Économie de la Croatie
Économie de la Croatie | |
La banque nationale à Zagreb | |
Monnaie | Kuna |
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Année fiscale | calendaire |
Organisations internationales | OMC, UE |
Statistiques | |
Produit intérieur brut (parité nominale) | 59,14 milliards $ (2013) |
Produit intérieur brut en PPA | 78,9 milliards $ (2013) |
Rang pour le PIB en PPA | 84e |
Croissance du PIB | -1 % (2013) |
PIB par habitant en PPA | 17 800 $ (2013) |
PIB par secteur | agriculture : 5 % (2013) industrie : 25,8 % (2013) services : 69,2 % (2013) |
Inflation (IPC) | 2,2 % (2013) |
Pop. sous le seuil de pauvreté | 21,1 % (2011) |
Indice de développement humain (IDH) | 0,812 |
Population active | 1,715 millions (2013) |
Population active par secteur | agriculture : 2,1 % (2012) industrie : 29 % (2012) services : 69 % (2012) |
Taux de chômage | 21,6 % (2013) |
Principales industries | Produits chimiques et plastiques, Machines-outils, Métaux, Électronique,Produits issus du fer et de l'acier, Aluminium, Papier, Produits issus du bois, Matériaux de construction, Textile, Construction navale, Pétrole et produits pétrochimiques, Nourriture et boissons |
Commerce extérieur | |
Exportations | 12,36 milliards $ (2013) |
Biens exportés | Transport et équipements, Machines, Textile, Produits chimiques, Agroalimentaire, Carburant |
Principaux clients | Italie 14.1% Bosnie-Herzégovine 13.1% Allemagne 11.1% Slovénie 10.1% Autriche 6.3% (2012) |
Importations | 21,74 milliards $ (2013) |
Biens importés | Machines, Équipements électriques et de transport, Produits chimiques, Carburants, Agroalimentaire |
Principaux fournisseurs | Allemagne 13.7% Italie 12.5% Slovénie 11.5% Autriche 9.1% Hongrie 6.2% Russie 5.4% (2012) |
Finances publiques | |
Dette publique | 66,2 % (2013) |
Dette extérieure | 60,47 milliards $ (2013) |
Recettes publiques | 17,87 milliards $ (2013) |
Dépenses publiques | 20,43 milliards $ (2013) |
Déficit public | 4,4 % du PIB (2013) |
Aide au développement | 45,08 millions $ de dons (2013) |
Sources : CIA World Factbook, IDH, Aide au développement |
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L'économie de la Croatie est une économie de marché. Lors de la dislocation de la Yougoslavie dans les années 1990 et de son indépendance, la Croatie est passée d'une économie collectiviste à une économie de marché. Mais son économie a beaucoup souffert pendant la guerre d'indépendance. Après la guerre, la situation économique a commencé à s'améliorer, la croissance augmentant de 4 à 5% par an, les revenus ont doublé et les opportunités économiques et sociales se sont considérablement améliorées.
Croatie a rejoint l'Organisation mondiale du commerce en 2000 et est devenue membre de l'Union européenne le . Durant la crise économique de 2008, l'économie croate a été durement touchée par la crise financière qui a abouti à six années de récession et une baisse cumulée du PIB de 12,5%. La Croatie est sortie officiellement de la récession au 4e trimestre 2014 et a connu une croissance continue de son PIB depuis. L'économie croate a atteint ses niveaux d'avant la crise en 2019. La monnaie de la Croatie est la kuna depuis 1994.
Le tourisme est un secteur d'activité important, en particulier pendant les mois d'été le long de sa côte, avec plus de 18 millions de touristes par an.
Histoire
L'économie de la Croatie au sein de la Yougoslavie
Après la Seconde Guerre mondiale, la Croatie au sein de la Yougoslavie adopte une économie collectiviste tournée vers l'industrialisation. La pays connait une certaine prospérité économique durant les années 1950 et 1960, avant de connaître dans les années 1970 et 1980, un ralentissement croissant[1]. Dans les années 1970 et 1980, les principales mines de charbons et de bauxite du pays ferment leur porte[2].
