développement.

Pour l'art grec, la notion d'art était différente de celle qui est présente dans la civilisation occidentale. En effet, en grec, le mot « art » se disait tekhné, la technique. Les Grecs ne faisaient ainsi aucune différence entre l'artisan et l'artiste ; seul le « faire » semblait avoir son importance.
La période archaïque correspond à l'art minoen, mycénien et cycladique ; la période classique à l'apogée de la création attique (le Parthénon à Athènes contemporain des sculptures de Phidias du théâtre d'Aristophane et des philosophes Platon, Socrate…) ; s'ensuit la décadence de la république athénienne et celle concomitante de l'art hellénistique jusqu'à l'invasion romaine.

Pour l'art romain, la période archaïque est celle de l'art fruste et austère de la République ; l'art classique correspond à l'apogée de l'Empire ; l'art du Bas-empire (en particulier paléo-chrétien) aux formes simplifiées sera perçu comme une décadence sous les coups de boutoir des invasions barbares.

Le tournant de cette perception a lieu avec la publication, en 1901, à Vienne, de l'ouvrage d'Aloïs Riegl, L'art du Bas-Empire romain qui montre que la création artistique qui accompagne la chute de l'Empire romain, ne doit pas être interprétée comme décadence mais comme changement de norme et naissance d'un nouveau paradigme. On notera la concordance entre la publication de cet ouvrage théorique et la pratique artistique de la Sécession viennoise qui s'affranchit alors des canons des Beaux-Arts, quelques années plus tard Kandinsky et Kupka créent les premières œuvres abstraites et Picasso et Braque le cubisme ; comme pour donner raison à Riegl…

À partir de là, l'histoire de l'art (jusque là prisonnière du paradigme de la Renaissance : faire « revivre » l'apogée des arts antiques et expliquer quelles sont les conditions esthétiques – mais aussi politiques, économiques – de la création d'un art « classique ») reconnait la pluralité des normes stylistiques simultanées (d'où aussi, étant donné l'effondrement d'un effort dogmatique et normatif, la multiplication des courants artistiques) et s'attache à constater, répertorier, comparer, expliquer les arts plutôt que l'art.

voir plutôt (ces paragraphes sont à réécrire) :
J. von Schlosser (de), La littérature artistique : manuel des sources de l'histoire de l'art moderne, Paris, 1996 (trad. d'après la 1re éd. allemande, 1924, et les éd. italiennes d'O. Kurz, 1956-1964) (ISBN 2-08-012602-4).
Histoire de l'histoire de l'art, sous la dir. d'Ed. Pommier, Paris, Musée du Louvre, Klincksieck, 1995-1997 (Conférences et colloques du Louvre), T. I ISBN 2-252-00319-7 et T. II ISBN 2-252-03142-5.
G. Bazin (en), Histoire de l'histoire de l'art : de Vasari à nos jours, Paris, 1986 (ISBN 2-226-02787-4).

Histoire de l'art et classification des arts

Voir les catégories Art et Artiste, l'article Art et le portail des arts.

En conséquence des divergences sur la définition de l'art et aux difficultés à l'aborder dans sa globalité, les querelles sur la classification des arts (ou en (en)) et les catégories artistiques sont une "figure imposée" de l'histoire de l'art et de l'esthétique (tel la querelle des Anciens et des Modernes en littérature).

Les termes alors retenus nous renseignent au moins autant sur ceux qui les énoncent (quand ? où ? dans quel perspective ? contexte ?) que sur les œuvres qu'ils sont censés regrouper ou décrire. En plus de proposer une nouvelle grille généalogique de l'art, ils se définissent couramment « contre » (un autre mouvement, une école, etc.) ou par l'exclusion (hors du champ de l'art, d'une pratique). Il est remarquable que leurs significations sont extrêmement variable dans le temps, et sont passées de négatif à positif de nombreuses fois (baroque, impressionnisme, etc.).

Ces dernières années certains réduisent l'histoire de l'art à l'histoire de l'art visuel surtout pour la distinguer de la musicologie, de l'étude du spectacle vivant (théâtre, danse, cirque, etc.) ou de la littérature (voire de l'architecture), bien qu'en parallèle d'autres l'associent au champ très large du patrimoine culturel. Effectivement, dans certains contextes scientifiques (en histoire et en linguistique particulièrement), il est habituel d'isoler la culture visuelle de la culture orale ou écrite pour en étudier les spécificités (les sources non écrites et le langage non verbal). Ainsi on peu préférer le terme image (dans le sens de toute source à l'imaginaire) pour éviter l'ambiguïté des termes art ou œuvre, considérés comme qualitatifs. Mais il ne faut pas confondre l'image perçue par l'œil avec la représentation que l'on se fait d'une œuvre, souligné par le subtil La pittura è cosa mentale (La peinture est « chose mentale », un signe ?) de Leonardo da Vinci. Enfin l'expérience esthétique fait appel à plusieurs sens simultanément et rares sont les pratiques artistiques qui se développent sans interactions avec d'autres.

