Constantin II (roi des Hellènes)

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Constantin II
(el) Κωνσταντίνος Β΄
Illustration.
L'ex-roi Constantin II de Grèce, en 1997
Titre
Prétendant au trône de Grèce
En fonction depuis le
(50 ans, 10 mois et 25 jours)
Prédécesseur Lui-même (roi des Hellènes)
Roi des Hellènes

(9 ans, 2 mois et 26 jours)
Couronnement
Premier ministre Geórgios Papandréou
Geórgios Athanasiádis-Nóvas
Ilias Tsirimokos
Stephanos Stephanopoulos
Panagiotis Kanellopoulos
Konstantínos Kóllias
Prédécesseur Paul Ier
Successeur Geórgios Papadópoulos
(président de la République)
Lui-même (prétendant au trône)
Diadoque de Grèce

(16 ans, 11 mois et 5 jours)
Monarque Paul Ier
Prédécesseur Paul de Grèce
Successeur Irène de Grèce
Biographie
Titre complet Roi des Hellènes et
prince de Danemark
Dynastie Maison de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg
Nom de naissance Konstantínos tis Elládas, prince de Grèce et de Danemark
Date de naissance (83 ans)
Lieu de naissance Athènes (Grèce)
Père Paul Ier de Grèce
Mère Frederika de Hanovre
Conjoint Anne-Marie de Danemark
Enfants Alexía de Grèce
Pávlos, diadoque de Grèce
Nikólaos de Grèce
Theodóra de Grèce
Phílippos de Grèce
Héritier Irène (1964-1965)
Alexía (1965-1967)
Pávlos, diadoque de Grèce (depuis 1967)

Constantin II (roi des Hellènes)
Monarques de Grèce

Constantin II (grec : Κωνσταντίνος Β΄ της Ελλάδας / Konstantínos II tis Elládas) né le 2 juin 1940, fut le sixième et dernier roi des Hellènes du 6 mars 1964 au 1er juin 1973, date à laquelle il fut déposé (sans abdiquer) et la République proclamée. Cette déposition fut confirmée par le référendum de novembre 1974 au déroulement controversé.

En Grèce, le nom utilisé pour faire référence à Constantin aujourd'hui est le plus souvent : « l'ancien roi Constantin ». Cependant, cela peut changer en fonction de l'appartenance idéologique de chacun (y compris dans certains médias) : le nom « Constantino de Grecia », en espagnol, est une référence à son passeport danois qu'il est obligé de porter en raison de la querelle qui l'oppose à l'État grec. On peut aussi rencontrer la dénomination « l'Ancien » (en grec ο Τέως / o Téos) ou, de manière plus hostile, « Monsieur Glücksbourg » ou « le Glücksbourg » (en grec o Γκλύξμπουργκ) nom censé rappeler ses origines étrangères. Les monarchistes et ses sympathisants l'appellent quant à eux « le Roi » ou, de manière plus effacée, « Constantin ».

Prince de Grèce (1940-1947)

Constantin est né dans la résidence de Psychiko, près d'Athènes, le 2 juin 1940. Ses parents sont le futur Paul Ier et son épouse la princesse Frederika de Hanovre. Dès 1941, avec l'invasion de la Grèce par l'Allemagne nazie, pendant la Seconde Guerre mondiale, Constantin et la famille royale doivent fuir en Égypte puis au Cap en Afrique du Sud. Ils ne reviennent dans leur pays qu'en 1946.

Diadoque (1947-1964)

Le Diadoque Constantin en 1959

Avec le décès de son oncle, le roi Georges II, le 1er avril 1947, et la montée de son père Paul Ier sur le trône, le prince Constantin devient diadoque, c'est-à-dire héritier du trône de Grèce. Il n'a alors que six ans.

Après des études à l'école d'Anavryta jusqu'en 1958, il reçoit une formation militaire dans les différents corps d'armée. Il intègre notamment une école militaire de l'OTAN en Allemagne de l'Ouest. Il suit ensuite un programme spécial de sciences constitutionnelles et politiques à la Faculté de Droit de l'Université d'Athènes. C'est durant cette période qu'il rencontre pour la première fois, la princesse Anne-Marie de Danemark.

Pendant sa jeunesse, le prince Constantin est un sportif passionné. En 1960, alors qu'il n'a que vingt ans, il participe aux Jeux olympiques de Rome en étant le porte-drapeau de la délégation hellène. Il concourt en voile dans la baie de Naples, et obtient la médaille d'or à l'épreuve de Dragon avec ses coéquipiers Odysseus Eskitzoglou et Georgios Zaimis. Constantin est aussi, entre autres, un très bon nageur et une ceinture noire de karaté.

