Élisabeth Lévy

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Élisabeth Lévy, née le à Marseille, est une journaliste, polémiste et essayiste française, rédactrice en chef puis directrice de la rédaction du magazine Causeur.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Elle est issue d'une famille de Juifs séfarades d'Algérie installés au Maroc[1], puis venus en métropole. Elle naît le à Marseille[2], puis passe son enfance à Épinay-sur-Seine[2], où son père est médecin généraliste et sa mère pharmacienne[3].

Elle fait ses études supérieures à l’Institut d’études politiques de Paris (diplômée de la promotion 1985, voie Service public)[4] ; elle se présente sans succès au concours d’entrée à l'École nationale d’administration[2].

Elle vote pour François Mitterrand à l'élection présidentielle de 1988[5].

En 1989, elle est candidate aux élections européennes, à la 72e place sur la liste « Initiative pour une démocratie européenne », menée par Franck Biancheri et sur laquelle figure Nathalie Loiseau en 49e place. Cette liste recueille 0,17 % des suffrages au niveau national, se classant dernière[6]. Plus tard, Élisabeth Lévy présentera cet engagement comme une erreur de jeunesse[7].

Années 1990[modifier | modifier le code]

Elle débute comme journaliste à l’agence France-Presse (AFP). Ensuite, elle travaille de 1994 à 1996 pour un journal de Lausanne, Le Nouveau Quotidien, et effectue des « piges » pour différents journaux, notamment Jeune Afrique[8],[9]. Sympathisante socialiste, elle fait un passage à Globe, journal dirigé par Bernard-Henri Lévy, que Le Monde qualifie de « temple de l'antiracisme et du mitterrandisme militants »[3], et s'engage politiquement aux côtés de Jean-Pierre Chevènement. Bien qu'elle conserve toujours pour lui « respect et affection », elle abandonne rapidement cette allégeance « parce que la prétention de la gauche à détenir le monopole de la morale [lui] semble d'autant plus insupportable qu'elle est tous les jours démentie par les faits »[10]. Elle affirme : « Aujourd'hui, ma seule identité politique, c'est d'être pas-de-gauche[3]. »

Philippe Cohen lui permet de rejoindre la rédaction de L’Événement du jeudi, qu’elle accompagne lors de la création de Marianne.

En , elle cofonde la fondation Marc-Bloch avec, notamment, le même Philippe Cohen. La fondation est rebaptisée en 1999 fondation du 2-Mars après une action en justice d'Étienne Bloch, le fils de Marc Bloch[11],[12]. Ce groupe de réflexion souverainiste et eurosceptique, qui vise à concurrencer la fondation Saint-Simon, appelle à « dépasser le clivage droite-gauche »[3]. Elle en devient en 2001 secrétaire générale, puis présidente[13]. Licenciée de Marianne par Jean-François Kahn en 1998[14], elle continue à écrire des articles pour ce magazine, ainsi que pour Le Figaro et Le Figaro Magazine.

Depuis 2000[modifier | modifier le code]

Elle écrit pour la revue Le Débat un article intitulé « Kosovo, l’insoutenable légèreté de l’information » qui est publié dans le numéro de mars-avril 2000. Élisabeth Lévy y conteste le nombre de morts causés par les Serbes au Kosovo[14] et dénonce l’attitude des journalistes français, qu’elle accuse d’avoir pour beaucoup systématiquement pris parti contre les Serbes dans leurs articles. Cette publication déclenchera une polémique dans le monde journalistique[15].

En 2002, elle publie un essai très remarqué, couronné du prix Jean-Edern Hallier[16], Les Maîtres-censeurs (Lattès). Elle écrit alors des articles pour Marianne, Le Figaro Magazine et Le Point. Elle devient en outre chroniqueuse de l'émission Culture et Dépendances de Franz-Olivier Giesbert.

À la radio, elle intervient sur RTL dans l’émission On refait le monde, où elle est réintégrée par Nicolas Poincaré après en avoir été exclue par Pascale Clark le en raison de vifs échanges autour de propos de Clark concernant Hervé Gaymard[9],[17].

Élisabeth Lévy a été un temps chroniqueuse dans l’émission de radio de Laurent Ruquier On va s’gêner, sur Europe 1, entre 2005 et 2007.

Sur France Culture, elle est productrice d'une émission de critique des médias, Le Premier pouvoir, jusqu'à l'arrêt de l'émission en 2006[14].

En septembre 2007, elle rejoint l’équipe du site Arrêt sur images[18].

En , elle cofonde le site Causeur.fr, dont elle devient directrice[19]. En 2008, Causeur devient un mensuel papier, puis est distribué chez les marchands de journaux à partir du . Le huitième numéro de la revue papier, sorti en kiosques en , est vendu à 10 000 exemplaires. Selon Le Monde, à la tête de ce magazine, elle « pourfend le politiquement correct. Et ne craint pas de rire avec les extrêmes ». Le Monde estime que Causeur est une revue « volontiers réactionnaire et ouverte aux infréquentables jusque dans son capital »[14].

