Utilisateur:Leonard Fibonacci/Les « sectes » juives selon Flavius Josèphe

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La prétention de Flavius Josèphe d'avoir fait un stage dans chacune des trois principales « sectes » juives, puis d'avoir passé trois ans avec un Baptiste appelé Bannous[1], pour finalement embrasser la « secte » (αἱρέσεις) des Pharisiens[2],[3], peut être mise en rapport avec les imprécisions — voire les confusions — qui ressortent de sa descriptions des sectes juives et des personnages qu'il décrit comme Pharisiens, Sadducéens ou Esséniens dans la Guerre des Juifs et les Antiquités judaïques[4]. « Josèphe hellénise sa description des sectes juives en les convertissant en écoles philosophiques grecques, dont les principales divergences portent sur les questions de prédestinations, de libre arbitre et d'immortalité de l'âme. Les Pharisiens sont proches des Stoïciens (Vita 12), les Esséniens des Pythagoriciens (AJ XV, 371), les Sadducéens des Épicuriens (Vita 10-12)[1]. » Qu'un jeune aristocrate fréquente trois académies puis choisisse une philosophie de vie « est la procédure hellénistique normale et semble avoir peu de rapport avec la réalité juive[1]. » On trouve un parcours éducatif similaire dans les autobiographies de Nicolas de Damas qui sert de source à Flavius Josèphe et chez Aristote, ou dans les biographies de Justin de Naplouse, de Claude Galien et d'Appolonius de Tyane[5]. Josèphe a-t-il modelé son Autobiographie sur le système hellénistique ou sur ces descriptions biographiques[6] ? Ajouté à « l'impossibilité chronologique[6] » de ce que raconte Josèphe cela conduit une part importante de la critique à estimer que ces « stages » dans trois académies, puis chez Bannous, sont probablement totalement inventés[6]. D'autant que les pratiques de ce Bannous ressemblent fortement à celles de Jean le Baptiste, mais que Josèphe qui prétend pourtant avoir passé 3 ans avec lui, évite de dire à quel groupe il appartient, comme s'il l'ignorait[7].

« Flavius Josèphe ne donne jamais de claires définitions de la Quatrième philosophie, des Sicarii et des Zélotes. Sont-ils des groupes distincts ou identiques avec un autre[8] ? » En supposant qu'ils existaient tous à cette époque, quelles étaient leur position avant le déclenchement de la guerre et quelles étaient leurs relations avec les dirigeants de la révolte[8]. Une énorme littérature a été consacrée à ce sujet pour tenter de remédier aux carences de la documentation[8]. « La Guerre des Juifs n'attribue jamais la moindre activité révolutionnaire aux Esséniens, Sadducéens ou Pharisiens. Un individu isolé appelé Jean l'Essénien combat les Romains (GJ II, 567 ; III, 11 et 19)[9] », mais les Esséniens en tant que groupe n'apparaissent plus après la longue description que Josèphe leur consacre (GJ II, 120-161)[9].

« Un des problèmes avec la description des sectes du judaïsme faite par Josèphe est que, puisqu'il couvre une plage de temps de 250 ans, on ne sait pas vraiment à quelle période son point de vue s'applique[7]. » Pour Robert Eisenman, même pour la période qui correspond à sa vie, « il agit souvent avec dissimulation, à cause de ses embarrassantes relations avec les groupes sectaires et de son passé de révolutionnaire[7] » avant de devenir un écrivain quasi officiel de la maison flavienne. « Comme on peut le voir dans sa Guerre ou sa Vita, il était maintenu sous une énorme pression pour expliquer son passé et pour justifier des actions qui lui ont permis de survivre, et il se défendait constamment contre des attaques sur sa conduite et sa loyauté à Rome[7]. » Pour Eisenman, il est probable que Josèphe a été mis en cause par Domitien à l'époque où Épaphrodite a été exécuté et c'est dans cette période qu'a été écrite sa Vita[7].

L'imprécision de Josèphe au sujet des sectes juives est devenue encore plus apparente lorsque dans les années 1990 les spécialistes ont enfin pu avoir accès à l'ensemble des manuscrits de la mer Morte et notamment lorsqu'une première édition pirate de la lettre référencée comme 4QMMT a été publiée[10]. Celle-ci a conduit Lawrence Schiffman (en) à émettre l'hypothèse que le groupe qui avait caché les manuscrits étaient les Sadducéens. La plupart des critiques ne l'ont pas suivi sur ce point, mais ont révisé leur position au sujet des Esséniens et ont alors estimé qu'ils respectaient des règles de pureté proches de celle des Sadducéens et que les chefs du mouvement appartenaient à des familles sacerdotales se réclamant de Sadoq, alors que les indications fournies par Josèphe les avaient conduit jusque là à penser qu'ils étaient proches des Pharisiens[11],[12]. De même, les descriptions idéalisées des Esséniens par Josèphe et Philon d'Alexandrie sur l'aspect que l'on pourrait qualifier de « non violent » de la doctrine des Esséniens, les conduisant même jusqu'à refuser de posséder des armes[13], ont semblé totalement déroutantes après l'analyse des manuscrits de la mer Morte. En effet, les auteurs des manuscrits et donc ceux qui les ont regroupés et cachés, sont littéralement obsédés par les « féroces Kittim[14] », derrière lesquels on reconnaît aisément les Romains[15] et dont de nombreux écrits parlent de guerres apocalyptiques (en) qu'il faudra mener contre eux « à la fin des temps », une période idéale que les auteurs des manuscrits estimaient imminente, alors que sur les autres points leurs pratiques correspondaient aux descriptions des Esséniens par Josèphe et Philon d'Alexandrie. Toutefois, Philon est mort vers 50, alors que Josèphe écrit après la révolte, à laquelle il a d'ailleurs participé, et il connaît donc parfaitement quelle a été l'attitude de chacune des « sectes ».

Les données relatives aux esséniens[modifier | modifier le code]

Suivant l'historien André Paul, Philon d'Alexandrie, Flavius Josèphe et Pline l'Ancien et, à leur suite, les Pères de l'Église attestent l'existence des esséniens et « évoquent à leur façon les mouvements baptistes de l'Antiquité pré-chrétienne[16]. »

L’œuvre de Josèphe s’adresse à un public romain auquel il souhaite faire connaître la nation juive dont il fait partie. À deux reprises, il situe les esséniens comme étant la « troisième secte » de la société juive de Palestine, aux côtés des pharisiens et les sadducéens[17]. Pour Flavius Josèphe, ces trois grands courants religieux juifs apparaissent au « milieu du IIe siècle av. J.-C., lorsque Jonathan Maccabée reçoit la charge du grand sacerdoce (-152)[18] ». Il classe à part ce qu'il appelle la « quatrième philosophie », le mouvement « galiléen », dont il est très difficile de comprendre s'il l'identifie au futur mouvement Sicaire ou zélote[19]. Selon lui, les esséniens vivaient dans des villes différentes, mais rassemblés dans la vie communale consacrée à l'ascèse, volontairement pauvres, pratiquant l'immersion quotidienne et l'abstinence des plaisirs du monde, y compris — pour certains groupes — le célibat. Ces groupes sont désignés collectivement par les différents spécialistes sous le nom d'« esséniens ». Flavius Josèphe rapporte qu'il existait des esséniens en grand nombre, et que des milliers vivaient dans la Judée romaine. Philon d'Alexandrie parle de « plus de quatre mille » essaioi vivant en « Syrie palestinienne », « dans de nombreuses villes de Judée et dans de nombreux villages et groupés en grandes sociétés comprenant de nombreux membres ».

Josèphe présente les esséniens comme vertueux — imitant Philon d'Alexandrie — en insistant sur les détails qui semblent « exotiques » pour ses lecteurs romains[20]. Son témoignage est intéressant, car Josèphe indique qu'il a personnellement fréquenté ce mouvement[Note 1]. Les esséniens étaient « plus ascétiques et plus ésotériques que les Pharisiens ou les Sadducéens, et cela les rendait plus intéressants pour l'ancien public hellénisé à qui s'adressaient Flavius Josèphe et Philon d'Alexandrie. Ainsi si cette communauté était plus réduite que les deux autres (selon ces deux auteurs elle comptait environ 4 000 membres), ils la décrivent plus en détail[21]. » Flavius Josèphe « nous apprend que les esséniens exerçaient leur don de divination et de prophétie de préférence sur les textes sacrés eux-mêmes. À l'aide d'exégèses subtiles, ils en recherchaient les sens cachés, qui leur révélaient l'avenir[22]. » Dans ses livres, il mentionne aussi « trois prophètes esséniens : Judas sous le règne d'Aristobule Ier (-104 à -103), Menahem sous Hérode le Grand (-40 à -4), et Simon sous Hérode Archélaos (-4 à +6)[18]. » Il « rapporte plusieurs prédictions qui auraient été faites par des Esséniens en diverses circonstances et qui se seraient réalisées (Antiquités judaïques, XIII, 11, 2 ; XV, 13, 5 ; XVII, 13, 3)[22]. »

« Pour Philon, les Esséniens sont des juifs. Ils composent une société idéale, habitant les campagnes et fuyant les villes considérées comme des lieux de perdition. Vivant sans argent, ce sont des modèles de piété et de sainteté : ils renoncent aux richesses et vanités de ce monde, partagent tout, ne fabriquent ni n'utilisent d'armes, ne parlent pas sans rien dire[23]. » Au IVe siècle, Eusèbe de Césarée suit de près Philon, mais s'en éloigne parfois aussi. Ainsi, pour lui, les esséniens ne sont pas nécessairement juifs[23].

La localisation des esséniens selon Josèphe[modifier | modifier le code]

Selon Flavius Josèphe, les esséniens étaient installés « non pas dans une seule ville », mais « en grand nombre dans toutes les villes »[17],[21]. Philon d'Alexandrie parle de « plus de quatre mille » essaioi vivant en « Syrie palestinienne[24],[Note 2] », et aussi, « dans de nombreuses villes de Judée et dans de nombreux villages et groupés en grandes sociétés comprenant de nombreux membres »[25]. Les esséniens formaient à l'intérieur des villes juives de Palestine des communautés soudées et fermées[21]. Ceux dont parle Pline l'Ancien se trouvent « sur la côte ouest de la Mer Morte, bien loin du rivage… [au-dessus] de la ville d'Engaddi »[26],[27].

Flavius Josèphe fait référence à une « porte des Esséniens » dans sa description du parcours « du plus ancien » des trois murs de Jérusalem[28], qu'il situe sur le mont Sion qui, à l'époque, désigne la colline de l'Ophel situé au sud du mont du Temple[29]. Il y avait peut-être une communauté essénienne dans ce quartier de la ville.

Les différentes « sectes » existantes au Ier siècle[modifier | modifier le code]

Ruines de ce qui a probablement servi de pièces d'habitation sur le site de Qumrân.

La structure de la société juive à la fin de la période du Second Temple était plus complexe que la division en trois groupes proposée par Flavius Josèphe. Plusieurs mouvements plus ou moins sectaires cohabitaient, tout en se divisant sur l’interprétation de la Torah et sur la manière de réagir face à l’hellénisation. L'étude attentive des écrits de Josèphe montre que le nombre de groupes et de tendances étaient en fait très nombreux. Josèphe fait lui-même état d'un groupe qu'il appelle Quatrième philosophie, ainsi que de Sicaires et de Zélotes, dont on ne sait s'il s'agit des noms internes et externes du même mouvement[30]. Le Talmud et d'autres sources juives font état par exemple d'une opposition entre disciples d'Hillel et de Shammaï, qu'il est bien difficile de reconnaître parmi les groupes décrits par Flavius Josèphe[31]. Même s'il faut prendre le témoignage des Pères de l'Église avec précaution, au IIe siècle des auteurs chrétiens comme Justin de Naplouse[Note 3], ou Hégésippe[32],[Note 4] énumèrent au moins quatre sectes juives existant à l'époque de Jésus, en plus des trois traditionnelles selon Josèphe. Parmi celles-ci, les Hémérobaptistes et les Masbothéens sont des Baptistes[16] que Josèphe évoque avec le personnage de Bannos ou celui de Jean le Baptiste[33], mais qui n’apparaissent en aucune façon dans les événements politiques après le renvoi de Ponce Pilate (fin 36) et en particulier lors de la Grande révolte juive de 66 - 74. Il en est de même pour le mouvement Nazôréen (notzrim en hébreu), créé par Jésus de Nazareth et dont la littérature chrétienne témoigne pourtant de la vigueur dès les années 50 dans la Palestine.

Une version de ce qui semble être la notice utilisée par Flavius Josèphe trouvée dans un texte attribué à Hippolyte de Rome (Réfutation de toutes les hérésies, IX, § 26) pourrait être une des clefs du problème[34]. Dans celle-ci, à l'endroit où le texte de la Guerre des Juifs sur les Esséniens rapporte leur division en « quatre lots » ou « quatre classes », on trouve la définition des « quatre catégories[35] » d'Esséniens[36]. Parmi celles-ci, tant les Sicaires que les Zélotes — qui sont présentés comme les deux noms du même groupe — et ce qui semble être la Quatrième philosophie, sont issus du mouvement essénien, qui se serait séparé en quatre tendances[34],[35].

Dans ce contexte, la « secte du Yahad » peut être l’un de ces groupes. Il est même possible que le Yahad soit les esséniens, ou l'une de ses quatre tendances. Mais ils ne s’identifient pas nécessairement avec la description simpliste et apologétique de Flavius Josèphe. De nombreux chercheurs estiment aussi que la vision de Roland de Vaux et le « modèle standard<[37] », qui font d'un petit groupe de sectaires repliés à Qumrân les auteurs ou les scribes de la quasi-totalité de la littérature apocalyptique juive, ne peut plus être soutenue aujourd'hui, tant au regard du contenu des textes que des découvertes archéologiques effectuées depuis l'énoncé de sa thèse[38].

Difficultés[modifier | modifier le code]

Flavius Josèphe présente Judas le Galiléen (ou Judas de Gamala) comme un « philosophe », chef d'une « secte », qu'il appelle « quatrième philosophie », mais sans rapport avec les trois autres « sectes » du judaïsme qu'il mentionne : les Sadducéens, les Pharisiens et les Esséniens[39]. Il blâme les partisans de Judas, les rendant responsables du déclenchement de la Grande révolte juive[40] et de la destruction du Temple de Jérusalem. Bien que la notice de Josèphe au sujet de ce mouvement soit extrêmement brève, les historiens considèrent que c'est le groupe d'opposition aux pouvoirs établis le mieux connu[41] tant l'imprécision et la confusion terminologique sont grandes à l'égard des Sicaires, des Zélotes[30] et des Esséniens, alors que Josèphe observe un total silence au sujet des autres groupes oppositionnels comme les Baptistes ou les Nazôréens (le mouvement créé par Jésus de Nazareth). De plus, Flavius Josèphe introduit une confusion terminologique supplémentaire car outre « Sicaires » et « Zélotes », il fait aussi usage des termes de « bandits » et de « brigands »[42], s'appropriant ainsi « le vocabulaire discriminatoire des Romains[43]. »

Toutefois, une version de la notice utilisée par Flavius Josèphe au sujet des Ésséniens, que l'on trouve dans un texte attribué à Hippolyte de Rome, dit que tant les Sicaires, les Zélotes et ce qui semble être la Quatrième philosophie, sont issus du mouvement essénien, qui se serait séparé en quatre tendances[34],[35]. Cette notice vient donc contredire Flavius Josèphe qui présentait presque ce mouvement comme un corps étranger au judaïsme. D'autre part, elle vient aussi contredire les descriptions idéalisées des Esséniens par Josèphe et Philon d'Alexandrie[44], qui insistaient pour les présenter comme des pacifistes. En revanche, elle tend à confirmer la réelle nature des esséniens qui ont stockés les manuscrits de la mer Morte à Qumrân et qui avait semblé si étonnante lorsque les manuscrits ont été publiés[45].

