Alphonse III (roi de Portugal)

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Alphonse III
Le Boulonnais
Illustration.
Alphonse III de Portugal, enluminure du XVIe siècle issue de la Généalogie des rois de Portugal.
Titre
Roi de Portugal et des Algarves

(31 ans, 1 mois et 12 jours)
Prédécesseur Sanche II de Portugal
Successeur Denis Ier
Biographie
Dynastie Maison capétienne de Bourgogne
Date de naissance
Lieu de naissance Coimbra
Date de décès (à 68 ans)
Lieu de décès Coimbra
Père Alphonse II de Portugal
Mère Urraque de Castille
Conjoint Mathilde de Dammartin
Béatrice de Castille
Enfants Blanche
Denis Ier
Alphonse
Sancha
Constance
Héritier Denis Ier de Portugal

Alphonse III (roi de Portugal)
Rois de Portugal

Alphonse III de Portugal, né à Coimbra le et mort le dans la même ville est roi de Portugal de 1247 à 1279.

Biographie[modifier | modifier le code]

Second fils du roi[modifier | modifier le code]

Marabotin à l'effigie d'Alphonse III dit le Boulonnais.

Alphonse III de Portugal, surnommé le Boulonnais (comte de Boulogne par son mariage avec la comtesse Mathilde II de Boulogne), né le , est le cinquième roi de Portugal (et le quatrième des Algarves). Il est le second fils du roi Alphonse II et de son épouse Urraque de Castille et succède à son frère Sanche II en 1247.

En tant que second fils d'Alphonse II, il n'est pas destiné à hériter du trône de Portugal, dévolu à son frère aîné, Sanche. Pour cette raison, à l'âge de 18 ans, il accompagna sa sœur, promise au roi Valdemar II de Danemark. Il rejoignit ensuite sa tante, Blanche de Castille en France. Il s'y distingue en tant que chevalier, participant notamment au siège de Saintes[1].

Il se marie avec Mathilde de Dammartin en 1238, devenant ainsi comte de Dammartin. Cependant, en 1246, les conflits entre Sanche II et l'Église s'aggravent au point que le pape Innocent IV donne l'ordre de remplacer le roi par le comte de Boulogne. Alphonse accepte l'ordre du pape et retourne au Portugal où il est couronné roi en 1247, après que Sanche II fut parti en exil à Tolède en Espagne. Pour accéder au trône, Alphonse doit renoncer au comté de Boulogne.

Règne[modifier | modifier le code]

Alphonse III participa au renforcement du pouvoir royal en multipliant les délégations d'officiers royaux, le contrôle des juges et des petits seigneurs, dans tout le pays. Cela permit de mettre un terme à l'anarchie qui s'était installée sous le règne de son frère[2].

Décidé à ne pas connaître les mêmes problèmes que son frère, le nouveau roi s'intéresse spécialement à la classe moyenne des commerçants et des petits propriétaires, écoutant leurs doléances. En 1254, il convoque à Leiria la première réunion des Cortes, l'assemblée générale du royaume, avec des représentants de toute la société. Alphonse III propose une législation qui limite la possibilité aux classes privilégiées de profiter des moins favorisés et accorde beaucoup de privilèges à l'Église. À son initiative sont organisés des contrôles des biens et des privilèges détenus par la noblesse (Inquirições Gerais (pt)). Reconnu comme excellent administrateur, Alphonse III organise l'administration publique et favorise le développement des villes. C'est lui qui en 1255, décide le transfert de la capitale[réf. nécessaire] de Coimbra à Lisbonne.

