Présidence de William Howard Taft
27e président des États-Unis
Type | Président des États-Unis |
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Résidence officielle | Maison-Blanche, Washington |
Système électoral | Grands-électeurs |
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Mode de scrutin | Suffrage universel indirect |
Élection | 1908 |
Début du mandat | |
Fin du mandat | |
Durée | 4 ans |
Nom | William Howard Taft |
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Date de naissance | |
Date de décès | |
Appartenance politique | Parti républicain |
La présidence de William Howard Taft débuta le , date de l'investiture de William Howard Taft en tant que 27e président des États-Unis, et prit fin le . Membre du Parti républicain et successeur naturel du président Theodore Roosevelt, Taft entra en fonction après avoir facilement remporté l'élection présidentielle de 1908 face au candidat démocrate William Jennings Bryan. Il fut défait quatre ans plus tard à l'élection de 1912 par le démocrate Woodrow Wilson, qui lui succéda à la Maison-Blanche.
L'administration Taft se fixa pour objectif de réduire les droits de douane, qui constituaient alors une des premières sources de revenus du gouvernement. Le Payne-Aldrich Tariff Act, voté en 1909, procéda néanmoins contre toute attente à une augmentation des tarifs douaniers. Taft poursuivit les efforts de son prédécesseur contre les trusts, initiant des procédures judiciaires contre U.S. Steel et plusieurs autres firmes. Il effectua par ailleurs six nominations à la Cour suprême, davantage que la plupart des autres présidents. En politique étrangère, Taft fut très attentif à la situation en Asie de l'Est et intervint à plusieurs reprises pour soutenir et renverser des gouvernements en Amérique latine. Il chercha également à faire respecter la doctrine Monroe et à appliquer la « politique du dollar » en développant les investissements à l’étranger pour augmenter l’influence des États-Unis dans le monde.
Son passage au pouvoir fut émaillé de conflits entre la frange conservatrice du Parti républicain, à laquelle Taft était le plus souvent affilié, et la frange progressiste dont Theodore Roosevelt se rapprocha fortement sous la présidence de Taft. Les controverses autour de la protection des milieux naturels et de l'application des lois antitrust par le gouvernement précipitèrent la rupture entre les deux hommes. Roosevelt se présenta contre Taft à la convention nationale républicaine de 1912, mais ce dernier mobilisa la machine du parti pour remporter de justesse la nomination. Refusant de s'avouer vaincu, Roosevelt créa un parti dissident, le Parti progressiste, dont il fut le candidat à l'élection présidentielle de 1912. La division des votes républicains contribua à la défaite de Taft et permit aux démocrates, en la personne de Woodrow Wilson, de regagner la Maison-Blanche pour la première fois en seize ans. Taft figure généralement au milieu du classement des présidents américains.
Élection présidentielle de 1908
Élu triomphalement à la présidence en 1904, Theodore Roosevelt annonça ne pas vouloir être candidat à l'élection présidentielle de 1908. Celui qu'il considérait comme son successeur naturel, le secrétaire à la Guerre William Howard Taft, était initialement réticent à endosser ce rôle[1], estimant que la fonction de juge en chef de la Cour suprême lui aurait mieux convenu[2]. Roosevelt mobilisa néanmoins la machine du Parti républicain derrière Taft[1] et les fonctionnaires politiques reçurent pour instruction de soutenir la candidature de Taft ou de s'abstenir de tout commentaire[3]. Un certain nombre de républicains influents, tels que le secrétaire au Trésor George B. Cortelyou, songèrent également à se présenter mais s'abstinrent en définitive de participer à la course. D'autres, comme le gouverneur de New York Charles Evans Hughes, briguèrent tout de même la nomination de leur parti, mais Roosevelt s'arrangea pour minimiser la couverture de la campagne de Hughes dans la presse[4]. À la convention nationale républicaine de 1908 qui eut lieu à Chicago au mois de juin, Taft n'eut aucun concurrent sérieux et il remporta la nomination dès le premier tour de scrutin. Pour le choix du colistier, Taft plaidait en faveur du sénateur de l'Iowa, Jonathan Dolliver, un progressiste du Midwest, mais la convention désigna à la place le représentant James Sherman de New York, un conservateur. Le 30 juin, Taft démissionna du portefeuille de la Guerre pour se consacrer pleinement à sa campagne[5],[6].
