Réseau ferroviaire de l’Alsace et de la Moselle

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Le réseau ferroviaire d'Alsace-Lorraine est un réseau de chemin de fer spécifique du fait de sa situation géographique, une zone frontière au centre de l'Europe, et de son histoire indissociable des grands conflits du XIXe et XXe siècles et de leurs conséquences sur son territoire qui alterne des périodes d'administration allemande et française.

L'histoire du réseau débute des la fin des années 1830, avec Nicolas Koechlin et sa Compagnie du chemin de fer Mulhouse à Thann. Elle se poursuit avec quelques grandes périodes marquées notamment par : la Compagnie des chemins de fer de l'Est de 1864 à 1871, la Kaiserliche Generaldirektion der Eisenbahnen in Elsaß-Lothringen de 1871 à 1918 lors de l'annexion allemande, l'Administration des chemins de fer d'Alsace et de Lorraine de 1919 à 1938, la Deutsche Reichsbahn de 1940 à 1945 lors de la seconde annexion, et la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) jusqu'en 1997.

Entre le 13 février 1997 et le 31 décembre 2014 ce réseau est la propriété de Réseau ferré de France (RFF) et exploité principalement par la SNCF comme l'ensemble du réseau ferré national. Depuis le 1er janvier 2015 il appartient à nouveau à la SNCF, par l'intermédiaire de SNCF Réseau, consécutivement à la disparition de RFF.

Bien que l'on utilise le terme Alsace-Lorraine, le territoire couvert par ce réseau correspond en fait aux actuels départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle (et non de la totalité de la région Lorraine actuelle).

Historique

Affiche dessinée par Lucien Blumer pour les Chemins de fer d’Alsace et de Lorraine, la Petite France à Strasbourg, 1930.

Le chemin de fer alsacien-mosellan a connu ses débuts le 1er septembre 1839 avec l'inauguration de la ligne de Mulhouse à Thann puis avec la mise en service de la ligne de Strasbourg à Saint-Louis (Bâle) le 22 aout 1841 et fut complétée le 29 mai 1851[1] par la section de Sarrebourg à Strasbourg de la ligne de Paris à Strasbourg mais ce n'est qu'en 1853 qu'il fut exploité par la Compagnie des chemins de fer de l'Est. Cette dernière réalisa la ligne de Strasbourg-Ville à Strasbourg-Port-du-Rhin (Kehl), un saut de puce au-dessus du Rhin, en 1861. À cette époque, Metz disposait déjà d'une gare importante.

Après la défaite française et la cession de l'Alsace-Lorraine en 1871, la gare-frontière allemande de Deutsch-Avricourt fut construite à Avricourt sur la ligne de Paris à Strasbourg. Depuis cette époque et jusqu'en 1918, le réseau ferré alsacien-mosellan fut géré et étendu par les Allemands jusqu'au Luxembourg inclus mais pas à travers les Vosges.

Sa longueur développée a triplé durant cette période. Les normes allemandes faisaient (et font toujours) rouler les trains à droite.

L'Administration des chemins de fer d'Alsace et de Lorraine (AL), a été créée le aux lendemains de la Première Guerre mondiale, suite à la récupération de l'Alsace-Lorraine par la France. Son objet était l'exploitation du réseau ferré repris à la Kaiserliche Generaldirektion der Eisenbahnen in Elsaß-Lothringen (Direction générale impériale des chemins de fer d'Alsace-Lorraine ou EL), qui couvrait l'Alsace-Lorraine et le Luxembourg. La création d'une administration pour gérer ce réseau ferré trouve son origine dans le refus de la Compagnie des chemins de fer de l'Est de s'en occuper.

À son dernier inventaire, au , l'AL disposait de 1 332 locomotives, 45 967 wagons, 3 390 voitures, 34 autorails, 83 wagons poste et 1 065 fourgons. Elle employait 39 039 cheminots, pour 2 320 km de lignes ferroviaires.

Il existait à l'époque :

À la veille de son intégration dans la SNCF le 1er janvier 1938, le réseau AL était le seul à avoir des comptes positifs.

Pendant l'Occupation, le réseau a été exploité par la DRG (Deutsche Reichsbahn).

Le réseau

Le réseau AL à sa création en 1919

Le réseau de l'AL offre, par rapport aux autres réseaux ferroviaires français de la même époque, quelques particularités.

  • Il est le seul à gérer également un réseau étranger : en effet depuis 1871, revient à l'EL, puis à l'AL l'exploitation du réseau ferroviaire Guillaume-Luxembourg. Cette gestion sera reprise par la SNCF jusqu'à la création le 14 mai 1946 de la société nationale des chemins de fer luxembourgeois (CFL).
  • Son étendue n'est pas très importante, un peu plus de 2000 kilomètres en 1919, et ne comporte que peu de lignes principales : Strasbourg - Mulhouse - Bâle (ligne 3), section Strasbourg - Avricourt de la ligne de Paris à Strasbourg (ligne 1) et Luxembourg - Metz - Strasbourg (ligne 3 Nord). Le reste du réseau est constitué essentiellement de petites lignes secondaires, souvent en impasse. Les vitesses maximales relevées sont de ce fait peu importantes.
  • Il en découle un parc vapeur caractéristique avec peu de locomotives de vitesse (type S) et un nombre important de locomotives-tender (type T) mixtes voyageurs et marchandises.
  • Étant constitué sur les bases d'un réseau ferré allemand, il en garde de fortes caractéristiques : signalisation de type unifiée allemande, gabarit plus généreux, matériel pour l'essentiel de conception prussienne.

Les trains roulent du côté droit sur les lignes à double voie en Alsace et en Moselle alors qu'ailleurs en France, ils roulent du côté gauche.

La différence de conception entre la signalisation ferroviaire des voies ferrées allemandes et françaises (ces dernières inspirées par les anglaises) est liée au sens de circulation des trains sur les lignes à double voie (ou au niveau des voies d'évitement). Par exemple, les signaux sont posés dans le sens "lisible" du côté où roulent les trains.

S'il avait fallu inverser le sens de circulation des trains après la fin de la Première Guerre mondiale il aurait fallu déplacer (voire remplacer) tous les signaux du réseau et modifier les plans de voies des gares, ce qui aurait demandé des moyens conséquents et des périodes d'indisponibilité non négligeables.

Considérant qu'à l'époque il y avait sans doute d'autres priorités, les autorités ont donc préféré laisser les choses telles quelles et installer des dispositifs spécifiques sur les quelques points d'interconnexion entre les deux réseaux: sauts-de-mouton entre Metz et Ars-sur-Moselle, près de Imling entre Héming et Sarrebourg ou rebroussement et changement de côté dès Mulhouse vers Belfort.

De ce fait, les normes allemandes perdurent encore aujourd'hui sur le réseau ferré alsacien-mosellan hormis sur les lignes construites après l'annexion qui ont adopté la norme française (comme la LGV Est par exemple).

Les gares

Les bâtiments (essentiellement les gares) ont fait l'objet d'une conception particulièrement soignée : ils étaient l'image et la vitrine de l'Allemagne aux portes de la France. Il en résulte un style caractéristique mêlant le néo-gothique, le néo-roman et le néo-renaissance ainsi que des gares monumentales.

Notes et références

  1. Livre : Le rail en France, les 80 premières lignes 1828 - 1851 par François et Maguy Palau, auteurs éditeurs, 1995.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes