Les Nouveaux Monstres

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Les Nouveaux Monstres

Titre original I nuovi mostri
Réalisation Mario Monicelli
Dino Risi
Ettore Scola
Scénario Agenore Incrocci
Ruggero Maccari
Giuseppe Moccia
Ettore Scola
Bernardino Zapponi
Acteurs principaux
Sociétés de production Dean Film
Pays de production Drapeau de l'Italie Italie
Genre Comédie
Film à sketchs
Durée 115 min
Sortie 1977

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Les Nouveaux Monstres (I nuovi mostri) est un film italien composé de douze sketchs (quatorze dans la version originale) réalisés par Mario Monicelli, Dino Risi et Ettore Scola, sorti en 1977.

C'est une suite des Monstres, réalisé en 1963 par Dino Risi.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Les Nouveaux Monstres présentent, sous une forme presque toujours burlesque, une douzaine de tableaux sombres et amers mettant en scène l’évolution de la société dans des situations encore plus immorales que dans Les Monstres de 1963. La version italienne comporte deux tableaux supplémentaires inédits en France, intitulés Il Sospetto et Con i saluti degli amici.

Les intellectuels, l'Église, la domination masculine continuent à être les cibles favorites de Dino Risi. Il s'agit de rendre compte de la désillusion ambiante. Dans ce second film, la brutalité et la crudité atteignent de nouveaux sommets.

Liste des sketchs[modifier | modifier le code]

Les trois réalisateurs refusent de signer les sketchs en solidarité avec le scénariste Ugo Guerra atteint de graves problèmes de santé[1]. Ettore Scola raconte bien des années plus tard qu'en fait, les trois cinéastes étaient sur le tournage et décidaient au dernier moment quelle séquence (et non quel sketch) ils allaient réaliser dans la journée[réf. souhaitée].

1 Le pinson du Val Padouan[modifier | modifier le code]

Adriano est un impresario hyperactif, faisant travailler à outrance sa femme Fiorella, chanteuse pour fêtes populaires. Lorsque sa femme manifeste des douleurs dans la gorge dues au surmenage et l'empêchant de chanter, donc d'honorer ses engagements, il insiste auprès du chirurgien pour la faire opérer en urgence. Le résultat est catastrophique. Adriano a alors l'idée de provoquer un accident d'escalier dont sa femme sera victime. Il présente alors Fiorella au public comme une héroïne qui n'a pas hésité au péril de sa vie à sauver un enfant, quitte à se casser le cou et à avoir les jambes fracturées ; d'ailleurs elle se produit avec une minerve et dans un fauteuil roulant. Et son public est conquis ! (Ettore Scola)

2 Tantum ergo[modifier | modifier le code]

Coincé dans un village en raison d'une panne de voiture, un cardinal va découvrir qu'un abbé sans soutane a transformé l'église en lieu de débat politique à tendance rouge. L'abbé tente, sans être entendu, de rassembler ses ouailles autour d'un combat politique non violent, c'est une assemblée chaotique de paroissiens furieux dont l'administration refuse de réhabiliter les logements. Le vote démocratique qu'il leur propose n'a pour effet que de les maintenir dans la division, la colère, la désillusion et l'indiscipline. Invité à donner son avis, le cardinal prend le contre-pied de l'abbé, ramène le calme et plonge les paroissiens dans un état de piété et de joie, non en leur proposant des solutions matérielles terrestres, mais en leur rappelant que le chrétien a le devoir d'obéir à l'autorité et de rester pacifique, et que leur situation matérielle injuste et douloureuse est la promesse d'un bonheur éternel au ciel. Alors qu'à son signal, les cloches de l'église sonnent à nouveau et que les pauvres gens se replongent dans la prière et les chants religieux, l'abbé s'en va furieux contre le cardinal, voyant dans le comportement de ce dernier une machination de l’Église pour asservir les pauvres. Il lance au cardinal « vous nous avez encore possédés ! », alors que, la panne réparée, le cardinal s'éclipse en triomphant. (Ettore Scola)

3 Auto-stop[modifier | modifier le code]

Un représentant de commerce prend en stop une jolie jeune fille et lui fait des avances de plus en plus pressantes et des attouchements. Cherchant un moyen d'échapper à ce harcèlement, la jeune fille le menace d'un sèche-cheveux caché dans son sac à main en lui faisant croire que c'est un révolver, ayant eu cette idée à la lecture du gros titre du journal du jour relatant que trois jeunes filles venaient de s'évader de prison ; elle lui fait croire qu'elle est l'une d'entre elles et lui ordonne de conduire en se tenant tranquille. Secouée par un chemin caillouteux sur lequel l'homme s'était engagé, la voiture tombe en panne (une panne bénigne que la jeune fille, penchée sous le capot, répare en soufflant sur un tuyau débranché), le conducteur sort son révolver et abat froidement la jeune femme. La police arrivée sur les lieux le rassure : il était en état de légitime défense, il paie ses impôts : il n'a rien à craindre. (Mario Monicelli)

4 Enlèvement d'une personne chère[modifier | modifier le code]

Devant les caméras installées chez un homme dont la femme vient d'être enlevée, le mari effondré enregistre un appel aux ravisseurs, les suppliant de l'appeler au téléphone, promettant qu'en échange, ils auront tout ce qu'ils voudront. Quand l'équipe de télévision quitte l'appartement, on s'aperçoit que l'homme avait coupé les fils du téléphone. (Ettore Scola)