Celle-ci connut toutefois un départ chaotique du fait des maladresses du candidat républicain, qui alimentèrent les critiques selon lesquelles Taft n'était qu'un faire-valoir du président Roosevelt. Taft avait en effet rendu visite au chef de l'État dans sa résidence de campagne de Sagamore Hill afin de solliciter, selon ses propres termes, le « jugement et la critique du président » sur son discours de remerciement à la convention[7]. Pendant toute la durée de l'élection, Taft afficha son soutien à la politique du gouvernement, par exemple en déclarant que les travailleurs avaient le droit de s'organiser mais pas celui de boycotter, tandis que les entreprises et les classes fortunées devaient également se soumettre à la loi. Il affirma que la panique bancaire de 1907 était due à la spéculation boursière et aux abus en tout genre des milieux financiers et se montra partisan d'une réforme monétaire afin d'accroître la capacité d'intervention des autorités fédérales en cas de conjoncture économique défavorable. En outre, il s'exprima en faveur d'une diminution des droits de douane ainsi que d'une application plus sévère du Sherman Antitrust Act[8]. L'adversaire de Taft au scrutin général était le démocrate William Jennings Bryan, qui représentait son parti pour la troisième fois dans le cadre d'une élection présidentielle. Doté d'un programme progressiste, il était hostile au « gouvernement par le privilège »[9] et dénonça la soumission des républicains à la haute sphère économique et aux possédants[10]. Compte tenu du fait que bon nombre des réformes de Roosevelt étaient inspirées des propositions de Bryan, ce dernier eut également beau jeu de se présenter comme le véritable héritier du président sortant[11].
À l'automne, Roosevelt prodigua de nombreux conseils à Taft et relança énergiquement sa campagne, qu'il fut accusé de prendre en main de facto[12]. L'irruption remarquée de Roosevelt dans la course électorale attira l'attention des journalistes et des humoristes qui tournèrent en dérision l'insignifiance de Taft ; une plaisanterie circulait selon laquelle « T.A.F.T. » voulait dire Take Advice From Theodore (prends conseil auprès de Theodore)[2],[13]. En définitive, Taft défit Bryan par 321 votes de grands électeurs contre 162[14], remportant tous les États sauf trois en dehors du Solid South, bastion traditionnel des démocrates. Il l'emporta également au vote populaire par une marge confortable, avec 7 675 320 voix (51,6 %) contre 6 412 294 voix (43,1 %) pour Bryan. Le candidat du Parti socialiste Eugene V. Debs obtint pour sa part 420 793 voix, soit 2,8 % des suffrages[2]. L'épouse du candidat républicain Helen Herron Taft déclara au sujet de la campagne qu'« il n'y avait rien à redire, si ce n'est qu'il [Taft] ne connaissait pas ou ne se souciait pas de la façon dont fonctionnait la politique »[15]. Quant à Roosevelt, il quitta le pouvoir non sans regret et, pour ne pas faire de l'ombre à son successeur, s'embarqua pour un safari d'un an en Afrique[16].
Cérémonie d'investiture
Taft fut assermenté en tant que président le 4 mars 1909, sous l'autorité du juge en chef Melville Fuller. En raison d'une tempête hivernale qui avait recouvert Washington de neige, la prestation de serment n'eut pas lieu à l'extérieur du Capitole, comme le voulait la coutume, mais à l'intérieur du Sénat. Dans son discours d'investiture, le nouveau président se déclara honoré d'avoir été « l'un des conseillers de mon distingué prédécesseur » et d'avoir joué un rôle « dans les réformes qu'il a initiées. Je ne serais pas fidèle à moi-même, à mes promesses et aux déclarations du programme du parti sur lequel j'ai été élu si je ne faisais pas du maintien et de l'application de ces réformes l'un des principaux objectifs de mon administration ». Il s'engagea à rendre ces réformes durables afin que les hommes d'affaires honnêtes ne souffrent pas de l'incertitude liée aux changements politiques. Il se prononça également en faveur de la réduction du tarif Dingley de 1897, de la réforme antitrust et de la poursuite du processus d'autonomie des Philippines[17].
Composition du gouvernement
Au cours de la campagne, Taft et Roosevelt s'étaient entretenus au sujet de la composition du cabinet mais, de tous les membres du gouvernement précédent, Taft ne conserva en définitive que le secrétaire à l'Agriculture James Wilson et le ministre des Postes George von Lengerke Meyer qui fut nommé secrétaire à la Marine. Taft demanda également au secrétaire d'État Elihu Root de rester en poste, mais ce dernier refusa et recommanda à la place l'ancien procureur général Philander C. Knox[18],[19].
