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Sylvia Bataille

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Sylvia Bataille
Nom de naissance Sylvia Maklès
Naissance
Paris 17e, France
Nationalité Drapeau de la France Française
Décès (à 85 ans)
Paris 7e, France
Profession actrice
Films notables Partie de campagne
Le Crime de monsieur Lange
Les Portes de la nuit

Sylvia Bataille est une actrice française, née Sylvia Maklès le dans le 17e arrondissement de Paris et morte le dans le 7e arrondissement de Paris[1].

Biographie

Jeune femme émancipée (1908-1938)

Née française dans une famille ashkénaze d'origine roumaine[2], Sylvia Maklès est élevée par une mère Cohen fière[3] de sa « yiddishkeit » mais loin de la religion juive. Son père est voyageur de commerce. Elle est la sœur de Rose Maklès (épouse d'André Masson), de Bianca Maklès (comédienne à l'Atelier sous le nom de Lucienne Morand et épouse de Théodore Fraenkel), de Charles Maklès et de Simone Maklès (épouse de Jean Piel).

Élève de Charles Dullin, Sylvia Maklès devient, à la suite de Kiki, une des égéries de Montparnasse. Elle fait en 1927 la connaissance de l'écrivain débutant Georges Bataille, qu'elle épouse le . Elle a vingt ans, lui trente. Le couple emménage successivement avenue de Ségur, rue Vauvenargues, à Boulogne sur Seine, où leur ami Michel Leiris habite chez son beau père Daniel-Henry Kahnweiler, puis Issy-les-Moulineaux, où, le , naît leur fille, la future psychanalyste Laurence Bataille (en)[4].

Sylvia Bataille débute alors au théâtre, dans la Compagnie des quinze de Michel Saint-Denis. Elle joue aussi un premier petit rôle dans un court métrage. En 1932, elle intègre le Groupe Octobre, troupe théâtrale d'agit-prop animée par Jacques Prévert. Les fêtes, la débauche et l'alcool ont raison de son couple dès 1933[5] mais Georges Bataille ne consentira au divorce, les circonstances n'aidant pas, que le . Il a dilapidé son propre héritage auprès d'une des nombreuses prostituées qu'il a l'habitude de fréquenter, Violette, qu'il espérait ainsi sauver de sa condition.

C'est alors, en 1933, que Sylvia Bataille, sans renoncer tout à fait au théâtre, fait le choix d'une carrière cinématographique, en effet prometteuse. En 1936, elle joue son rôle le plus mémorable dans Partie de campagne de Jean Renoir, mais les reproches et les injures qu'elle adresse au réalisateur ajoutent aux difficultés qui conduisent à l'arrêt du tournage. Le film ne sera monté que dix ans plus tard. Auparavant, elle aura acquis une certaine notoriété en jouant dans Le Crime de monsieur Lange, de Renoir également, en 1935. Elle tournera son dernier rôle en 1950.

Refondation personnelle à travers la guerre (1939-1945)

À partir de 1938, Sylvia Bataille partage la vie du compagnon des Surréalistes et psychiatre Jacques Lacan, homme marié et déjà père d'une première fille. Quand la guerre éclate, celui ci est mobilisé en tant que médecin à Pau. En , à la suite de l'édiction du premier statut des Juifs, elle s'enfuit de Paris avec sa mère, sa sœur et son beau-frère André Masson vers Clermont, en Zone sud. Toute la famille, orientée par les autorités, reçoit un hébergement dans les Montagnes d'Auvergne puis poursuit jusqu'à Marseille dans l'idée de partir vers les États-Unis.

C'est là qu'elle retrouve Jacques Lacan, lui-même en famille. Provisoirement, le couple illégitime sous-loue à André Malraux, qui est logé gracieusement, une villa située à Roquebrune, près de Nice, et appartenant à Simon Bussy, « La Souco », tandis que Rose et André Masson, qui obtiendront un visa pour les États-Unis quatre mois plus tard, sont hébergés par la comtesse Pastré dans une maison du parc de Montredon, à Marseille. C'est dans ces conditions qu'est conçue leur enfant, ce qui précipite le divorce, qui sera prononcé le , de Jacques Lacan d'avec Marie-Louise Blondin, qui, elle, a accouché de leur troisième enfant treize mois et demi plus tôt.