En plus de cette confusion terminologique et de cette incertitude sur l'origine de la Quatrième philosophie, des Sicaires et des Zélotes, le problème a été « complexifié par les nombreux critiques qui s'y sont intéressés avec un objectif plus ou moins déclaré, consistant à éloigner la perception historique de Jésus de Nazareth des eaux troubles de toute révolte sociale à caractère violent[46],[Note 5]. »

Origine de la Quatrième philosophie[modifier | modifier le code]

Comme cela a été dit, il n'y a pas de consensus au sujet de la nature effective du mouvement de Judas de Gamala et sur le moment où le mouvement Zélote a été créé[47]. Quelques critiques ont émis l'hypothèse que la Quatrième philosophie puisse être issue des Pharisiens[44]. Toutefois en s'appuyant sur une version peu connue de ce qui semble être la notice utilisée par Flavius Josèphe, certains critiques ont émis l'hypothèse qu'aussi bien le mouvement de Judas de Gamala, que les Sicaires et les Zélotes sont issus des Esséniens[34]. Un texte attribué à Hippolyte de Rome (Réfutation de toutes les hérésies, IX, § 26), retrouvé au XIXe siècle, paraît s'appuyer sur la même notice que Flavius Josèphe dans la Guerre des Juifs à leur propos[48]. Toutefois, à l'endroit où la notice de Josèphe sur les Esséniens rapporte leur division en « quatre lots » ou « quatre classes », dans celle-ci on trouve la définition des « quatre catégories[35] » d'Esséniens :

« Certains d'entre-eux en effet, poussent les pratiques à l'extrême, jusqu'à ne pas tenir en main une pièce de monnaie, déclarant qu'il ne faut ni porter, ni regarder, ni fabriquer d'effigie ; aussi nul de ceux-ci n'ose même entrer dans une ville, de peur de franchir une porte que surmontent des statues, estimant qu'il est sacrilège de passer sous des images. Certains autres d'entre-eux, lorsqu'ils entendent un individu discourir sur Dieu et sur ses lois, s'assurent, s'il est incirconcis, que cet individu est seul dans un endroit, puis ils le menacent de l'assassiner, s'il ne se laisse pas circoncire : s'il ne veut pas obtempérer, loin de l'épargner, on l'égorge : c'est de cela, étant donné ce qui se passe, qu'ils ont reçu leur nom, celui de Zélotes ou de la part de quelques-uns, celui de Sicaires. D'autres encore parmi eux refusent de donner à personne le nom de maître, sauf à Dieu[49]. »

Dans cette version quatre groupes d'Ésséniens sont identifiés et non quatre classes[48] et ils se seraient créés au fil du temps[44]. Les Zélotes seraient donc rattachés aux Esséniens, dont ils seraient une émanation tardive et avec laquelle ils refuseraient de frayer[50]. Ceux qui « refusent de donner à personne le nom de maître, sauf à Dieu » seraient les membres de la quatrième philosophie puisque c'est la définition que donne Josèphe pour ce groupe[51], disant qu'ils sont prêts à subir « les genres de mort les plus extraordinaires[52] » et que « les supplices de leurs parents et amis les laissent indifférents, pourvu qu'ils n'aient à appeler aucun homme du nom de maître[52]. »

Selon André Dupont-Sommer, la notice d'Hippolyte est étroitement parallèle à celle de Josèphe et semble en être un abrégé[53]. Robert Eisenman estime que soit les deux auteurs ont utilisé une source commune, soit l'auteur en est Josèphe lui-même pour sa version de la Guerre des Juifs en araméen[48] et que ce passage a été volontairement omis dans les versions en grec. Pour lui, ce que Josèphe semble avoir fait pour définir la Quatrième philosophie, c'est couper ce qui décrivait l'un des quatre groupes d'Esséniens dans sa notice initiale pour l'écrire comme définition du mouvement de Judas de Gamala[51].

Pour Eisenman, cette notice d'Hippolyte permet de résoudre les contradictions que l'on a trouvées entre les descriptions idéalisées des Esséniens par Josèphe et Philon d'Alexandrie et les manuscrits de la mer Morte[44], où le groupe qui écrit — identifié à des Esséniens — est littéralement obsédé par les « féroces Kittim[54] », derrière lesquels on reconnaît aisément les Romains[55] et dont de nombreux écrits parlent de guerres apocalyptiques (en) qu'il faudra mener contre eux. Philon d'Alexandrie et Josèphe insistaient en effet sur l'aspect que l'on pourrait qualifier de « non violent » de la doctrine des Esséniens, les conduisant même jusqu'à refuser de posséder des armes[56]. Ils soulignent que lorsqu'ils voyageaient, les Esséniens n'emportaient que des armes défensives[27] et Philon indiquait que pas un seul d'entre-eux ne fabriquait d'armes. Cela lèverait la principale objection d'un certain nombre d'historiens, comme Norman Golb[57], Michael Wise[58], ou André Paul[59] qui les avait conduits à douter que la secte de la mer Morte soient les Esséniens, dont certains faisaient remarquer qu'outre à Qumrân, le seul endroit où l'on a retrouvé des manuscrits appartenant au même mouvement était la forteresse de Massada, qui a toujours été contrôlée par les Sicaires et/ou les Zélotes, ce qui selon eux permettait de savoir qui étaient ceux qui lisaient ces rouleaux au moment de la Grande révolte juive[60],[61] (66-74). D'autre part, si ceux qui occupaient Qumrân au moment de l'arrivée des Romains étaient en accord avec les manuscrits comme cela est très largement admis, l'archéologie montre qu'ils ont résisté[60],[Note 6]. Les manuscrits retrouvés à Qumrân étaient sur ce point tellement différents de ce que disaient Philon et Josèphe que certains commentateurs, comme G. R. Driver ou Cecil Roth ont même proposé d'identifier les auteurs de ces manuscrits à des Zélotes[45].

« Banditisme » ou « résistance »[modifier | modifier le code]

Le problème des Sicaires et des Zélotes « relève aussi du phénomène des bandits et des résistants dans la Palestine romaine avant la première révolte[42]. » Pour désigner les membres de ces groupes, Flavius Josèphe introduit une confusion terminologique car outre « Sicaires » et « Zélotes », il fait aussi usage des termes de « bandits » et de « brigands »[42], utilisant le mot grec lestaï[43]. Il s'approprie ainsi « le vocabulaire discriminatoire des Romains, semblant vouloir ignorer les motivations sociales et politiques qui ont pu animer certains membres des groupes qu'il décrit[43]. » Dans la littérature talmudique, au mot grec lestaï correspond le mot birioné ou bariona.

Les termes utilisés par Flavius Josèphe « montrent que ces bandits sont parfois considérés par le peuple comme des résistants et que leur refus de l'autorité s'appuie sur une attente eschatologique et messianique[62]. » Le banditisme ou la résistance s'est maintenu dans certaines régions de la Palestine[43]. C'est « une conséquence des difficultés économiques conduisant à l'endettement des paysans et au chômage des artisans et des ouvriers[63]. » Ce phénomène est une des constantes des réalités sociales de l'Antiquité romaine, plutôt général dans l'Empire romain et ne touchant pas exclusivement la Palestine[64]. Il provoque une véritable insécurité des campagnes[64]. Pour bien comprendre ce phénomène, il faut probablement « remonter au IIe siècle av. J.-C. et à l'insurrection macchabéenne qui, d'un certain point de vue en relève[64]. »

En Palestine, la Galilée est le principal foyer de cette agitation[64]. En 47 - 46 avant notre ère alors qu'il n'est encore que stratège de Galilée[65],[64], Hérode est obligé de lutter contre Ézéchias, un insurgé galiléen dont les coups de main allaient jusqu'à harceler la ville de Tyr[64]. C'est encore en Galilée que son fils Judas conduit l’attaque de la garnison romaine de Sepphoris (7 km au nord de Nazareth) et s'empare de son arsenal[66], indiquant ainsi ses prétentions messianiques à la succession d'Hérode le Grand[64] qui vient de mourir (4 avant notre ère)[65]. Malgré son échec, « il dirige encore une nouvelle révolte en 6 de notre ère, lors de la déposition d'Archélaos, contre le recensement du légat Quirinius et ensuite contre l'administration du préfet Coponius[64] (v. 6 à 9). »

De la mort d'Hérode au déclenchement de la Grande révolte, les troubles ne cessent guère[64]. Le phénomène semble s'amplifier à chaque changement de statut de la région, l'espoir dans une amélioration des conditions sociales et fiscales étant à chaque fois déçu[67]. « Bien souvent alternent soulèvements populaires et provocations des autorités romaines[68]. » Ces émeutes insurrectionnelles présentent un caractère répétitif, en apparence anecdotique[69]. Toutefois, « le temps fait son œuvre parmi les élites religieuses et politiques judéennes[70] ». La multiplication des interventions des notables auprès des autorités romaines, pour « défendre les intérêts du peuple et sans doute aussi les leurs » entre 52 et 66 en est l'illustration[70]. Lorsque vers 60, Néron décide que Césarée est une ville grecque — ce qui a pour effet de déchoir du droit de citoyenneté les Juifs de la ville, qui faisaient d'eux les égaux des Grecs[71] — les affrontements entre Juifs et Samaritains reprennent de plus belle.

Tout concourt à exacerber les tensions et on peut considérer qu'à partir du début des années 60 la Palestine est en état de révolte[70]. « Au milieu des années 60 la classe dirigeante judéenne semble rompre ouvertement avec les autorités romaines[70]. » « En se plaçant à la tête du soulèvement de 66, la classe dirigeante judéenne semble vouloir espérer regagner ce dont l'a privée sa collaboration avec Rome : le pouvoir et le prestige[70]. »

Mouvement Galiléen[modifier | modifier le code]

Le mouvement de Judas le Galiléen est probablement à l'origine de la désignation de Galiléen pour l'une des sept sectes juives que les auteurs chrétiens comme Justin de Naplouse[Note 7] et Hégésippe mentionnent au IIe siècle[32],[Note 8]. Ce nombre de sept sectes est sans doute symbolique et ne reflète que la grande pluralité du judaïsme au début de notre ère[72],[73]. À la suite de Nodet et de Taylor, François Blanchetière note que « le judaïsme galiléen se révèle fortement marqué pas ses attaches babyloniennes et par un puissant mouvement contestataire[74] » qui se manifeste d'abord dans l'action d'Ézéchias, puis dans celle de Judas, dit le Galiléen et enfin par celle de Jean de Gischala dès le début de la Grande révolte en Galilée[74] (66), avant que ce dernier devienne chef des Zélotes à Jérusalem[32] (68-70).

Jésus et le mouvement Galiléen[modifier | modifier le code]

L'appellation Galiléen est bien moins péjorative que celles de « bandits » ou de « sicaires ». Toutefois celle-ci semble désigner une mouvance plutôt qu'une secte précise. « Galiléen » « serait devenu le terme générique des Juifs qui se sont reconnus dans l'idéal politique et religieux de Judas, comme les Sicaires ou bien d'autres mouvements proches des Zélotes[32]. »

Le mouvement créé par Jésus semble lui aussi avoir été appelé Galiléen, avant que l'appellation Nazôréens (notzrim) ne s'impose en milieu araméophone[75]. « Vers 90, en Épire, Épictète (Arrien, Entretiens, 4, 7) connaît un groupe d'hommes qu'il appelle « Galiléens », prêt à mourir, insensibles aux menaces de l'empereur Domitien ; à ses yeux, ces gens ne sont pas mûs par la raison, mais par le fanatisme[76]. » Alors que dans les langues occidentales les traductions du grec christianos (Chrétiens) se sont imposées, François Blanchetière note que l'appellation Galiléen trouvée dans certains passages des évangiles se retrouve chez Épictète « mais surtout chez l'empereur Julien qui rédigera un Contre les Galiléens[77] » dirigé contre les chrétiens « et qui selon une légende, se serait exclamé sur son lit de mort : Tu as vaincu, Galiléen[77] ! » désignant ainsi Jésus Christ. Dans les Actes de Théodat d'Ancyre (31) les polythéistes appellent Jésus un « meneur de Galiléens »[77]. De même, l'encyclopédie byzantine appelée la Souda indique que les chrétiens ont un temps été appelés Galiléens[77],[Note 9]. Chez Flavius Josèphe et dans le Nouveau Testament, l'épithète « Galiléen » « désigne non seulement une province d'origine, mais au moins autant des courants dissidents qui refusent en particulier la domination romaine tout comme les compromissions du pouvoir de Jérusalem[78]. » Dans les évangiles « Galiléens traduit ceux qui ont reçu la parole » comme en Jean 4, 45, et « Galiléen » au singulier est un quasi équivalent de disciple de Jésus (Jn 7, 52 ; Mc 14, 70) ; en revanche « Juifs » (Judéens) « traduirait ceux qui l'ont rejeté »[79]. Par ailleurs, dans des sources juives polémiques comme les Toledoh Yeshu, les compagnons de Jésus sont toujours appelés les « peritsim »[Note 10], qui est en général traduit par « vauriens », mais dont Jean-Pierre Osier précise qu'une meilleure traduction serait « brigands »[Note 11]. C'est aussi cette appellation hébraïque que le Romain Sossionus Hierocles semble avoir traduit dans un texte perdu intitulé « Discours ami de la vérité contre les Chrétiens », mais cité par Lactance[80]. Pour sa part Celse utilise l'appellation lestai (brigands) pour désigner les disciples de Jésus[80] et qualifie Jésus de chef de sédition[81].

Josèphe se révèle être « Pharisien »[modifier | modifier le code]

Dans la Vita, un thème important est la revendication par Josèphe de son appartenance aux Pharisiens[3]. Selon lui, à l'âge de 16 ans il aurait fait un stage chez les Pharisiens, les Sadducéens et les Esséniens, puis aurait passé trois ans avec un Baptiste appelé Bannous[1],[Note 12] (Βάννουν), qui « vivait austèrement dans le désert[82] » et « se baignait plusieurs fois le jour et la nuit dans l'eau froide[82] », il serait « retourné à la ville à l'âge de dix-neuf ans[2] » et aurait alors « commencé à [s]'impliquer dans la vie publique[2] », en embrassant la « secte »[Note 13] (αἱρέσεις) des Pharisiens[2],[3]. Visiblement en écrivant cela, Josèphe « ne s'attend pas à ce que ses lecteurs se souviennent de son affirmation faites 20 ans auparavant, selon laquelle les Esséniens ont besoin de trois ans pour être totalement admis dans le groupe (Guerre des Juifs II, 138)[83]. » Une donnée qui rend très peu probable ses trois années d'études dans les trois écoles ainsi que chez Bannous[83]. S'il est vraiment resté trois ans avec Bannous, ce qu'il écrit devient même impossible[83]. Pour Shaye J. D. Cohen, « l'impossibilité chronologique de cette section peut être un signe non-pas d'une corruption textuelle, mais de sa fausseté : Josèphe dispose de trois ans pour étudier avec Bannous car sa tournée des académies est imaginaire[6]. » Pour lui, « sa revendication d’appartenance aux Pharisiens — une part importante de l'apologétique religieuse de la Vita — est probablement fausse aussi[6]. » Josèphe aurait été Pharisien, mais n'en aurait rien dit, ni laissé transparaître, dans ses 29 livres précédents, qui ont même parfois été très critiques pour ce groupe (Guerre des Juifs I, 110-114; Antiquités judaïques XIII, 288-298, 400-432; XVII, 41-45)[84]. Si Josèphe est Pharisien depuis sa jeunesse, qu'est-ce qui l'a poussé à ne pas dire un mot des grand sages Pharisiens que sont Gamaliel l'Ancien, Hillel le Babylonien[85], Yoḥanan ben Zakkaï et Shammaï ? Si ce dernier se cache derrière celui qu'il appelle Saméas pourquoi l'associe-t-il à un personnage qui semble être Abtalion (Pollion) suggérant ainsi qu'il s'agit de Shemaya, car c'est lui, et pas Shammaï, qui formait un zoug (paire) avec Abtalion[86]. Des absences et une confusion bien étrange pour un historiographe très informé surtout si celui-ci est Pharisien. Parallèlement, il semble aussi confondre ceux qu'il appelle Pollion et Sameas[87], qui pourtant quelle que soit l'identité de Sameas sont des Pharisiens[4]. Toutefois pour Robert Eisenman, le manque de précision et les glissements terminologiques de Josèphe ne portent pas seulement sur les Pharisiens, mais sur l'ensemble des sectes juives qu'il décrit, notamment les Esséniens et les groupes révolutionnaires[4], alors que tous les critiques notent qu'il ne donne jamais de claires définitions de la Quatrième philosophie, des Sicaires ou des Zélotes, ni n'indique de quels groupes ils sont issus[8].

