Aller au contenu

Louis de France (1661-1711)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Louis de France
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de Louis de France, dauphin, fils de Louis XIV, représenté en armure par Hyacinthe Rigaud, 1697.

Titre

Dauphin de France


(49 ans, 5 mois et 13 jours)

Prédécesseur Louis de France
Successeur Louis de France
Fonctions militaires
Conflit Guerre de la Ligue d'Augsbourg
Biographie
Titulature Fils de France
Dauphin de France
Dynastie Maison de Bourbon
Surnom Monseigneur
Grand Dauphin
Naissance
Château de Fontainebleau (France)
Décès (à 49 ans)
Château de Meudon (France)
Sépulture Nécropole royale de la basilique de Saint-Denis
Père Louis XIV
Mère Marie-Thérèse d’Autriche
Conjoints Marie-Anne de Bavière
Marie-Émilie de Joly de Choin
Enfants Louis de France
Philippe V Roi d’Espagne
Charles de France
Religion Catholicisme

Signature

Signature de Louis de France
Description de cette image, également commentée ci-après

Louis de France, dit Monseigneur ou le Grand Dauphin est né au château de Fontainebleau le et est mort au château de Meudon le . Il est l'un des six enfants de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche. Il est, selon la tradition, dauphin de France étant le premier-né des fils du roi. Mort quelques années avant son père, Louis n'accédera jamais au trône.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Fils aîné de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Autriche, Louis est né le , un an à peine après le mariage de ses parents[1]. Le père, âgé de 23 ans, assiste à l'accouchement et, il court à la fenêtre et s'écrie : « La reine est accouchée d’un garçon ! ». En son honneur, une toute nouvelle appellation est créée : « Monseigneur ». Louis est ondoyé dès sa naissance par l'évêque de Rennes, Charles-François de La Vieuville, et n'est baptisé que le au château de Saint-Germain-en-Laye. Il a pour parrain Clément IX et Henriette-Marie de France.

Le , le Grand Carrousel est donné en l'honneur de sa naissance devant le palais des Tuileries[1], à un endroit qui porte désormais le nom de « place du Carrousel ». Le dauphin a cinq frères et sœurs qui meurent au berceau, à l'exception de Marie-Thérèse, dite « Madame », qui a cinq ans lorsqu'elle meurt, en 1672. Le roi reconnaît en revanche 11 enfants adultérins.

Éducation[modifier | modifier le code]

Jusqu'à l'âge de 7 ans, le dauphin a pour gouvernante Jeanne de Prie, maréchale de la Mothe-Houdancourt. Il est ensuite confié au sévère Charles de Saint-Maure (qui servit, dit-on, de modèle au Misanthrope de Molière) et a pour précepteur Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Condom, assisté de l'érudit Pierre-Daniel Huet. Bossuet lui dédiera son Discours sur l'Histoire universelle, destiné à faire son éducation. De même, c'est au dauphin qu'est dédié le tout premier recueil des Fables de La Fontaine, écrites et publiées à partir de 1668 par Jean de La Fontaine.

Le prince est, jusqu'en 1674, un élève appliqué, quoique son éducation se focalise davantage sur l'obéissance due à son père le roi que sur l'art de gouverner. Ses précepteurs, en revanche, lui transmettent le goût pour les antiquités (inscriptions, médailles, sculptures). Dès l'âge de 20 ans, Monseigneur commence à constituer une collection de porcelaines. Il a en outre une très grande affection pour les gemmes, conseillé par le célèbre orfèvre Philippe Van Dievoet, dit « Vandive », officier de la garde-robe du roi[2]. Le dauphin sera toute sa vie un grand collectionneur.

