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Sambucus nigra

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Grand Sureau, Sureau noir

Le Grand Sureau ou Sureau noir Écouter (Sambucus nigra L., 1753) est une espèce d'arbrisseaux ou d'arbustes caducifoliés à croissance rapide. Il est présent en Europe, en Asie de l'Ouest et en Afrique du Nord.

Dénominations

Le nom vernaculaire du sureau provient de l'ancien français seu, puis seür par influence de « sur », acide, sur le latin sabucus ou sambucus, désignant en latin le sureau noir d'après Pline l'Ancien[1],[2] , Sambucus nigra. Ce nom latin provient probablement du grec σαμβύκη, sambukê qui désignait chez les Grecs une flûte ou une harpe, les tiges creuses du sureau permettant de faire de la musique[3],[4].

Le Pseudo-Dioscoride donne le nom gaulois du sureau : « Sambuci, […] , galli scobiem »[5].

Description

Cet arbuste aux branches souvent courbées[6], ordinairement haut de 4 à 5 mètres, peut atteindre 8 mètres[7]. Sa croissance est rapide, surtout dans les sols fertiles et frais. Il rejette de souche. C'est une essence de lumière ou de demi-ombre, rustique, appréciant les sols basiques à neutres[réf. nécessaire].

Son bois, assez lourd et dense (0,59-0,69) est très homogène, protégé par une écorce vert-gris et fissurée.

Les feuilles caduques, opposées et imparipennées sont composées de 5 à 7 folioles, à l'extrémité pointue et bord denté, un peu plus velues sur les nervures[8]. Les feuilles ont une odeur déplaisante lorsqu'on les froisse.

Les fleurs hermaphrodites, parfumées, à 5 étamines et 5 pétales blanc crème apparaissent après les feuilles, en début d'été ; elles sont disposées en corymbes plans, larges de 100 à 240 mm de diamètre[7].

Les fruits sont de petites baies noires violacées à chair molle de 6-8 mm disposés en grappes, comportant trois graines.

Le sureau noir se multiplie facilement par semis (avec une stratification des graines) et par bouturage (à l'automne en utilisant une tige de 20 cm de l'année ayant commencé à se transformer en bois et comprenant une partie de la branche de l'année précédente). Modèle:Message galerie

Sous-espèces

Il existe plusieurs autres espèces proches, originaires d'Asie et d'Amérique du Nord, similaires et parfois traitées comme sous-espèces de Sambucus nigra. Le sureau bleu ou sureau mexicain, Sambucus mexicana, est maintenant généralement reconnu comme une ou deux sous-espèces de Sambucus nigra subsp. canadensis[9] et Sambucus nigra subsp. caerulea[10].

Sous-espèces et variétés selon Tropicos (16 mars 2017)[11] (Attention liste brute contenant possiblement des synonymes) :

  • Sambucus nigra subsp. canadensis (L.) Bolli
  • Sambucus nigra subsp. cerulea (Raf.) Bolli
  • Sambucus nigra subsp. maderensis (Lowe) Bolli
  • Sambucus nigra subsp. nigra
  • Sambucus nigra subsp. palmensis (Link) Bolli
  • Sambucus nigra subsp. peruviana (Kunth) Bolli
  • Sambucus nigra var. canadensis (L.) B.L. Turner
  • Sambucus nigra var. cerulea (Raf.) B.L. Turner
  • Sambucus nigra var. laciniata L.
  • Sambucus nigra var. nigra

Distribution

Le Sureau noir est un arbuste très répandu en plaine, collines et montagnes jusqu'à 1600 m d'altitude. On le rencontre dans les bois clairs, les haies, les terrains vagues, les dunes littorales. Nitrophile il est fréquent aux abords des habitations. Il est souvent planté[7],[12]. C'est un familier de l'homme depuis des millénaires. Il prospère notamment dans les friches, les décombres ou les remblais.

S. nigra est très courant en Irlande dans les haies et sous-bois[13],[14].

Interaction écologique

Sureau poussant en épiphyte sur un sycomore

Les feuilles, parmi les premières à sortir au printemps, sont recherchées par de nombreux insectes, notamment les papillons nocturnes (Sphinx du troène, Eupithécie à trois points, Phalène du Sureau) dont les chenilles se nourrissent parfois exclusivement.

Le champignon appelé « Oreille de Judas » (Auricularia auricula-judae) est souvent trouvé sur le sureau noir.

