Temple protestant de La Tremblade

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Le temple protestant de La Tremblade est un édifice religieux situé place du Temple à La Tremblade, commune de Charente-Maritime. Inauguré le , c'est le plus ancien de la presqu'île d'Arvert. La paroisse des Îles de Saintonge est membre de l'Église protestante unie de France.

Histoire[modifier | modifier le code]

Sous l'Ancien régime[modifier | modifier le code]

À la Renaissance, les idées de la Réforme protestante s'implantent avec succès dans les provinces d'Aunis et de Saintonge, ouvertes au négoce océanique. Le prédicateur Philibert Hamelin organise les premières communautés. En 1557, il est arrêté, étranglé puis brûlé à Bordeaux. Au cours des guerres de religion, les catholiques sont inquiétés. La Rochelle devient une place de sûreté protestante. Ces guerres fratricides s’apaisent avec la promulgation de l'édit de Nantes par le roi Henri IV en 1598. À la fin du XVIe siècle, la population de la Tremblade est presque entièrement protestante. Un premier temple est élevé en 1610.

En 1681, le temple est confisqué et transformé en église catholique - il sera détruit en 1880 pour édifier l'église du Sacré-Cœur de La Tremblade. Dans les années précédant l'édit de Fontainebleau (1685) qui révoque l'édit de Nantes, Louis XIV accentue les persécutions contre les protestants. Des processions solennelles sont organisées à La Tremblade, en présence de hauts responsables locaux (ainsi de l'intendant d'Aunis, en 1681). Les fidèles calvinistes sont priés de se convertir. Nombre d'entre eux refusent et s'exilent dans les pays du Refuge huguenot.

L'hémorragie est telle que Fénelon est dépêché sur place afin de tenter de raisonner les « brebis égarées ». Sa mission, entamée le , se solde par un échec. Le pouvoir utilise une tactique plus radicale : l'envoi des dragons du roi, qui ne parviennent pas davantage à empêcher bon nombre d'habitants de s'enfuir[1].

Les persécutions conduisent à l'organisation de réunions clandestines, dites « Assemblées du désert », souvent dans des maisons particulières ou en plein-air. Au siècle suivant, à l'époque des Lumières, la tolérance pratiquée à l'égard des religionnaires par le maréchal de Sénecterre, baron d'Arvert, conduit à la construction d'une discrète maison d'oraison en 1757, sous la direction du « pasteur du désert » Louis Gibert[2]. Sa situation à bonne distance de la cité rendant son accès contraignant, un nouveau lieu de culte est installé en un endroit moins excentré, après la Révolution française, à partir de 1810[3].

Après la Révolution française[modifier | modifier le code]

Avec la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, les protestants retrouvent la liberté de culte. En 1810, dans le cadre du Régime concordataire français, le consistoire réformé de La Tremblade, présidé par le pasteur Mazauric, achète un terrain place de la courte-boule. En 1820, le consistoire lance une souscription publique pour la construction d'un temple[4]. Le , sous Louis XVIII, le pasteur Paul André obtient l'autorisation royal pour sa construction.

Le temple est dédicacé le , jour anniversaire du massacre de la Saint-Barthélemy, en présence de plusieurs ministres du culte des paroisses protestantes avoisinantes, du préfet du département, du sous-préfet de Marennes, du maire et de plusieurs personnalités officielles[5],[6],[7],[8].

La commune possédait autrefois un temple annexe à Ronce-les-Bains. Modeste bâtiment de bois surmonté d'un petit campanile, il est installé après-guerre à Royan, ville rasée par les bombardements, afin de servir de lieu de culte provisoire aux fidèles protestants. Le bâtiment est ensuite démonté et installé à Ronce-les-Bains, où un premier culte est célébré en 1957. Le temple est détruit en 2007 afin de construire un parking.

Architecture[modifier | modifier le code]

Le temple protestant de La Tremblade est édifié en 1823 sur les plans de l'architecte bordelais Burget[9]. Bâti en pierre de taille de Saint-Savinien, il forme une vaste salle rectangulaire de 36 mètres de long sur 13 de large, divisée en trois travées. La façade, d'une grande sobriété, animée de deux oculi ménagés de part et d'autre d'une porte encadrée de deux colonnes doriques et surmontée d'un fronton triangulaire, s'inspire du néoclassicisme[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Denis Marot, « La Tremblade : une conférence sur des migrants huguenots », Sud Ouest,‎ (ISSN 1760-6454, lire en ligne, consulté le )
  2. « Le protestantisme en Poitou-Charentes », sur Musée protestant (consulté le )
  3. Jacques Marty, « Le protestantisme à la Tremblade: principalement de 1750 à 1825, d'après des documents inédits. (Suite et fin) », Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français (1903-), vol. 76, no 1,‎ , p. 59–74 (ISSN 0037-9050, lire en ligne, consulté le )
  4. Les temples de La Tremblade
  5. « La Tremblade - historique », sur www.maison-de-l-histoire-du-protestantisme-charentai.com (consulté le )
  6. « EGLISE PROTESTANTE UNIE », sur www.eglise-protestante-unie-iles-de-saintonge.com (consulté le )
  7. « La presqu’île d’Arvert : un territoire protestant au XIXe siècle », Le Protestant de l'Ouest,‎ (lire en ligne Accès libre)
  8. Raoul Colmard, « La Tremblade (17) : l’église peut compter sur sa nouvelle pasteure », Sud Ouest,‎ (ISSN 1760-6454, lire en ligne Accès payant, consulté le )
  9. Le patrimoine des communes de la Charente-Maritime, éditions Flohic, p. 1149
  10. « Eglise protestante unie des Iles de Saintonge », sur www.la-tremblade.fr

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Robert Martel, Jean Rigollet et Danièle Rigollet, Temples de la saintonge maritime - une histoire mouvementée, Geste Editions, , 124 p. (ISBN 9782367461786, EAN 9782367461786). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]