Réunions de Grendelbruch (1944)

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Réunions de Grendelbruch
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Village de Grendelbruch

Date Du 17 au 22 juin et du 27 au 31 juillet 1944.
Lieu Grendelbruch
Résultat La hiérarchie et l'organisation de la Résistance Alsacienne sont définies pour la libération de l'Alsace.

Les deux réunions de Grendelbruch, pendant la Seconde Guerre mondiale, sont des rencontres des responsables de la Résistance alsacienne pour préparer la libération de l'Alsace. Elles ont lieu du 17 au 22 juin 1944 et du 27 au 31 juillet 1944 en Alsace annexée au chalet de la famille Grosskost à Grendelbruch[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

En 1944, a lieu à Paris une réunion avec Gilbert Hirsch-Ollendorf, alias « Grandval et Planète » commandant la région Est (Région C) des Forces Françaises de l'intérieur (FFI), Marcel Kibler, alias « Marceau » responsable de la Septième colonne d'Alsace (Réseau Martial), Jean Eschbach, alias « Rivière » son chef d'état-major et Guy d'Ornant (ORA). Il y est question de la libération du camp de concentration de Natzweiler-Struthof et du camp de sureté de Vorbruck-Schirmeck. Paul Freiss, alias « capitaine Jean-Paul », propose aux participants de se rendre dans la vallée de la Bruche où se trouvent les deux camps pour évaluer le dispositif allemand[2].

Le 15 mai 1944, Marcel Kibler et son chef d'état-major Jean Eschbach, installent leur poste de commandement dans la ferme Vuilmin au lieu-dit la Basse-Jolie à Neuveville-lès-Raon[Note 1] pour préparer l'intervention des Groupes mobiles d'Alsace (GMA) en cours de création. C'est là qu'est acceptée la proposition de Paul Freiss d'une réunion entre les responsables de la Résistance Alsacienne en France occupée et ceux habitant en Alsace-Moselle. Lors de cette réunion, il est prévu d'étudier la libération des camps de Natzweiler-Struthof et Vorbruck-Schirmeck, le largage de parachutistes canadiens sur le plateau surplombant Hersbach, entre Wische et Schirmeck et organiser le commandement des Forces françaises de l'intérieur d'Alsace-Moselle[1].

Paul Freis est chargé d'organiser la rencontre. Il choisit le chalet de la famille Grosskost, entre Grendelbuch et Schartzbach, comme lieu de la réunion. Pour escorter et faire passer la frontière alsacienne à Marcel Kiebler et Jean Eschbach, il fait appel à l'équipe de René Stouvenel et Michel Ferry qui dirigent une filière d'évasion par la vallée de la Bruche. Ils sont aidés des employés des Eaux et Forêts de Grandfontaine.

Le , à la tombée de la nuit, Marcel Kibler et Jean Eschbach sont pris en charge par un relais de bûcherons de l'équipe de René Stouvenel chez qui ils font étape. Le lendemain, ils atteignent le chalet sans encombre. Par dérision Jean Eschbach le surnomme « Berchtesgaden », car « comme Hitler de son nid d'aigle près de Berchtesgaden en Bavière, rêve de la conquête du monde, la Résistance d'Alsace va du haut de ce chalet, préparer la libération de son pays »[3].

Ils sont rejoints par les responsables de la Résistance en Alsace, soit une quinzaine de personnes.

Une deuxième réunion a lieu au même endroit au mois de juillet en suivant la même organisation. Elle confirme les nominations à la tête des FFIA. Mais cette fois, une heure après le départ des participants, les Allemands envahissent le chalet, sans résultat.

À l'issue de ces réunions, le projet de libérer les camps est abandonné. Des terrains de parachutage sont définis comme celui de Geispolsheim ou ceux du sud de l'Alsace en prévision de l'arrivée du GMA Suisse, le fonctionnement provisoire des services publics et le ravitaillement organisés. Mais surtout, les structures de commandement des Forces françaises de l'intérieur pour l'Alsace (FFIA) sont définies et confirmées par le général Pierre Koenig commandant des FFI.

Organisation du commandement des FFI en Alsace-Moselle[modifier | modifier le code]

À l'issue de la deuxième réunion, l'organisation des FFI d'Alsace-Moselle est confirmée avec[4],[5] :

  • Colonel Gilbert Hirsch-Ollendorf, alias « Grandval et Planète » commandant militaire de la région Est (Région C), Chef régional et délégué militaire régional[Note 2] ;
  • Lieutenant-colonel d'Ornant alias « Marchal » commandant des FFI d'Alsace et de la Moselle.
  • Commandant Marcel Kibler alias « Marceau » commandant des FFI d'Alsace.
  • Commandant Alfred Krieger alias « Grégor » commandant des FFI de Moselle.
  • Commandant Paul Winter alias « Daniel » commandant des FFI du Haut-Rhin.
  • Commandant Georges Kiefer alias « François » commandant des FFI du Bas-Rhin.

