Château de Neuschwanstein
Château de Neuschwanstein | |
Château de Neuschwanstein. | |
Nom local | Schloss Neuschwanstein |
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Période ou style | Néogothique |
Type | « Villa royale » |
Architecte | Christian Jank Eduard Riedel Georg von Dollmann |
Début construction | 5 septembre 1869 |
Fin construction | 1886 (ouverture au public) |
Propriétaire initial | Louis II de Bavière |
Destination initiale | Habitation privée |
Propriétaire actuel | Die Bayerische Verwaltung der staatlichen Schlösser, Gärten und Seen |
Destination actuelle | Musée |
Coordonnées | 47° 33′ 28″ nord, 10° 45′ 00″ est |
Pays | Allemagne |
Land (Allemagne) | Bavière |
District (Allemagne) | Souabe |
Arrondissement | Ostallgäu |
Localité | Hohenschwangau |
Site web | http://www.neuschwanstein.de/ |
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Le château de Neuschwanstein [nɔʏˈʃvaːnʃtaɪn][1] Écouter se dresse sur un éperon rocheux haut de 200 mètres près de Füssen dans l'Allgäu. Le roi Louis II de Bavière l'a fait construire au XIXe siècle. C'est aujourd'hui le château le plus célèbre d'Allemagne, visité chaque année par plus d'un million de touristes.
Genèse et construction
Lettre de Louis II écrite à Richard Wagner[2] le :
« Il est dans mon intention de reconstruire la vieille ruine du château de Hohenschwangau près de la gorge de Pöllat dans le style authentique des vieux châteaux des chevaliers allemands, et je vous confesse que je me languis de vivre ce jour (dans 3 ans) ; il y aura plusieurs salles confortables et chambres d'hôtes avec une vue splendide du noble Säuling, les montagnes du Tyrol et loin à travers la plaine ; vous connaissez l'hôte vénéré que je voudrais voir là ; l'endroit est un des plus beaux qu'on puisse trouver, sacré et inaccessible, un digne temple pour l'ami divin qui a apporté le salut et la bénédiction au monde. Il vous rappellera également Tannhäuser (Salle des chanteurs avec une vue du château dans le fond), Lohengrin (cour de château, couloir ouvert, chemin vers la chapelle) ; ce château sera de toute manière plus beau et habitable que Hohenschwangau qui est plus loin vers le bas et qui est profané chaque année par la prose de ma mère ; ils auront leur vengeance, les dieux profanés, et viendront vivre avec nous sur les hauteurs élevées, respirant l'air du ciel.[2] »
Louis II passait ses étés d'enfance au château de Hohenschwangau, qui se trouve en dessous de Neuschwanstein sur une colline. Son père Maximilien II l'avait restauré en 1837 en style néo-gothique avec de nombreuses allusions à l'ancienne légende du Chevalier au cygne. L'ancien nom de la seigneurie de Schwangau (Gau du cygne) et de l'ancien château de Schwanstein (rocher du cygne) rappellaient cette légende.
Neuschwanstein fut construit sur l'emplacement de deux anciens châteaux-forts, Vorderhohenschwangau et Hinterhohenschwangau. En 1867, lors d’un voyage en France, Louis II visita le château de Pierrefonds. L’idée de mélanger ce style architectural néo-gothique au style néo-roman, inspiré par le château médiéval de Wartburg en Thuringe, donna un résultat flamboyant. Louis II fait construire Neuschwanstein dès 1869, avec démolition des ruines de l'ancien château double, comme un "temple de l'amitié pour Richard Wagner"[style à revoir].
Pour pouvoir élever le château de ses rêves, Louis II fit dynamiter la montagne afin d'abaisser de 8 mètres le socle des anciens châteaux. Ce n'est qu'après la construction de la route et de l'installation de l'eau courante que la première pierre fut posée, le . Les travaux furent dirigés par l'architecte Eduard Riedel et décorés par Christian Jank, un décorateur de théâtre. La construction du « nouveau rocher du cygne » (traduction de Neuschwanstein) a nécessité des quantités énormes de matériaux, par exemple sur les deux seules années 1879 et 1880 : 465 tonnes de marbre de Salzbourg, 400 000 briques, 3 600 m3 de sable et 600 tonnes de ciment[3]. En 1884, Louis II s'établit dans le palais. Deux années plus tard, après sa mort mystérieuse, le château fut ouvert au public, bien qu'il ne fût pas encore terminé à cette époque
Le projet initial de Louis II et Riedel était plus ambitieux, mais l'État bavarois décida de ne pas poursuivre les travaux à la mort du roi[4].