En outre, elle anime certaines rencontres publiques avec des écrivains à la librairie Kléber de Strasbourg.

Depuis 2006, Élisabeth Lévy participe aux Rencontres de Cannes où elle anime des tables rondes[20].

À partir de 2008, elle intervient dans l’émission de Jean-Marc Morandini sur Europe 1 dans la séquence « débat » et à la télévision dans On refait le monde, Semaine critique ! et Ce soir (ou jamais !).

À partir de , elle participe à un débat hebdomadaire diffusée sur Yahoo! Actualités, Le débat Yahoo![21].

Depuis 2012, elle participe en tant que débattrice à l'émission Hondelatte Dimanche, tous les dimanches sur la chaîne numéro 23.

Depuis 2013 au moins, elle anime sur Radio RCJ une émission hebdomadaire, L’esprit de l’escalier, où elle commente l'actualité de la semaine avec Alain Finkielkraut[22],[14],[23].

À partir de 2017, elle est invitée régulièrement sur CNews dans L'Heure des pros animé par Pascal Praud[24],[25].

En 2019, elle lance avec Aaron Fonvieille-Buchwald la Web TV Réac'n'Roll[26].

Prise de position et controverses[modifier | modifier le code]

Contestation du nombre de morts causés par les Serbes au Kosovo[modifier | modifier le code]

Elle conteste le nombre de morts causés par les Serbes au Kosovo durant le conflit homonyme[27] et provoque une polémique.

D'après Valeurs actuelles, dans l'article d'Élisabeth Lévy intitulé « Kosovo, l’insoutenable légèreté de l’information » et publié en 2000, la journaliste soutient que les médias ayant couvert le conflit ont pris parti. Cet article, qui lui procure « une petite notoriété », « crée des remous » au sein des journalistes. Elle déclare : « Je voulais dire que les Serbes n’ont pas commis plus d’horreurs ou de crimes parce qu’ils sont les plus salauds ontologiquement, mais parce qu’ils sont les plus forts. »[28].

Affinité avec l’extrême droite[modifier | modifier le code]

Selon l'historienne Laurence De Cock, la réussite médiatique d'Élisabeth Lévy repose sur une « façon de dire le pire, puis d'invoquer ensuite la liberté d'expression »[8]. En 2002, lors du succès de Jean-Marie Le Pen au premier tour de l'élection présidentielle, de très importantes mobilisations ont lieu contre le Front national, qui, selon Laurence De Cock[8], « insupportent » Élisabeth Lévy. Celle-ci rédige alors un article paru dans Le Figaro : « L’antifascisme ne passera pas »[8], et s'abstient lors du second tour[9]. D'après Le Monde, le titre de l'article d'Élisabeth Lévy publié dans Le Figaro est une « formule », « aussi ironique qu'ambiguë » [14]. Pour le magazine d'extrême-droite Valeurs actuelles, cet article se moque de « l’aveuglement » de ceux qui résistent à un « fascisme inexistant ». D'après le même magazine, outre cet article remarqué, Élisabeth Lévy « s’impose véritablement dans le paysage » en publiant la même année le livre Les Maîtres censeurs, où elle dénonce une « pensée unique », critiquant un « droit-de-l’hommisme devenu aujourd’hui si abstrait […] qu’il sert moins à lutter contre les tyrannies qu’à légitimer l’ordre du monde tel qu’il est »[28],[8].

Mohammed al-Durah[modifier | modifier le code]

Selon Mediapart, Élisabeth Lévy fait partie des « tenants de la manipulation » dans l'affaire Mohammed al-Durah[29]. En 2008, Jamal al-Durah, le père de Mohammed al-Durah, dépose une plainte en diffamation contre Élisabeth Lévy et Gil Mihaely, autre partisan de la thèse de la manipulation[réf. nécessaire].

Déni du réchauffement climatique[modifier | modifier le code]

En , elle affirme, contre le consensus scientifique, dans l’émission L'Heure des pros sur CNews, que si la réalité du réchauffement climatique fait consensus, ce n'est pas le cas en ce qui concerne les causes et l'évolution de ce réchauffement[30]. Répondant aux invectives de Claire Nouvian selon le magazine Marianne[31], Elisabeth Lévy l'accuse d'en faire une « religion » qui provoquerait une « plongée dans la guerre civile » et mettrait des « millions d’emplois en danger parce que l’apocalypse nous guette ». Pour elle, le mot « sceptique » n’est pas une « insulte », mais une « vertu » en science. Le CSA reçoit plus de 90 plaintes[32],[33].

Une de magazine jugée raciste[modifier | modifier le code]

En septembre 2021, Élisabeth Lévy publie en Une du magazine Causeur une photo de cinq bébés noirs ou d'apparence métisse avec pour légende « Souriez, vous êtes grand-remplacés », une référence à la théorie du grand remplacement, souvent qualifiée de « complotiste, raciste et xénophobe ». Cette Une suscite une vague d'indignation, avec notamment les réprobations du MRAP, de Benjamin Lucas pour Génération.s, de Thomas Portes alors porte-parole de Sandrine Rousseau, du sénateur socialiste Rachid Temal, et de Christophe Castaner.