Transition économique et guerre
Le processus de transition d'un système d'économie planifiée vers une économie de marché a commencé à la fin des années 1980, mais la désindustrialisation et les dommages dus à la guerre d'indépendance entre 1991 et 1995 ont ralenti cette mutation[3],[4],[1]. La Croatie à cette période est devenue une économie de guerre et les dépenses militaires représentent 60 % du budget national[5].
La plus grande partie de la Croatie est dévastée par la guerre, avec un quart de son économie détruite[3] et 180 000 habitations détruites, et l'ONU estime les dégâts à environ 37 milliards de dollars[6]. Le nombre de morts est estimé à 20 000 pour les deux camps[7] avec des réfugiés de chaque côté, les Croates principalement au début de la guerre et les Serbes vers la fin. Enfin, environ 2 millions de mines sont posées dans diverses régions de Croatie durant la guerre.
Fin , le dinar croate remplace le dinar yougoslave avec une parité égale[1]. En 1994, le kuna remplace le dinar croate avec un taux de 1:1000[1]. Depuis 1993, la Croatie signe plusieurs accords de prêts et d'aides financières avec le FMI, la BERD et la Banque mondiale pour l'aider à se financer[1].
Reconstruction, croissance et crise entre 1996 et aujourd'hui
Plusieurs vagues de privatisations ont été mises en place dans les années 1990[8]. Ces privatisations commencées pendant la guerre d'indépendance ont été entachées de scandales politico-financiers, comme celui de la Dubrovacka Banka[8]. Entre 1996 et 1998, le chômage est à un niveau compris entre 16 et 19 %[8].
Le pays s'est engagé dans un vaste programme de reconstruction mené par le gouvernement : depuis 1996, la moitié du parc immobilier détruit a été rebâtie quasiment sans aide internationale, tandis que la croissance du PIB a atteint une moyenne de 6 %, et l'inflation annuelle moyenne sur cinq ans demeure inférieure à 4 %.
Entre 2000 et 2007, le pays connaît une croissance économique assez rapide, comprise entre 4 et 6 %[4], avec une situation macroéconomique plutôt bonne et une inflation contenue avec 4,9 % en 2001, 3,3 % en 2002, 2 % en 2003, 3,3 % en 2005). Le PIB par habitant (2009) est de l'ordre de 13 921 euros par habitant et de 19 986 $ (soit 59,3 % de la moyenne de l'Union européenne) en termes de parité de pouvoir d'achat par habitant. Cependant la Crise économique de 2008 a touché la Croatie, ce qui a induit 4 années de récessions et un chômage élevé de l'ordre de 16 à 17 %[9], montant même à 19 % en 2012[10]. L'Inflation reste cependant contenue à 0,9 % en 2013[11].
Le déficit public est important (2004 : 4,2 %, 2005 : 3,7 %[12], 2012 : 4,3 %). Le niveau de la dette externe est élevé (85 % du PNB) soit 35 milliards de $[13] 7 700 $ par habitant, même si l'endettement public est plus modéré (65 % du PNB).
Le , la Croatie entre dans l'Union européenne après 10 ans de négociation[14]. L'adhésion de la Croatie n'est pas faite dans un contexte économique exubérant, le niveau de vie reste l'un des derniers de l'Union européenne devant la Roumanie et la Bulgarie, le pays reste en récession depuis le début de la crise économique. De plus l'adhésion induit l'arrêt d'un certain nombre de subventions tant pour l'agriculture, que pour les chantiers navals ou encore certaines entreprises publiques[15]. A partir de 2015, la Croatie connait à nouveau une période de croissance[1], entre 2,4 % et 3,5 % entre 2015 et 2019. Le chômage a baissé de manière importante à 6,8 %, avec cependant un taux d'activité faible[16]. Durant cette période, la Croatie connait un déficit budgétaire faible voir nul. Il en va de même pour l'inflation[16].