5 Premiers soins[modifier | modifier le code]

Rome, le soir. Un aristocrate en Rolls-Royce se rend à une réunion où on doit débattre sur le « schisme de Lefebvre ». Ne trouvant pas son chemin, il se propose de demander de l'aide à un homme couché au pied d'un monument. Cet homme a en fait été renversé par une voiture et monte de lui-même péniblement dans la Rolls, sans l'autorisation du conducteur. Il reste à celui-ci à déposer le blessé dans un hôpital. Mais le premier affiche complet ; le deuxième, un établissement religieux, ne reçoit aucune urgence la nuit venue ; et le troisième est réservé aux militaires. L'aristocrate en désespoir de cause va remettre le blessé là où il l'a trouvé. (Mario Monicelli)

6 Grand garçon à sa petite maman[modifier | modifier le code]

Deux clochards, la mère et son fils, déambulent dans Rome, s'amusent, font des farces, ramassent du crottin de cheval et autres détritus, assistent à un spectacle de marionnettes, et rentrent le soir dans un hangar plein d'ordures, dont ils augmentent le remplissage par leur collecte du jour. (Dino Risi)

7 Citoyen exemplaire[modifier | modifier le code]

Un homme qui rentrait chez lui voit un homme battu et poignardé par trois agresseurs. Il attend que les malfaiteurs soient partis, monte chez lui et déguste, comme si rien n'était, un bon plat de spaghettis Amatriciana en famille en regardant la télévision. (Ettore Scola)

8 Pornodiva[modifier | modifier le code]

En échange d'une prime généreuse, et après quelques hésitations, un père et une mère signent un contrat auprès d'un producteur de cinéma engageant leur fille de sept ans pour tourner un film porno avec un petit singe. (Dino Risi)

9 Comme une reine[modifier | modifier le code]

Franchino accompagne sa mère, âgée mais toujours lucide, dans une maison de retraite religieuse où il est connu que les pensionnaires sont abandonnés par les familles et maltraités par le personnel. (Ettore Scola)

10 Auberge ![modifier | modifier le code]

Un serveur et un cuisinier, qui sont amants, se bagarrent dans les cuisines d'un restaurant connu des snobs pour servir une authentique cuisine rustique. À la suite d'un mot malheureux de l'un d'eux, ils se font une scène de ménage (toutefois en chuchotant) et se jettent de la nourriture et autres objets. Mais on finit par se remettre à la cuisine, et sont allègrement mélangés tous les ingrédients dans lesquels ont trempé dans la bagarre une chaussure et un cigare. Dans la salle, les consommateurs trouveront tout cela délicieux ! (Ettore Scola)

11 Sans paroles[modifier | modifier le code]

Une hôtesse de l'air en escale se laisse séduire par un charmant jeune homme du type latin lover, ne parlant aucune langue européenne. Il alimente son beau mystère en répondant à la jeune femme, qui lui demande d'où il vient, par le simple geste de poser une miette de pain sur le bleu d'un océan d'un planisphère, exprimant ainsi qu'il vivait sur une île paradisiaque. Alors qu'elle va repartir pour une autre destination, le jeune homme lui offre un mange-disque faisant entendre Ti amo, la chanson sur laquelle ils ont dansé la veille au soir. Au journal télévisé diffusé dans un café, on informe que l'avion a explosé au décollage, et que l'on a découvert qu'un tourne-disque avait caché une bombe. L'homme, qui regardait l'écran, repart satisfait. (Dino Risi)

12 L'éloge funèbre[modifier | modifier le code]

Les membres d'une troupe de comédiens ambulants accompagnent au cimetière leur leader qui vient de décéder. Après un éloge funèbre plutôt classique où on pleure beaucoup, l'ambiance devient subitement débridée lorsque l'on se met à évoquer les numéros comiques et burlesques, et toute la troupe se met à chanter et à danser autour de la tombe du disparu sous les regards amusés et bienveillants des visiteurs du cimetière et des ouvriers réparant le mur d'enceinte. (Dino Risi)

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Autour du film[modifier | modifier le code]

  • Dans le sketch Premiers soins, l'aristocrate en Rolls croit reconnaître un monument à la gloire de Mussolini, en réalité le monument en question a été élevé à la gloire de Giuseppe Mazzini, l'un des fondateurs de l'unité italienne.
  • En Italie, il n'existe aucun « Val Padouan » ; le titre de l'épisode correspondant est une mauvaise traduction de l'italien L'uccellino della Val Padana, la Val padana (ou Pianura padana) étant la Plaine du Pô, n'ayant rien à voir avec la ville de Padoue et ses habitants, les Padouans. D'ailleurs, avec évidence, l'épisode se déroule en Émilie, terre d'origine d'Orietta Berti, qui joue l'héroïne de ce sketch.
  • Le film a été financé pour venir en aide au scénariste Ugo Guerra, gravement malade à l'époque, et lui payer ainsi les soins médicaux dont il avait besoin[1].

Récompenses et distinctions[modifier | modifier le code]

  • Nomination à l'Oscar du meilleur film étranger en 1979.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Charles Beaud, La comédie italienne, LettMotif, (lire en ligne)
  2. a b c d et e Philippe Ridet, « Sept films pour retrouver le sourire, même sans les salles de cinéma. “Les Nouveaux Monstres ” : gags pétaradants », Le Monde,‎ (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]