Le vice-président James Sherman avait été choisi sur le ticket républicain de 1908 afin d'apaiser l'aile conservatrice du Grand Old Party, qui considérait Taft comme un progressiste. Ce dernier se rapprocha toutefois sensiblement de la droite de son parti durant son mandat et Sherman se révéla un allié de poids pour le président. Reconduit en vue d'un second mandat lors de la convention républicaine de 1912, Sherman mourut des suites d'une longue maladie le 30 octobre de la même année, quelques jours avant l'élection[20].
Cabinet Taft | ||
Fonction | Nom | Dates |
Président | William Howard Taft | 1909-1913 |
Vice-président | James Sherman | 1909-1912 |
Aucun | 1912-1913 | |
Secrétaire d'État | Philander C. Knox | 1909-1913 |
Secrétaire du Trésor | Franklin MacVeagh | 1909-1913 |
Secrétaire à la Guerre | Jacob M. Dickinson | 1909-1911 |
Henry L. Stimson | 1911-1913 | |
Procureur général | George W. Wickersham | 1909-1913 |
Postmaster General | Frank H. Hitchcock | 1909-1913 |
Secrétaire à la Marine | George von Lengerke Meyer | 1909-1913 |
Secrétaire à l'Intérieur | Richard A. Ballinger | 1909-1911 |
Walter L. Fisher | 1911-1913 | |
Secrétaire à l'Agriculture | James Wilson | 1909-1913 |
Secrétaire au Commerce et au Travail | Charles Nagel | 1909-1913 |
Nominations judiciaires
Politique intérieure
Droits de douane et fiscalité
Adoption du tarif Payne-Aldrich
Seizième amendement de la Constitution
Lutte contre les trusts
Controverse Pinchot-Ballinger
Droits civiques
Autres initiatives
Politique étrangère
Organisation et principes
Négociation commerciale avec le Canada
Amérique centrale
Mexique
Asie de l'Est
Arbitrages internationaux
Scission de Roosevelt
Élection présidentielle de 1912
Héritage
Bibliographie
- (en) Donald F. Anderson, William Howard Taft: A Conservative's Conception of the Presidency, Cornell University Press, (ISBN 978-0-8014-0786-4).
- (en) Paolo E. Coletta, The Presidency of William Howard Taft, University Press of Kansas, (ISBN 978-0700600960).
- (en) Jonathan Lurie, William Howard Taft: Progressive Conservative, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-51421-7).
- (en) Henry F. Pringle, The Life and Times of William Howard Taft: A Biography, vol. 1, New York, Farrar & Rinehart, Inc., (lire en ligne).
Notes et références
- Anderson 1973, p. 37.
- Peri E. Arnold, « William Taft: Campaigns and Elections », sur millercenter.org, Miller Center of Public Affairs/Université de Virginie (consulté le ).
- Pringle 2008a, p. 321-322.
- Pringle 2008a, p. 337-338.
- Pringle 2008a, p. 348-353.
- Coletta 1973, p. 15.
- (en) Edmund Morris, Theodore Rex, Random House, (ISBN 978-0-394-55509-6), p. 529.
- Coletta 1973, p. 16-18.
- (en) Bonnie K. Goodman, « Overviews & Chronologies: 1908 », sur presidentialcampaignselectionsreference.wordpress.com (consulté le ).
- (en) Robert N. Roberts, Scott J. Hammond et Valerie A. Sulfaro, Presidential Campaigns, Slogans, Issues, and Platforms: The Complete Encyclopedia, vol. 1, Santa Barbara (Californie), ABC-CLIO, (ISBN 978-0-313-38093-8), p. 263.
- Coletta 1973, p. 15-16.
- Pringle 2008a, p. 358-360.
- Lurie 2011, p. 136.
- Anderson 1973, p. 57.
- Anderson 1973, p. 58.
- Coletta 1973, p. 45.
- Pringle 2008a, p. 393-395.
- Pringle 2008a, p. 383-387.
- Coletta 1973, p. 49-50.
- (en) « James S. Sherman, 27th Vice President (1909-1912) », sur senate.gov, Sénat des États-Unis (consulté le ).