Participants aux réunions[modifier | modifier le code]

  • Commandant Marcel Kibler pour la Septième colonne d'Alsace (Réseau Martial) et les GMA.
  • Commandant Paul Winter pour le Haut-Rhin.
  • Commandant Georges Kiefer pour le Bas-Rhin.
  • Commandant Krieger pour la Moselle.
  • Capitaine Matter adjoint au commandant Kiefer.
  • Capitaine Ehlinger chef du secteur de Thann.
  • Capitaine Freiss officier de liaison inter départemental.
  • Capitaine Foehr chef du secteur de Strasbourg Ouest.
  • Capitaine Stouvenel pour la Vallée de la Bruche.
  • Capitaine Leibenguth chef du service de santé.
  • Capitaine Dagorn pour le secteur d'Obernai.
  • Lieutenant Ferry Michel pour la Haute Vallée de la Bruche.
  • Lieutenant-colonel d'Ornant à la deuxième réunion seulement.

L'escorte des participants[modifier | modifier le code]

Pour chaque réunion, à l'aller comme au retour, Marcel Kibler, Jean Eschbach et le Lieutenant-colonel d'Orant sont guidés par les membres du réseau d'évasion de la Haute-Vallée de la Bruche dirigé par René Stouvenel. Par équipe de deux, depuis Raon-l'Étape jusqu'à Grendelbruch, ceux-ci se relaient pour accompagner et escorter les participants devant franchir clandestinement la frontière alsacienne. Ces résistants sont :

  • Michel Ferry, né le au lieu dit La Claquette à la Broque, adjoint de René Stouvenel, réside à Rothau.
  • Louis Simon, né le 15 à La Broque, garde domanial pour l'administration des Eaux et Forêts, membre du réseau Ajax, réside à la Maison forestière de Windeck à Grandfontaine.
  • Marcel Petitjean, né le à Grandfontaine, bûcheron au sein de l'administration des Eaux et Forêts, membre de la Septième colonne d'Alsace (réseau Martial), habite Grandfontaine.
  • Louis Boulas, né le à Grandfontaine, bûcheron employé au sein de l'administration forestière d'Alsace-Lorraine, membre de la Septième colonne d'Alsace (réseau Martial), habite Grandfontaine.
  • André Vincent, né le à Grandfontaine, bûcheron dans l'administration des Eaux et Forêts, membre de la Septième colonne d'Alsace (réseau Martial), habite Grandfontaine. Après les FFI, il s'engage au 1er bataillon de volontaires du Rhin du 19 février 1945 au 20 avril 1945[Note 3].
  • Alphonse Barret, né le à Grandfontaine et décédé le (à 77 ans) à Schirmeck, artisan charpentier, membre de la Septième colonne d'Alsace (réseau Martial) est caporal des FFI.
  • Auguste Herdung de Grandfontaine.
  • Emile Receveur de Russ.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Neuveville-lès-Raon fusionne en 1947 avec Raon-l'étape.
  2. Dès 1945, gouverneur militaire puis ambassadeur en Sarre ayant droit de conserver son nom de guerre Gilbert Grandval.
  3. Lors de la dissolution officielle des FFI d’Alsace, le général Touzet du Vigier prend l’initiative de créer les Bataillons de Volontaires du Rhin (BVR), à raison d’un bataillon par département. Ces combattants sont assimilé à des « réservistes frontaliers» destinés à des missions temporaires, sur convocation. Il ne portent pas d'uniforme et portent seulement un brassard.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Bernard Reumaux, Alfred Wahl et Saisons d'Alsace, Alsace, 1939-1945 : la grande encyclopédie des années de guerre, Nuée bleue, (ISBN 978-2-7165-0647-2 et 2-7165-0647-7, OCLC 402294507).
  2. Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (ill. Christophe Clavel), La résistance des Alsaciens, copyright 2016 (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC 1152172696).
  3. Eschbach, Jean. Auteur., Jean de Poligny : G. M. A. Vosges : d'après les souvenirs du capitaine Rivière, imp. Jacques et Demontrond, (OCLC 879644400, lire en ligne)
  4. Marcel Kibler, Marcel Kibler, alias commandant Marceau, raconte la résistance alsacienne, J. Do Bentzinger, (ISBN 978-2-84960-137-2 et 2-84960-137-3, OCLC 249026250, lire en ligne)
  5. Béné, Charles, 1917- ..., L'Alsace dans les griffes nazies. le tribut de pleurs et de souffrances payé par l'Alsace française pour sa libération, Impr. Fetzer, (OCLC 461980007, lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Alfred Wahl, « Réunion au sommet à Grendelbruch », dans Bernard Reumaux et Alfred Wahl (préf. André Bord), Alsace 1939-1945 : La grande encyclopédie des années de guerre, La Nuée bleue, , 1664 p. (ISBN 978-2-7165-0647-2), p. 1281-1284. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Alphonse Irjudl, « La Résistance alsacienne : Des Maquis à l'armée de Libération », dans Bernard Reumaux et Alfred Wahl (préf. André Bord), Alsace 1939-1945 : La grande encyclopédie des années de guerre, La Nuée bleue, , 1664 p. (ISBN 978-2-7165-0647-2), p. 1281-1284. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jean de Poligny, G.M.A Vosges : D'après les souvenirs du capitaine Rivière, , 245 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • André Simon, Marcle Kibler, alias commandant Marceau, raconte la Resistance Alsacienne, Jérôme Do Bentzinger, , 263 p. (ISBN 9782849601372). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Amicale des anciens de la Résistance combattante du Bas-Rhin (ARC), « Résistance sous l'occupation », dans La résistance et les combattants de la libération du Bas-Rhin. : Les FFI du commandant François, Strasbourg, . Disponible en prêt à la BNU de Strasbourg cote M 717458.

Articles connexes[modifier | modifier le code]