Par une multitude de détails, Josèphe se présente même dans sa Vita comme observant strictement les interdits de la Torah[88] et ce sont ses adversaires (Jean de Gischala ou la délégation envoyée pour le destituer) dont la piété serait fausse[89]. Une thématique absente de la Guerre des Juifs[90]. Ce motif est clair au début de l'épisode de la délégation chargée de le démettre de ses fonctions[3]. Dans la Vita, « Josèphe admet que Simon ben Gamaliel était la force agissante derrière la tentative de le renvoyer (V 190, 193-196) et que trois des quatre membres de la délégation envoyée depuis Jérusalem étaient Pharisiens[3] (V 197) », alors que le passage parallèle du livre II de la Guerre des Juifs (626) n'en disait rien et ne mentionnait même pas Simon[88].

Simon fils de Gamaliel[modifier | modifier le code]

Grâce à la Vita nous apprenons donc que c'est Simon ben Gamaliel qui a choisi la délégation chargée de destituer Flavius Josèphe[88]. Cette tentative a été fomentée par Jean de Gischala, du fait de sa jalousie (V 189)[88]. Simon est présenté comme un ami de longue date de Jean[88], lui-même présenté comme le pire des brigands (leste) dans la Guerre des Juifs[91]. Ce fils de Gamaliel l'Ancien[92] — autorité pharisienne totalement absente des livres de Josèphe — aurait organisé le versement de pot-de-vin au grand-prêtre Ananias pour que celui-ci valide l'envoi d'une force pour le destituer[88]. Le plus surprenant, c'est que juste après avoir raconté cela, Simon et sa famille reçoivent un éloge dithyrambique de la part de Josèphe[88],[Note 14]. D'après la Vita, Simon « était d'une naissance fort illustre, Pharisien de secte, et par conséquent attaché à l'observation de nos lois, homme fort sage et fort prudent, capable de conduire de grandes affaires[Note 14] »[88]. Alors que lorsqu'il avait écrit le passage parallèle du livre II de la Guerre des Juifs[93] vingt ans plus tôt, Josèphe avait estimé que « Simon n'était pas digne d'être mentionné[88]. » Appelé Syméon, il apparaît uniquement dans le livre IV de la Guerre des Juifs comme l'un des leaders qui, au début 68, poussent le peuple à résister aux Zélotes[88]. Le prétexte avancé pour cette subite mobilisation, c'est que les Zélotes qui occupent le Temple depuis le début, ont désormais décidé de désigner le grand-prêtre par tirage au sort parmi les familles sacerdotales[94]. Le sort a désigné Pinhas ben Shmouel que Josèphe présente comme un « rustre[92] » qui n'appartient même pas à une famille de chefs de prêtres[94],[Note 15]. Dans la Guerre des Juifs, rien de plus n'est dit à propos de Simon fils de Gamaliel, il n'est même pas mentionné qu'il est Pharisien[88]. Jusqu'à l'écriture de la Vita, c'était la seule mention d'un membre de la famille des Gamaliel. On dirait que pour Josèphe « entre l'écriture de la Guerre des Juifs et la Vita, l'importance de Simon a spectaculairement augmenté[88]. » Pourtant ce dernier a été tué pendant la révolte, mais c'est son fils Gamaliel le Jeune qui depuis 80-85 est le dirigeant de l'Académie de Yabneh[95]. Il semble être le premier à recevoir le titre prestigieux de nasi (« prince », souvent traduit par « président » ou « patriarche »)[95]. Cette Académie a été créée par le Pharisien Yohanan ben Zakkaï avec l'autorisation impériale après la prise de Jérusalem, puis Yohanan semble l'avoir transformée en « assemblée » ou « synode », dans le but de la substituer au Sanhédrin disparu après la ruine du Temple[96] (70). L'élection de Gamaliel par les rabbins a été confirmée par le gouverneur romain de Syrie[95]. L'influence des Pharisiens s'est donc considérablement accrue et Josèphe a besoin de leur soutien[88]. L'attitude de Josèphe signifie-t-elle qu'ils sont aussi influents à Rome[88] ? Il n'y a aucune source qui indique cela[88]. Mais à la fin du règne de l'empereur Domitien, Gamaliel le Jeune séjourne à Rome à la tête d'une délégation de l'Académie de Yabneh (Talmud de Babylone, Sanhedrin, 39a, 90b-91a ; Midrash, Shemoth Rabba 30)[97].

Pour Robert Eisenman, il est probable que Josèphe a été mis en cause par Domitien[7]. Il a même peut-être été emporté dans la tourmente des exécutions ayant eu lieu lors de la persécution de Domitien et exécuté au même moment qu'Épaphrodite[7] (fin 95-début 96). Pour une part importante de la critique, l'ancien secrétaire de Néron, devenu secrétaire des trois empereurs flaviens est le patron littéraire appelé Épaphrodite, que Josèphe salue ou remercie dans toutes les œuvres qu'il a publiées après la mort de Titus. Toutefois, comme cela a été dit, une partie de la critique estime que la Vita n'a pas été écrite en 94/95, mais après 100. Dans ce cas, ce panégyrique du père de Gamaliel le Jeune et des Pharisiens, n'aurait rien à voir avec la présence à Rome de cette délégation de rabbins.

Absence de la famille Gamaliel et des grands Pharisiens chez Josèphe[modifier | modifier le code]

Alors que figure dans son oeuvre plus de cent personnages du judaïsme palestinien, à l'exception de la brève mention de Simon ben Gamaliel[88], Flavius Josèphe ne mentionne les dirigeants Pharisens membres de la famille de Gamaliel à aucun moment, comme par exemple Gamaliel l'Ancien ou Hillel le Babylonien[85], un parent de Gamaliel, peut-être son grand-père[95]. Il ne mentionne pas non plus le Pharisien Yohanan ben Zakkai, son contemporain, fondateur de l'Académie de Yabneh après la prise de Jérusalem[96]. De même, Shammaï, l'autre dirigeant Pharisien qui forme un zoug (paire) avec Hillel à l'époque d'Hérode le Grand qui règne de 37 à 4 av. J.-C., ne semble pas être mentionné, alors qu'il consacre un passage à Menahem l'Essénien qui aurait brièvement précédé Shammaï dans cette fonction[98],[99]. Cette absence des dirigeants pharisiens chez Josèphe est notable, car il n'y a aucun doute qu'il s'agissait de personnages très importants du judaïsme de l'époque[100]. Étrange choix pour quelqu'un qui déclare avoir choisi à l'âge de 19 ans d'être Pharisien, tout comme l'étaient Yohanan, Gamaliel, Shammaï, ainsi que Hillel si l'on en croit les sources rabbiniques. L'absence de Hillel, qualifié de « Babylonien » dans les sources rabbiniques, est d'autant plus embêtante que selon le Talmud, ce sont les Anciens de Bathyra qui l'ont promu au rang de patriarche, c'est-à-dire ces juifs « babyloniens » de Batanée, dont 80 ans plus tard Josèphe aura bien du mal à choisir une version au sujet du comportement de leurs chefs pendant la révolte, notamment Philippe de Bathyra et Charès.

En revanche, Josèphe semble mentionner brièvement les prédécesseurs de Hillel et Shammaï, en leur donnant les noms de Saméas (Σαμαίας) et Pollion (Πολλίων) qui pourraient correspondre à Shemaya et Abtalion[101],[Note 16]. Il faut donc remonter à l'époque d'Hyrcan II, grand prêtre de 63 à 40 av. J.-C., pour trouver le nom de dirigeants pharisiens. De plus, il y a un problème car Josèphe attribue à Abtalion et Shemaya le même discours dans les mêmes circonstances[87],[4],[Note 17] et présente celui qui semble être Shemaya, qu'il appelle Saméas, comme un disciple de celui qui semble correspondre à Abtalion qu'il appelle Pollion[87],[Note 18]. Or, le disciple d'Abtalion dont la translittération du nom en grec pourrait être Saméas c'est Shammaï et pas Shemaya[87], mais il est impossible chronologiquement que Shammaï ait été membre du Sanhédrin en 47 av. J.-C.[4]. Là encore, cette double confusion est bien étrange surtout pour un érudit pharisien. Donc, soit Flavius Josèphe est mal à l'aise avec ses sources, soit il cherche à cacher quelque chose pour se préserver, ou pour appliquer les consignes de ses commanditaires[86].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, PUF, (ISBN 978-2-13-056396-9).
  • Mireille Hadas-Lebel, Jérusalem contre Rome, Paris, Cerf, .
  • François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Paris, Cerf, (ISBN 978-2-204-06215-2).
  • (en) Robert Eisenman, James the Brother of Jesus And The Dead Sea Scrolls, The Historical James, Paul as the Enemy, and Jesus' Brothers as Apostles, Vol. I, GDP, , 411 p. (ISBN 9780985599133).
  • (en) Robert Eisenman, James the Brother of Jesus And The Dead Sea Scrolls, The Damascus Code, the Tent of David, the New Convenant, and the Blood of Christ, Vol. II, GDP, , 443 p. (ISBN 9780985599164).
  • (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, , 722 p. (ISBN 0-8006-2621-4).
  • André Dupont-Sommer, Les Écrits esséniens découverts près de la mer Morte, Paris, Payot, (1re éd. 1959) (ISBN 2-228-12740-X).
  • Michael Wise, Martin Abegg et Edward Cook, Les Manuscrits de la mer Morte, Paris, Perrin, (ISBN 2-262-02082-5).
  • Norman Golb, Qui a écrit les manuscrits de la Mer morte ? : Enquête sur les rouleaux du désert de Juda et sur leur interprétation contemporaine, Paris, Plon, (ISBN 9782259183888).
  • André Paul, La Bible avant la Bible : La grande révélation des manuscrits de la mer Morte, Paris, Cerf, (ISBN 2-204-07354-7).
  • André Paul, Qumrân et les esséniens : L'éclatement d'un dogme, Paris, Cerf, (ISBN 978-2-204-08691-2).
  • Robert Eisenman, The Dead Sea Scrolls and the First Christians, .
  • Xavier Levieils, Contra Christianos: la critique sociale et religieuse du christianisme des origines au concile de Nicée (45-325), Berlin, Walter de Gruyter, .

