Bataille de Leipzig (1813)

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Bataille de Leipzig
Description de cette image, également commentée ci-après
Napoléon et Poniatowski à Leipzig par January Suchodolski
Informations générales
Date 16-
Lieu Environs de Leipzig (Allemagne)
Issue Victoire des Alliés, retraite française
Belligérants
Drapeau de l'Empire français Empire français
Drapeau du Duché de Varsovie Duché de Varsovie
Royaume d'Italie
Royaume de Naples
Royaume de Saxe (16-17 octobre)
Drapeau de l'Empire russe Empire russe
Drapeau de l'Autriche Empire d'Autriche
Drapeau de la Prusse Royaume de Prusse
 Royaume de Suède
Royaume de Saxe (18-19 octobre)
Commandants
Napoléon
Józef Antoni Poniatowski †
Frédéric-Auguste Ier de Saxe
Alexandre Ier
Barclay de Tolly
Levin August von Bennigsen
Matveï Platov
Karl Philipp de Schwarzenberg
Gebhard von Blücher
Charles Jean de Suède (Bernadotte)
Forces en présence
195 000 hommes
700 canons
330 000 hommes
1 500 canons
Pertes
38 000 morts ou blessés
20 000 prisonniers
54 000 morts ou blessés

Sixième Coalition

Batailles

Modèle:Sixième coalition

Coordonnées 51° 15′ 00″ nord, 12° 38′ 24″ est
Géolocalisation sur la carte : Allemagne
(Voir situation sur carte : Allemagne)
Bataille de Leipzig
Géolocalisation sur la carte : Saxe
(Voir situation sur carte : Saxe)
Bataille de Leipzig

La bataille de Leipzig (16-)[1], aussi appelée la bataille des Nations, fut la plus grande confrontation des guerres napoléoniennes, et fut une défaite subie par Napoléon Ier.

Prélude

À la suite du désastre de la campagne de Russie de 1812 et le retrait des troupes françaises jusqu'à l'Elbe, où malgré leurs efforts elles furent ramenées en abandonnant les territoires de la Pologne et de la Prusse, cette dernière trahit l'alliance conclue avec la France, et passa du côté des Russes. Une nouvelle coalition armée naquit, regroupant l'Angleterre, la Russie, la Prusse, ainsi que la Suède, que le prince héritier, l'ancien maréchal Bernadotte, rallia pour la Norvège qu'on offrit à son nouveau pays, en prix de la trahison de son ancienne patrie. À la suite de préparatifs gigantesques, Napoléon réarma et se porta sur l'Elbe dont il allait faire sa base d'opération. (pour plus de compréhension, se munir d'une carte de la région)

Il cherchait avant tout à rétablir l'équilibre des armes en Allemagne, et remporta en un premier temps deux nettes victoires à Lützen le 2 mai, et à Bautzen les 20-21 mai sur les forces russo-prussiennes. Pendant ce temps, la diplomatie travaillait. Par une politique particulièrement malhabile, Napoléon laissa l'Autriche rentrer dans le jeu, et se vit contraint de la laisser passer du statut d'allié à celui de médiateur, et plus grave encore de médiateur armé. C'est elle qui offrit à Napoléon de signer un armistice à Pleisswitz, qui s'avèra désastreux au moment où il renouait avec la victoire. L'Autriche proposait pourtant à la France une paix honorable en se faisant fort de la faire accepter par tous, y compris par l'Angleterre. Malheureusement, Napoléon dont l'orgueil fut alimenté par une perte du sens des réalités, refusa les propositions de Metternich. Les hostilités reprirent alors début août. Pour la première fois, toute l'Europe était en guerre contre la France.

Posté sur tout le cours de l'Elbe défendu par de puissantes places fortes, Napoléon fait face à trois groupes d'armées commandés par Bernadotte sur le bas Elbe, Blücher en haute Silésie, Schwartzenberg en Bohème, et qu'il veut défaire les uns après les autres, comme il le fit si bien autrefois sur l'Adige en Italie. Voulant déborder cette ligne, les coalisés, sous le commandement du Prince de Schwarzenberg, firent une première tentative sur Dresde par la gauche du fleuve, à travers les monts de Bohème. Ce fut une importante victoire pour Napoléon qui avait combattu là à un contre deux. Mais l'exploitation de ce succès, qui eut pu mettre fin à la campagne, se retourna contre lui avec la destruction du corps du général Vandamme, placé à Külm sur la ligne de retraite de l'armée vaincue, et chargé d'en détruire les restes.