Dans le monde francophone, il en est de même des notions de beaux-arts et d'arts décoratifs (depuis la fin du XIXe siècle), d'arts plastiques et d'arts appliqués (depuis les années 1960), qui correspondent surtout à des réalités institutionnelles, commerciales ou industrielles plutôt qu'a une frontière (du à la fonction de l'œuvre) entre une production artistique et artisanal (voir par exemple le mouvement Arts & Crafts britannique, l'Art nouveau français ou le Bauhaus allemand).

Historiquement, à la Renaissance italienne, l'arte del designo regroupaient les arts du volume (sculpture, architecture) et ceux de la surface (dessin, peinture, gravure), opposition que l'on retrouverait étymologiquement dans les expressions "arts plastiques" et "arts graphiques" (J.-R. Gaborit). Le point commun de ces pratiques manuelles serait alors l'action sur la matière.

Signalons par ailleurs que le débat actuel, en France, sur les arts visuels (ainsi que celui sur l'histoire des arts) succédant à celui plus ancien sur les arts plastiques, est aussi lié aux réformes de l'éducation artistique[11], objet de nombreux corporatismes de part et d'autre, et amplifié par l'opposition entres les deux ministères (culture et éducation).

Bien qu'imprécise ou critiquable, il faut noter cependant que ces terminologies sont significative du développement de lieux et de moyens nouveaux de créations et de réflexions artistiques, au delà du morcellement ou de l'appropriation des approches (et de l'enseignement) de l'art.

Voir aussi les articles (de) Bildende Kunst, (it) Beni culturali, (en) Fine art, Classificatory disputes about art et en dernier lieu (fr) Classification des arts.

Classement géo-culturel et chronologique

Klimt : tableau tiré des frises Beethoven dans la Galerie Secession de Vienne - 1902. L'interprétation du symbolisme de cette œuvre implique une étude de son iconographie et de ses aspects matériels.

Le découpage chronologique (en relation avec les aires géographiques et culturelles) pose les mêmes problèmes de pertinence qu'aux historiens (voir les remarques au début des articles suivants) : Préhistoire et Protohistoire, Antiquité et Antiquité tardive, Moyen Âge, Époque moderne, Époque contemporaine. Et il est significatif que les grands ensembles non occidentaux restent relativement sous représentés dans les histoires générales de l'art, en particulier les arts dits premiers (l'art d'Afrique, d'Océanie, de l'Arctique, des Amériques), l'art de l'Asie (d'Asie centrale, de l'Inde, de l'Asie du Sud-Est, de Chine, et du Japon) et de la civilisation musulmane.

Remarquons qu'entre autres imprécisions, il faut pour l'art moderne distinguer le temps qui correspond à l'époque moderne des historiens (entre le Moyen Âge et le XIXe siècle) et les œuvres qui ont participé aux idées de modernité et d'avant-garde dans l'art (depuis le milieu du XIXe siècle, ou le début du XXe) plutôt associées à la période contemporaine en histoire. Effectivement on considère habituellement que l'art contemporain recouvre tout l'art actuel pour un groupe d'individu (évidemment avec des restrictions très variables sur ce qui est reconnu comme actuel[12], vivant, nouveau ou à la mode) mais aussi l'art qui a des conséquences directes sur l'art actuel (dans le cas des œuvres de Marcel Duchamp, par exemple).

Ces diverses difficultés posent en plus la question de l'universalité de l'art (comment comparer ce qui est comparable ? Peut-on l'appréhender dans une seule "histoire" ?). En ce sens l'approche synchronique et diachronique des œuvres ("à un moment précis" et "dans ses évolutions") permet aussi d'aborder les langages de l'art hors des limites chronologiques et géographiques strictes.

Voir en premier lieu le portail de l'Histoire de l'art.

Subdivision thématique

Voir surtout la catégorie sur les thèmes artistiques.