Monseigneur est marié à 19 ans alors que, selon les dires de Madame de Sévigné, il est encore inexpérimenté dans les choses de l'amour. Initialement fidèle à son épouse la dauphine, il suit le chemin de son père et séduit ses demoiselles d'honneur, comme Émilie de Joly de Choin[1]. Dans ses écrits, le duc de Saint-Simon brosse un portrait plutôt sévère du Grand Dauphin :

« Monseigneur était plutôt grand que petit, fort gros, mais sans être trop entassé, l’air fort haut et noble, sans rien de rude, et il aurait eu le visage fort agréable, si M. le prince de Conti le dernier mort ne lui avait pas cassé le nez par malheur en jouant, étant tous deux enfants. Il était d’un fort beau blond, avait le visage fort rouge de hâle partout, et fort plein, mais sans aucune physionomie ; les plus belles jambes du monde ; les pieds singulièrement petits et maigres. […] Il était fort bien à cheval et y avait grand-mine. […] Presque tous ses portraits lui ressemblent bien. […]
Monseigneur était sans vice ni vertu, sans lumières ni connaissances quelconques, radicalement incapable d'en acquérir, très paresseux, sans imagination ni production, sans goût, sans choix, sans discernement, né pour l'ennui, qu'il communiquait aux autres, et pour être une boule roulante au hasard par l'impulsion d'autrui, opiniâtre et petit en tout à l'excès, de l'incroyable facilité à se prévenir et à tout croire qu'on a vue, livré aux plus pernicieuses mains, incapable d'en sortir ni de s'en apercevoir, absorbé dans sa graisse et dans ses ténèbres, et que, sans avoir aucune volonté de mal faire, il eût été un roi pernicieux[3]. »

Le diplomate suisse Ézéchiel Spanheim se montre quant a lui bien moins sévère, quant à toute sa description du physique du dauphin, le décrivant comme étant plutôt « d'une taille au-dessous de la [moyenne], d’un visage plein, beau, et qui a également de la douceur et de la majesté ».

Mariage[modifier | modifier le code]

La famille du Grand Dauphin, Louis de France par Pierre Mignard, 1687.

Le mariage du Grand Dauphin est une affaire d'État. Quatre princesses catholiques retiennent l'attention du roi : Marie-Louise d'Orléans (la fille de Monsieur, épouse finalement Charles II en 1679), Marie-Antoinette d'Autriche (la nièce de la reine, épouse finalement l'électeur de Bavière en 1685) et Anne-Marie-Louise de Médicis (la fille du grand-duc de Toscane). La dernière union était envisagée mais présentait en réalité peu d'intérêt. La mère de la princesse Marguerite-Louise d'Orléans, cousine germaine du roi, était française mais vivait en exil à l'abbaye de Montmartre. Mariée au grand-duc de Toscane avant de quitter son mari, le roi n'en voulait pas.

Le , Monseigneur épouse finalement Marie-Anne de Bavière, sœur de l'électeur de Bavière. L'union du couple donna plusieurs enfants, qui survécurent presque à leurs parents. Les enfants sont alors :

  1. Louis de France, duc de Bourgogne. Il épouse la princesse Marie-Adélaïde de Savoie en 1696.
  2. Philippe V, duc d'Anjou. Il devient roi d'Espagne en 1700 et épouse Marie-Louise-Gabrielle de Savoie.
  3. Charles de France, duc de Berry. Il épouse la princesse Louise-Élisabeth d’Orléans en 1710.

Femme intelligente, cultivée et droite, la dauphine ne s'adapte pas à la très frivole et médisante cour de France. Malgré les efforts du roi, elle se cloître dans ses appartements, se plaignant sans cesse de sa santé mise à mal par ses grossesses successives. Elle meurt en 1690, âgée de 29 ans. Veuf à l'âge de 28 ans, le dauphin peut songer à se remarier. Ayant donné trois héritiers à la couronne, il épouse donc secrètement en 1695, sa maîtresse de longue date, Émilie de Joly de Choin, dame d'honneur de sa demi-sœur préférée Mademoiselle de Blois, que cette dernière avait renvoyée.

Monseigneur et la cour[modifier | modifier le code]

Madame de Ventadour avec le roi Louis XIV et ses héritiers par Nicolas Largillière, vers 1715.

Bien qu'il ait lui-même épousé sa maîtresse, le roi n'approuve pas pour autant le second mariage de son fils. Il partage toutefois des points commun avec ce dernier : tous deux sont de grands mangeurs, passionnés par la chasse (sa spécialité étant la chasse aux loups) et de bâtiments. Ils sont tout deux proches de leurs valets. Leur point de divergence majeur demeure l'ascendant de Madame de Maintenon sur la cour. Bien trop soumis pour se confronter à sa père, le dauphin préfère se retirer dans son château de Meudon où il s'y sent plus libre[1],[4]. Il semble se tenir à l'écart des affaires politiques mais apprécie l'exercice des fonctions militaires[1].

