La Grande-duchesse de Gérolstein

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La Grande-duchesse de Gérolstein
Description de cette image, également commentée ci-après
Hortense Schneider dans le rôle de la Grande-duchesse
Genre Opéra-bouffe
Nbre d'actes 3 (et 4 tableaux)
Musique Jacques Offenbach
Livret Henri Meilhac
Ludovic Halévy
Langue
originale
Français
Création
théâtre des Variétés, Paris

Personnages

  • La Grande-duchesse (soprano)
  • Fritz, simple soldat (puis général, baron de Vermout-wonbock-bier, comte d'Avallvintt-katt-chopp-Vergismein-nicht... et à nouveau simple soldat) (ténor)
  • Wanda, sa fiancée (soprano)
  • Le général Boum, général en chef des Armées (basse)
  • Le baron Puck, précepteur de la Grande-duchesse (ténor)
  • Le prince Paul, fiancé de la Grande-duchesse (ténor)
  • Le baron Grog, précepteur du prince (baryton)
  • Népomuc, aide de camp (ténor)
  • Iza, demoiselle d'honneur
  • Charlotte, demoiselle d'honneur
  • Olga, demoiselle d'honneur
  • Amélie, demoiselle d'honneur

Airs

  • Ah que j'aime les militaires, La Grande-duchesse, acte I
  • Voici le sabre de mon père, La Grande-duchesse, Fritz, chœurs, acte I
  • Au diable la consigne, Fritz, Wanda, acte I
  • Dites-lui, La Grande-duchesse, Fritz, acte II

La Grande-duchesse de Gérolstein est un opéra-bouffe en trois actes et quatre tableaux de Jacques Offenbach, sur un livret d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy, créé le au théâtre des Variétés à Paris, durant l'Exposition universelle.

Argument

Acte I

Vers 1720 au Grand-duché de Gérolstein (un pays imaginaire, bien qu'une ville allemande porte ce nom), gouverné par la Grande-duchesse, les soldats et cantinières s'affairent dans le camp, lorsqu'arrive Fritz, un jeune et beau soldat, triste de devoir partir à la guerre en quittant sa bien aimée Wanda; arrive alors le général Boum qui entend faire régner la discipline dans son camp en commençant par consigner Fritz. Une fois les soldats et le général partis, Fritz reste seul lorsqu'arrive Wanda, à qui il ne peut répondre à cause de la consigne; heureusement pour lui, « la consigne ne défend pas d'embrasser » et c'est ce qu'il fait mais il est surpris par le général. Arrivent alors les soldats prêts pour la revue de la Grande-duchesse qui « aime les militaires » et est charmée par ce jeune soldat qu'elle fait capitaine; elle chante avec lui la chanson du régiment. Une fois les soldats partis, arrive le prince Paul, seigneur d'un pays étranger qui doit épouser la Grande-duchesse mais qu'elle ne semble pas pressée d'avoir pour époux. Celui-ci lui exhibe une gazette de Hollande dont il est la risée à cause des incessants refus de la Duchesse qui se défile encore, prétextant un manque de temps. Arrivent alors les soldats et les femmes qui leur disent au revoir; Fritz, alors devenu Général-en-chef sur un caprice de la souveraine se voit remettre le sabre du père de celle-ci. Le prince Paul, le général Boum et le baron Puck, évincés par ces faveurs, jurent de se venger. Enfin l'armée s'en va, menée par Fritz.

Acte II

Les demoiselles d'honneur de la Grande-duchesse reçoivent de l'aide de camp Népomuc les lettres de leurs amoureux et apprennent que la campagne est terminée. Fritz revient victorieux et narre ses exploits guerriers à une grande-duchesse en extase. Celle-ci tente de lui faire comprendre de manière à peine voilée qu'elle l'aime, mais celui-ci ne comprend absolument rien aux allusions de la Duchesse. Les trois conjurés peaufinent leur plan de vengeance, en projetant d'attaquer Fritz en pleine nuit par un corridor secret qui servit autrefois de passage aux assassins du comte Max. La Grande-duchesse les surprend et leur apprend qu'elle veut également participer à la conjuration, furieuse que Fritz lui préfère Wanda.