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Selon André Paul, « Flavius Josèphe rapporte une expérience singulière. Dans sa jeunesse et cherchant sa voie, il séjourna chez les Esséniens, puis auprès de Bannos, sorte de moine du désert dont les traits et les mœurs rappellent d'assez près ceux de Jean Baptiste. Voici ce qu'il écrit : "Ayant entendu parler d'un certain Bannos qui vivait au désert, se contentait pour vêtement de ce que lui fournissaient les arbres, et pour nourriture, de ce que la terre produit spontanément, et usait de fréquentes ablutions d'eau froide de jour et de nuit, par souci de pureté, je me fis son émule." (Autobiographie, 11) ». Cfr. André Paul, Les Mouvements baptistes.
  2. Philon d'Alexandrie, cité par Laurent Héricher, écrit : « La Syrie palestinienne non plus n'est pas stérile en hautes vertus, c'est là que se trouve disséminée une partie nullement faible de la nation juive, extrêmement nombreuse en hommes. Certains de ceux-ci sont appelés du nom d'esséens. Ils forment une foule de plus de 4 000 personnes. » cf. Laurent Héricher, « Les esséniens entre mythe et réalité », dans Qumrân le secret des manuscrits de la mer Morte, Paris, BNF, 2010, p. 130, traduit par E. del Medico, Le Mythe des esséniens des origines à la fin du Moyen Âge, Paris, Plon, 1958.
  3. Selon Justin de Naplouse, il y avait sept hérésies juives: les Sadducéens, les Génistes, les Méristes, les Galiléens, les Helléniens, les Pharisiens et les Baptistes. cf. Emmanuel Luhumbu Shodu, La mémoire des origines chrétiennes selon Justin Martyr, p. 267.
  4. Selon Hégésippe : « II y avait, dit-il, chez les circoncis, parmi les fils d'Israël, différentes croyances contre la tribu de Juda et contre le Christ, Ce sont celles des Esséniens, Galiléens, Hémérobaptistes, Masbothéens, Samaritains, Sadducéens, Pharisiens. », cité par Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, IV, 22, 7.
  5. Pour Simon Claude Mimouni, « le livre de Christophe Mézange, qui a repris en totalité la question à frais nouveaux, n'échappe pas nécessairement à cette critique même si son travail est une avancée importante en la matière. cf. Mimouni 2012, p. 439. »
  6. Dans le compte-rendu des recherches archéologiques de l'équipe qui travailla de 1953 à 1956 sur le site de Qumrân, on lit: Les bâtiments « ont été ruinés par une action militaire » dont « témoignent l'effondrement des plafonds », des flèches en fer et l'incendie des toitures. « On a trouvé des preuves que les toits avaient été brûlés, que les plafonds et les superstructures s'étaient effondrés. » Dans son rapport archéologique, Roland de Vaux indique que la tour « chaussée de son talus de pierres, résista mieux. » Pour Norman Golb, « la présence de flèches en fer, de type romain, indique qu'une troupe de soldats romains avaient attaqué puis pris la place. » (Golb 1998, p. 7). À ces éléments Franck M. Cross qui avait participé aux fouilles ajouta lors de la publication de son livre un point que Norman Golb estime crucial et dont il s'étonne que De Vaux ne l'ait pas mentionné. Cross indique que « les murs furent sapés [et] les ruines des bâtiments [...] furent enfouies dans des couches de cendres provenant d'un grand incendie. (Franck M. Cross, cité par Golb 1998, p. 7) » Norman Golb remarque que « saper les murs en creusant des galeries souterraines » était une technique classique de la poliorcétique que les stratèges romains utilisaient pour prendre des fortifications ennemies qui ne pouvaient pas être prises autrement. Ces galeries étaient soutenues par des poutres en bois qui étaient mises à feu quand les troupes avaient fini de creuser (Golb 1998, p. 7). Selon Roland de Vaux, la prise du site par les Romains aurait eu lieu en 68. Compte tenu de l'incertitude sur le déploiement des forces romaines, les historiens préfèrent retenir la fourchette de 68-70, au plus tard quelques mois après la chute de Jérusalem (août 70). (Golb 1998, p. 8)
  7. Selon Justin de Naplouse, il y avait sept hérésies juives: les Sadducéens, les Génistes, les Méristes, les Galiléens, les Helléniens, les Pharisiens et les Baptistes. cf. Emmanuel Luhumbu Shodu, La mémoire des origines chrétiennes selon Justin Martyr, p. 267.
  8. Selon Hégésippe : « II y avait, dit-il, chez les circoncis, parmi les fils d'Israël, différentes croyances contre la tribu de Juda et contre le Christ, Ce sont celles des Esséniens, Galiléens, Hémérobaptistes, Masbothéens, Samaritains, Sadducéens, Pharisiens. », cité par Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, IV, 22, 7.
  9. Une mention des « Galiléens » dans une lettre de Simon Bar Kokhba, le leader de la révolte de 132-135, fait aussi débat. Certains historiens estiment que ces « Galiléens » que Simon ordonne de garder sont des membres de la secte des Galiléens, voire des chrétiens. En revanche, d'autres historiens estiment que le terme Galiléens désignent simplement des habitants de la Galilée. cf. Encyclopædia Universalis, 1990, Volume 3, p. 827.
  10. Certains manuscrits comportent une petite variation sur ce nom après un épisode de la vie de Jésus situé à Tibériade. Les compagnons de Jésus deviennent alors les « destructeurs ». cf. Jean-Pierre Osier, L'évangile du Ghetto ou comment les Juifs se racontaient Jésus, Paris, 1984, Berg International Éditeurs.
  11. Jean Pierre Osier estime que le terme « peritsim » renvoie particulièrement au Livre de Daniel (XI-14) (les peritsim de son peuple) rendu en grec (Flavius Josèphe et la Septante) par lestaï, « brigands ». cf. Jean-Pierre Osier, L'évangile du Ghetto ou comment les Juifs se racontaient Jésus, Paris, 1984, Berg International Éditeurs, p. 26, note no 27.
  12. Bannous (Βάννουν) est inconnu par ailleurs.
  13. Grec: αἱρέσεις (hérésie) : Dans le grec ancien, le nom αἵρεσις signifie simplement choix, sélection ou élection, à partir du verbe αἱρέομαι «choisir», ainsi: l'objet de son choix (Platon, Phèdre 99B, Soph. 245B, Phaedr 249B, Aristote, Ath, pol, 3.6, Eth, Eud, 1249B, Lucian, Phal, 1.9). Mais peut-être parce que le terme était employé si fréquemment dans la discussion philosophique/éthique concernant le choix d'un mode de vie (Lucien, Hermès 21, 28), il était aussi devenu un terme technique pour désigner une école ou une secte philosophique. Josèphe présente la culture judéenne comme entièrement comparable à la culture grecque: elle a même ses propres philosophies. Bien que Josèphe ait souvent été accusé d'habiller les réalités juives dans un costume grec étranger (notamment Moore 1929: 371-89), il convient de rappeler que nous savons peu de choses sur les conditions concrètes de ces groupes au premier siècle. Les thèmes philosophiques avaient été profondément ancrés dans la littérature judéenne depuis au moins le deuxième siècle avant notre ère (Aristobulus, Eusèbe, Prape, 13.12.1, 4, 8, 4 Macc 1: 1, 5: 4, 8, 23, Philo). passim). C'est en accord avec cette perspective que Josèphe dépeint le judaïsme comme philosophie (S. Mason 1996, BJP 3.xxviii-xxxii). Donc, même s'il était le premier à appliquer le terme «école philosophique» aux pharisiens, aux sadducéens et aux esséniens, c'était un petit pas et non une réinterprétation audacieuse ad hoc. cf. Steve Mason, Life of Josephus, note no 69.
  14. a et b « Ce Simon de Jérusalem (Simon fils de Gamaliel) était d'une naissance fort illustre, Pharisien de secte, et par conséquent attaché à l'observation de nos lois, [192] homme fort sage et fort prudent, capable de conduire de grandes affaires, ancien ami de Jean, et qui alors me haïssait. [193] Ainsi touché des prières de son ami, il représenta aux grands sacrificateurs Ananus (Ἄνανον ), et Jésus de Gamala (Ἰησοῦν τὸν τοῦ Γαμαλᾶ'), et aux autres qui étaient de son parti, qu'il leur importait de m'ôter le gouvernement de la Galilée, avant que je m'élevasse à un plus haut degré de puissance ; mais qu'il n'y avait point de temps à perdre, parce que si j'en avais envie, je pourrais venir attaquer la ville avec une armée » (Flavius Josèphe, Autobiographie, § 191-193).
  15. Dans la Guerre des Juifs, Simon ben Gamaliel apparaît parmi «ceux réputés être exceptionnels» (οἱ προύχειν αὐτῶν δοκοῦντες), en compagnie des principaux prêtres Ananus et Jésus de Gamala, comme dans ce passage de la Vita § 191-193 (Steve Mason, Life of Josephus, note no 844). Ces dirigeants décident de lancer la guerre contre les Zélotes (Josèphe et Savinel 1977, p. 367). Jésus de Gamala, est celui qui selon la Vita (§ 204) viole le secret des délibérations du koinon de Jérusalem pour prévenir Josèphe qu'une délégation, accompagnée de 1000 hommes armés, dont 600 étaient dirigées par un certain Galiléen appelé Jésus, était envoyée pour le destituer (V §200-204).
  16. Antiquités judaïques, XV, I, 2-4 : « Lorsque Hérode eut soumis à son pouvoir la Judée entière, il récompensa ceux du peuple qui, dans la ville, alors qu'il n'était que simple particulier, s'étaient montrés ses partisans; quant à ceux qui avaient pris le parti de ses adversaires, il ne laissait pas passer de jour sans les poursuivre de ses châtiments et de ses vengeances. [3] Le Pharisien Pollion et son disciple Saméas furent surtout en honneur auprès de lui pendant le siège de Jérusalem, ils avaient en effet conseillé à leurs concitoyens d'ouvrir les portes à Hérode, et ils reçurent de celui-ci le retour de leurs bons offices. [4] Ce Pollion (le nom Pollion ici est étrange, car en Antiquités judaïques, XIV, IX, 4, c'est à un Saméas et non à Pollion que Flavius Josèphe attribue ce discours) était le même qui, lorsque Hérode autrefois avait passé en jugement sous une accusation capitale, avait prédit à Hyrcan (II) et aux juges, en leur reprochant leur lâcheté, qu’Hérode, s'il était acquitté, chercherait un jour à se venger d'eux tous : c'est, en effet, ce qui arriva alors, Dieu ayant permis que les prédictions de Pollion (Πολλίων ) se réalisassent. »
  17. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XIV, IX, 4 : « Cependant Sextus (César), gouverneur de Syrie, écrivit à Hyrcan (II) pour l'inviter à absoudre Hérode, ajoutant des menaces pour le cas où on lui désobéirait. Cette lettre de Sextus fournissait à Hyrcan un bon prétexte pour renvoyer Hérode sans qu'il fût inquiété par le Conseil car il l'aimait comme un fils. Quand Hérode se présenta au Conseil avec son escorte, il en imposa d'abord à tous, et aucun de ceux qui le décriaient avant son arrivée n'osa plus soutenir l'accusation personne ne bougea, on ne savait à quoi se résoudre. Telle était la situation, lorsqu’un certain Saméas, homme juste et par conséquent au-dessus de toute crainte, se leva et dit : « Conseillers et vous, roi, jamais je n'ai vu aucun des hommes appelés par vous en justice avoir pareille attitude, et je ne suppose pas que vous puissiez de votre côté citer un tel exemple. Quiconque arrive devant cette assemblée pour être jugé se présente humble, dans l'attitude d'un homme craintif, implorant notre pitié, la chevelure longue, revêtu de vêtements noirs. Et cet excellent Hérode, prévenu de meurtre, et cité sous ce chef d'accusation, comparait drapé dans la pourpre, la tête ornée d'une coiffure savante, entouré de soldats, afin que, si, obéissant à la loi, nous le condamnons, il puisse nous tuer et se sauver en violant le droit. Je ne fais aucun reproche à Hérode s'il met ainsi son propre intérêt au-dessus de la légalité ; c'est à vous que j'en fais, et au roi, pour lui avoir donné pareille licence. Sachez cependant que Dieu est grand, et que cet homme, que vous voulez aujourd'hui absoudre par égard pour Hyrcan, vous châtiera un jour, vous et le roi lui-même. » Sa prédiction se réalisa. Car Hérode, quand il se fut emparé de la royauté, fit mettre à mort tous les membres du Conseil, et Hyrcan lui-même ; il fit exception pour Saméas, car il l'estimait fort pour son honnêteté et pour avoir conseillé aux habitants, plus tard, lors du siège de la ville par Hérode et Sossius, de lui ouvrir les portes, assurant qu'en raison de leurs fautes, ils ne pouvaient lui échapper. Nous parlerons de ces événements en temps utile. »
  18. Selon Étienne Nodet et Justin Taylor, « si Pollion est bien un équivalent (latin) pour Abtalion, la transcription Saméas est ambiguë : elle peut provenir de Shemaya, tout comme de Shammaï, son disciple et l'adversaire inséparable de Hillel ; [lors du siège de Jérusalem en 37 av. J.-C. ], ce dernier est évidemment le plus vraisemblable. » cf. Nodet et Taylor 1998, p. 136.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Cohen 2002, p. 106.
  2. a b c et d Flavius Josèphe, Autobiographie, § 12.
  3. a b c d et e Cohen 2002, p. 144.
  4. a b c d et e Robert Eisenman, Confusions of “Pharisees” and “Essenes” in Josephus.
  5. Cohen 2002, p. 106-107.
  6. a b c d et e Cohen 2002, p. 107.
  7. a b c d e f et g Eisenman 2012 vol. I, p. 12.
  8. a b c et d Cohen 2002, p. 181.
  9. a et b Cohen 2002, p. 154.
  10. Hanne Von Weissenberg, 4QMMT, Edited by George J. Brooke and Charlotte Hempel. T&T Clark, p. 4.
  11. Wise, Abegg et Cook 2003, p. 40-41
  12. Eisenman 2012 vol. I, p. 12-14.
  13. Wise, Abegg et Cook 2003, p. 37
  14. Wise, Abegg et Cook 2003, p. 28
  15. Wise, Abegg et Cook 2003, p. 30
  16. a et b André Paul, Les Mouvements baptistes, 2005, sur http://www.clio.fr
  17. a et b Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, Livre 2, chap. VIII, 2-13.
  18. a et b Émile Puech, « Esséniens et interprétations » dans Qumrân le secret des manuscrits de la mer Morte, p. 135
  19. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 442, 444, 446 et 450.
  20. Jodi Magness, Que sait-on de Qumrân, Paris, Bayard, (ISBN 9782227472068), « Les manuscrits de la mer Morte et la communauté de Qumrân »
  21. a b et c Golb 1998, p. 3
  22. a et b Dupont-Sommer 1983, p. 45.
  23. a et b Laurent Héricher, « Les esséniens entre mythe et réalité » dans Qumrân le secret des manuscrits de la mer Morte, p. 130
  24. Philon d'Alexandrie, Quod omnis probus liber sit, XII, 75. Cité par Eusèbe de Césarée dans Preparatio evangelica, Livre 8, chap. XII.
  25. Philon d'Alexandrie, Apologie pro Judæis. Ouvrage perdu, mais dont certains passages nous sont connus par des citations qu'en fait l'écrivain chrétien Eusèbe de Césarée (v.265-339) dans Preparatio evangelica (« Préparation évangélique »), Livre 8, chap. XI.
  26. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, Livre 5, XV.
  27. a et b Golb 1998, p. 15.
  28. Flavius Josèphe (v. 75). Guerre des Juifs, 5, 145.
  29. Simon Claude Mimouni, Dormition et Assomption de Marie : histoire des traditions anciennes, p. 534.
  30. a et b Mimouni 2012, p. 441.
  31. Mireille Hadas-Lebel, Rome, la Judée et les Juifs, Picard, 2009.
  32. a b c et d Xavier Levieils, Contra Christianos: la critique sociale et religieuse du christianisme des origines au concile de Nicée (45-325), éd. Walter de Gruyter, Berlin, 2007, p. 138.
  33. Blanchetière 2001, p. 50.
  34. a b c et d Eisenman 2012 vol. II, p. 366-371.
  35. a b c et d Dupont-Sommer 1983, p. 43, note no 4.
  36. Dupont-Sommer 1983, p. 43.
  37. Wise, Abegg et Cook 2003, p. 27-28.
  38. Paul 2008, p. 165-166.
  39. Mimouni 2012, p. 446.
  40. Grabbe 1992, p. 500.
  41. Mimouni 2012, p. 444.
  42. a b et c Mimouni 2012, p. 438.
  43. a b c et d Mimouni 2012, p. 434.
  44. a b c et d Eisenman 2012 vol. II, p. 367.
  45. a et b Eisenman 2012 vol. II, p. 368.
  46. Mimouni 2012, p. 438-439.
  47. Mimouni 2012, p. 439-450.
  48. a b et c Eisenman 2012 vol. II, p. 366.
  49. Dupont-Sommer 1983, p. 43-44.
  50. Dupont-Sommer 1983, p. 44.
  51. a et b Eisenman 2012 vol. II, p. 369.
  52. a et b Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XVIII, I, 6.
  53. Dupont-Sommer 1983, p. 37.
  54. Wise, Abegg et Cook 2003, p. 28
  55. Wise, Abegg et Cook 2003, p. 30
  56. Wise, Abegg et Cook 2003, p. 37
  57. Norman Golb, Who Wrote the Dead Sea Scrolls ?, 2012, http://www.ebookIt.com.
  58. Wise, Abegg et Cook 2003, p. 36-46
  59. André Paul, Qumrân et les Esséniens : L'éclatement d'un dogme, Paris, Cerf, 2008.
  60. a et b Golb 1998.
  61. Wise, Abegg et Cook 2003, p. 46
  62. Mimouni 2012, p. 429.
  63. Mimouni 2012, p. 434-435.
  64. a b c d e f g h et i Mimouni 2012, p. 435.
  65. a et b Mimouni 2012, p. 445.
  66. Gérard Nahon , article Zélotes de l'Encyclopædia Universalis.
  67. Mimouni 2012, p. 435-436.
  68. Mimouni 2012, p. 436.
  69. Mimouni 2012, p. 436-437.
  70. a b c d et e Mimouni 2012, p. 437.
  71. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 257.
  72. cf. Marcel Simon, Les sectes juives au temps de Jésus, Paris, éd. PUF, 1961, Collection "Mythes et religion".
  73. Marcel Simon, Le Christianisme antique et son contexte religieux, Volume 1, 1981, Mohr : Tübingen, p. 103.
  74. a et b Blanchetière 2001, p. 48.
  75. Blanchetière 2001, p. 133.
  76. Jean-Pierre Lémonon, Les débuts du christianisme: de 30 à 135, éd. de l'Atelier, 2003, p. 21.
  77. a b c et d Blanchetière 2001, p. 139.
  78. Étienne Nodet, 1992, cité par Blanchetière 2001, p. 27.
  79. Kraemer, 1989 et Murray 1985, cités et repris par Blanchetière 2001, p. 28.
  80. a et b W. Horbery, Christ as brigand in ancient anti-Christian polemic, in E. Bammel, C. F. D. Moule, Jesus and the Politics of His Day, Cambridge University Presse, 1992, p. 192.
  81. W. Horbery, Christ as brigand in ancient anti-Christian polemic, in E. Bammel, C. F. D. Moule, Jesus and the Politics of His Day, Cambridge University Presse, 1992, p. 193.
  82. a et b Flavius Josèphe, Autobiographie, § 11.
  83. a b et c Steve Mason, Life of Josephus, note no 73.
  84. Steve Mason, Life of Josephus, note no 91.
  85. a et b Nodet et Taylor 1998, p. 133.
  86. a et b Nodet et Taylor 1998, p. 136-137.
  87. a b c et d Nodet et Taylor 1998, p. 136.
  88. a b c d e f g h i j k l m n o et p Cohen 2002, p. 145.
  89. Cohen 2002, p. 146.
  90. Cohen 2002, p. 145-146.
  91. Cohen 2002, p. 222.
  92. a et b Steve Mason, Life of Josephus, note no 844.
  93. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre II, 626.
  94. a et b Josèphe et Savinel 1977, p. 367.
  95. a b c et d Mimouni 2012, p. 486
  96. a et b Mimouni 2012, p. 485
  97. Mimouni 2012, p. 487.
  98. Nodet et Taylor 1998, p. 137.
  99. Knohl 2001, p. 90-91 et passim
  100. Nodet et Taylor 1998, p. 145.
  101. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère : des prêtres aux rabbins, Presses universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio », (ISBN 978-2-13-056396-9), p. 398

Réflexions d'Eisenman[modifier | modifier le code]

Plusieurs problèmes historiques et textuels émergent de l’identification des manuscrits de la mer Morte avec “les Esséniens”. Puisque la plupart de nos connaissances sur les «Esséniens» sont basées sur des notices de l’historien juif du premier siècle, Flavius Josèphe, il est raisonnable de supposer que certaines de ces difficultés proviennent des propres confusions, distorsions ou obscurcissements de données effectués délibérément ou non par Josèphe. À cet égard, il est souvent négligé que Josèphe lui-même admet travailler à partir de sources - deux des plus connues étaient Strabon de Cappadoce et Nicolaus de Damas (la source de Actes 6: 5 “Nicolaus un converti d’Antioche”? (très peu probable[1])

Les différentes sectes[modifier | modifier le code]

Dans Maccabées, Zadokites, Chrétiens et Qumran (EJ Brill, Leiden, 1984), j’ai délimité deux groupes de “Sadducéens”, un appelé “Opposition” et l'autre appelé “Establishment”. Pour des raisons de commodité, j’ai appelé ce dernier “Boethusien”. Cette scission est reflétée dans les sources talmudiques (et karaïte aussi) en allusion à une scission entre “Zadok et Boethus”. J’ai également identifié une «scission» antérieure mais parallèle entre «Opposition Hassidéenne», que le livre II des Macchabées (14: 5) étiquette comme « “guerriers, désireux de fomenter la sédition” », et une autre tendance plus temporisatrice « “Establishment Hassidaeans” », c’est-à-dire ceux qui se tournent vers un grand prêtre dont les antécédents généalogiques sont douteux, appelé Alcimus, nommé par les étrangers syriens gréco-séleucides et s’opposant aux Maccabées (vers 161 av JC - voir aussi 1 Macc 7:16). Encore pour des raisons de commodité - j’ai désigné le premier groupe «Zadokite Hassidaean» par opposition au dernier groupe, les «Pharisien Hassidaean» («Pharisien» portant la signification fondamentale en hébreu de «séparation de»).