La Croatie est l'objet d'une forte émigration, estimée à environ 350 000 personnes pour la période allant du début des années 2000 jusqu'en 2018, accentuant la baisse démographique de la population[17].
En 2018, le PIB par habitant en PPA était de 61 % par rapport à la moyenne de l'Union européenne, un niveau proche de celui de 2008, démontrant l'importance de la crise économique qu'à subit la Croatie à partir de 2008[16].
Durant la période 2013 à 2019, la Croatie verse 2,6 milliards d'euros au budget de l'Union européenne et reçoit 4,5 milliards d'euros d'aides de l'Union européenne[2].
Année | 1993 | 1995 | 2000 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 |
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PIB en PPA (en milliards de dollars) |
36,02 | 42,41 | 54,51 | 76,28 | 82,38 | 88,94 | 92,54 | 86,36 | 86,17 | 87,66 | 87,28 | 88,11 | 89,61 | 92,71 | 96,86 | 101,34 |
PIB en PPA par habitant (en dollars) |
7 790 | 9 524 | 12 441 | 17 173 | 18 556 | 20 049 | 20 872 | 19 499 | 19 505 | 20 483 | 20 450 | 20 703 | 21 144 | 22 052 | 23 227 | 24 424 |
Croissance | -8,0 % | 6,6 % | 3,8 % | 4,2 % | 4,8 % | 5,2 % | 2,1 % | -7,4 % | -1,4 % | -0,3 % | -2,2 % | -0,6 % | -0,1 % | 2,3 % | 3,2 % | 2,8 % |
Inflation | 1518,5 % | 2,0 % | 4,6 % | 3,3 % | 3,2 % | 2,9 % | 6,1 % | 2,4 % | 1,0 % | 2,3 % | 3,4 % | 2,2 % | -0,2 % | -0,5 % | -1,1 % | 1,1 % |
Chômage | 14,8 % | 14,5 % | 20,6 % | 17,6 % | 16,5 % | 14,7 % | 13,0 % | 14,5 % | 17,2 % | 17,4 % | 18,6 % | 19,8 % | 19,3 % | 17,1 % | 14,8 % | 12,2 % |
Dette publique (% du PIB) |
33 % | 41 % | 39 % | 38 % | 40 % | 49 % | 58 % | 65 % | 71 % | 82 % | 86 % | 85 % | 83 % | 78 % |
Secteur d'activité
Agriculture
En 2015, l'agriculture ne représentait que 4 % du PIB, mais employait 14 % de la population active[4]. Les principales productions agricoles sont le blé, le maïs, la betterave à sucre, les fruits et légumes, la vigne, l'olivier, l'élevage et le tabac[4],[8]. La pays possède en 2017, 58 000 hectares de vignes, pour une production de 760 000 hectolitres de vins[2]. La production d'huile d'olive est elle de 40 000 hectolitres à la même date[2]. Plusieurs produits issus de l'élevage possède une indication géographique protégée[2]. En 2017, la pêche a permis d'extraire 83 000 tonnes de poissons en mer et 3 000 en eau douce[2]. La structure agraire est composé principalement de petits propriétés agricoles[12].
Secteur secondaire
Le secteur secondaire représentait près de 27 % du PIB et employait 27 % de la population active en 2015[4]. Le secteur secondaire est notamment marquée par la présence de plusieurs chantiers navals à Rijeka et à Split[8].