Le puceron noir du sureau (Aphis sambuci), spécifique du sureau, n'ira pas sur d'autres arbres. Il effectue tout son cycle sur le sureau, hivernant sur les racines, sous forme d’œuf d’hiver. Au printemps, les adultes forment des manchons noirs sur les jeunes pousses. Ils sont souvent accompagnés de fourmis qui viennent profiter de leur miellat, leur assurant une protection en retour. Les adultes accumulent la sambunigrine contenue dans les stades jeunes des tiges, des feuilles et des fleurs, et qui les protège naturellement de certains prédateurs comme la coccinelle à sept points – mais pas de tous : ainsi la coccinelle à deux points, Coccinella bipunctata, est indifférente à cette toxine[15].

Le bétail et les lapins délaissent l'arbre mais le blaireau européen semble l'apprécier. Le sureau noir est également un régal pour plus de 60 espèces d'oiseaux.

Toxicité potentielle

Ses fleurs et ses baies cuites sont comestibles, mais toutes les autres parties de la plante contiennent de l'oxalate de calcium et sont donc toxiques. Le fruit non mature contient également un alcaloïde toxique, qui est détruit par la cuisson. Les baies crues consommées en forte quantité peuvent provoquer nausées et vomissements chez les humains [16].

Le sureau noir contient de la sambunigrine et de la vicianine, deux glycosides cyanogénétiques. L'acide cyanhydrique est libéré par des enzymes végétales dans l'organisme des animaux, après l'ingestion[17].

Risque de confusion

Contrairement au sureau noir, le Sureau hièble (Sambucus ebulus) porte des fruits qui peuvent être bien plus toxiques (fruits vers le haut).

Le sureau noir peut être confondu avec le Sureau hièble (Sambucus ebulus) dont les baies peuvent être très toxiques. Ce sont en effet deux plantes des campagnes européennes qui se ressemblent fortement. Le sureau hièble se différencie du sureau noir par le fait que :

  • Le sureau hièble est une vivace herbacée qui disparaît en hiver, le sureau noir est un arbuste ligneux.
  • la floraison de l'hièble est plus tardive, de juillet à août, alors que le sureau noir fleurit en mai-juin.
  • les étamines du sureau noir sont jaunes, celles du sureau hièble plutôt rosées.
  • le sureau hièble tourne ses fruits vers le haut alors que le sureau noir les tourne vers le sol (fruits pendants).
  • le sureau hièble ne dépasse pas 1,80 m de hauteur.
  • L'odeur de l'hièble est plus forte, généralement perçue comme écœurante, et ses fruits sont immangeables même en confiture, ce qui diminue beaucoup sa dangerosité[18].

Utilisation

Sambucus nigra, planche botanique de 1897
.

Usages médicinaux

Pot pharmaceutique en porcelaine de Chantilly imitant le style Kakiémon destiné à contenir du rob de sureau, vers 1725-1751 (Musée national de Céramique, Sèvres).
Sambuci flos : Les fleurs séchées du grand sureau sont utilisées dans la préparation de tisanes.

Le sureau noir fait partie à la pharmacopée traditionnelle, au moins dès l'Antiquité et y compris pour la médecine ayurvédique d'Inde.

Au Ier siècle de notre ère, Pline l'Ancien le recommandait contre les catarrhes et les excès de mucus, tout comme le médecin grec Galien au IIe siècle.

Les Autochtones d'Amérique du Nord attribuaient les mêmes propriétés au sureau blanc (Sambucus canadensis, dont la composition est semblable à celle de son cousin européen).

Dans diverses régions du monde, les fleurs du Sambucus nigra, en tisane, étaient utilisées ou le sont encore comme diaphorétique contre les refroidissements et la grippe. Les fleurs possèdent des propriétés antioxydantes grâce à la présence de monomères d'anthocyanes[19].

Dans la vie quotidienne à Bagnes au début du XXe siècle, le sureau (dont les noms patois de cette région étaient syœu, syœ, sœ ou sœu) était utilisé via ses fruits (en sirop), ses fleurs (en tisane et en inhalation contre le rhume et les refroidissements) ; il était aussi considéré comme « bon pour la circulation », et en particulier un mélange de Sureau et de Benoîte était utilisé en compresse pour soulager les varices[20].

En 1986, la Commission E, un organisme gouvernemental allemand, approuvait l'usage médicinal des fleurs de sureau pour le traitement du rhume. En 1999, l'organisation mondiale de la santé a reconnu les usages traditionnels des fleurs de sureau comme diaphorétique (qui provoque la sudation) et expectorant[21].