Architecture
Le château de Neuschwanstein est construit en grande partie dans le style roman tardif du début du XIIIe siècle. On le remarque dans la construction du bâtiment dans son ensemble aussi bien que dans son ornementation : portails en plein cintre, les arcades des fenêtres et des tours, la position des colonnes et des baies vitrées et des pinacles. Les salles d'habitation du roi et les salles d'apparat des troisième et quatrième étages étaient plus ou moins achevées en 1886. Les chambres du deuxième étage sont toujours en briques nues et ne sont pas visitées. Des éléments néo-gothiques et néo-byzantins (la salle du trône) sont également présents. À ce titre, le château est un exemple d'architecture éclectique de l'époque romantique. C'est aussi l'exemple typique d'historicisme en architecture.
Il comporte environ 200 pièces d'une superficie totale de 6 000 m2. Quinze sont aménagées[5].
Le hall d'entrée
Le hall d'entrée est divisé en deux nefs. Les voûtes d'arêtes sont ornées de peintures décoratives évoquant le Siegfried de Richard Wagner. Le plancher est recouvert de tuiles de Mettlach. À gauche du couloir, derrière les fenêtres doubles en plein cintre, se trouve le quartier des domestiques.
La salle du trône
La salle du trône représente la salle du Graal de Parsifal. Le décorateur Eduard Ille et l'architecte Julius Hofmann l'ont conçue dans le style byzantin, inspiré par l'église Sainte Sophie, à Constantinople (aujourd'hui Istanbul). La salle du trône, sur deux étages, avec sa série de piliers en imitation de porphyre et de lapis-lazuli, a été achevée l'année de la mort du roi (1886). Sous la demi-coupole, dans une alcôve dorée, on atteint la plate-forme du trône par une volée de marches de marbre blanc. Le trône lui-même, conçu en or et en ivoire, n'a jamais été réalisé, car le roi est mort avant. La plate-forme est encadrée par des peintures représentant les douze apôtres, et derrière la plate-forme, on peut voir un motif de lions d'or, symbole de la Bavière. Sur fond doré sont représentés six rois européens du Moyen-Âge canonisés (de gauche à droite : Casimir de Pologne, Étienne de Hongrie, Henri II du Saint-Empire, Louis IX de France, Ferdinand III de Castille, et Édouard le Confesseur qui symbolisent l'idéal du chevalier, soldat du Christ. À noter que Louis II était né le jour de la fête de son saint patron.
La salle à manger
La salle à manger en chêne sculpté est décorée avec des peintures de Ferdinand von Piloty et Josef Aigner. On y voit des figures de «Minnesinger » et des scènes de la Wartburg, au moment du mythique concours de chant 1207. Sur la porte à droite on voit Wolfram von Eschenbach, l'auteur de Parsifal et Lohengrin. La décoration intérieure de la salle est due à Julius Hofmann. La sculpture de la table montre Siegfried combattant le dragon — un cadeau d'artistes de Munich à Louis II.
La chambre
À la différence des autres chambres, la chambre à coucher du roi est magnifiquement sculptée dans le style néogothique. Quatorze sculpteurs sur bois ont travaillé pendant 4 ans et demi, dit-on, pour réaliser ce décor. Le lit du monarque est couvert de draperies richement brodées. Les peintures murales illustrent l'histoire de Tristan et Isolde, qui avait impressionné le jeune roi de 20 ans dans la version opéra de Wagner. Un ruisseau situé au-dessus du château apporte l'eau qui coule directement à la table de toilette.
La chapelle
Attenant à la chambre, se trouve une petite chapelle, dédiée au Saint Patron du roi, saint Louis. Richement sculpté, l'autel est encastré dans le mur. Un retable représente des scènes de la vie de saint Louis. Les vitraux à droite montrent Saint-Louis recevant les derniers sacrements.