La France, à force d'apprendre à toute l'Europe à se battre, lui en avait inculqué les leçons; les alliés changèrent de stratégie. Elle consisterait désormais à éviter la confrontation directe avec Napoléon, à affronter plutôt ses maréchaux ou à se retirer devant lui, et lorsque les Français seraient suffisamment affaiblis, à les déborder largement dans une tenaille, dont le premier bras percerait l'Elbe au nord, et le deuxième au sud-ouest retraverserait les monts de Bohême cette fois loin de Dresde. Objectif Leipzig. C'est ainsi qu'au début ils remportèrent les victoires de Gross Beeren, de Katzbach et de Dennewitz sur Ney, Mac Donald et Oudinot.

Les plans de Napoléon s'en trouvèrent grandement contrariés; il s'épuisa en vains aller-retour pour provoquer une bataille qu'il aurait voulu conduire. Début octobre, les alliés mirent en œuvre leur stratégie. Blücher et Bernadotte franchirent l'Elbe et descendirent sur Leipzig; Schwarzenberg en fit de même au sud-ouest.

Menacé d'être débordé sur ses arrières, ayant parfaitement percé le plan allié, il veut en finir, et accepte le combat décisif, en ne desespérant pas de vaincre successivement les uns et les autres autour de la ville. Sa position centrale est très forte; tout est possible, même à un contre deux. Il donne donc l'ordre à ses troupes de se joindre à lui sur Leipzig.

Il en déploie une partie de Taucha à Stötteritz (où il place son poste de commandement), puis le reste en s'incurvant jusqu'à Lindenau. Les Prussiens viennent à sa rencontre depuis Wartenburg, les Suédois à leur suite, les Autrichiens et les Russes depuis Chemnitz et Zwickau. Au total les Français alignent environ 190 000 hommes dont une partie sont des alliés saxons, contre à peu près 330 000 pour les coalisés, chacun des camps ayant une importante artillerie.

Forces en présence

16 octobre

Situation le 16 octobre

La bataille commence le 16 octobre par une attaque de 78 000 soldats alliés depuis le sud et 54 000 autres depuis le nord. Cette confrontation n'est pas décisive et les assauts sont repoussés.

2e corps autrichien

Le 2e corps autrichien du général von Merveldt avance vers Connewitz par Gautzsch et essaie d'attaquer la position pour constater que la voie est bien défendue et ne permet pas aux Autrichiens de placer leur propre artillerie pour soutenir l'attaque. Repoussés, les Autrichiens se déplacent pour attaquer le village voisin de Dölitz, traversent deux ponts menant à un manoir et à un moulin. Deux compagnies du 24e régiment repoussent la petite garnison polonaise et prennent la position. Une prompte contre-attaque rejette les Autrichiens jusqu'à ce qu'une puissante batterie d'artillerie chasse à leur tour les Polonais de la position.

Bataille de Markkleeberg

Le village de Markkleeberg est défendu par les maréchaux Poniatowski et Augereau. Le général Kleist approche par les rives de la Pleisse. Les Autrichiens réparent un pont et prennent un bâtiment scolaire et un manoir. Les Français chassent les Autrichiens hors de l'école et les repoussent sur l'autre rive de la rivière. La 14e division russe commence une série d'attaques de flanquement qui expulsent les Polonais de Markkleeberg. Poniatowski stoppe la retraite et parvient à arrêter l'avance des Russes. Il reprend Markkleeberg, mais est de nouveau chassé par deux bataillons prussiens. Les grenadiers autrichiens forment alors un front devant Markkleeberg et par attaque de flanc conduisent les Polonais et les Français hors du secteur.

Attaque de Wachau

Le 2e corps d'infanterie russe attaque Wachau avec l'appui de la 9e brigade prussienne. Les Russes avancent, ignorant que les Français les attendent. Ils sont surpris par une attaque sur leur flanc qui les malmène. Les Prussiens entrent dans Wachau et engagent un combat de rue. C'est l'artillerie française de Drouot qui les chasse de la ville.