Selon les portraits livrés de Saint-Simon et de Spanheim, ses rapports à ses obligations sont différents. Opposé à la révocation de l'édit de Nantes, il se signale par sa bravoure au combat, notamment pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg. Fier de son rang, il ne craint pas de réclamer avec une rare vigueur pour son fils cadet duc d'Anjou, l'héritage de la couronne d'Espagne, alors que le décès de sa mère faisait de lui l'héritier légal. Durant la guerre de succession d'Espagne, il est la cible d'une tentative d'enlèvement au château de Versailles par un colonel dans l'Armée des Impériaux, Pierre de Guethem. Le complot échoue et Guethem emprisonné.

Décès[modifier | modifier le code]

Restitution 3D du château-vieux de Meudon par Franck Devedjian, 2012.

En 1701, Monseigneur est victime d’une attaque d’apoplexie (ou d'une grave indigestion, selon Saint-Simon). Le Grand Dauphin décède finalement de la variole le à 23h30, à l'âge de 49 ans. Il s'éteint alors au château de Meudon, sa résidence préférée, dans la chambre de son grand appartement. Saint-Simon retrace le récit de son agonie dans ses Mémoires. Première victime de l'hécatombe royale qui sévit dans les années 1710, son décès bouleverse son père Louis XIV qui voit bientôt une difficulté de succession se profiler à l'horizon.

Ordres militaires[modifier | modifier le code]

Chevalier des ordres dès sa naissance, le Grand Dauphin fut reçu le . Furent créés pour lui :

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Mathieu da Vinha, « Monseigneur le Dauphin, fils de Louis XIV : introduction », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles,‎ (ISSN 1958-9271, DOI 10.4000/crcv.12465, lire en ligne, consulté le )
  2. Michèle Bimbenet-Privat, Les orfèvres et l'orfèvrerie de Paris au XVIIe siècle, tome I, Paris, p. 121 : « Le département de la Garde-Robe compte aussi parmi ses officiers un orfèvre recruté pour le service du dauphin : Philippe Vandives ou Vandivout émarge à ce titre de 1680 à la mort de Monseigneur. C'est un Bruxellois, doté de lettres de naturalité en  ».
  3. Saint-Simon, « Caractère de Monseigneur », Mémoires, Bibliothèque de la Pléiade, 1984, vol. IV, p. 78-79.
  4. Château dont le potager portera son nom : le potager du Dauphin.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Matthieu Lahaye, Louis, Dauphin de France. Fils de roi, père de roi, jamais roi, DEA sous la direction de Joël Cornette soutenu à l’université Paris VIII, 2005.
  • Matthieu Lahaye, « Louis Ier d’Espagne (1661-1700) : essai sur une virtualité politique », in Revue historique, no 647, .
  • Matthieu Lahaye, Le fils de Louis XIV. Réflexion sur l’autorité dans la France du Grand Siècle, thèse sous la direction de Joël Cornette à l’Université Paris VIII, 2011.
  • Matthieu Lahaye, Le fils de Louis XIV. Monseigneur le Grand Dauphin, Seyssel, Champ Vallon, 2013.
  • Charles IX. Récit d’histoire par Louis Dauphin et Bossuet, édité par Régine Pouzet, Clermont-Ferrand, Adosa, 1993, 298 p., 8 pl. (ISBN 2-86639-002-4).
  • Jean-Pierre Maget, Monseigneur, Louis de France, dit Le Grand Dauphin, fils de Louis XIV, Thèse sous la direction de Dominique Dinet, université de Strasbourg, 2010.
  • Collectif, Le Grand Dauphin, Fils de Louis XIV, Seigneur de Meudon, Éditions APAM (Association Publications Amis de Meudon), 2011.
  • Lucien Bély (dir.), Dictionnaire Louis XIV, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1405 p. (ISBN 978-2-221-12482-6).
  • Claude Vigoureux, Mademoiselle de Choin, la Maintenon du Grand Dauphin, article paru dans le magazine Château de Versailles, 11, 2013.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]