Il présida à l'ouverture du XIe Jamboree mondial de 1963 en Grèce[1] et fut le chef des scouts grecs.

Roi des Hellènes (1964-1973)

En Grèce (1964-1967)

Constantin II succède à son père Paul Ier à la mort de ce dernier, le . Quelques mois plus tard, le , il épouse à Athènes sa cousine la princesse Anne-Marie de Danemark, fille du roi Frédéric IX et sœur de l'actuelle reine Margrethe II.

Du fait de son jeune âge (24 ans), il est qualifié d'« inexpérimenté » voire de « roi sous influence ». Pourtant son arrivée sur le trône est également perçue comme une promesse de changement car elle coïncide avec la récente élection du centriste Geórgios Papandréou au poste de Premier ministre en février 1964, qui mettait fin à onze ans de gouvernement de l'Union nationale radicale (ERE)[2].

La Grèce ressentait encore les effet de la guerre civile de 1944-1949 entre les communistes et les forces gouvernementales : la société était polarisée entre la droite royaliste conservatrice et le centre-gauche (libéraux et socialistes) ; on espérait donc du jeune roi et du nouveau Premier ministre de surmonter les dissensions du passé.

Initialement les relations entre le roi et Papandréou semblaient bonnes. Cependant, une vive tension se produit lorsque le cabinet Papandréou III décida la démobilisation de certains officiers de l'armée jugées trop proches de l'extrême-droite[3]. Une armada de conseillers et courtisans recommandait au jeune souverain de résister à tout renvoi d'officiers, en particulier ceux restés proches de la couronne.

La citation en 1965 du propre fils de Papandréou, Andreas Papandreou, dans le scandale de l'ASPIDA donne raison aux conseillers du roi sur une tentative de déstabilisation de l'armée de la part des partis de gauche. En voulant étouffer l'affaire en se nommant ministre de la défense, Papandréou provoque un casus belli avec Constantin II. Celui-ci réclame sa démission et nomme Premier ministre Georgios Athanasiadis-Novas mais celui-ci ne réussit pas à obtenir les 151 voix de confiance requises pour former un nouveau gouvernement. C'est « l'apostasie » de juillet 1965.

Par la suite, Constantin II tente (et cela en dépit de la constitution de 1952, selon les critiques) de former d'autres gouvernements qui échouent les uns après les autres. Ces événements entraînent l'instabilité politique et l'annonce de nouvelles élections prévues pour mai 1967.

Le 21 avril 1967

Les analystes politiques s'attendaient à une large victoire des centristes pour les élections prévues le 28 mai 1967. Selon le diplomate américain John Day, les Américains craignent qu'en raison de l'âge de Geórgios Papandréou (il a 79 ans), Andreas Papandreou n'ait un rôle très important dans le gouvernement.

De hauts gradés de l'armée grecque craignent eux aussi un retour possible de Papandréou à la tête du gouvernement. L'ASPIDA était dans toutes les mémoires. Constantin II, inquiet de l'agitation de l'armée, s'entretient avec les généraux. Ces derniers lui affirment qu'ils ne prendront pas de mesures d'exception contre les élections à venir. Cependant, ils étaient rendus nerveux par les discours d'Andreas Papandreou.

Le , un groupe d'officiers nationalistes menés par le général de brigade Stylianós Pattakós et les colonels Geórgios Papadópoulos et Nikolaos Makarezos renversent le pouvoir par un coup d'État[4]. Tous ces officiers n'avaient que des postes secondaires au sein de l'armée. Pour éviter la résistance du roi, des chars sont envoyés à Tatoi entourer la résidence royale. Résigné, Constantin II se rend le lendemain au Ministère de la Défense où sont rassemblés les putschistes et le Premier ministre Panagiotis Kanellopoulos.

Les échanges sont vifs : dans un premier temps, Panagiotis Kanellopoulos (qui est arrêté dès les premières heures du putsch) exhorte le roi à user de son statut de commandant en chef de l'armée pour commander les officiers loyaux et écraser le coup d'État. Le roi refuse pour, dit-il « éviter un bain de sang ». D'un autre côté, Constantin II refuse toute collaboration avec les nationalistes, à moins que dans l'hypothétique futur gouvernement, des civils occupent certains ministères et que ce même gouvernement soit dirigé par un « candidat royaliste ». Autrement dit, Constantin II ne souhaite pas se laisser dominer par les colonels et sa collaboration n'était qu'une tactique qui lui permettrait (il l'espérait) d'organiser un contre-coup d'État.