Ayant repris le royaume en main et la situation interne étant pacifiée, le roi reprend la Reconquista du Sud de la péninsule Ibérique contre les communautés musulmanes. Durant son règne, la cité de Faro est reconquise en 1249 et la province de l'Algarve est incorporée au royaume de Portugal. Cette campagne victorieuse provoque un conflit diplomatique entre le Portugal et la Castille qui prétend que l'Algarve doit lui revenir. Une période de guerre de deux ans suit entre les deux pays. Le mariage d'Alphonse III avec l'infante Béatrice de Castille (1242-1303) permet d'apaiser les esprits. Il permet aussi d'agrandir le pays puisque Béatrice reçoit de son père une région située à l'est du Guadiana. Un autre problème surgit puisque, pour se remarier, il doit annuler son mariage avec Mathilde. À la suite d'une plainte de Mathilde au pape Alexandre IV, ce dernier ordonne à Alphonse III de quitter Béatrice. Il désobéit et tente de gagner du temps. Le problème est résolu avec la mort de Mathilde en 1259. L'infant Denis, né pendant ce conflit, n'est légitimé qu'en 1263[réf. nécessaire]. En 1267, le traité de Badajoz met définitivement fin au conflit, en fixant la frontière sur le Guadiana.

Avec ses réformes administratives, il finit par se mettre à dos l'Église[2]. En effet, à la fin de sa vie, le roi se vit engagé dans un nouveau conflit avec l'Église. Il est excommunié en 1268 par l'archevêque de Braga et les évêques de Coimbra et de Porto, ainsi que par le pape Clément IV lui-même, à l'instar de ses prédécesseurs. Le clergé avait approuvé un libellé contenant quarante-trois plaintes contre le roi, concernant notamment l'interdiction pour les évêques de prélever les dîmes, l'utilisation des fonds destinés à la construction des temples, l'obligation pour les clercs de participer aux travaux des murailles des villes, l'emprisonnement et l'exécution de clercs sans autorisation des évêques, les menaces de mort à l'encontre de l'archevêque et des évêques et, enfin, la nomination de juifs à des hauts postes. Il aggrave le conflit en favorisant les ordres mendiants, franciscains et dominicains. Il est accusé par le clergé de soutenir la spiritualité étrangère. Ce conflit provient aussi du fait que le roi légifère de manière à renforcer le pouvoir municipal, afin de trouver un équilibre face aux pouvoirs de l'Église et de la noblesse.

Ce roi très populaire auprès des Portugais, à la suite de décisions telles que l'abolition de l'anuduva (obligation de travailler gratuitement dans la construction, la réparation des châteaux et des palais, des murs, des douves et autres ouvrages militaires), reçoit le soutien des Cortes de Santarém en janvier 1274 : une commission avait été nommée pour faire une enquête sur les accusations portées contre le roi. La commission, composée en majorité de partisans du roi, le blanchit. Le pape Grégoire X n'accepte pas la résolution des Cortes et fait excommunier le roi.

À sa mort, le , Alphonse III jure obéissance à l'Église et restitue tout ce qui leur avait été pris. L'abbé d'Alcobaça lève alors l'excommunication et le roi peut être enterré dans le monastère d'Alcobaça.

Le Portugal en 1250.

Mariages et descendance[modifier | modifier le code]

Alphonse III se marie deux fois :

1º. Mathilde de Dammartin, comtesse de Boulogne, dont il se sépare en 1245 et avec qui il a :

  • Robert, né en 1239 et mort jeune ;
  • un fils, né en 1240 et mort très jeune.

2º. Béatrice de Castille (1242-1303) qui lui donne huit enfants :

  • Blanche (née le - morte après 1321), infante de Portugal, abbesse du couvent de Huelgas près de Burgos ;
  • Ferdinand (né vers 1260 - mort avant 1262) ;
  • Denis (1261-1325), futur roi ;
  • Alphonse (1263-1312), infant de Portugal, seigneur de Portalegre, épouse l'infante Yolande de Castille ;
  • Sancha, infante de Portugal (née le - morte en 1302) ;
  • Marie de Portugal (1264-1284) ;
  • Constance (1266-1271), infante de Portugal ;
  • Vincent ( - ), infant de Portugal.

Titre complet[modifier | modifier le code]

Roi de Portugal et des Algarves, comte de Boulogne par la grâce de Dieu

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean François Labourdette, Histoire du Portugal, Fayard, , 703 p., p.52-53.
  2. a et b Labourdette 2000, p. 54.

Liens externes[modifier | modifier le code]