L'historien et les mondes de l'art

  • Traditionnellement on oppose l'histoire de l'art à la critique d'art, dans le sens où celle-ci est un jugement (une appréciation du beau, du goût) fondée sur l'intuition et la sensibilité, et non sur une argumentation scientifique. De plus le critique tend lui aussi à faire œuvre, parfois avec l'artiste même ou son environnement, voire en interaction avec une galerie et le marché de l'art.
  • Au sein des acteurs du monde de l'art, une autre distinction courante est celle entre le terme d'amateur d'art (mais a un double sens : qui sait apprécier, qui ne connaît pas ou peu), comme un collectionneur, et de professionnel de l'art comme un marchand d'art, ou toute personne rémunérée pour son rapport à l'art (donc l'historien spécialisé ? un commissaire d'exposition ?).

Certains de ces deux caractères (de critique et d'amateur d'art) se retrouvent chez le (en) connoisseur anglo-saxon.

On distingue aussi l'historien de l'art (enseignant et chercheur) avec :

  • Un conservateur de musée qui a comme mission d'inventorier, de préserver, d'enrichir et de rendre accessible une collection, un patrimoine, dans de nombreuses contraintes physiques et de gestion (institutionnelles, locales, commerciales, etc.). Mais cette profession, avec celle d'archéologue, est aussi à l'origine de l'histoire de l'art.
  • Un réstaurateur d'art ou de musée, historiquement liée à la précédente.
  • Un expert en art, travaillant pour des compagnies d'assurance, des galeries, des musées ou des particuliers.
  • Un médiateur culturel, un conférencier, un guide, travaillant dans un souci de promotion et de vulgarisation (au bon sens du terme).
  • Un artiste, un artisan, un « praticien de comportements artistiques », ou un enseignant de ces « pratiques de production artistiques », dans le sens d'une opposition entre le regard et la pratique.

Ces postures face à (et dans) l'art se combinent plus qu'elles ne s'excluent et il est habituel d'alterner plus ou moins heureusement, deux, trois, ou plus, de ces attitude au XXIe siècle (et pas seulement avec celle d'historien de l'art).

Voir la catégorie personnalité du monde artistique.

et aussi

Critiques de l'histoire de l'art

Parmi les critiques, on reproche parfois à l'histoire de l'art :

  • son ethnocentrisme occidental (G. Bazin), soit d'être fondée sur l'étude des arts chrétiens et de ses sources gréco-romaine ;
  • de se contenter de prendre acte, a posteriori, de cette idée floue d’art, dans des démonstrations anachronique où le concept est inexistant, différent, à l'époque et au lieu concernée ;
  • d'associer des méthodes rationnelles avec un « faux concept » (Françoise Bardon[10]), potentiellement anhistorique (privé d'histoire), un domaine « irréductible à une approche de l'esprit » (Claire Barbillon[13]) ;
  • de perpétuer une typologie des « arts nobles »[14], une vulgate de l'art, dans un cadre élitiste ou fétichiste ;
  • de réintroduire un rapport divinisant, inaccessible, à l'art, associant artiste, génie, dieu ;
  • une approche qualitative des sources de l'histoire (Nadeije Laneyrie Dagen) : parler d'œuvre est déjà un jugement du document, une sélection, au contraire de la catégorie image, plus neutre (dans le sens de toute source à l'imagination).
  • d'étudier les conditions de la création artistique et de laisser de côté l'aspect matériel et technique de l'œuvre ;
  • de gloser sur la glose, dans une certaine indifférence aux réalités des artistes dans la société d'aujourd'hui, et aussi d'ignorer la simplicité (sa banalité, « à la disposition de tout le monde ») de l'expérience poétique quotidienne.

Voir Condition sociale de l'artiste, Culture populaire, Culture de masse, Art de masse.