Énergie
L'électricité représente 19 % de la consommation finale d'énergie en Croatie en 2017. Elle est produite pour 39 % à partir des combustibles fossiles (gaz naturel : 26 %, charbon : 11 %, pétrole : 2 %), et 61 % des énergies renouvelables (hydroélectricité : 46 %, éolien : 10 %, biomasse : 4 %, solaire : 0,7 %)[19]. la Croatie importe 37 % de ses besoins en électricité, dont 50 % de la production de la centrale nucléaire de Krško qu'elle a cofinancée avec la Slovénie, couvrant 15,7 % des besoins du pays[20].
La Croatie possède plusieurs gisements pétroliers en Slavonie et à Podravina[2].
Secteur tertiaire
La Croatie a une économie principalement fondée sur les services et un peu sur l'industrie légère. Les services représentaient près de 70 % du PIB et employaient 60 % de la population active en 2015[4].
Tourisme
Le tourisme représente 18,4 % du PIB en 2018. 18,7 millions de touristes ont visité la Croatie en 2018[21]. Cependant, Le Courrier des Balkans indique que « le poids réel du secteur est encore bien plus élevé, si l’on prend en compte les revenus de l’économie grise, des jobs au noir, des chambres et des appartements loués sur la côte sans être déclarés, ce qui fait de la Croatie le pays européen le plus dépendant de la mono-activité touristique »[22]. La majeure partie de l'activité touristique a lieu dans les régions côtières, notamment en Istrie, en Split-Dalmatie et en Primorje-Gorski Kotar[21].
Balance commerciale
Les échanges extérieurs sont fortement déséquilibrés, le taux de couverture des importations n'étant que de 43 %. Les revenus engendrés par l'industrie du tourisme (17 % du PIB) compensent en partie le déficit de la balance commerciale. La balance des paiements croate est caractéristique de celle d'un pays en transition. La balance commerciale est très déficitaire mais le déficit des paiements courants n'est que de 5 % grâce à l'importance des revenus touristiques (officiellement le tourisme représente 25 % du PIB).
Notes et références
- « Croatie : La transition économique », sur Croatie.eu
- « Croatie : Secteur économique », sur Croatie
- Bruno Sido, Gérard Bailly, François Fortassin, Jacqueline Panis et Paul Raoult, « La Croatie : une « nouvelle Côte d'Azur » pour l' Union européenne ? », sur Sénat,
- Jérémie Cazaux, « La Croatie en six points », sur La Croix,
- : (en) Europa Publications Limited, Eastern Europe and the Commonwealth of Independent States, Londres, Routledge, , 1004 p. (ISBN 1-85743-058-1 et 9781857430585, lire en ligne), « Croatia - The Economy », p. 280
- (en) World of Information, Europe Review, Kogan Page, (lire en ligne), p. 75
- « Presidents apologise over Croatian war », sur BBC News Online, BBC, (consulté le )
- « L'Economie croatie », sur Europa-Planet
- Romaric Godin, « Un an après son entrée dans l'UE, la Croatie va toujours aussi mal », sur La Tribune,
- Anne Cheyvialle, « La Croatie, une économie fragile », sur Le Figaro, .
- [1]
- « La Croatie : un redressement encourageant après la guerre », sur Sénat,
- « Srbija nije prezadužena », sur rts.rs.
- Sophie Guesné, « La Croatie dans l'Union européenne: difficultés économiques à l'horizon », sur L'Express,
- « Croatie : les vieilles difficultés du nouveau membre de l'UE », sur Le Monde,
- « Indicateurs et conjoncture - mars 2020 », sur Direction générale du Trésor,
- Jelena Prtoric et Giovanni Vale, « Croatie : le péril de l’exode », sur Libération,
- (en-US) « Report for Selected Countries and Subjects » (consulté le )
- (en)Data and statistics : Croatia Electricity 2017, Agence internationale de l'énergie, 24 septembre 2019.
- en Krsko, AIEA - PRIS.
- « Croatie : Le tourisme », sur Croatie
- En Croatie, les conservateurs gardent le pouvoir, Vadim Kamenka, L'Humanite, 7 juillet 2020