Il obtint satisfaction : le candidat royaliste proposé fut Konstantinos Kollias. Constantin II jura fidélité au nouveau régime contre l'avis de Kanellopoulos. Cet acte légitima les nationalistes aux yeux de l'opinion publique grecque et internationale.

Sur la photographie de groupe avec les colonels lors de l'investiture officielle, on peut interpréter la moue de Constantin II comme l'expression de son insatisfaction à l'égard du nouveau régime. On l'y voit en effet, entouré (à sa droite) de Yeóryos Papadópoulos et du Premier Ministre Konstantinos Kollias et à sa gauche de Stylianós Pattakós. Il semble la seule personne présente à être de fort mauvaise humeur.

Une cohabitation difficile et le contre-coup d'État

Dès le début, les relations entre le jeune roi et les colonels sont exécrables. Constantin II n'était pas disposé à partager le pouvoir. Comme son père avant lui, il était habitué à jouer un rôle actif dans la politique, surtout dans l'administration militaire et d'un autre côté les colonels ne donnent aucun signe d'une possible transition démocratique.

Très vite, les colonels installent un régime policier et arrêtent tous les opposants qu'ils accusent de « complot communiste ». Mêmes si les nationalistes étaient pro-occidentaux, des frictions apparaissent avec les autres pays membres de l'OTAN et les États-Unis.

Au début de l'automne 1967, alors qu'il est en visite officielle à Washington, le président Johnson fait remarquer à Constantin II qu'il pourrait changer de gouvernement, ce dernier lui rétorque que ce n'est pas son gouvernement. Cependant la remarque du président est vue, par le roi, comme un signe d'encouragement à organiser un contre-coup d'État même si aucune aide directe des États-Unis n'était à venir.

Le 13 décembre de la même année, Constantin II tente un contre-coup d'État pour renverser la dictature des colonels, mais c'est un échec. Il doit alors partir en exil à Rome, alors que la monarchie est conservée pour la forme.

En exil (1967-1973)

Constantin II part en exil à Rome après sa tentative de contre-coup d'État, pendant toute la période de la dictature des colonels. En Grèce, c'est le général Geórgios Zoitákis qui remplace le roi sur le trône le 14 décembre 1967 avec le titre de régent du royaume. Quelques années plus tard, il est démis de sa fonction et remplacé, le 21 mars 1972, par le général Geórgios Papadópoulos. Le 1er juin 1973, celui-ci dépose officiellement le souverain, l'accusant d'avoir fomenté une insurrection dans la marine depuis son exil romain. Une république parlementaire présidentielle est instaurée et Geórgios Papadópoulos, seul candidat, est élu président de la République le 29 juillet 1973 pour huit ans.

Pendant cette période, la famille royale vit pendant deux mois dans l'ambassade de Grèce à Rome, puis pendant les cinq années suivantes dans une maison de la banlieue de Rome. En 1973, ils déménagent en Angleterre, d'abord à Chobham dans le Surrey, puis dans la banlieue de Londres à Hampstead, où ils continuent de vivre actuellement.

Prétendant au trône (depuis 1973)

Officiellement donc, Constantin II cesse d'être roi de son pays le 1er juin 1973. Le 7 octobre 1973, le gouvernement lui verse 120 millions de drachmes (environ 3 millions d'euros) pour les biens expropriés de la famille royale. À la chute de la dictature, en juillet 1974, à cause des événements de Chypre, Constantin II doit rester en exil et se contenter d'interventions télévisées enregistrées depuis la Grande-Bretagne[5].

Un référendum concernant la forme constitutionnelle du régime grec a lieu le 8 décembre 1974 et seuls 31,2 % des électeurs (principalement concentrés dans le centre du Péloponnèse, resté très monarchiste) se prononcent en faveur de la restauration. Ce référendum est considéré par certains comme le plus libre des six référendums concernant le régime grec au XXe siècle tandis que, pour d'autres, son résultat a été modifié par les républicains. Quoi qu'il en soit, l'ex-roi doit rester en exil après le vote[5],[6].

Constantin II est toutefois autorisé à rentrer en Grèce pour les funérailles de sa mère Frederika de Hanovre en 1981, mais seulement pour quelques heures[5].