Le cabinet de toilette
Le cabinet de toilette est couvert de lambris de chêne relativement simples, et les treillages peints sur le plafond donnent l'impression d'une ouverture de la salle vers le ciel. Les peintures murales illustrent la vie et l'œuvre de Walther von der Vogelweide et Hans Sachs. Après le Siegfried du hall d'entrée, et le Tristan de la chambre, cette salle est à nouveau consacrée à l'univers wagnérien avec les Maîtres chanteurs de Nuremberg.
Le grand salon
Richement décoré, le salon, avec son annexe « le coin du cygne », est entièrement consacré à la légende du chevalier Lohengrin, qui avait une importance considérable chez Louis II. Les grandes peintures murales d'Hauschild et von Heckel dépeignent le « Miracle du Graal » et l'« Arrivée de Lohengrin à Anvers ». Louis II, jeune prince était tellement imprégné par l'opéra de Wagner Lohengrin qu'il s'était totalement identifié au chevalier au cygne, et n'hésitait pas à se déguiser en Lohengrin. La tragédie de Lohengrin fut sa solitude essentielle. Ce fut également le sort du roi.
Le cabinet de travail
Le cabinet de travail de style gothique du roi est rempli de références à l'histoire du château de Wartburg. Les peintures, serties dans des panneaux muraux finement sculptés, sont l'œuvre de Josef Aigner et illustrent la légende de Tannhäuser et le concours de chant de la Wartburg.
La salle des chanteurs
La salle des chanteurs occupe entièrement le 4e étage du château et est une copie de la salle des ménestrels de la Wartburg en Thuringe, réalisée par Julius Hofmann. Le célèbre tournoi des chanteurs de la Wartbourg aurait eu lieu dans cette salle. Ce tournoi fait également l'objet de l'opéra Tannhäuser de Richard Wagner. Louis II s'est rendu à la Wartburg en 1867 à la suggestion de Wagner.
Cependant, le programme pictural de la salle ne montre pas principalement le tournoi des chanteurs, mais plutôt la légende de Perceval et du Saint-Graal, sujet du dernier opéra de Wagner, Parsifal.
La cuisine
La cuisine, conservée telle quelle, montre comment la technologie moderne a été intégrée à l'atmosphère du Moyen Âge présente dans les étages supérieurs. L'équipement comprend notamment une installation d'eau courante chaude et froide et un système de broches à rôtir automatique, car malgré ses rêveries, le roi n'était pas l'ennemi du progrès technique (surtout s'il lui permettait de concrétiser ses rêves).
Artistes ayant travaillé au château de Neuschwanstein
- Joseph Matthäus Aigner : peinture
- A. Diessl : sculpture
- Georg von Dollmann : architecture et génie civil
- Julius Frank : peinture
- Wilhelm Hauschild : peintures murales
- August von Heckel : peinture
- Julius Hofmann : architecture
- Eduard Ille : peinture
- Christian Jank : architecture
- Joseph Gabriel Mayer : vitraux
- Moradelli (Atelier de Munich) : lustres, ferrures de portes
- Josef Munsch : peintures
- Philipp Perron : sculptures
- Anton Pössenbacher : mobilier
- Ferdinand von Piloty : peintures
- Eduard Riedel : architecture et génie civil
- August Spieß : peintures
- Villeroy et Boch : vaisselle
- Wolenweber : lustres et candélabres
Le Marienbrücke
On peut pleinement apprécier le paysage romantique des environs du château en allant sur le Marienbrücke, pont qui surplombe de 92 m le fond de la gorge de la Pöllat. Il s'agit d'un pont en porte-à-faux enjambant la chute d'eau haute de 45 m. Le pont, originellement en bois, porte le nom de la mère de Louis II, la reine Marie, princesse de Prusse. En 1866, le fer a remplacé le bois.
Dépôt nazi pour les œuvres pillées en France
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le château sert de dépôts de l'ERR : 21 903 objets d'art dont 5 281 tableaux y sont stockés. En 1944, la majorité des œuvres sont transférées par des hommes de l'ERR vers une région plus sûre et cachée dans une mine de sel de la montagne Altaussee. Le l'Armée américaine atteint le château. Malgré les transferts, 1 300 tableaux des musées de Bavière et de nombreuses œuvres saisies en France s'y trouvent encore, ainsi que toutes les archives de l'ERR[6]. Le film américain Monuments Men retrace l'action du groupe Monuments, Fine Arts, and Archives program chargé de retrouver les œuvres d'art volées par les nazis, notamment celles qui étaient entreposées au château de Neuschwanstein [7].