Acte III

Tableau I

La Grande-duchesse et le général Boum chantent les grandes leçons d'un passé si semblable à leur actuelle conjuration. Arrivent les conjurés, au nombre de 18, parmi lesquels Paul, Boum, Puck et Népomuc. Survient alors un nouveau personnage, la baron Grog, de la cour du père du prince Paul, et c'est de lui que s'amourache tout de suite la grande Duchesse qui finalement ne tient plus à se venger de Fritz dont on célèbre les noces. Par vengeance, le jour de ses noces, Fritz est envoyé combattre au beau milieu de la nuit, toujours avec le sabre du père de la Duchesse.

Tableau II

Fritz revient défait de sa nouvelle et très brève campagne, et est alors la risée de ses ennemis et de la Grande-duchesse. Celle-ci lui reprend alors tous ses titres pour les donner au baron Grog jusqu'à ce que celui-ci lui révèle qu'il a une femme et quatre enfants, alors elle rend à Boum le panache, à Puck le pouvoir, et promet d'épouser Paul : "quand on n'a pas ce que l'on aime, il faut aimer ce que l'on a"; elle se lance alors dans une chanson à boire qui narre les histoires de son aïeul et de son célèbre grand verre.

Distribution de la création

  • Hortense Schneider : La Grande-duchesse
  • José Dupuis : Fritz, simple soldat (puis général, baron de Vermout-wonbock-bier, comte d'Avallvintt-katt-chopp-Vergismein-nicht... et à nouveau simple soldat)
  • Émilie Garait : Wanda, sa fiancée
  • Henri Couder : Le général Boum, général en chef des Armées
  • Jean-Laurent Kopp : Le baron Puck, précepteur de la Grande-duchesse
  • Pierre-Eugène Grenier : Le prince Paul, fiancé de la Grande-duchesse
  • Baron : Le baron Grog, précepteur du prince
  • Gardel  : Népomuc, aide de camp
  • Legrand : Iza, demoiselle d'honneur
  • Maucourt  : Charlotte, demoiselle d'honneur
  • Morosini : Olga, demoiselle d'honneur
  • Véron : Amélie, demoiselle d'honneur

Accueil

« Il est délicieux, ce premier acte, d'une fantaisie incroyable et d'une étincelante gaieté. C'est la charge la plus bouffonne qui puisse se rêver de la gloriole militaire, de ses plumets, de ses galons et de toutes ses fanfreluches », Francisque Sarcey, 1867.

Dans une salle refaite à neuf et malgré la longueur que reprochent entre autres les critiques du Figaro, l'opéra-bouffe est un grand succès. Les deux premiers actes sont un vrai triomphe, le troisième tombe un peu à plat, Offenbach effectue des coupes dès la seconde représentation. Parmi d'autres airs, le « Carillon de ma grand-mère » – qui sera conservé dans la version de Vienne – est supprimé[1].

Un rapport de censure daté du 5 avril, sept jours avant la première manifeste bien des scrupules sur la pièce (le « ridicule » des militaires et du pouvoir, ainsi que les « situations scabreuses »). C'est la censure qui avait déjà imposé, par exemple, le nom de Gérolstein, inventé par Eugène Sue dans Les Mystères de Paris, pour donner un caractère résolument fantaisiste au régime.

Toutes les têtes couronnées veulent voir Hortense Schneider, qui touche un cachet de 2 000 francs par mois[réf. souhaitée], dans le rôle-titre. Le 24 avril, Napoléon III assiste à la représentation[1], avant de revenir quelques jours plus tard avec l'Impératrice. Début mai, on voit M. Adolphe Thiers dans une baignoire[1]. Le 15, le prince de Galles, fils de la reine Victoria, occupe le fauteuil n° 18 de la loge gauche du balcon[2]. Le 1er juin, c'est au tour d'Alexandre II, tsar de toutes les Russies, et du grand-duc Vladimir, son fils[3]. « Les jambes de mademoiselle Schneider paraissent avoir produit beaucoup d'effet sur le prince Vladimir. », note Prosper Mérimée le 6 juin[4]. Plus tard, on peut voir Bismarck[5] dans une avant-scène avec de Moltke et le maréchal Mac-Mahon. Et encore Ismail Pacha, vice-roi d'Égypte, qui vient presque chaque soir durant son séjour parisien, le roi de Bavière[réf. souhaitée], le roi du Portugal[6] et le roi de Suède[7].