En 1988, Konstantínos Mitsotákis, leader de la Nouvelle Démocratie, remet publiquement en cause « l'impartialité » du référendum de 1974. Un an après, la Grèce se trouve dans une impasse politique et l'ex-souverain suggère qu'il est prêt, si les Grecs le désirent, à remonter sur le trône[5].

Entre le 9 et le 23 août 1993, Constantin II et sa famille, en exil à Londres, réalisent une visite en Grèce. Il n'était pas revenu dans son pays depuis l'enterrement de sa mère en 1981.

En août 2004, Constantin II revient en Grèce pour les Jeux olympiques d'Athènes en tant que membre du comité international olympique. Le 24 décembre 2004, Constantin II et sa famille visitent le palais présidentiel d'Athènes (l'ancien palais royal) où ils rencontrent le président Konstantínos Stephanópoulos.

En 2008, pendant les Jeux olympiques de 2008 à Pékin, Constantin II, en tant que membre honoraire du comité international olympique, préside aux remises des médailles de la voile. Il est également coprésident d'honneur de la Fédération internationale de voile avec le roi Harald V de Norvège, depuis 1994.

Descendance

Le roi Constantin II et la reine Anne-Marie de Danemark ont eu cinq enfants :

  1. la princesse Alexía de Grèce (née le 10 juillet 1965 à Corfou), qui épousa Carlos Morales Quintana le 9 juillet 1999. De cette union résulta quatre enfants :
    1. Arrieta Morales y de Grecia (née le 24 février 2002 à Barcelone)
    2. Ana María Morales y de Grecia (née le 15 mai 2003 à Barcelone)
    3. Carlos Morales y de Grecia (né le 31 juillet 2005 à Barcelone)
    4. Amelia Morales y de Grecia (née le 26 octobre 2007 à Barcelone).
  2. le prince Pávlos, diadoque de Grèce (né le 20 mai 1967 à Tatoi), qui épousa Marie-Chantal Miller le 1er juillet 1995. Ils eurent ensemble cinq enfants :
    1. la princesse María Olympía de Grèce (née le 26 juillet 1996 à New York)
    2. le prince Constantínos Alexios de Grèce (né le 29 octobre 1998 à New York)
    3. le prince Achíleas Andréas de Grèce (né le 12 août 2000 à New York)
    4. le prince Odysséas Kimon de Grèce (né le 17 septembre 2004 à Londres)
    5. le prince Aristidis Stavros de Grèce (né le 29 juin 2008 à Los Angeles)
  3. le prince Nikólaos de Grèce (né le 1er octobre 1969 à Rome) qui épousa, en août 2010, Tatiana Blatnik.
  4. la princesse Theodóra de Grèce (née le 9 juin 1983 à Londres)
  5. le prince Phílippos de Grèce (né le 26 avril 1986 à Londres)

Par son père Paul Ier et par sa mère, Frederika de Hanovre, il est apparenté à la plupart des maisons royales européennes et descend de la reine Victoria. Sa sœur est la reine Sofía d'Espagne, l'épouse du roi Juan Carlos Ier.

Jeux olympiques

Documents d'archives

Interview et presse en ligne

Bibliographie

  • (en) Richard Clogg A Concise History of Greece, Cambridge UP, Cambridge, 1992 (ISBN 0-521-37-830-3).
  • (en) Michael of Greece, Arturo B. Eéche et Helen Hemis-Markesinis, The Royal Hellenic dynasty, Eurohistory.com, 2007. (ISBN 0977196151)
  • (en) Peter Murtagh, The Rape of Greece. The King, the Colonels and the Resistance, Simon and Schuster, Londres, 1994. (ISBN 0671710389)
  • (en) Nicholas Tantzos, H. M. Konstantine XIII: King of the Hellenes, Atlantic Intl Pubns, 1990 (ISBN 0938311123).
  • (en) John Van der Kiste, Kings of the Hellenes: The Greek Kings, 1863-1974, Sutton Publishing, 1994 (ISBN 0750921471).

Notes et références

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. (en) 11 ème Jamboree Scout
  2. (fr) « L'après Caramanlis en décembre 1963 », sur TSR (consulté le )
  3. (fr) « La crise Grecque/5collones à la unes », sur INA (consulté le )
  4. (fr) « Le 21 avril 1967 », sur TSR (consulté le )
  5. a b c et d R. Clogg, op. cit., p. 172.
  6. Theodore A. Couloumbis, « The Stability Quotient in Greece's Post-1974 Democratic Institutions. », Journal of Modern Greek Studies., vol. 1, n°2 (octobre 1983), p. 361.