Citations

  • L'histoire de l’art est une « discipline qui prend en charge, en les identifiant, en les classant et les hiérarchisant, les produits de l'activité humaine dans les domaines de la création "visuelle", différents de la musique et de la littérature » (André Chastel[15])
  • « L'histoire de l’art se réduisant pour l’essentiel à une histoire des formes – ou des idées » [...] « il s'agit d'esquisser une histoire des œuvres au travers d'un de leurs éléments fondateurs, la matière [et l'immatériel] » (Florence de Mèredieu[16]).
  • « Même si elle veut souvent se donner l’aspect d’une discipline scientifique en reprenant les protocoles d’énoncé des sciences dites exactes, l’histoire de l’art n’est pas la “science de l’art” (traduction imparfaite de l’allemand (de) Kunstwissenschaft) et, si on doit la compter au nombre des “sciences humaines” (ce que ne fait pas Lévi-Strauss [qui la classe significativement dans les “arts et lettres”]), elle est la “science des comportements artistiques humains”, une science des “pratiques artistiques” dont les critères de scientificité sont loin d'être établis » (Daniel Arasse, voir la conférence en lien externe).
  • « Je ne parle ni de l'art ni de l'histoire de l'art mais des problèmes actuels de ces deux » (Hans Belting, voir la conférence en lien externe).
  • « Comme Hervé Fischer, Hans Belting estime que l'art moderne a contribué à casser l'histoire de l'art dont les normes et les concepts ne lui sont pas applicables. Ce n'est pas le seul défaut de notre histoire de l'art. Celle-ci s'est faite dans un cadre européen et ne concerne pas les civilisations extra-européennes, encore moins les civilisations anhistoriques de l'Afrique et de l'Océanie. Et même à ces concepts, tout l'art de l'Occident ne peut être relié, car ils ont été élaborés d'après les variantes esthétiques qui se sont succédé dans une courte période entre la Rennaissance et le baroque. Les esthétiques propres au Moyen Age ne sont-elle pas également étrangères à ce système ? » (Germain Bazin, Histoire de l'histoire de l'art, 1986, p. 570)
  • L'historien de l'art « cherche avant tout à interpréter [les œuvres d'art] », [...] « c'est toujours à partir de ces généalogies [de discours sur l'œuvre d'art], de ces interprétations, que se font les interprétations nouvelles » (Roland Recht[13]) dans la perspective d'un « apprentissage du regard critique, historique, donc informé par l'histoire » de l'œuvre rigoureusement considérée comme une « image monde » (pour comprendre les discours portés par et avec l'œuvre).
  • « L'histoire de l'art, constatait dans son introduction Heinrich Dilly[17]), ne peut plus se contenter d'étudier les œuvres singulières comme expressions d'esthétiques normatives mais elle doit étudier l'histoire du changement des normes esthétiques elles-mêmes. On pourrait élargir cette perspective : elle ne doit plus traiter chaque œuvre comme une donnée absolue qui détiendrais sa vérité propre, mais chercher à comprendre le devenir historique de chaque œuvre à travers les regards qui l'on scrutée. Une telle enquête devrait nécessairement conduire l'historien de l'art à reconnaître la relativité de sa propre position historique. » (Roland Recht, Revue de l'art, 124 1999, p. 9).
  • « The connoisseur might be defined as a laconic art historian, and the art historian as a loquacious connoisseur » [Le connoisseur peut être définit comme un historien de l'art laconique et l'historien de l'art comme un connoisseur loquace] (Erwin Panofsky, Meaning in the Visual Arts, 1955).
  • « [...] une réflexion sur la légitimité et la vitalité d'une métahistoire de l'art [...] démontrerait sans doute qu'il n'y a pas d'antinomie entre l'histoire et la norme, mais que toute réflexion historique commence par prendre appui sur une théorie des arts ; elle rappellerait que la conscience de la dimension historique de l'art est aussi solidaire d'une certaine conscience collective, qui peut se former autour d'une histoire plus large, celle d'une cité, d'un état, d'une dynastie ; elle aiderait à relativiser las prophéties sur la mort de l'histoire de l'art, en montrant que les époques, les milieux, les cultures, les institutions inventent, au fur et à mesure, mille et une modulations à l'intérieur du discours historique sur l'art. » (Edouard Pommier, 1997, p. 9-10)
  • « En tant qu'historiens nous sommes "théoriciens" et "sceptiques", et cela surtout dans le beau sens étymologique de ces deux termes, qui veulent dire regarder. Regardons les phénomènes historiques non pour les "juger", non pour les "défendre", mais pour les comprendre dans leur développement. Ceci semble l'unique objectif de l'histoire de l'art en tant que discipline historique. » (Julius von Schlosser, cité par Otto Kurz en 1955[6], p. 26)
  • « Si l'on considère l'histoire de l'art non plus comme la simple histoire du savoir artistique, mais comme celle des intentions, elle gagne en importance au point de vue de l'histoire universelle, [...] elle prend place à côté [...] des conceptions du monde. » (Wilhelm Worringer en 1927 dans L'Art gothique, cité par Marie-José Mondzain-Baudinet, dans L'Encyclopædia Universalis, s. v.)

Notes et références

Voir plus de références ici.

