Heures (mythologie)
Dans la mythologie grecque, les Heures (en grec ancien Ὧραι / Hôrai, « saisons », en latin Horae) sont un groupe de déesses personnifiant les divisions du temps. Elles étaient célébrées lors de la fête de l'Horée marquant le changement des saisons. De trois à l'origine, leur nombre grandit et passe à 9, 10 ou 12. De même, leur rôle évolue selon les auteurs et les époques : elles symbolisent à l'origine le cours de la nature à travers les saisons, puis deviennent des déesses de l'ordre et de la justice naturelle ; finalement, elles incarnent les divisions du jour, de l'aube à la nuit tombée.
Mythe
À l'époque archaïque, les Heures sont filles de Zeus et de Thémis. Hésiode en compte trois : Eunomie, Dicé et Eiréné, c'est-à-dire le Bon Ordre ou la Législation, la Justice et la Paix, noms indiquant leur rôle moral. Homère les nomme les portières du ciel, et leur confie le soin d'ouvrir et de fermer les portes éternelles de l'Olympe. Elles sont aussi les régulatrices de la vie humaine. La mythologie grecque ne reconnut donc d'abord que trois Heures ou trois Saisons : le Printemps, l’Été et l'Hiver. Ensuite, quand on y ajouta l'Automne et le solstice d'hiver, c'est-à-dire sa partie la plus froide, la mythologie créa deux nouvelles Heures, Carpo (ou Xarpo) et Thalatte (ou Thallo), qu'elle établit pour veiller aux fruits et aux fleurs. Enfin, quand les Grecs partagèrent le jour en douze parties égales, les poètes multiplièrent le nombre des Heures jusqu'à douze, employées au service de Zeus, et les nommèrent les douze sœurs.
Elles accompagnent souvent les dieux et les héros et ce furent ces divinités qui se chargèrent de l'éducation d'Héra, de Dionysos, d'Aphrodite, d'Hermès, d'Aristée ; elles avaient aussi la mission de descendre aux Enfers pour prendre Adonis et le ramener à Aphrodite. Elles présidaient à la toilette d'Aphrodite.
Souvent les Heures sont accompagnées des Charites et des nymphes : les poètes et les artistes les représentent communément comme de gracieuses jeunes filles dansantes, avec un vêtement qui ne descend que jusqu'aux genoux ou bien vêtues d'habits longs, tenant des raisins, des épis, des rameaux fleuris à la main.. Sur les monuments, elles paraissent toutes du même âge : leur tête est couronnée de feuilles de palmier qui se redressent.
Lorsqu'on fixa quatre Saisons, l'art introduisit à son tour quatre Heures (Eiar, Théros, Cheimon et Phthinoporon) mais les représenta dans des âges différents, avec de longues robes et sans couronne de palmier. L'Heure du printemps fut représentée sous la figure d'une adolescente aux traits naïfs, à la taille svelte et mince, aux formes à peine accusées. Ses trois sœurs augmentent en âge par gradation.
Les Heures présidaient à l'éducation des enfants, et réglaient toute la vie des hommes : aussi les voit-on assister à toutes les noces célébrées dans la mythologie.
Les Athéniens leur offraient les prémices des fruits de chaque saison. Ce culte gracieux ne fut pas transporté à Rome, où cependant Hersilie, la femme de Romulus, fut considérée comme la divinité présidant aux Saisons. On l'appelait Hora.
Les modernes représentent les Heures avec des ailes de papillon ; Thémis ordinairement les accompagne, et elles soutiennent des cadrans, des horloges, ou d'autres symboles de leurs attributions dans la fuite rapide du temps.
Les Quatre Saisons
Nonnus dans ses Dionysiaques mentionne un ensemble distinct de quatre Heures, les filles d'Hélios. Quintus de Smyrne présente également les Heures comme les filles d'Hélios et de Selene, et les décrit comme les quatre suivantes d'Héra[1]. Les mots grecs pour les quatre saisons de l'année:
- Eiar (printemps),
- Theros (été),
- Phthinoporon (Automne),
- Cheimon (hiver).
Les douze Heures
Les douze Heures du jour ou de la nuit, filles de Chronos (le Temps) (d'après Nonnos de Panopolis) ou d'Hélios et de Séléné (Quintus de Smyrne), n'étaient que dix à l'origine :
- Augé, la première Lueur du jour
- Anatolé ou Antolie, l'Aurore ou le Lever du Soleil
- Musica ou Mousika, la Musique ou l'Heure de la musique et de l'étude
- Gymnasia ou Gymnastika, la Gymnastique ou l'Heure du gymnase
- Nymphé ou Nymphe, le Bain ou l'Heure des ablutions et du bain
- Mésembria, le Midi
- Spondé ou Sponde, les Libations versées après le repas
- Élété ou Élète, la Sieste ou l'Heure de la prière
- Acté (ou Cypris selon les versions), l'Après-Midi ou l'Heure du repas et du plaisir
- Hespéris, le Soir
- Dysis, le Crépuscule ou le Coucher du Soleil
- Arctos, la dernière Lueur du jour
Certains auteurs ne parlent pas d'Arctos mais de Chora, la Danse.
Sources
- Pseudo-Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 3, 1).
- Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne] (v. 901).
- Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] (V, 749 ; VIII, 393).
- Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne] (v. 183).
- Nonnos de Panopolis, Dionysiaques [détail des éditions] [lire en ligne] (XII, 15 ; XXXVIII, 130 & 287 ; XLI, 263).
- Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne] (II, 118).
- Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (II, 20, 5 ; IX, 35, 2).
- Quintus de Smyrne, Suite d'Homère [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 48 ; II, 490 ; II, 549 ; II, 658).
- Stace, Thébaïde [détail des éditions] [lire en ligne] (III, 406).
- Valerius Flaccus, Argonautiques [détail des éditions] [lire en ligne] (IV, 90).
Bibliographie
- Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine [détail des éditions] [lire en ligne].
- Jean Rudhardt, Thémis et les Hôrai : recherche sur les divinités grecques de la Justice et de la Paix, Genève, Droz, 1999.
Articles connexes
Références
- Hammond, "SELENE", p. 970–971; Quintus Smyrnaeus, 10.336 ff. p. 442–443