Peint par Auguste Renoir, le Domaine des Colettes à Cagnes, où habite Jean Renoir.

En janvier, 1941, Jacques Lacan installe[6] son nouveau ménage à Cagnes-sur-Mer, de l'autre côté de Nice. À court d'argent, il retourne à Paris prendre son poste de praticien mais revient tous les quinze jours. La seconde fille de Sylvia Bataille naît le . Elle est nommée Judith en l'honneur de l’héroïne qui a sauvé son peuple de l'envahisseur[7].

Un an et demi plus tard, à Noël 1942[8], Sylvia Bataille obéit naïvement à l'obligation imposée à la suite du second statut des Juifs de se faire recenser. Jacques Lacan se rend avec Sylvia dans le commissariat de Cagnes réclamer les déclarations qu'elle y avait déposées et, après un temps d'attente, réussit, d'un geste vif et déterminé, à subtiliser[9], en promettant à l'officier présent de le ramener dans les délais, le dossier qui aurait à terme conduit ses futures femme et belle mère, ainsi que sa fille, à Auschwitz.

Sylvia Lacan (1946 - 1993)

L'Origine du monde, acheté par Jacques Lacan en 1955, est acquis en 1995 par le Musée d'Orsay en règlement de la succession de Sylvia Bataille.

Sylvia Bataille n'épouse Jacques Lacan que sept ans après son divorce, le , peut-être dans la perspective de transmettre le nom du père à sa fille[10]. C'est l'époque où le psychanalyste commence de théoriser son expérience et rédiger un enseignement.

Sylvia Bataille meurt d'une crise cardiaque 3 rue de Lille. Elle est enterrée au cimetière du Montparnasse, septième division, alors que sa mère, décédée en 1960, l'est à Guitrancourt, à côté de Jacques Lacan.

Filmographie

« Chez Renoir, nous ne sommes pas toujours beaux, mais nous sommes toujours vrais. »

— Sylvia Bataille, Cahiers du cinéma n°8, janvier 1952

Théâtre

Annexes

Bibliographie

Sources

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. « Au jardin, avec Sylvia Bataille », sur La Belle Equipe,
  3. Angie David, Sylvia Bataille, Paris, Éditions Léo Scheer, , 284 p. (ISBN 978-2-7561-0413-3), p. 13
  4. Chantal Talagrand, « Laurence Bataille [Paris 1930 — Paris 1986] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque, Mireille Calle-Gruber (éd.), Dictionnaire universel des créatrices, Paris, Éditions des femmes, (lire en ligne).
  5. G. Bataille, Le Bleu du ciel, Jean Jacques Pauvert, Paris, 1957.
  6. Marie Voisin, « Repères biographiques », in M. Waldberg, Isabelle Waldberg avec et sans armure, p. 235-253, coll. Mains et Merveilles, La Différence, Paris, 1992 (ISBN 9782729108434).
  7. Nathalie Jaudel, « Lacan, Maurras et les juifs. », in La Règle du jeu, Grasset, Paris, 16 août 2011.
  8. René Poznanski, « Le fichage des juifs de France pendant la Seconde Guerre mondiale et l'affaire du fichier des juifs. », in La Gazette des archives, no 177-178 "Transparence et secret. L’accès aux archives contemporaines", p. 255, AAF, Paris, 1997 DOI 10.3406/gazar.1997.3475.
  9. Alain Rubens, « Lacan et les femmes », in L'Express, Paris, 1er mai 2008.
  10. Jean-François de Sauverzac, Le Désir sans foi ni loi. Lecture de Lacan., p. 145, Aubier, Paris, 2000.

Liens externes