Les deux - le premier dans “le Mouvement Hassidéen” et le second, “le Mouvement Sadducéen” - ont à voir avec les attitudes envers les étrangers en général et en particulier, comme on vient de le signaler, avec la nomination des Grands Prêtres par des étrangers. On devrait se rendre compte que dans ces «divisions», on a les origines des «partis» du Second Temple ou des dissensions «Sectaires». En fait, ces terminologies ont tendance à glisser beaucoup en fonction de qui les utilise et comment; et nulle part ce manque de précision n’est plus évident que dans les propres œuvres de Josèphe.

Une bonne compréhension de l’attitude des manuscrits de la mer Morte vis-à-vis de «l'Establishment hérodien» est également essentielle pour aborder ce problème. Beaucoup d’érudits ont trouvé impossible de déterminer si Qumran était pro-hérodien ou anti-hérodien et, par conséquent, n’ont pas pu donner un sens réel au relatif abandon du site pendant le règne d’Hérode (vers 37 - 4 av. J.-C.). Le matériau crucial relatif à l’attitude de « Qumrân » envers «l'Establishment hérodien» est contenu dans un document appelé «Document de Damas» en raison d’une référence à «la nouvelle alliance dans le pays de Damas», en particulier la condamnation de la «fornication» et des « “Riches” » trouvées dans les Colonnes IV-VI et ailleurs (et effectivement mises en parallèle dans d’autres documents là comme le Rouleau du Temple (en) et le Pesher du Psaume 37). Bien que ce document ait souvent été placé par des érudits au deuxième siècle avant JC sur des bases paléographiques (style d’écriture), je me suis vigoureusement attaqué à cela sur la base de “l’évidence interne” ou ce que les documents eux-mêmes disaient (see my blog on “Internal vs. External Evidence in the Dead Sea Scrolls”).

Dans ces colonnes et dans le Rouleau du Temple, par “fornication” (zanut) on entend à la fois le “mariage avec des nièces” et le “divorce” (une définition idiosyncratique), pratiques absolument caractéristiques de “l'Establishment hérodien” au premier siècle mais pas des Maccabées qui ont précédé (à vérifier pour ce qui concerne le mariage avec des nièces). Ce n'est probablement pas par accident s'ils sont aussi en arrière plan des difficultés de cet Establishment avec les soi-disant «zélotes» (et/ou les premiers «chrétiens»). L'appellation « “Riches” » est, bien sûr, un autre leitmotiv de « “l’Establishment sacerdotal hérodien” » sous-tendant la base des descriptions par Josèphe de la plupart des clans des Grands prêtres “Hérodiens”, sans parler de la famille “hérodienne” elle-même qui a volé à peu près tout ce qui est passé par ses mains. La troisième accusation portée dans la section «Les trois filets de Bélial» des Colonnes IV-VI du Document de Damas, «l’idolâtrie», est facile à comprendre dans ce cadre.

Période hérodienne[modifier | modifier le code]

Quand Hérode est arrivé au pouvoir, il a dépouillé l’aristocratie précédente et a soudoyé le célèbre Marc Antoine pour faire décapiter le dernier grand prêtre Maccabéen Antigonus (vers 37 av). “car autrement”, comme il le dit, “les Juifs ne pouvaient en aucun cas être pacifiés”. Il a liquidé tous les membres du précédent Sanhédrin - dont beaucoup avaient voulu le condamner pour avoir exécuté le chef nationaliste le «Bandit» Ézéchias (notez le nom «davidique» ici et le père de l’archétype du révolutionnaire, Judas le Galiléen, c. 4-7 CE) - sauf pour les deux qu’il appelle “Pollio et Sameas”, évidemment censé représenter la “paire” rabbinique, Hillel et Shammai (bien que certains pensent qu'il s'agit de Abtalion et Shamaiah, si les deux “Paires” peuvent effectivement être distinguées).

Comme le dit Josèphe: Hérode, bien qu’il ait promu «des hommes des hommes de la ville comme de son parti, il n’a jamais cessé de se venger et de punir tous les jours ceux qui avaient choisi d’être du parti de ses ennemis». Où “Pollio le pharisien et Sameas, un de ses disciples” (sic - si c'est un de ses disciples, c'est évidemment “Shammai” mais notez l’anachronisme), ont été concernés Josephus nous dit sans équivoque qu’Hérode “les a honorés au-dessus de tout le reste, car quand Jérusalem a été assiégée par le général romain Sossius et Hérode (37 av. J.-C.), ils ont conseillé aux citoyens d’ouvrir les portes à Hérode “- ici, bien sûr, nous avons l’indicateur clé et il ne faut jamais le quitter des yeux.

Le conseil de Pollio et la reconnaissance par Sameas du potentiel de leadership d’Hérode (il caractérise Hérode comme “un homme admirable”) devraient être considérés comme paradigmatiques de la conduite politique de ceux que nous appelons maintenant “Pharisiens”. L'“Establishment” regroupe des groupes, dénommés « Chercheurs de flatteries » (“Seekers after Smooth Things”, “Halakot”, reconnu par tous les érudits comme un jeu de mot sur l’activité caractéristique des “Pharisiens et du judaïsme rabbinique à la recherche de Halachot” (“traditions juridiques”), qui sont la base de la loi pharisaïque/rabbinique - et dans ce contexte, en particulier, selon notre définition dans le chapitre «La preuve interne» ci-dessus, «ceux qui cherchent un compromis avec des étrangers»). Il incarne la conduite politique pharisienne depuis l’époque d’Alexandre Jannaeus et l’affaire Demetrius (vers 70 avant J.-C.) à celle de R. Yohanan au moment de la chute du Temple (70 EC). Même la littérature talmudique, juste avant la chute du Temple, dépeint R. Yohanan ben Zacchai comme “sortant clandestinement de Jérusalem dans un cercueil” (sans doute la seule issue à cette époque) et “avoir une flèche tirée dans le camp de l’Empereur pour l’informer qu’il était un des amis de l’Empereur”!

Les Pharisiens[modifier | modifier le code]

Sans parler de deux autres pharisiens autoproclamés, Paul et Josèphe. On ne peut trouver de meilleure image de la sensibilité de Paul de Tarse à “l'Establishment” que l'Épître aux Romains 13.1-7[2]. Pour peut-être la meilleure image du modus operandi de ce que nous devrions appeler cette Alliance “hérodienne” / “pharisaïque” / et “boethusienne sadducéenne”, voir la Guerre des Juifs II, 17.3s. où “les Hommes du Pouvoir (“ les Hérodiens “), les Grands Prêtres (“ les Sadducéens boéthusiens “) et les Principaux Hommes des Pharisiens” (les principaux citoyens se réunirent avec les grands prêtres[3] (ou les chefs des prêtres) et les [plus] notables Pharisiens[4]) essayent de convaincre ceux que Josèphe appelle constamment “les Innovateurs” (vraiment “les révolutionnaires” ou “ceux qui souhaitaient un changement idéologique et institutionnel”) que leurs ancêtres avaient accepté les dons et les sacrifices d’étrangers - ici, bien sûr, la base de l’accusation “d’idolâtrie” contre "l'Establishment" de Jérusalem dans les manuscrits qui n'est pas particulièrement vrai dans tous les cas (un point important aussi, où «la mission paulinienne» est concernée).

Faute de cela et “s’apercevant que la sédition était allée trop loin pour qu’ils la soumettent”, c’est cette combinaison de groupes de “l'Establishment” qui a en réalité été envoyé aux Romains - comme leurs précurseurs l'avaient fait avec les Grecs à l’époque d’Alexandre Jannée (c. 75 av. J.-C.) et avant lui, avec Judas Maccabée (170 avant J.-C.) - pour leur demander « de monter à Jérusalem pour écraser la révolte (Guerre des Juifs II, 17.4) »! Non seulement cela est particulièrement choquant, mais il faut noter ici que l’un des intermédiaires de ce processus était un collaborateur «hérodien» que Josephus identifie spécifiquement comme «Saulos» - le même nom, bien sûr, que le «Paul» du Nouveau Testament. Que Pollio et Sameas soient “Hillel et Shammai” ou “Abtalion et Shemaiah” ou une combinaison des deux est indifférent à nos fins. Ils sont, évidemment, l’une ou l’autre de ces «Paires» rabbiniques; et, puisque Josèphe les considère clairement comme bien connus, de mon point de vue, il semble parler du premier.

Dans le premier de ces types d’avis sur les soi-disant «pharisiens», où Josephus décrit, concernant l’affaire concernant le père de Judas le Galiléen “Hezekiah” ci-dessus, comment “Sameas” prédit la gouvernance éventuelle d’Hérode; Josèphe nous dit - sans surprise - comment “Sameas” seul, de tous les membres du Sanhédrin, a survécu et ajoute la note sur comment “il a été grandement honoré (par Hérode!) Parce que, lorsque la ville a été assiégée plus tard par Hérode et Sossius, il a persuadé le peuple de laisser y pénétrer Hérode “!

De plus, dans ces avis, comme nous venons de le signaler, Josèphe confond Sameas et Pollio. Dans un avis postérieur sur ce dernier et probablement d’une autre source que celle-ci, c’est “Pollio qui, au moment où Hérode était à son procès de vie ou de mort, prédisait en guise de reproche comment cet Hérode punirait ensuite tout ce qui, en temps voulu, se réalise “. En outre, dans tous ces avis sur les “pharisiens”, il faut toujours noter - comme nous l’avons fait - l’orientation générale de “chercher un compromis avec des étrangers” (y compris ce qu’on devrait appeler “hérodiens”) ainsi que la persistance du thème de la divination.

Confusion des Esséniens avec les Pharisiens chez Josèphe[modifier | modifier le code]

Concernant la «confusion des Esséniens avec les Pharisiens» de Josèphe, si l’on se tourne vers le groupe qu’il considère comme «Essénien», on rencontre des thèmes similaires. Josephus mentionne d’abord “Essenes” par rapport à quelqu’un qu’il appelle “Judas” à la fin du règne de John Hyrcanus (environ 100 avant JC). Il décrit cet homme comme “un prophète” qui fréquente l’enceinte du Temple “avec des compagnons et des amis qui demeurent avec lui en tant que savants afin d’apprendre l’art de prédire les choses à venir” (c.-à-d. jamais manqué la vérité dans ses prédictions “. Le thème «prophétiser» ou «deviner» est là, encore une fois, paradigmatique. Comme “Sameas”, “Pollio le Pharisien”, “Menachem l’Essène”, “Siméon l’Essénien”, Yohanan ben Zacchai, et Josèphe lui-même (sans parler de l’image de Actes 13: 1 des “prophètes et enseignants de” Paul “ Communauté à Antioche “); Judas prédit supposément la mort imminente du deuxième fils de John Hyrcanus (un “Antigonus”) aux mains de son frère aîné Aristobulus (un homme que Josephus désigne aussi comme le premier “roi” asmonéen!).

Aristobule, décrit comme mourant d’une mort atroce à cause de ce crime alors qu’il s’en était déjà repenti, est alors remplacé par son troisième frère «anti-pharisien», «Alexandre Jannaeus» (103-76 av. Il faut noter que l’histoire, dont la source - comme dans les derniers matériaux “Sameas” - semble être Strabon de Cappadoce, est généralement hostile aux prétentions Maccabéennes “Kingly” tout comme les “pharisiens” étaient auparavant présentés comme hostiles à John Les prétentions d’Hyrcan au «Grand Prêtre» (et une raison pour laquelle «Juifs» - les héritiers de la tradition rabbinique - n’ont donné que très récemment à Hanoucca beaucoup d’importance, les Livres Maccabées étant absents du Tanach Juif et trouvés seulement dans la Septante Chrétienne - - Ecriture sainte, par conséquent, pour ceux qui ne le célèbrent même pas).

La référence suivante aux Esséniens]] vient côte à côte avec la deuxième référence de Josephus à Pollio et Sameas. Il suit la description par Josephus des tactiques policières d’Hérode et de l’hostilité subséquente du peuple envers lui, y compris une remarque sur l’introduction par Hérode des “Innovations” (un mot Josèphe réserve habituellement, comme nous venons de le voir, les pratiques des Séditionistes et des Révolutionnaires). de leur religion et l’abandon de leurs propres coutumes “- tant pour” Hérode le Grand “(tout Juif fier devrait plutôt l’appeler” Hérode le Terrible “!).

Pour tenter de vaincre l’hostilité du peuple, Hérode a remis un tiers de leurs impôts et introduit un serment de loyauté, mais «ceux qui ne pouvaient être incités à accepter son plan de gouvernement ont été persécutés de toutes sortes de manières». Parallèlement à des notices non corrélatives, il décrit à la fois «les Esséniens» et «Pollio, Sameas et leur compagnie» comme étant excusés de ce serment malgré la répression sévère à laquelle nous venons de faire allusion. Pollio et Sameas sont décrits comme gardant la compagnie d’un grand groupe de «savants» de la même manière que Judas «de la secte d’Essenes» avait été décrit comme étant accompagné de «compagnons et amis qui demeuraient avec lui comme érudits» plus tôt.

Dans la phrase suivante, après avoir noté comment Hérode a excusé “les Esséniens” - comme il avait Pollio et Sameas - de jurer leur loyauté (évidemment par respect pour les preuves abondantes qu’il avait déjà de leur loyauté), Josèphe continue à décrivent le premier comme une secte vivant “le même genre de vie que ceux que les Grecs appellent Pythagoreens”, par lequel il semble de nouveau faire allusion à la camaraderie des érudits décrite à propos de “Judas l’Essénien” et les deux “Pollio le Pharisien” et Sameas. “ Nous concluons que, à ce stade, Josèphe échange des matériaux provenant de différentes sources en utilisant des terminologies légèrement différentes - peut-être à partir des comptes séparés de Strabon de Cappadoce et Nicolaus de Damas - mais qu’il a, au moins, la perspicacité de réaliser typologiquement .

La prochaine référence de Josephus à “Essenes” suit presque immédiatement. Les confusions et les preuves de sources parallèles non corrélées mais chevauchantes se poursuivent. Dans ce témoignage, Josephus tente d’expliquer pourquoi Hérode “a tenu les Esséniens dans un tel honneur”. Comme dans son histoire “Judas de la secte des Esséniens”, les aspects folkloriques de la présentation sont patents. Il raconte l’histoire de “l’un de ces Esséniens, dont le nom était Menachem”. Le décrivant en termes évocateurs de ceux qu’il a utilisés pour décrire Sameas - qu’il a appelé “Justes” - il dit que Menachem “a mené sa vie d’une manière excellente”.

Pour cette histoire, il semble que la raison pour laquelle Hérode tenait les Esséniens en si haute estime était que, quand Hérode était écolier, ce «Menachem» le saluait comme roi et, quand Hérode protestait, Menachem le frappait au fond. Non seulement cette histoire est manifestement folklorique, mais, si l’on parle des soi-disant «Esséniens» qui auraient écrit les documents à Qumrân et ne seraient jamais flagorneurs; il ne s’agit évidemment que d’une variation de l’histoire de “Sameas the Pharisee” ci-dessus.

Ce thème de la prédiction du futur - ce qui à ce moment-là est appelé «prophétiser» - ou avoir «connaissance donnée par Dieu des événements futurs» est commun à tous ces épisodes. La seule différence est que Sameas prédit la future royauté d’Hérode quand Hérode était un homme adulte; Menachem, quand il était encore un jeune garçon. Comme Sameas se réfère à Hérode comme «un homme excellent», Menachem le décrit «trouvé digne par Dieu» et, plus tard, prédit même un règne excessivement long pour lui, à laquelle «Hérode ... a donné à Menachem sa main et ... à partir de ce moment-là, ils ont continué à honorer tous les Esséniens “(quels que soient les” Esséniens “, comme nous venons de le souligner, ils ne sont clairement pas responsables des documents de Qumran qui, par leur ton et leur ténor, méprisent tout “Hérodien”: ce qu’ils sont, bien sûr, sont “pharisaïques”).