Combats de Liebertwolkwitz

Liebertwolkwitz est un grand village dont la position stratégique est défendue par le maréchal MacDonald et le général Lauriston avec environ 18 000 hommes. Le 4e corps autrichien les attaque avec 24 500 hommes soutenus par 4 550 hommes de la 10e brigade de Pirth et par 5 365 hommes de la 11e brigade de Ziethen. Après un dur combat, les Français sont chassés de Liebertwolkwitz, mais il parviennent à contre-attaquer et à reprendre la ville. À ce moment Napoléon commande au général Drouot de positionner une puissante batterie sur la colline de Gallows. Cent canons soufflent le 2e corps russe et forcent les bataillons prussiens qui les soutiennent à se mettre à couvert.

Comme l’avait souhaité Napoléon, une brèche est ouverte, dans laquelle s’engouffre le maréchal Murat avec 10 000 cavaliers français, italiens, et saxons. La charge est massive et menace la colline sur laquelle se trouvent les empereurs de la coalition, mais Murat a négligé de prévoir une réserve. Plusieurs petites formations de cavalerie russes (en particulier le régiment de cosaques de la Garde impériale), prussiennes et autrichiennes s’interposent et après d’âpres combats repoussent les assaillants jusqu’à leur propre artillerie. L’intervention des dragons de la jeune garde les sauve in extremis et reprend l’avantage en reconduisant les alliés hors de la ville. Liebertwolkwitz et Wachau sont repris, mais les alliés rejoignent les positions russes et autrichiennes. Ils ont démontré ce que leurs troupes d’élite, formées en carrés, étaient capables de faire face à la cavalerie française. Sur le front Sud, bien que Napoléon ait gagné du terrain, il lui faut admettre qu’il ne pourra pas facilement venir à bout des rangs alliés.

Front Nord

Toile de Vladimir Ivanovich Moshkov, 1815

Le front Nord s'ouvre avec l'attaque du corps russe du général Langeron [2], sur les villages de Groß-Wiederitzsch et de Klein-Wiederitzsch au centre des lignes françaises. Cette position est défendue par la division polonaise du général Dombrowski composée de quatre bataillons d'infanterie et de deux bataillons de cavalerie. Au premier signe de l'attaque la division polonaise bondit. L'issue du combat est indécise, les deux camps se livrent à des attaques et contre-attaques successives. Rassemblant ses forces, le général Langeron, malgré de lourdes pertes, prend finalement les deux villages.

Bataille de Möckern

Les hussards brandebourgeois à la bataille de Möckern

Le front Nord est dominé par la bataille de Möckern. L'affrontement, très dur, se déroule en 4 phases. Un petit château entouré de jardins et de murs peu élevés domine le village. Chaque position est transformée en forteresse. Les Français sont à couvert derrière les murs. L'ouest de la position est trop boisée et marécageuse pour une position d'artillerie. À l'est, une digue de 4 mètres protège les berges de l'Elster. Le maréchal Marmont y a abrité sa réserve d'infanterie pour contre-attaquer et soutenir rapidement chaque position. Blücher commande les corps de Langeron (russes) et de Yorck (prussiens) contre les maréchaux Ney et Marmont.

Des attaques ont lieu toute la nuit. L'artillerie est en grande partie responsable des morts et des blessés : 9 000 chez les Alliés, 7 000 dans le camp français. Les Français perdent encore 2 000 hommes qui sont fait prisonniers.

17 octobre

Le jour suivant les forces en présence reçoivent des renforts qui sont positionnés. Il n'y a que deux actions dans la journée : l'attaque par le général russe Sacken sur les Polonais de la division de Dąbrowski au village de Gohlis. La division polonaise résiste héroïquement, faisant même l'admiration du général Sacken. Finalement, le nombre et la détermination des Russes font la différence. Les Polonais se retirent à Pfaffendorf. Blücher ordonne à la 22e division de hussards du général Lanskoi (russe) qui s'est illustrée la veille, d'attaquer le 3e corps de cavalerie du général Arrighi.

Renforts

Les Français reçoivent le renfort de 14 000 hommes, tandis que le général Von Bennigsen et le prince Charles Jean de Suède (alias Bernadotte) augmentent considérablement les forces alliées en amenant 145 000 hommes.