En 1995, un essai clinique à double insu avec placebo, mené dans un kibboutz israélien lors d'une épidémie de grippe, a conclu qu'un extrait de baies de sureau était nettement supérieur au placebo pour soulager les symptômes de la grippe : en deux jours, 93,3 % des sujets traités au sureau voyaient déjà un soulagement significatif de leurs symptômes, tandis qu'il a fallu six jours pour que 91,7 % des personnes sous placebo éprouvent une amélioration similaire[21].

En 2002, une étude de pharmacovigilance a porté sur 762 femmes enceintes ayant durant leur grossesse pris une préparation renfermant, entre autres plantes, des fleurs de sureau. Aucun effet tératogène ni embryotoxique n'a été observé[21].

Les fleurs contiennent des anthocyanes, des flavonoïdes, du mucilage, des tanins et une petite quantité d'huile essentielle très aromatique. Les fruits contiennent les mêmes flavonoïdes, des vitamines A, B et C[22].

Cuisine

Tartine de confiture de sureau
.

Les fleurs de sureau sont utilisées pour la préparation d'une limonade ou d'un sirop[23]. Elles se cuisent aussi en beignets.

Les boutons conservés dans le vinaigre peuvent accommoder des salades.

Les baies crues sont légèrement toxiques (vomitives, laxatives). Cuites, elles parfument les gâteaux aux pommes et sont consommées en jus, en gelée et en confiture.

On en fait aussi du vin[24].

Les fruits sont utilisés comme colorant naturel, notamment pour les boissons et aliments.

Jardinage

Au jardin, les feuilles de sureau accélèrent la décomposition du compost. Le purin de feuilles de sureau noir est également utile en jardinage biologique pour combattre mildiou et pucerons. Ce purin aurait également le pouvoir de repousser les rongeurs (souris, mulots et campagnols). Pour ce faire, il suffit de laisser macérer 1 kg de feuilles pendant quelques jours, dans 10 L d’eau, et de le pulvériser dans son jardin.

Il serait conseillé de planter le sureau en sous-étage du moyen bois. Il donne un excellent compost favorisant les lombrics. On peut aussi le conseiller dans les vergers où il attire les oiseaux qui favorisent l'élimination des insectes.

La floraison du sureau n’est pas très mellifère mais elle indique la fin de la miéllée de printemps.

Cultivars

Sureau noir à feuilles panachées.

Certains cultivars ont des feuilles varigates ou colorées et autres qualités distinctives[Lesquelles ?] et sont cultivés comme plantes d'ornement.

Les cultivars suivants ont gagné le prix de la Royal Horticultural Society :

  • S. nigra 'Aurea'[25] ; au feuillage doré
  • S. nigra 'Laciniata'[26] ; au feuillage découpé
  • S. nigra f. porphyrophylla 'Gerda' (syn. 'Black Beauty')[27] ; au feuillage pourpre et fleurs roses

Le sureau noir dans la culture populaire

Traditions populaires

Dans la tradition celtique, le sureau (« ruis ») est l’arbre associé à la mort[28],[29] Les druides confectionnaient avec son bois les flûtes leur servant à converser avec les âmes des disparus ou protéger des sortilèges [30].

Le sureau noir est connu sous le nom d'« arbre à fées »[31],[32],[30].

Sa foliaison printanière est à l'origine de dictons du 6 mars : « À la Sainte-Colette, on voit à vue d'œil au sureau pousser la feuille » ou « À la Sainte Colette, le sureau s’effeuillette »[33].

Dans les montagnes des Pyrénées-Orientales et de Catalogne, différentes croyances sont liées au sureau noir. Utilisé dans les bouquets de la fête de la Saint-Jean, il pouvait aussi être cloué sur les portes des maisons pour se prémunir contre le mauvais sort. Le brûler pouvait par contre tarir le lait des vaches ou même le lait maternel. S'endormir sous un sureau noir vous exposait à des rêves érotiques. Enfin, on pouvait faire un collier de neuf bourgeons que l'on mettait autour du cou des bébés afin de faciliter leur dentition, à la condition que ceux-ci aient été cueillis le jour de la Fête-Dieu, au moment où sonnaient les cloches annonçant le départ de la procession, à raison d'un bourgeon cueilli par tintement de cloche[34].

Littérature

La fée du sureau est un conte de Hans Christian Andersen[35].

Calendrier

Dans le calendrier républicain français, le 17e jour du mois de Prairial, est officiellement dénommé jour du Sureau[36].