Tourisme
On compte en moyenne de 1,3 million[8] à 1,4 million de visiteurs chaque année[9]. Chaque été, plus de 6 000 visiteurs par jour se bousculent vers les différentes pièces, prévues initialement pour accueillir une unique personne[9]. Il s'agit du château le plus visité d'Allemagne. Il est accessible en voiture mais il faudra ensuite marcher, prendre une navette ou une calèche pour accéder au site[10]. La visite peut être complétée par la projection d'un film sur la vie de Louis II de Bavière.
L'État libre de Bavière dépense environ 132 millions d'euros chaque année pour son entretien et l'amélioration des services aux visiteurs. Néanmoins, cela représente peu face aux profits que Neuschwanstein génère, soit près de 700 millions de dollars chaque année.
Lieu de tournage
En 2015, une équipe de l'émission Secrets d'Histoire a tourné plusieurs séquences au château dans le cadre d'un numéro consacré à Louis II de Bavière, intitulé Louis II de Bavière, le roi perché et diffusé le sur France 2[11].
Galerie
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Vue extérieure en contre-plongée du château de Neuschwanstein.
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Photochrome du château réalisé à partir d'une photographie prise entre 1890 et 1905.
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Salle du trône.
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Projet initial. Gouache de Christian Jank, 1869.
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Vue aérienne.
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Vue du château en hiver.
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Vue panoramique depuis le Marienbrücke (pont de Marie).
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Vue du château et du Marienbrücke (pont de Marie).
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Vue du Nord.
Dans la culture populaire
- Walt Disney s'est inspiré de Neuschwanstein pour l'architecture du « château de la Belle au bois dormant » du premier Disneyland, ouvert en 1955 en Californie. Celui-ci est devenu le logo des Studios Walt Disney et de ses filiales.
- Le château des Magnans à Jausiers (Alpes-de-Haute-Provence) s'en est également inspiré.
Notes et références
- Prononciation en allemand standard (haut allemand) retranscrite selon la norme API.
- (en) « Neuschwanstein Castle: Idea and History », Administration des châteaux, jardins et lacs de l'État bavarois (consulté le )
- op.cit. p. 10.
- Gérard Denizeau, Richard Wagner, Bleu nuit éditeur, , p. 127.
- « Ursprünglich sollte das Schloss mit Gäste- und Dienstbotenzimmer über 200 Räume auf einer Fläche von 6.000 m2 beherbergen. Fertiggestellt und ausgestattet wurden aber lediglich an die 15 Zimmer und Säle. » sur le site Châteaux en Bavière.
- Francine-Dominique Liechtenhan, Alii︠a︡ Iskhakovna Barkovet︠s︡, Le grand pillage : du butin des nazis aux trophées des Soviétiques, Ouest-France, , p. 57.
- (fr),(en) George Clooney (Acteur, Réalisateur) et Matt Damon (Acteur, Réalisateur), Monuments Men, DVD, coll. « (Dolby Digital 5.1) », (ASIN B00IWTEE0I)
- (de) Neuschwanstein - Massentourismus, zum.de. Consulté le 23 février 2014.
- (de) Neuschwanstein, Bayerische Verwaltung der staatlichen Schlösser, Gärten und Seen. Consulté le 23 février 2014.
- « Château de Neuschwanstein : informations, billets et conseils », sur Château de Neuschwanstein (consulté le )
- « Louis II de Bavière, le roi perché », sur Inatheque (consulté le )
Bibliographie
- Julius Desing, Le château royal de Neuschwanstein : Le roi et son château, Lechbruck, Wilhelm Kienberger GmbH, , 83 p. (ISBN 978-3-933638-28-1 et 3-933638-28-3).
- Marianne Wörwag-Parizot, Le roi Louis II : son château Neuschwanstein et sa vie, Brunoy, Éd. du Montsalvat, , 61 p..
Liens externes
- (de) (en) (fr) (es) (it) Site officiel
- (de) (en) Billetterie officielle
- (fr) Site Neuschwanstein français
- (de) (en) (fr) Obernach/Neuschwanstein