  1. Naturalis Historia, livres XXXIII à XXXVII, voir A. Rouveret, Histoire et imaginaire de la peinture ancienne : Ve siècle av. J.-C. - Ier siècle ap. J.-C., Rome, Paris, 1989 (Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome).
  2. Nicolas J. Bullot, Roberto Casati, Jérôme Dokic, Pascal Ludwig, Art et cognition : deux théories, dans Approches cognitives de la création artistique, Mardaga, 2005, p. 45-48 (Institut Jean Nicod).
  3. Nathalie Heinich, « Art contemporain et fabrication de l’inauthentique », Terrain, Numéro 33 - Authentique ? (septembre 1999) , [En ligne], mis en ligne le 9 mars 2007.
  4. J. Lichtenstein (dir.) avec J.-Fr. Groulier, N. Laneyrie-Dagen, D. Riout, La peinture, Paris, Larousse, 1997 (Textes essentiels) (ISBN 2-03-741027-1). A. D'Alleva, Méthodes & théories de l'histoire de l'art [Methods & theories of art history], A. Cirier (trad.), Paris, Thalia éd., 2006 (Initiation à l'art) (ISBN 2-35278-006-3).
  5. N. Heinich, La sociologie de l'art, Paris, La Découverte, nouv. éd. 2004 (Repères, 328), p. 92 (ISBN 2-7071-4331-6).
  6. a et b J. von Schlosser (de), La littérature artistique : manuel des sources de l'histoire de l'art moderne, Paris, 1996 (trad. d'après la 1re éd. allemande, 1924, et les éd. italiennes d'O. Kurz, 1956-1964) (ISBN 2-08-012602-4).
  7. Pour une histoire de l'art comparée ? Le comparatisme en histoire de l'art et ses enjeux méthodologiques, Colloque de 2005, sous la dir. de Marc Bayard et Nadeige Laneyrie-Dagen, à paraître.
  8. Roger Pouivet, Ressources : The Routledge Companion to Aesthetics et The Oxford Handbook of Aesthetics, dans RFE.
  9. J.-L. Chalumeau, La lecture de l'art, Paris, Klincksieck, 2002 (ISBN 2-252-03374-6) ; le texte est plus développé dans la version de 1981/1991 (ISBN 2-85108-715-0).
  10. a et b Fr. Bardon, Le concert champêtre. Vol. 1, Un défi à l'histoire de l'art, Paris, E. C. éditions, 1995, p. 168 (ISBN 2-911105-01-X) ; en cours de rééd.
  11. P. J. Galdin, Des arts plastiques aux arts visuels : les mutations à venir, Nantes, site InSitu, 2001. V. Maestracci (dir.), Dossier : L'éducation artistique, dans Revue internationale d'éducation Sèvres, 42, Sèvres, Centre international d’études pédagogiques, 2006. Évaluation de l'éducation artistique et culturelle [dossier], dans La lettre d'information. VST, n° 15, Paris, INRP, février 2006.
  12. X. Girard, Chronique : Marc Jimenez, La querelle de l'art contemporain, et Jean Philippe Domecq, Artistes sans art ?, dans La pensée de midi. Dossier : Fin (s) de la politique culturelle ?, 16, Marseille, 2005 ; Arles, Actes sud, 2005 (ISBN 2-7427-5933-6).
  13. a et b R. Recht, entretien avec Cl. Barbillon, A quoi sert l'histoire de l'art ?, Paris, Textuel, 2006 (Conversations pour demain) (ISBN 2-84597-194-X). R. Recht, Manuels et histoires générales de l'art, dans Revue de l'art, n° 124, 1999-2, p. 5-11, ISSN 0035-1326.
  14. G. Monnier, dans J.-P. Rioux et J.-Fr. Sirinelli (dir.), Pour une histoire culturelle, Paris, Seuil, 1997 (ISBN 2-02-025470-0). Voir aussi Ph. Poirrier, Les enjeux de l'histoire culturelle, Paris, Seuil, 2004 (ISBN 2-02-049245-8).
  15. F. Levaillant et H. Tison, Entretien avec André Chastel, dans Histoire de l'Art, revue de l'Association des professeurs d'archéologie et d'histoire de l'art des universités, 12, Paris, Institut national d’histoire de l’art, 1990, p. 14, ISSN 0992-2059.
  16. Fl. de Mèredieu, Histoire matérielle et immatérielle de l’art moderne et contemporain, Paris, Larousse, nouv. éd. 2004 (In extenso) (ISBN 2-03-505451-6) ; p. 12-13 de l’édition de 1994 (ISBN 2-04-018556-9).
  17. Kunstgeschichte : eine Einführung, éd. par H. Belting, H. Dilly, W. Kemp, W. Sauerländer et M. Warnke, 6e éd., Berlin, 2003 (ISBN 3-496-01261-7).

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