Notes et références

  1. (Bulletin - Volumes 7 à 9 - Page 91) Société de naturalistes et archéologues du nord de la Meuse · 1893
  2. Pline l'Ancien Histoire naturelle, tome second, livre XXIV Traitant des remèdes fournis par les arbres sauvages XXXV Du sureau (traduction d'Émile Littré)
  3. François Couplan, Les plantes et leurs noms : Histoires insolite, Éditions Quae, (lire en ligne), p. 119
  4. Jean-Claude Rameau, G. Dumé et D. Mansion, Flore forestière : guide écologique illustré (Tome 2, Montagnes), Institut pour le développement forestier, (ISBN 2-904740-41-4 et 978-2-904740-41-1)
  5. Encyclopédie de l'Arbre Celtique
  6. (en) François Couplan et Eva Styner, Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques, Delachaux et Niestlé, , p. 153.
  7. a b et c Nouvelle flore de la Belgique, du G.-D. de Luxembourg, du Nord de la France et des régions voisines, Édition du Patrimoine du Jardin botanique national de Belgique, Deuxième édition, 1978
  8. Jacques Brosse, LAROUSSE DES ARBRES : dictionnaire de 1600 arbres et arbustes, Paris, larousse, , 590 p. (ISBN 978-2-03-582595-7), p. 443
  9. « Sambucus mexicana », Calflora (consulté le ).
  10. « Sambucus nigra ssp. caerulea », Calflora (consulté le ).
  11. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 16 mars 2017
  12. Arbres, Poches Nature, Bob Press, 2004.
  13. Hackney, P. 1992. Stewarts and Corry's Flora of the North-east of Ireland. Institute of Irish Studies The Queen's University of Belfast. (ISBN 0 85389 446 9)(HB).
  14. Webb, D.A., Parnell, J. et Doogue, D. 1996. Dundalgan Press Ltd, Dundalk. (ISBN 0-85221-131-7).
  15. Insectes du sureau
  16. Cooper and Johnson 1984
  17. Tewe and Iyayi 1989
  18. Bertrand, Annie-Jeanne, 1955- ..., Saveurs de sureau, Sengouagnet, Éd. de Terran, , 88 p. (ISBN 2-913288-41-3 et 9782913288416, OCLC 470390731, lire en ligne)
  19. Ana-Maria Oancea, Cristina Onofrei, Mihaela Turturică et Gabriela Bahrim, « The kinetics of thermal degradation of polyphenolic compounds from elderberry (Sambucus nigra L.) extract », Food Science and Technology International = Ciencia Y Tecnologia De Los Alimentos Internacional,‎ , p. 1082013218756139 (ISSN 1532-1738, PMID 29409346, DOI 10.1177/1082013218756139, lire en ligne Accès payant, consulté le )
  20. Françoise Nicollier et Grégoire Nicollier, « Les plantes dans la vie quotidienne à Bagnes : noms patois et utilisations domestiques », Bulletin de la Murithienne, no 102,‎ , p. 129-158 (ISSN 0374-6402, OCLC 716291575, lire en ligne).
  21. a b et c PasseportSanté.net
  22. Plantes médicinales, Gründ, non daté.[réf. incomplète]
  23. https://dianascook.blogspot.fr/2014/04/sirop-de-fleurs-de-sureau.html
  24. Plantes comestibles, Nature Poche, Gründ, 1991.
  25. « RHS Plant Selector Sambucus nigra 'Aurea' AGM / RHS Gardening », Apps.rhs.org.uk (consulté le )
  26. « RHS Plant Selector Sambucus nigra f. laciniata AGM / RHS Gardening », Apps.rhs.org.uk (consulté le )
  27. « RHS Plant Selector Sambucus nigra f. porphyrophylla 'Gerda' PBR AGM / RHS Gardening », Apps.rhs.org.uk (consulté le )
  28. Marc Questin, La tradition magique des Celtes : une voie occidentale de l'éveil, Fernand Lanore, 1994, p. 208 (ISBN 9782851571144)
  29. L'Astrologie Celtique: Une création moderne ?
  30. a et b Jardin Botanique Henri Gaussen / Le sureau noir : un symbole ambigu
  31. Nigel Pennick, Runes et magie: histoire et pratique des anciennes traditions, éditions L'Originel, 1995 - 266 pages
  32. Bernard Rio, L'arbre philosophal, éditions L'Âge d'Homme, 2001
  33. Gabrielle Cosson, Almanach des dictons météorologiques, Éditions Larousse, Paris, 2003.
  34. Joan Tocabens, Herbes magiques et petites formules : Sorcellerie en Roussillon et autres Pays Catalans, Perpignan, Ultima Necat, , 141 p. (ISBN 978-2-36771-002-0)
  35. La fée du sureau sur le site touslescontes.com, consulté le 19 décembre 2021.
  36. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 27.

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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