La flatterie de souverains locaux étrangers[modifier | modifier le code]

La politique des souverains locaux flatteurs étrangers ou imposés avec des prophéties de grandeur future ou de longévité était typique de la pratique pharisaïque depuis l’époque de Sameas ou de Pollio (vers 30 avant J.-C.) jusqu’à celle de la chute du Temple (68-70). , quand Josephus ou R. Yohanan b. Zacchai - les deux “pharisiens” autoproclamés - ont l’audace d’appliquer “la prophétie messianique” (c’est-à-dire “la prophétie des étoiles” de Nombres 24: 16-17) à Vespasien. Dans un moment sans garde pendant sa discussion sur les qualifications «messianiques» de Vespasien à la fin de son récit de la chute de Jérusalem dans la guerre juive, Josèphe nous révèle aussi par inadvertance l’image opposée et probablement plus précise - que ce même Messianique Star Prophecy “était la force motrice derrière le soulèvement contre Rome, évidemment la vraie vérité qu’il (et beaucoup d’autres - Paul par exemple et les Évangiles) est en train d’inverser! De plus, le fait que cette “prophétie” soit particulièrement estimée dans les manuscrits de la mer Morte est confirmée au moins trois fois dans le corpus existant - une fois dans le rouleau de guerre, une fois dans le document de Damas et une fois dans une des collections de textes de preuves “messianiques” appelle “The Testimonia”.

En dépit de l’hostilité palpable des soi-disant «Esséniens» à Qumrân contre les «Déchueurs», qui incluraient, probablement, des «étrangers» comme «les Hérodiens» et tout ce que «les Hérodiens» représentaient (par exemple, «nièce» le mariage “qui, comme nous l’avons déjà noté ci-dessus, était pour” les Hérodiens “une question de politique familiale,” Riches “, etc.), beaucoup d’érudits persistent à croire les histoires de Josephus sur les devins, où le respect d’Hérode pour les Esséniens “est concerné (plutôt qu’un simple mélange en termes -“ pharisien “signifiant” s’échapper “, c.-à-d.,” les Hassidiens déchirés “comme dans 1 Macc 7:13:” le premier parmi les Israélites à demander pour paix était les Hassidaeans, etc. “, contrairement à 2 Macc 14: 5 ci-dessus et ce qui devrait être appelé les” puristes “ou” Sadducéens “de cette époque et les vrais Esséniens de Qumrân) - Les indications de Josephus dans le contexte de son témoignage plus général sur les “Esséniens” des “espions placés partout” et “nombreux amenés à la Forteresse d’Hyrcanie (non loin de Qumran), à la fois ouvertement et en secret, et mis à mort “.

De même, beaucoup de ces mêmes «érudits» attribuent la destruction par le feu de «l’établissement essénien à Qumrân» et son abandon relatif à travers la plus grande partie du règne d’Hérode à un tremblement de terre (sic - que les érudits ont récemment compris jamais arrivé là-bas!). Contrairement à ce point de vue, quels que soient ces soi-disant «Esséniens», il faut comprendre, comme on vient de le dire, qu’ils n’ont jamais été flagorneurs, ni dans le témoignage supplémentaire plus tard dans Josèphe ou dans les textes de Qumrân. Josèphe donne des preuves incontestables de cela, en particulier dans une autre description de leur «refus de blasphémer le législateur» (c.-à-d., Moïse - parallèlement à sa description de la réticence des «Zélotes» à «appeler un homme Seigneur») et leur héroïsme. résistance dans la guerre contre Rome! En fait, il désigne même un «John the Essene» (quel que soit «John») comme l’un de ses premiers dirigeants et martyrs!

En tant qu'interprête et interrogateur de prisonniers, si quelqu’un était en mesure de le savoir, c'était Josèphe. Le mépris «essénien» pour les «Riches», qui forme une grande partie de sa longue description et qui est au bas de l’utilisation omniprésente de Qumrân et Judéo-Chrétien des «Pauvres» comme une auto-désignation (c.-à-d. les ébionites “), donne une preuve supplémentaire de ceci. Pour sa part, Qumrân est toujours apocalyptique et, puisque les documents ne sont jamais obséquieux, il n’aurait jamais pu soutenir la “Prophétie des Messianiques” appliquée aux Romains ou aux Hérodiens comme Josephus et les Pharisiens l’ont fait. s’opposant avec véhémence à la Révolte de Bar Kochba, à l’exception de R. Akiba - cf., la moquerie rabbinique de lui: “L’herbe poussera sur ta tombe, Akiba, avant que le Messie vienne”).

Application de la thèse d'Eisenman[modifier | modifier le code]

Appliquons maintenant cette idée de confusions terminologiques entre “Pharisiens” et “Esséniens” à plusieurs autres exemples. Dans les Antiquités, Josèphe nous parle d’un “Sadduk a Pharisee” - évidemment “Zadok”, lui-même une contradiction dans les termes et par lequel il signifie clairement “Sadduk a Purist Essene” ou, comme nous le verrons, “Sadduk a Zealot” , un leader de ceux qu’il accuse d ‘“Innovation” (c.-à-d., “Révolution”) et qui, avec Judas le Galiléen (aussi vers 4 BC-7 CE) le fils de cet “Ezéchias” mentionné ci-dessus comme étant exécuté par Hérode. Tous deux sont les Fondateurs de la “Quatrième philosophie” de Josephus, une “Philosophie”, comme on vient de le dire, qu’on doit désigner simplement comme “Zélote” ou “Sicarii”, bien que Josèphe n’utilise jamais ces termes réels que beaucoup plus tard. fonctionne (et que je désignerais aussi comme “messianique”).

Josephus décrit les doctrines de «Simon» et celles de ses disciples comme étant «en toutes choses comme celle des pharisiens, sauf qu’ils avaient un attachement inviolable à la liberté», «n’appelait aucun homme Seigneur» et s’opposait à Joezer b. Boethus sur “la question fiscale” (Joezer étant le fils du “Grand Prêtre de l'Establishment” Hérode est venu d’Égypte pour délégitimer les Macchabées et leur Souverain Sacrificateur, c’est-à-dire le Nouveau Testament et Josephus plus tard “Establishment Sadducéens” - nb , ici aussi, le sitz-im-leben de la présentation talmudique / karaïte d’un split “Zadok” / “Boethus”! Ce sont les «Sadducéens» représentés dans les Évangiles et non les premiers «Opposition» que nous avons imaginés avant la période hérodienne.

Gardant à l’esprit notre désignation de deux groupes “Hassidiens” originaux, un “Pharisien” (c.-à-d. “Break-away”) et l’autre “Zadokite”, et remplaçant ici la terminologie “Essène” pour “Pharisien”, cet avis important alors lisez “Sadduk an Essene, qui était en tout comme les pharisiens, sauf qu’il avait un attachement inviolable à la liberté ...”, etc., etc., ce qui lui ajouterait une précision terminologique et historique considérable.

Pendant le règne du fils d’Hérode Archélaüs (4 av. J.-C.) qui, après de nombreuses luttes, lui succéda, Josèphe nous parle également d’un autre “voyou de la secte des Esséniens” - nommé cette fois “Simon” (un nom préféré du Nouveau Testament) - qui prédit la disparition d’Archelaus sur la base d’un rêve semblable à Joseph et, par conséquent, probablement mythologique sur les «épis de maïs». Le Josèphe slave - un livre que beaucoup considèrent avec mépris, mais une traduction alternative dans cette langue européenne proto-orientale de notre actuel Josèphe Josèphe et basé sur un autre exemple, plus tôt ou plus tard - se réfère à cette même “Simon” comme “un Sadducéen”.

Non seulement l’utilisation de la “secte d’Essenes” est intéressante, mais - indépendamment de l’opinion que nous avons des mérites de cette dernière - nous pouvons aussi offrir une explication plausible pour laquelle un “Simon” donné pourrait être considéré comme un Essénien dans un compte. et un “Sadducéen” dans un autre et c’est, comme nous l’avons indiqué, il y avait aussi deux groupes de “Sadducéens” - que cela plaise ou non, les documents de Qumrân étant au fond des documents “Sadducéens” au sens de les premiers “Purducéens Puristes” et non “les Saducéens Hérodiens”, la plupart des lecteurs du Nouveau Testament sont plus familiers avec.

Plus intéressant encore, le Josèphe slave se réfère à “un scribe d’origine essénienne”, il appelle aussi “Simon” - celui-ci maintenant étroitement lié à Archelaus. Il est, par conséquent, un important “pharisien”, comme son intimité avec Archelaus confirmerait ostensiblement. Même, selon l’exposé détaillé de Josephus sur les pratiques «esséniennes», il ne peut, par aucun effort d’imagination, être un «essénien» et, très certainement, un «essénien» de Qumrân. Quand “l’Homme Sauvage” qui est entré dans “la voie de la Loi” et a prêché la Révolution - et ne ressemble à personne autant que Jean-Baptiste que le Josèphe Slave place aussi à l’époque d’Archélaos (comme, en fait, l’Evangile de Matthew semble faire) - est apporté avant Archelaus, cet “Homme Sauvage” l’outrage verbalement et l’assaille juste comme “John the Baptist” est décrit comme faisant “Herod Antipas” (C. 4 BC-39 CE) dans Les Antiquités (mais pas la guerre) et dans les Evangiles.

Dans cette circonstance, c’est “l’Homme Sauvage” qui est le “Essénien” et “Simon”, “le Pharisien”. Notre exposition des confusions entre «Pharisiens» et «Esséniens» va un long chemin vers éclairer des divergences comme celles-ci. L ‘“Homme” (sans nom, mais manifestement destiné à être une représentation de Jean-Baptiste) est correctement décrit comme “anti-hérodien”; le “scribe des origines esséniennes nommé Simon” (peut-être équivalent à plusieurs pharisiens illustres de l’époque et que nous considérons comme équivalents à nos “Sameas” et au fameux “Shammai” ci-dessus), “pro-hérodien”. Plus encore que l’exemple du “Sadducee Simon” ci-dessus, il est difficile d’écarter de telles notices complexes, qui font des “erreurs” caractéristiques de la période considérée et non du Moyen Âge, simplement comme des produits d’inventions ou d’erreurs du copiste médiéval . Il en est ainsi, surtout lorsqu’ils sont en contradiction avec le sens manifeste du témoignage de l’Évangile et qu’un tel bon sens peut en être fait, historiquement parlant, aussi bizarre qu’ils puissent paraître au premier abord.

Enfin, appliquons cette compréhension des confusions entre les terminologies «Esséniennes» et «Pharisiennes» aux témoignages contradictoires sur la naissance et la nature du Mouvement «Hassida» dans 1 Maccabées 7: 8-18 et 2 Maccabées 14: 6-10 au dessus. Dans ce dernier, “les Hassidiens” sont décrits comme les partisans de Judas Maccabee par excellence; tandis que dans le premier, les transfuges back-glissement, qui le trahissent. Substituer la nouvelle terminologie “pharisien” (ou, si l’on préfère, “proto-pharisien”) à ces derniers ajoute une profondeur et une clarté considérables à des épisodes apparemment contradictoires de ce genre.

Quand on apprécie qu’il y avait deux groupes descendus des “Hassidaeans” originaux de l’époque de Judas Maccabee, l’un révolutionnaire et l’autre “break-away” / accommodant, ce “split” (la base hébraïque du terme “pharisien”, comme nous ont insisté) sur la question de l’élection ou de la nomination à l’étranger des grands prêtres; on peut comprendre comment l’un ou l’autre de ces groupes pourrait, dans certaines sources, passer pour «esséniens» et dans d’autres, «pharisiens». Selon nous, ce que 1 Maccabées 7:13, en particulier, a conservé dans son portrait de la scission entre Judas et ces Hassidiens «échappés», est le moment de naissance du «Parti pharisien», non pas “le Hassidaéen”. C’est un aperçu crucial et on ne peut pas trop le souligner.

Comme la division entre ceux qui s’opposaient et ceux qui voulaient vivre avec l’intervention étrangère continuait dans la période hérodienne, si on garde les yeux fixés fermement sur la souche anti-hérodienne de tels groupes «esséniens» d’opposition et la souche pro-hérodienne de «l'Establishment». Les groupes pharisiens (y compris les soi-disant «sadducéens» ou l’idée plus précise des «sadducéens boéthusiens» qui, comme le témoigne Josèphe, étaient dominés dans leur incarnation post-hérodienne par les pharisiens) par opposition aux «sadducéens de l’opposition» “/“ Sicarii “/“ Qumran Essenes “/ et” Proto-Chrétiens “); on ne s’en ira jamais loin. Ici, l’application par Qumran de la terminologie «Seekers after Smooth Things» à la première orientation est peut-être plus proche de la marque que toute appréciation plus moderne du groupe que cet euphémisme est généralement censée approximer.

Post-scriptum:[modifier | modifier le code]

J’ai l’intention, à la suite de cette présentation, de comprendre comment les groupes, nous appelons “Sicarii” - selon Josephus, soi-disant à cause de l’épée courte ou du couteau incurvé qu’ils portaient ou dissimulaient sous leur vêtements et, pour lui, ressemblant à la célèbre “Sicae” romaine (quelque chose comme le couteau arabe Bédouin aujourd’hui); et leur nom, par conséquent, parce qu’ils l’ont utilisé pour assassiner des opposants et considéré, en conséquence, d’être des «terroristes» ou des «assassins» et «l’aile extrême du Parti zélote» - quand on regarde en termes de corps de la législation romaine traditionnelle connue sous le nom de “Lex Cornelia de Sicarius”, qui proscrit les mutilations corporelles et a été utilisée, en particulier (après les révoltes juives), pour interdire la “circoncision” juive (comme dans certains pays européens aujourd’hui); alors on peut voir “les Sicarii” non pas comme des “terroristes” ou des “zélotes extrêmes”, comme Josephus veut que nous les percevions, mais comme “le Parti de la Circoncision” par excellence - ie “Parti de James”, comme Paul se réfère à eux avec un tel antagonisme dans Galates 2: 12-13 (une lettre qui empeste positivement d’un éthos anti-circoncision).

Réflexion[modifier | modifier le code]

Josèphe donne l'appartenance sectaire d'un très faible nombre de personnes et en effet comme le note Eisenman, ceux dont il mentionne cette appartenance ont un comportement inverse de ce que prône leur groupe, si on se réfère à ce qu'on lit dans les manuscrits de la mer Morte. Ceux dont c'est le cas, sont :

  • Menahem l'Essénien ami d'Hérode, qui le flatte par des prédictions flagorneuses et qui est probablement devenu son conseiller (vers -37 à -4) ;
  • Simon l'Essénien de la version de la Guerre des Juifs uniquement connue en langue slave qui s'oppose violemment à "l'homme sauvage" qui est une claire description de Jean le Baptiste (vers -4 à +6) ;
  • Saddok, le pharisien qui crée la Quatrième philosophie avec Judas le Galiléen (+6) ;
  • On peut y ajouter Hanan ben Hanan le sadducéen qui fait exécuter Jacques le Juste alors que les opposants les plus virulents au mouvement créé par Jésus sont les Pharisiens (appelés les "Chercheurs de flatteries" dans les manuscrits de la mer Morte) (61/62) ;
  • En revanche, Josèphe ne parle pas de Yoḥanan ben Zakkaï, typique de ceux qui composent avec les puissances étrangères en faisant des prédictions flagorneuses, ce qui lui permet d'éviter de dire qu'il était pharisien (vers 69/70) ;
  • Josèphe ne parle pas non-plus de plein de hauts dirigeants pharisiens : Hillel, Shammaï, Gamaliel l'Ancien et Yohanan. Lorsqu'il parle de Simon fils de Gamaliel dans la Guerre des Juifs, il omet de dire qu'il est pharisien et il ne l'écrit que 20 ans plus tard dans sa Vita, en faisant un éloge dithyrambique de sa famille, car cette fois il a besoin du soutien de Gamaliel II et de ses trois compagnons pahrisiens eux-aussi, en visite en Rome en 95/96 ;

La remarque d'Eisenman est donc excellente, mais elle s'arrête en chemin, car il omet la mention de Hanan le Sadducéen. Surtout, il imagine qu'il faut inverser l'appartenance sectaire de ces personnages, alors que je pense qu'il n'est pas impossible que c'est justement parce qu'il pouvait les décrire avec une attitude complètement contraire à leur groupe que Josèphe mentionne leur appartenance afin d'embrouiller ses lecteurs et de cacher que les Zélotes et la Quatrième philosophie étaient issus des Ésséniens. Car le fait que Jésus et l'essentiel des dirigeants de son mouvement étaient membres ou issus des Esséniens étaient une information qui s'était répandue dans les milieux très informés de la haute société romaine. En particulier les apôtres avaient dû se servir de la description idéalisée faite par Philon d'Alexandrie pour montrer à quel point ils étaient éloignés de toute idée d'instauration du royaume de Dieu par la violence.

