Pierre-Jean Beckx

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Pierre-Jean Beckx, 22e supérieur général des jésuites.

Pierre-Jean Beckx (en néérlandais Pieter-Jan Beckx), né le à Sichem (Belgique) et décédé le à Rome, est un prêtre jésuite belge, élu en 1853 le 22e supérieur général de la Compagnie de Jésus (3e d’origine belge).

Biographie

Jeunesse et formation

Beckx naît dans une famille très pauvre. Orphelin dès sa naissance (son père meurt deux mois avant qu’il ne vienne au monde), il perd également un frère et une sœur. Avec l’aide de bienfaiteurs, il va cependant à l’école de Testelt et ensuite à Aerschot. En 1815, il entre au séminaire de Malines car il désire devenir prêtre. Après son ordination sacerdotale (6 mars 1819), il est nommé curé à Uccle, une paroisse suburbaine de Bruxelles. Huit mois plus tard, il entre dans la Compagnie de Jésus (29 octobre 1819) et se rend à Hildesheim (Basse-Saxe) pour y faire son noviciat. Après son noviciat, il poursuit des études théologiques et bibliques en Allemagne (1823-1826). Ces années de formation lui donne une bonne maîtrise de la langue: il entend les confessions, donne des retraites et est bon prédicateur dans la langue de Goethe.

Carrière

Lorsque le duc de Anhalt-Köthen et sa femme se convertissent au catholicisme, en 1825, ils demandent l’aide d’un aumônier jésuite. Beckx est nommé à ce poste et va vivre à Köthen. Il n’est pas un homme de cour cependant: il reçoit les enfants pauvres dans sa maison pour leur faire le catéchisme et construit une petite chapelle publique. Par les nombreuses activités spirituelles qu’il y organise il ramène beaucoup de gens simples à la foi catholique. À la mort du duc (1830) il va vivre à Vienne. Ses sermons y sont bien reçus et lui donnent un certain renom, au point que le supérieur général, Jean-Philippe Roothaan, lui demande d’intervenir pour la fondation de nouveaux collèges jésuites: Graz, Innsbruck, Linz.

Il est souvent appelé à Rome en consultation et envoyé pour des missions délicates en Hongrie, Lombardie, Bavière. Après quelques années d’enseignement du Droit canon à l’Université Grégorienne de Rome (1842) il revient en Belgique comme recteur du théologat jésuite de Louvain (1850). Cependant, ses services sont réclamés à Vienne où la situation des jésuites est difficile. En 1852 Roothaan l’y envoie comme provincial des Jésuites et son négociateur principal.

22e congrégation générale

Comme provincial d’Autriche Beckx est appelé à participer à la congrégation générale, convoquée pour élire un successeur à Jean-Philippe Roothaan décédé en mars 1853. Le 2 juillet 1853, Beckx est élu supérieur général de la Compagnie de Jésus au premier tour de scrutin (27 voix sur 51). Quatre assistants lui furent adjoints par élection. La congrégation générale exprima également son inquiétude face à la recrudescence des attaques contre les Jésuites. Elle conseilla d’user de prudence et tact dans les polémiques qui faisaient rage.

Supérieur général

Les temps étaient difficiles pour les Jésuites: expulsion d’Espagne (1854 et 1858), de Naples et Sicile (1859), d’Allemagne (en 1872), de France et ses colonies (en 1880) et même de Rome, en 1873, ce qui força Beckx à installer la curie généralice à Fiesole près de Florence où elle demeura jusqu’en 1895.

Beckx écrivit pas moins de 15 lettres circulaires à ses compagnons jésuites les encourageant à la persévérance spirituelle même au milieu d’attaques souvent vicieuses. On est étonné de leur ouverture et sérénité malgré les malheurs et drames auxquels les jésuites devaient faire face. La lettre qu’il écrit à toute la Compagnie, en 1871, après que plusieurs jésuites français (dont Pierre Olivaint) aient été exécutés durant la commune de Paris (1870) est particulièrement inspirante.

Dans un XIXe siècle aux changements rapides Beckx est assez ouvert aux nouvelles activités apostoliques. Il modernise le Ratio Studiorum (charte de l’enseignement jésuite) donnant une place plus grande à l’étude des sciences dans les collèges jésuites et encourage le dialogue avec les philosophes contemporains (Kant). Si un sujet comme la ‘liberté religieuse’ pouvait être abordé (avec prudence...), mettre en question le pouvoir temporel du pape était encore tabou.

Le 1er janvier 1872 il consacre la Compagnie de Jésus au Sacré-Cœur: amour pour la personne de Jésus et communion spirituelle avec lui sont au centre de la vie et des activités des jésuites. De nouvelles ‘missions’ furent ouvertes dans divers pays, encouragées indirectement par la forte émigration européenne vers les nouveaux mondes: Cuba (1853), Colombie (1858), Philippines (1859), Madagascar (1861), Mangalore en Inde (1878), au Zambèze (maintenant Zambie) en 1879, Arménie (1881), Australie (1882), etc.

L’apostolat intellectuel est encouragé. Plusieurs revue importantes sont lancées : La Civiltà Cattolica (Italie, 1850), The Month (Londres, 1864), les Etudes (Paris, 1865), Stimmen aus Maria-laach (Allemagne, 1865) et d’autres en Irlande, Belgique, Pologne.

Dans l’Église catholique l’ultramontanisme prédominait. L’aile libérale avait de la peine à se faire entendre. La revue jésuite Civiltà Cattolica', très proche du Saint-Siège, était fort engagée dans la lutte pour la défense du pape et des États pontificaux (à partir de 1859), la défense du 'Syllabus d’erreurs' (1864), défense de la suprématie du pape (1870)... Cela donna une image négative et réactionnaire à la Compagnie de Jésus, surtout en France et en Allemagne.

À la fin des 30 ans de gouvernement du Père Beckx la Compagnie avait doublé en nombre de membres ; de nombreuses nouvelles ‘provinces’ avaient été établies : en Irlande, France, Portugal, Missouri (États-Unis). Ouverture également de nombreuses missions en terre traditionnellement protestante.

Élection d’un vicaire général

En 1883, Pierre Beckx a 88 ans et est infirme. Il convoque une Congrégation générale avec la demande explicite qu’elle lui donne un « Vicaire général avec droit de succession ». La 23e Congrégation générale se rassemble en septembre 1883 et choisit Antoine Anderledy, un jésuite suisse, pour lui succéder. Beckx, tout en gardant le titre renonce effectivement à la charge de supérieur général.

Il vivra encore quatre ans et meurt le 4 mars 1887, à l’âge de 92 ans.

Écrits

  • (de) Der Monat Mariä (Le mois de Marie), Vienne, 1843
  • (latin) Epistolae selectae, Roma

Bibliographie

  • P. Chandlery: Memoirs of San Girolamo, Fiesole (1873-93), Roehampton, 1901
  • G. Schoeters: P.-J. Beckx en de 'Jesuïeten-politiek' van zijn tijd, Anvers, 1975
  • A. Verstraeten: Leven van den hoogw. P.P. Beckx, Anvers, 1889

Liens externes