Seul l'empereur François-Joseph d'Autriche fera exception en n'allant pas « visiter » la Grande-duchesse durant ses passages à Paris. Jules Prével note dans Le Figaro : « Si l’empereur d’Autriche ne l’a pas honorée de sa présence, tout en s’étant fait deux fois annoncer, c’est que le temps lui a manqué, et que, d’ailleurs, il avait déjà vu à Vienne cette séduisante personne. »[8]

Numéros musicaux

Acte I

Numéro Air Interprète(s)
0 Ouverture Orchestre
1a En attendant que l'heure sonne Chœur (soldats, cantinières)
1b Chanson et Valse Fritz et chœurs (soldats, cantinières)
1c Piff, paff, pouff Boum et chœur d'hommes (soldats)
2 Me voici, me voici! Fritz et Wanda
3a Portez armes Chœur
3b Rondeau La Grande-duchesse et chœurs (soldats)
4 Chanson du régiment Fritz, la Grande-duchesse et chœurs
5 Chronique de la gazette Le Prince Paul et la Grande-duchesse
6a Ils vont tous partir La Grande-duchesse, Fritz, Wanda, le prince Paul, le général Boum, le baron Puck et chœurs
6b Couplets du sabre La Grande-duchesse et chœurs
6c Final La Grande-duchesse, Fritz, Wanda, le prince Paul, le général Boum, le baron Puck et chœurs

Acte II

Numéro Air Interprète(s)
7 Entr'acte Orchestre
8a Enfin la guerre est terminée Chœur (demoiselles d'honneur)
8b Couplets des lettres Chœur (demoiselles d'honneur), Iza, Olga, Amélie, Charlotte (demoiselles d'honneur) et Népomuc
9a Après la victoire La Grande-duchesse, Fritz et chœurs (gens de cour)
9b Rondeau Fritz
10 Déclaration La Grande-duchesse et Fritz
10 bis Mélodrame Orchestre
11 Trio bouffe du complot Le prince Paul, le général Boum, le baron Puck
12 Mélodrame orchestre

Acte III (tableaux 1 et 2)

Numéro Air Interprète(s)
13 Entr'acte Orchestre
14 Ô, grandes leçons du passé La Grande-duchesse et Boum
15a Scène de la conjuration Chœur d'hommes, Paul, Boum, Népomuc et Puck
15b Chant des rémouleurs Chœur d'hommes, Grog, Paul, Boum, Népomuc et Puck
15 bis Mélodrame Orchestre
16 Chant nuptial Chœur
17 Bonne nuit Wanda, Fritz, Puck, Paul, Népomuc, Boum, Grog, chœurs
18a Couplets des mariés Wanda et Fritz
18b Ouvrez, ouvrez! Wanda, Fritz, Puck, Paul, Boum, Grog, chœurs
18c A cheval! Wanda, Fritz, Puck, Paul, Népomuc, Boum, Grog, chœurs
19 Entr'acte Orchestre
20a Chœur de noce La Grande-duchesse, Puck, Paul, Népomuc, Boum, Grog et chœurs
20b Couplets du verre La Grande-duchesse et chœurs
21 Complainte du général Wanda, Fritz, Boum, Puck, Paul, Grog, Népomuc, la Grande-duchesse et chœurs
22 Final Wanda, Fritz, Puck, Paul, Boum, Grog, la Grande-duchesse et chœurs

Citations et emprunts

  • La dernière réplique de la pièce, « Quand on n’a pas ce que l’on aime, il faut aimer ce que l’on a », est de Roger de Bussy-Rabutin. Offenbach la réemploiera en 1878 dans les couplets de Manoëla de Maître Péronilla.

Discographie

Versions intégrales
Extraits
  • Éliane Lublin, Raymond Amade, Jean-Christophe Benoît, Jean-Pierre Marty (dir.) - EMI C-057-11659

Liens externes

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Notes et références

  1. a b et c Jacques Offenbach, Jean-Claude Yon, éd. Gallimard, 2000
  2. Le Figaro, mercredi 15 mai 1867
  3. Le Figaro, lundi 3 juin 1867
  4. Lettre à une autre inconnue, Prosper Mérimée, Michel Lévy frères 1875, p. 113
  5. Le Figaro, jeudi 13 juin 1867
  6. Le Figaro, samedi 3 août 1867
  7. Le Figaro, jeudi 8 août 1867
  8. Le Figaro, Mercredi 4 décembre 1867.