  • À cela, comme le dit Eisenman, il faut noter que Josèphe s'abstient de décrire la Quatrième philosophie comme il le fait pour les trois autres sectes, alors que dans la Guerre des Juifs, il introduit la description des "philosophies" justement car, dit-il, Judas a créé une nouvelle secte qui n'a rien à voir avec les autres. La seule chose qu'il dit sur la Quatrième philosophie est que ses membres « s'accordent en général avec la doctrine des Pharisiens, mais ils ont un invincible amour de la liberté ». Cette référence aux pharisiens est probablement fausse si comme l'indique la notice citée par Hippolyte de Rome, la quatrième philosophie est elle-aussi issue des Esséniens. Elle est en tout cas là aussi écrite pour égarer le lecteur.
  • On peut en tout cas noter que les seuls dont Josèphe donne l'appartenance à l'une des trois grandes "philosophies" ont un comportement opposé à leur groupe si on se fie à ce qu'écrivent les manuscrits de la mer Morte, ce qui permet de rejoindre Eisenman dans sa détection d'une volonté de nous tromper mise en oeuvre par Josèphe (ou par ses commanditaires).

Romains, Hérodiens et sectes juives (Eisenman)[modifier | modifier le code]

Eisenman aborde le même sujet un peu partout dans ses livres, mais notamment dans le § III de du tome I de James the brother of Jesus and the dead sea scrolls[5]. Le chapitre est intitulé : "Romains, Hérodiens et sectes juives".

The Sects in the Second Temple Period[modifier | modifier le code]

« Josèphe décrit les sectes juives de cette période d'une manière tendancieuse. Le Talmud présente une image tout aussi tendancieuse du Judaïsme rabbinique opposé à tous les autres groupes, amalgamés sous le vocable de minim ou "sectes". Parfois ces dernières sont même appelées "Sadducéens" sans plus d'élucidation indiquant qui elles sont réellement[6]. »

« Dans les manuscrits de la mer Morte provenant de Qumrân, ces Sadducéens sont « les fils de Saddok »[6] » en référence à la vision d'Ezéchiel (40-48) du Temple reconstruit à la fin des temps[6].

« Un des problèmes avec la description des sectes du judaïsme faite par Josèphe est que, puisqu'il couvre une plage de temps de 250 ans, on ne sait pas vraiment à quelle période son point de vue s'applique[7]. » Même pour la période qui correspond à sa vie, « il agit souvent avec dissimulation, à cause de ses embarrassantes relations avec les groupes sectaires et de son passé de révolutionnaire avant d'être un affranchi flaviens. Comme on peut le voir dans sa Guerre ou sa Vita, il était maintenu sous une énorme pression pour expliquer son passé et pour justifier des actions qui lui ont permis de survivre, et il se défendait constamment contre des attaques sur sa conduite et sa loyauté à Rome[7]. » Pour Eisenman, il est probable que Josèphe a été mis en cause par Domitien qui a été considéré comme aussi violent que Néron et il est encore plus probable que le patron littéraire de Josèphe appelé Épaphrodite dans toutes ses œuvres publiées après la mort de Titus, soit celui que Domitien fait exécuter en 95/96[7], après l'avoir contraint à l'exil peu auparavant.

Ainsi la terminologie sectaire varie selon celui qui fait l'observation, selon le vocabulaire employé et selon ses propres malentendus ou selon les préjudices qui pourraient exister[7]. « Par exemple, dans sa Vita Josèphe nous raconte soudainement qu'il a fait un séjour en "milieu sauvage" pendant un essai qu'il a conduit dans toutes les sectes. Là il a rencontré un maître qu'il appelle Bannus — qui n'est pas un nom mais un titre ou une sorte de cognomen qui a probablement quelque chose à voir avec « bains » — sans nous dire que ce maître est presque indistinguable des judéo-chrétiens ou des Esséniens, le groupe titre de sa liste des sectes juives[7]. »

Flavius Josèphe[modifier | modifier le code]

Dans la Guerre des Juifs le passage où sont présentés les différentes sectes du judaïsme est introduit car Judas le Galiléen a fondé au moment de la destitution d'Hérode Archélaos (+6) « une secte particulière, qui n'avait rien de commun avec les autres. » Pourtant dans l'exposé qui suit qui contient une longue notice sur les Esséniens et une brève présentation des Pharisiens et des Sadducéens, il n'y a pas un mot pour décrire cette « secte particulière ».

Guerre des Juifs, livre II, VIII[modifier | modifier le code]

1. Coponius procurateur de Judée. Judas le Galiléen. – 2. Les trois sectes juives. Les Esséniens. – 3-6. Leur genre de vie. – 7. Entrée dans l’ordre. – 8-10. Coutumes diverses. – 11. Croyance à l’immortalité. – 12. Prévision de l’avenir. – 13. Variété des Esséniens qui pratique le mariage. – 14. Pharisiens et Sadducéens.

Coponius procurateur de Judée. Judas le Galiléen[modifier | modifier le code]

1[8]. [117] Quand le domaine d'Archélaüs eut été réduit en province, Coponius, Romain de l'ordre équestre, y fut envoyé comme procurateur : il reçut d'Auguste des pouvoirs étendus, sans excepter le droit de vie et de mort. Sous son administration, un Galiléen, du nom de Judas, excita à la défection les indigènes, leur faisant honte de consentir à payer tribut aux Romains et de supporter, outre Dieu, des maîtres mortels. Ce sophiste fonda une secte particulière, qui n'avait rien de commun avec les autres.

Les trois sectes juives. Les Esséniens[modifier | modifier le code]

2[56]. [119] Il y a, en effet, chez les Juifs, trois écoles philosophiques : la première a pour sectateurs les Pharisiens, la deuxième les Sadducéens, la troisième, qui passe pour s’exercer à la sainteté, a pris le nom d'Esséniens[57], Juifs de naissance, mais plus étroitement liés d'affection entre eux que les autres, ces hommes répudient les plaisirs comme un péché et tiennent pour vertu la tempérance et la résistance aux passions. Ils dédaignent le mariage pour eux-mêmes, mais adoptent les enfants des autres, à l'âge où l'esprit encore tendre se pénètre facilement des enseignements, les traitent comme leur propre progéniture et leur impriment leurs propres mœurs. Ce n’est pas qu'ils condamnent en principe le mariage et la procréation, mais ils redoutent le dévergondage des femmes et sont persuadés qu'aucune d'elles ne garde sa foi à un seul homme[58].

Leur genre de vie[modifier | modifier le code]

3. [122] Contempteurs de la richesse, ils pratiquent entre eux un merveilleux esprit de communauté. Personne chez eux qui surpasse les autres par la fortune ; car leur loi prescrit à ceux qui adhèrent à leur secte de faire abandon de leurs biens à la corporation, en sorte qu'on ne rencontre nulle part chez eux ni la détresse de la pauvreté ni la vanité de la richesse, mais la mise en commun des biens de chacun donne à tous, comme s'ils étaient frères, un patrimoine unique[59]. Ils considèrent l'huile comme une souillure, et si l'un d'eux a dû malgré lui se laisser oindre, il s'essuie le corps : car ils prisent fort d’avoir la peau rude et sèche[60] et d'être toujours vêtus de blancs[61]. Ils ont, pour veiller aux intérêts communs, des administrateurs élus, à qui le suffrage de tous désigne leurs services particuliers [61a].

4. [124] Ils ne forment pas une ville unique, mais vivent dispersés en grand nombre dans toutes les villes. Quand des frères arrivent d'une localité dans une autre, la communauté met tous ses biens à leur disposition, comme s’ils leur appartenaient : ils fréquentent chez des gens qu'ils n'ont jamais vus comme chez d'intimes amis. Aussi, dans leurs voyages n'emportent-ils rien avec eux, si ce n'est des armes à cause des brigands. Dans chaque ville est délégué un commissaire spécialement chargé de ces hôtes de la communauté ; il leur fournit des vêtements et des vivres. Leur habillement et leur tenue ressemblent à ceux des enfants élevés sous la férule d'un maître. Ils ne changent ni de robe ni de souliers avant que les leurs ne soient complètement déchirés ou usés par le temps. Entre eux rien ne se vend ni ne s'achète : chacun donne à l'autre sur ses provisions le nécessaire et reçoit en retour ce dont il a besoin ; mais, même sans réciprocité, il leur est permis de se faire donner de quoi vivre par l'un quelconque de leurs frères.

5. [128] Leur piété envers la divinité prend des formes particulières. Avant le lever du soleil, ils ne prononcent pas un mot profane : ils adressent à cet astre des prières traditionnelles, comme s'ils le suppliaient de paraître[62]. Ensuite, leurs préposés envoient chacun exercer le métier qu'il connaît, et jusqu'à la cinquième heure ils travaillent de toutes leurs forces ; puis ils se réunissent de nouveau dans un même lieu, ceignent leurs reins d'une bande de lin et se lavent tout le corps d'eau froide. Après cette purification, ils s'assemblent dans une salle particulière où nul profane ne doit pénétrer ; eux-mêmes n'entrent dans ce réfectoire que purs, comme dans une enceinte sacrée. Ils prennent place sans tumulte, puis le boulanger sert à chaque convive un pain, le cuisinier place devant lui un plat contenant un seul mets[63]. Le prêtre prononce une prière avant le repas, et nul n'y peut goûter que la prière ne soit dite. Après le repas, il prie derechef ; tous, au commencement et à la fin, rendent grâce a Dieu, dispensateur de la nourriture qui fait vivre. Ensuite, dépouillant leurs vêtements de repas comme des robes sacrées[64], ils retournent à leurs travaux jusqu'au soir. Alors, revenus au logis commun, ils soupent de la même manière, cette fois avec leurs hôtes s'il s'en trouve de passage chez eux. Ni cri, ni tumulte ne souille la maison : chacun reçoit la parole à son tour. Pour les gens qui passent, ce silence à l'intérieur du logis apparaît comme la célébration d'un mystère redoutable ; mais la cause en est simplement dans leur invariable sobriété, dans leur habitude de mesurer à chacun la nourriture et la boisson nécessaires pour le rassasier, sans plus.

6. [134] Tous leurs actes en général s'exécutent sur l'ordre de leurs préposés, mais il y a deux vertus dont la pratique ne dépend que d'eux-mêmes : l'assistance d'autrui et la pitié. Il leur est permis, en effet, de secourir, sans autre formalité, ceux qui en sont dignes et qui les en prient, comme aussi de donner des vivres aux nécessiteux. Cependant, ils n'ont pas le droit de faire des dons à leurs proches sans l'autorisation des préposés. Ils savent gouverner leur colère avec justice, modérer leurs passions, garder leur foi, maintenir la paix. Toute parole prononcée par eux est plus forte qu'un serment, mais ils s'abstiennent du serment même, qu'ils jugent pire que le parjure, car, disent-ils, celui dont la parole ne trouve pas créance sans qu'il invoque Dieu se condamne par là même[65]. Ils s'appliquent merveilleusement à la lecture des anciens ouvrages, choisissant surtout ceux qui peuvent servir au bien de l'âme et du corps. C'est là qu'ils cherchent, pour guérir les maladies, la connaissance des racines salutaires, et des vertus des pierres.

Entrée dans l’ordre[modifier | modifier le code]

7. [137] Ceux qui désirent entrer dans cette secte n'en obtiennent pas aussitôt l'accès. Le candidat fait un stage extérieur d’une année, pendant laquelle il est astreint [65a] au genre de vie des Esséniens ; on lui donne une hachette[66], la ceinture dont j'ai déjà parlé et le vêtement blanc. Quand il a fourni pendant le temps prescrit la preuve de sa tempérance, il est associé encore plus étroitement au régime des confrères : il participe aux lustrations du bain de purification, mais il n'est pas encore admis aux repas en commun[67]. Car après qu'il a montré son empire sur ses sens, il faut encore deux ans pour éprouver son caractère. Si l'épreuve est manifestement satisfaisante, il est alors admis dans la communauté. Mais avant de toucher à la nourriture commune, il s'engage envers ses frères, par de redoutables serments, d'abord à vénérer la divinité, ensuite à observer la justice envers les hommes, à ne faire tort à personne ni spontanément ni par ordre ; à toujours détester les injustes et venir au secours des justes ; à garder sa foi envers tous, particulièrement envers les autorités[68], car c'est toujours par la volonté de Dieu que le pouvoir échoit à un homme. Il jure que si lui-même exerce le pouvoir il ne souillera jamais sa magistrature par une allure insolente ni ne cherchera à éclipser ses subordonnés par le faste de son costume ou de sa parure ; il jure de toujours aimer la vérité et de confondre les menteurs ; de garder ses mains pures de larcin, son âme pure de gains iniques ; de ne rien tenir caché aux membres de la secte et de ne rien dévoiler aux profanes sur leur compte, dût-on le torturer jusqu'à la mort. Il jure encore de transmettre les règles de la secte exactement comme il les a reçues, de s'abstenir du brigandage[69] et de conserver avec le même respect les livres de la secte et les noms des anges[70]. Tels sont les serments par lesquels les Esséniens enchaînent les néophytes.

Coutumes diverses[modifier | modifier le code]

8. [143] Quelqu'un d'entre eux est-il pris sur le fait commettant un délit grave, ils le chassent de la communauté. Souvent l'expulsé trouve une mort misérable : car, lié par ses serments et ses habitudes, il ne peut toucher aux aliments des profanes[71] ; réduit à se nourrir d'herbes, il meurt le corps épuisé de faim. Aussi ont-ils souvent repris par pitié ces malheureux au moment où ils allaient rendre le dernier soupir, considérant comme suffisante pour leur péché cette torture poussée jusqu'à la mort.

9. [145] Ils dispensent la justice avec beaucoup de rigueur et d'impartialité. Ils se rassemblent, pour juger, au nombre de cent au moins, et la sentence rendue est immuable. Après le nom de Dieu, celui du législateur[72] est chez eux l'objet d'une vénération profonde ; quiconque l'a blasphémé est puni de mort. Ils regardent comme louable de suivre l'autorité de l'âge et du nombre ; dix Esséniens siègent-ils ensemble, nul ne pourra parler si les neuf autres s'y opposent. Ils évitent de cracher en avant d'eux ou à leur droite[73], et observent plus rigoureusement que les autres Juifs le repos du sabbat ; car ils ne se contentent pas de préparer la veille leur nourriture pour n'avoir pas à allumer de feu ce jour-là : ils n'osent ni déplacer aucun ustensile ni même satisfaire leurs besoins naturels. Les autres jours, ils creusent à cet effet une fosse de la profondeur d'un pied à l'aide d'un hoyau -car telle est la forme de cette petite hache que reçoivent les néophytes - et l'abritent de leur manteau pour ne pas souiller les rayons de Dieu[74] ; c'est là qu'ils s'accroupissent, puis ils rejettent dans la fosse la terre qu'ils en ont tirée. Ils choisissent pour cela les endroits les plus solitaires : et, bien qu'il s'agisse là d'une évacuation, ils ont l'habitude de se laver ensuite comme pour se purifier d'une souillure[75].

10. [150] Ils se divisent en quatre classes suivant l'ancienneté de leur admission aux pratiques[76] ; les plus jeunes sont réputés tellement inférieurs à leurs aînés que si un ancien vient à toucher un nouveau il doit se purifier comme après le contact d'un étranger. Ils atteignent un âge avancé, la plupart même passent cent ans, et ils doivent cette longévité, suivant moi, à la simplicité et à la régularité de leur vie. Ils méprisent les dangers, triomphent de la douleur par la hauteur de leur âme et considèrent la mort, si elle se présente avec gloire, comme préférable à une vie immortelle. La guerre des Romains a éprouvé leur force de caractère en toutes circonstances : les membres roués, tordus, brûlés, brisés, soumis à tous les instruments de torture afin de leur arracher un mot de blasphème contre le législateur ou leur faire manger des mets défendus, on n'a pu les contraindre ni à l'un, ni à l'autre, ni même à flatter leurs tourmenteurs ou à verser des larmes. Souriant au milieu des supplices et raillant leurs bourreaux, ils rendaient l'âme avec joie, comme s'ils devaient la reprendre bientôt.