18 octobre

Situation le 18 octobre

Le général Blücher et le prince Charles de Suède sont disposés au nord, les généraux Barclay De Tolly, et Bennigsen ainsi que le prince de Hessen-Homburg au sud, et le général Gyulay (Autrichien) à l'ouest.

Wachau, Lößnig, et Dölitz, front Sud

La 9e brigade prussienne occupe le village abandonné de Wachau, tandis que les Autrichiens avec les Hongrois du général Bianchi repoussent les Français hors de Lößnig.

Les Autrichiens effectuent une manœuvre combinée : tandis que la cavalerie autrichienne attaque l'infanterie française pour permettre à l'infanterie autrichienne de se déployer sur Dölitz, une division de la jeune garde surgit et les chasse. À ce moment trois bataillons de grenadiers autrichiens, avec l'appui de l'artillerie leur contestent la possession du village.

De tous les côtés, les alliés lancent l'assaut. En un peu plus de neuf heures de combat, les deux camps subissent de grosses pertes, les troupes françaises empêchent la percée mais sont lentement repoussées vers Leipzig.

La retraite et la trahison des Saxons

Dans la nuit du 18 au 19, voyant que la bataille ne peut se terminer qu'en défaite, Napoléon décide de retirer la majorité de ses troupes en leur faisant traverser la rivière Elster. Les Saxons et leur artillerie se retournent alors sans prévenir contre les troupes de Napoléon. À la suite de cet épisode amer, l'expression « saxon » passera dans la langue française pour désigner un lâche traître.

La retraite se poursuit jusqu'au lendemain après-midi, au moment où l'unique pont est détruit par une escouade du Génie, effrayée par la proximité de l'armée ennemie. Un tiers de l'armée française n'a pas eu le temps de traverser et n'a d'autres choix que de risquer la noyade en traversant à la nage, ou de se rendre à l'ennemi.

Conséquences

Retraite de Napoléon après la bataille, le 19 octobre, gravure d’après Couché fils

Le total des pertes est incertain. Prenant une évaluation de 140 000 au total, la coalition aurait perdu 90 000 hommes. Napoléon a perdu 60 000 soldats.

Parmi les disparus se trouve le maréchal Józef Antoni Poniatowski (neveu du dernier roi de Pologne, Stanislaw Poniatowski) — qui avait reçu la veille le bâton de maréchal — et les généraux Aubry, Camus de Richemont, Rochambeau et Couloumy.

Le bilan de cette bataille est toutefois à relativiser étant donné que les pertes françaises sont bien inférieures en nombre. De plus, jusqu’au repli de Napoléon, les Alliés ne parviennent pas à prendre la ville, et Napoléon réussit à sauver son armée grâce à une retraite de génie : les Alliés ne peuvent pas poursuivre Napoléon et cela les empêche de transformer cette bataille en une victoire décisive rendant possible la campagne de France qui allait se jouer à Paris en l’absence de Napoléon. Enfin cette retraite était stratégique car Napoléon veut continuer la lutte sur son propre territoire qu’il connaît très bien en espérant le soutien de sa population. Malheureusement il laisse aussi, « prisonniers » de places fortes qu’il voulait garder, un peu plus de 100 000 hommes à Dantzig, Glogau, Stettin, Dresde, Hambourg, et deux maréchaux de très grande valeur, Davout, sûrement son meilleur maréchal en activité, et Gouvion-Saint-Cyr, qui lui manqueront funestement pour la campagne de France 1814 qui va s’ouvrir.

Notes et références

  1. L'histoire fait mention d'une première bataille de Leipzig qui s'est déroulée le , pendant la guerre de Trente Ans. L'armée suédoise, sous les ordres de Lennart Torstenson, y vainquit l'armée impériale dirigée par Ottavio Piccolomini. Cette première bataille de Leipzig est aussi connue dans l'histoire comme « la seconde bataille de Breitenfeld ».
  2. Ancien colonel français devenu général dans l'armée de Russie
Caricature de Napoléon en Casse-noisette ne pouvant briser Leipzig.

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Adolphe Thiers, Histoire du consulat et de l'empire, 1857
  • Alain Pigeard, Leipzig : La bataille des Nations, SOTECA Napoléon Ier éditions, 2009, (ISBN 978-2916385402)
  • Stéphane Calvet, Leipzig 1813. La guerre des peuples, Vendémiaire, 2013