Élisabeth Moreno, ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances, affirme qu'il s'agit d'un « racisme décomplexé »[34] et annonce le 17 septembre que la DILCRAH a fait un signalement auprès du procureur de la République à Paris[35].

Dans ce magazine, Élisabeth Lévy soutient qu'il existe bel et bien un « grand remplacement », une thèse non validée par les chiffres selon Arrêt sur images, et appelle à stopper ou à réduire au maximum l'immigration. Invitée le 17 septembre sur le plateau de Cyril Hanouna, elle fait face à ses chroniqueurs, qui tous réprouvent la couverture du magazine et l'accusent d'un racisme qui ne dirait pas son nom. Élisabeth Lévy répond qu'elle ne se préoccupe pas de la couleur de peau, mais se positionne contre le multi-culturalisme. Elle appelle à « remettre en route la machine assimilationniste ». Pour Arrêt sur images, le fait qu'Élisabeth Lévy parle d'une « substitution démographique » dans la population française et de « l'émergence d'un deuxième peuple (voire de plusieurs autres peuples) » revient à désigner une partie de la population comme n'étant pas vraiment française[35].

Publications[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Lévy 2012, p. 142.
  2. a b et c Cécile Daumas, « Élisabeth Lévy, sniper de rien », Libération,‎ (lire en ligne).
  3. a b c et d Ariane Chemin, « Élisabeth Lévy, causeuse de troubles », in M, le magazine du Monde, semaine du , pp. 68-73.
  4. « Sciences Po Alumni », sur Sciences Po Alumni (consulté le )
  5. « Qui est Elisabeth Lévy, « causeuse de troubles » ? », sur nouvelobs.com, (consulté le ).
  6. « Nathalie Loiseau était-elle (avec Elisabeth Lévy) sur une liste concurrente à Simone Veil en 1989 ? », sur Libération.fr, (consulté le )
  7. « Nathalie Loiseau : récit d’une jeunesse bien à droite »,
  8. a b c d et e Sébastien Fontenelle, Mona Chollet, Olivier Cyran et Laurence de Cock, Les éditocrates 2 : Le cauchemar continue..., La Découverte, , 148 p. (ISBN 978-2-348-03552-4, lire en ligne)
  9. a b et c Ariane Chemin, Toute une époque, Groupe Robert Laffont, , 261 p. (ISBN 978-2-221-15942-2, lire en ligne)
  10. Lévy 2012, p. 86.
  11. « L'étrange victoire d'Etienne Bloch », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « La fin d'une escroquerie intellectuelle », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « Présentation de la fondation », sur France République.
  14. a b c d e et f Ariane Chemin, « Elisabeth Lévy, causeuse de troubles », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  15. « Rétrocontroverse : 1999, l’OTAN devait-elle intervenir au Kosovo ? », Le Monde, .
  16. « Les gagnants 2002 », L’Express, .
  17. « Les indiscrets - Médias/Culture », L’Express, .
  18. « Elisabeth Lévy reçue par nouvelobs.com », sur L'Obs, (consulté le )
  19. Causeur.fr, « Auteurs - Causeur », Causeur,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. Rencontre de Cannes.
  21. Le débat Yahoo!.
  22. « L'Esprit de l'Escalier », sur www.pressreader.com,
  23. « L’esprit de l’escalier | RCJ », sur radiorcj.info (consulté le ).
  24. Causeur.fr, « France Inter dénonce CNews: la chaîne serait trop pluraliste - Causeur », Causeur,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. « Sur CNews, Eugénie Bastié affirme que "les femmes sont moins performantes" », LExpress.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  26. « Elisabeth Lévy lance “Réac'n'Roll TV” : “Aujourd'hui, on rigole beaucoup plus avec les réacs” », sur valeursactuelles.com,
  27. « Elisabeth Lévy, causeuse de troubles », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  28. a et b Cécile Thomas, « Elisabeth Lévy : l’amour du débat », sur Valeurs actuelles, (consulté le )
  29. François Bonnet, « Affaire al-Dura: Charles Enderlin obtient enfin réparation », sur Mediapart, (consulté le )
  30. « Face aux « climatosceptiques » de la télé, l’écologiste Claire Nouvian en appelle au CSA », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  31. Louis Nadau, « Pascal Praud vs. Claire Nouvian : le montage vidéo qu'on ne vous a pas montré », sur marianne.net,
  32. « Entre sexisme et climatoscepticisme, l'attitude de Pascal Praud a rendu cette invitée "folle de rage" », sur Le HuffPost, (consulté le )
  33. Paris Match, « Débats houleux sur le climat entre Pascal Praud et Claire Nouvian : le CSA saisi », sur parismatch.com (consulté le )
  34. Florian Guadalupe, « La ministre Elisabeth Moreno dénonce la Une "abjecte" de "Causeur" sur le "Grand remplacement" », sur Ozap.com, (consulté le )
  35. a et b Paul Aveline, « Causeur déborde Valeurs actuelles sur sa droite », sur Arrêt sur images, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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