Croyance à l’immortalité de l'âme[modifier | modifier le code]

11. [154] En effet, c'est une croyance bien affermie chez eux que le corps est corruptible et la matière qui le compose inconsistante, mais que l'âme est immortelle et impérissable, qu'elle habitait l'éther le plus subtil, qu'attirée dans le corps comme dans une prison, elle s'unit à lui par une sorte de charme naturel, que cette âme une fois détachée des liens de la chair, débarrassée pour ainsi dire d'un long esclavage, prend son vol joyeux vers les hauteurs. D'accord avec les fils des Grecs, ils prétendent qu'aux âmes pures seules est réservé un séjour au delà de l'Océan, un lieu que n’importunent ni les pluies, ni les neiges, ni les chaleurs excessives, mais que le doux zéphyr, soufflant de l'Océan, vient toujours rafraîchir ; les âmes impures, au contraire, ils les relèguent dans un abîme ténébreux et agité par les tempêtes, foisonnant d'éternelles souffrances. C'est dans la même pensée, ce me semble, que les Grecs consacrent à leurs vaillants, à ceux qu'ils appellent héros et demi-dieux, les îles des bienheureux, aux âmes des méchants, l'Hadès, la région de l'impiété, ou, d'après leurs légendes, les Sisyphe, les Tantale, les Ixion et les Tityos sont au supplice : croyance où l'on retrouve d'abord l'idée de l'immortalité des âmes, ensuite la préoccupation d'exhorter à la vertu et de détourner du vice car les bons, pendant la vie, deviendront meilleurs par l'espérance des honneurs qu'ils obtiendront après leur mort, et les méchants mettront un frein à leurs passions dans la crainte que, même s'ils échappent de leur vivant au châtiment, ils ne subissent, après leur dissolution, un châtiment éternel. Tels sont les enseignements religieux des Esséniens, appât irrésistible pour ceux qui ont une fois goûté à leur sagesse[77].

Prévision de l’avenir[modifier | modifier le code]

12. [159] Il y en a même parmi eux qui se font fort de prévoir l'avenir à force de s'exercer par l'étude des livres sacrés, les purifications variées et les paroles des prophètes1 et il est rare qu'ils se trompent dans leurs prédictions[78].

Variété des Esséniens qui pratique le mariage[modifier | modifier le code]

13. [160] Il existe encore une autre classe d'Esséniens, qui s'accordent avec les autres pour le régime, les coutumes et les lois, mais qui s'en séparent sur la question du mariage[79]. Ils pensent que renoncer au mariage c'est vraiment retrancher la partie de la vie la plus importante, à savoir la propagation de l'espèce ; chose d'autant plus grave que le genre humain disparaîtrait en très peu de temps si tous adoptaient cette opinion. Ils prennent donc leurs femmes à l'essai, et après que trois époques successives ont montré leur aptitude à concevoir, ils les épousent définitivement [78a]. Dès qu'elles sont enceintes, ils n'ont pas commerce avec elles, montrant ainsi qu'ils se marient non pour le plaisir, mais pour procréer des enfants. Les femmes usent d'ablutions en s'enveloppant de linges comme les hommes d'une ceinture. Tels sont les usages de cette classe d'Esséniens.

Pharisiens et Sadducéens[modifier | modifier le code]

14. [162] Des deux sectes plus anciennes, les Pharisiens, considérés comme les interprètes exacts des lois et comme les créateurs de la première école, rattachent tout au destin et à Dieu. Ils pensent que la faculté d'agir bien ou mal dépend pour la plus grande part de l'homme lui-même, mais qu'il faut que le destin[80] coopère pour chaque acte particulier que toute âme est impérissable, que celles des bons seules passent dans un autre corps[81], que celles des mauvais subissent un châtiment éternel. Quant à la seconde secte, celle des Sadducéens, ils suppriment absolument le destin et prétendent que Dieu ne peut ni faire, ni prévoir le mal ; ils disent que l'homme a le libre choix du bien et du mal et que chacun, suivant sa volonté, se porte d'un côté ou de l'autre. Ils nient la persistance de l'âme après la mort, les châtiments et les récompenses de l'autre monde. Les Pharisiens se montrent très dévoués les uns aux autres et cherchent à rester en communion avec la nation entière. Les Sadducéens, au contraire, sont, même entre eux, peu accueillants, et aussi rudes dans leurs relations avec leurs compatriotes qu'avec les étrangers. Voilà ce que j'avais à dire sur les sectes philosophiques des Juifs.

Antiquités judaïques, XVIII, I[modifier | modifier le code]

1. Quirinius va régler les affaires de Syrie arec Coponius comme procurateur de Judée. Le grand-pontife Joazar détermine les Juifs à leur obéir. - 2. Sectes philosophiques des Juifs. - 3. Pharisiens. - 4. Saddducéens. - 5. Esséniens - 6. Disciples de Judas de Galilée.

Quirinius va régler les affaires de Syrie arec Coponius comme procurateur de Judée[modifier | modifier le code]

[1] 1 (01). Quirinius (02), membre élu Sénat, qui, par toutes les magistratures, s'était élevé jusqu'au consulat et qui jouissait d'une considération peu commune, arriva en Syrie où l'empereur l'avait envoyé pour rendre la justice dans cette province et faire le recensement des biens.

Coponius procurateur de Judée. Le grand-pontife Joazar détermine les Juifs à leur obéir. Le mouvement de Judas de Gamala et Saddok responsable de la révolte et de la destruction du Temple[modifier | modifier le code]

[2] On lui avait adjoint Coponius, personnage de l'ordre équestre, qui devait gouverner les Juifs avec pleins pouvoirs. Quirinius vint aussi dans la Judée, puisqu'elle était annexée à la Syrie, pour recenser les fortunes et liquider les biens d'Archelaüs. [3] Bien que les Juifs se fussent irrités au début à l'annonce de la déclaration des fortunes, ils renoncèrent à résister davantage, sur les conseils du grand pontife Joazar, fils de Boéthos. Persuadés par ses paroles, ils déclarèrent leurs biens sans plus d'hésitation. [4] Mais un certain Judas le Gaulanite, de la ville de Gamala (03), s'adjoignit un Pharisien, Saddok, et se précipita dans la sédition. Ils prétendaient que ce recensement n'amenait avec lui rien de moins qu'une servitude complète et ils appelaient le peuple à revendiquer sa liberté; [5] car, disaient-ils, s'il leur arrivait de réussir, ce serait au bénéfice de la fortune acquise, et s'ils étaient frustrés du bien qui leur restait, ils obtiendraient du moins l'honneur et la gloire d'avoir montré de la grandeur d'âme d'ailleurs, la divinité collaborerait de préférence à la réussite de leurs projets si, épris de grandes choses, ils n'épargnaient aucune peine pour les réaliser. [6] Comme les gens écoutaient avec joie leurs discours, l'audace de leur entreprise fit de grands progrès, et il n'y eut pas de mal qui ne fût engendré par eux et dont le peuple ne fût accablé plus qu'on ne saurait le dire : [7] guerres dont nul ne pouvait éviter la violence continuelle, perte d'amis qui auraient pu alléger nos peines, énormes brigandages, meurtre des hommes les plus importants, et tout cela sous le prétexte de redresser les affaires communs, mais, en réalité, en vue de gains personnels. [8] De là naquirent des séditions et des assassinats politiques, tantôt de concitoyens, immolés à la fureur qui les animait les uns contre les autres et à leur passion de ne pas céder à leurs adversaires, tantôt d'ennemis ; la famine poussant jusqu'aux extrémités les plus éhontées ; des prises et des destructions de villes, jusqu'à ce qu'en fin cette révolte livrât le Temple même de Dieu au feu de l'ennemi. [9] Tant le changement des institutions nationales et leur bouleversement ont d'influence pour perdre ceux qu'ils atteignent, puisque Judas et Saddok, en introduisant et en éveillant chez nous une quatrième secte philosophique et en s'entourant de nombreux adhérents, remplirent le pays de troubles immédiats et [10] plantèrent les racines des maux qui y sévirent plus lard, et cela grâce à cette philosophie inconnue avant eux et dont je veux parler un peu, principalement parce que c'est la faveur de la jeunesse pour leur secte qui fut cause de la ruine du pays.

Sectes philosophiques des Juifs[modifier | modifier le code]

[11] (04) Les Juifs avaient, depuis une époque très reculée, trois sectes philosophiques interprétant leurs coutumes nationales : les Esséniens, les Sadducéens et enfin ceux qu'on nommait Pharisiens. Bien que j'en aie parlé dans le deuxième livre de la Guerre des Juifs (05), je les rappellerai cependant ici en peu de mots.

Pharisiens[modifier | modifier le code]

[12]. 3. (06). Les Pharisiens méprisent les commodités de la vie, sans rien accorder à la mollesse ; ce que leur raison a reconnu et transmis comme bon, ils s'imposent de s'y conformer et de lutter pour observer ce qu'elle a voulu leur dicter. Ils réservent les honneurs à ceux qui sont avancés en âge et n'osent pas contredire avec arrogance leurs avis. [13] Ils croient que tout a lieu par l'effet de la fatalité, mais ne privent pourtant pas la volonté humaine de toute emprise sur eux, car ils pensent que Dieu a tempéré les décisions de la fatalité par la volonté de l'homme pour que celui-ci se dirige vers la vertu ou vers le vice. [14] Ils croient à l'immortalité de l'âme et à des récompenses et des peines décernées sous terre à ceux qui, pendant leur vie, ont pratiqué la vertu ou le vice, ces derniers étant voués à une prison éternelle pendant que les premiers ont la faculté de ressusciter. [15] C'est ce qui leur donne tant de crédit auprès du peuple que toutes les prières à Dieu et tous les sacrifices se règlent d'après leurs interprétations. Leurs grandes vertus ont été attestées par les villes, rendant hommage à leur effort vers le bien tant dans leur genre de vie que dans leurs doctrines.

Saddducéens[modifier | modifier le code]

[16]. 4. (07). La doctrine des Sadducéens fait mourir les âmes en même temps que les corps, et leur souci consiste à n'observer rien d'autre que les lois. Disputer contre les maîtres de la sagesse qu'ils suivent passe à leurs yeux pour une vertu. [17] Leur doctrine n'est adoptée que par un petit nombre, mais qui sont les premiers en dignité. Ils n'ont pour ainsi dire aucune action ; car lorsqu'ils arrivent aux magistratures, contre leur gré et par nécessité, ils se conforment aux propositions des Pharisiens parce qu'autrement le peuple ne les supporterait pas.

Esséniens[modifier | modifier le code]

[18]. 5. Les Esséniens ont pour croyance de laisser tout entre les mains de Dieu ; ils considèrent l'âme comme immortelle et estiment qu'il faut lutter sans relâche pour atteindre les fruits de la justice. Ils envoient des offrandes au Temple, mais ne font pas de sacrifices parce qu'ils pratiquent un autre genre de purifications. C'est pourquoi ils s'abstiennent de l'enceinte sacrée pour faire des sacrifices à part. Par ailleurs ce sont de très honnêtes gens et entièrement adonnés aux travaux de la terre. [19] Il faut aussi les admirer, plus que tous ceux qui visent à la vertu, pour leur pratique de la justice, qui n'a jamais existé chez les Grecs ou chez les barbares, pratique qui n'est pas nouvelle mais ancienne chez eux... (08). Les biens leur sont communs à tous et le riche ne jouit pas plus de ses propriétés que celui qui ne possède rien. Et ils sont plus de quatre mille hommes à vivre ainsi.

[21]. Ils ne se marient pas et ne cherchent pas à acquérir des esclaves parce qu'ils regardent l'un comme amenant l'injustice, l'autre comme suscitant la discorde ; ils vivent entre eux en s'aidant les uns les autres. [22] Pour percevoir les revenus et les produits de la terre ils élisent à main levée des hommes justes, et choisissent des prêtres pour la préparation de la nourriture et de la boisson. Leur existence n'a rien d'inusité, mais leur vie rappelle au plus haut degré celle des Daces appelés "Fondateurs" (09).

Disciples de Judas le Galiléen[modifier | modifier le code]

[23] 6. La quatrième secte philosophique eut pour fondateur ce Judas le Galiléen. Ses sectateurs s'accordent en général avec la doctrine des Pharisiens, mais ils ont un invincible amour de la liberté, car ils jugent que Dieu est le seul chef et le seul maître. Les genres de mort les plus extraordinaires, les supplices de leurs parents et amis les laissent indifférents, pourvu qu'ils n'aient à appeler aucun homme du nom de maître. [24] Comme bien des gens ont été témoins de la fermeté inébranlable avec laquelle ils subissent tous ces maux, je n'en dis pas davantage, car je crains, non pas que l'on doute de ce que j'ai dit à leur sujet, mais au contraire que mes paroles ne donnent une idée trop faible du mépris avec lequel ils acceptent et supportent la douleur. [25] Cette folie commença à sévir dans notre peuple sous le gouvernement de Gessius Florus (10), qui, par l'excès de ses violences, les détermina à se révolter contre les Romains. Telles sont donc les sectes philosophiques qui existent parmi les Juifs.

Autobiographie 10[modifier | modifier le code]

[10] Lorsque j'eus treize ans je désirai apprendre les diverses opinions des Pharisiens, des Sadducéens et des Esséniens, qui forment trois sectes parmi nous, afin que les connaissant toute je pusse m'attacher à celle qui me paraîtrait la meilleure. Ainsi je m'instruisis de toutes, et en fis l'épreuve avec beaucoup de travail et d'austérité[9].

Traduction de Steve Mason[modifier | modifier le code]

Quand je découvris qu'un certain Bannus (Βάννουν)[10] vivait sa vie[79] dans le désert[11], je devins son « zélote » (ζηλωτής)[12] : portant des vêtements [fabriqués] à partir d'arbres[13] récupérant des aliments qui poussaient par eux-même[14], et se lavant fréquemment pour la purification – dans l'eau froide, jour et nuit.

Traduction de William Whiston[modifier | modifier le code]

mais quand on m'informa que celui qui s'appelait Banus vivait dans le désert, et qu'il ne portait d'autres vêtements que ce qui pousse sur les arbres, et n'avait d'autre nourriture que ce qui croissait de lui-même, et se baignait fréquemment dans l'eau froide. la nuit et le jour, pour conserver sa chasteté, je l'imitais dans ces choses, et je restais trois ans avec lui.

Trois ans avec Bannos et choix des Pharisiens[modifier | modifier le code]

[12] Après avoir passé trois années avec lui, je retournai à l'âge de dix-neuf ans à Jérusalem. Je commençai alors à m'engager dans les exercices de la vie civile, et embrassai la secte des Pharisiens[15], qui approche plus qu'aucune autre de celle des Stoïques entre les Grecs[16].

Les Pharisiens cités chez Josèphe[modifier | modifier le code]

Éléazar sous Jean Hyrcan[modifier | modifier le code]

Le premier des Pharisien cité chéez Josèphe est Éléazar qui sous le règne de Jean Hyrcan Ier aura l'audace de demander à ce grand prêtre d'abandonner la grande prêtrise ar prétendait-il, ils avaient appris que sa mère avait été esclave sous le règne d'Antiochus Epiphane. Cela emmène Hyrcan à passer à la secte des Sadducéens, abandonnant celle des Pharisiens et à abroger les pratiques imposées au peuple par ceux-ci et punit ceux qui les observaient. (Antiquités judaïques, XIII, X, 6)

Le Pharisien Pollion et son disciple Saméas[modifier | modifier le code]

Le Pharisien Pollion et son disciple Saméas furent surtout en honneur auprès de lui pendant le siège de Jérusalem, ils avaient en effet conseillé à leurs concitoyens d'ouvrir les portes à Hérode, et ils reçurent de celui-ci le retour de leurs bons offices. [4] Ce Pollion[17] était le même qui, lorsqu'Hérode autrefois avait passé en jugement sous une accusation capitale, avait prédit à Hyrcan et aux juges, en leur reprochant leur lâcheté, qu’Hérode, s'il était acquitté, chercherait un jour à se venger d'eux tous : c'est, en effet, ce qui arriva alors, Dieu ayant permis que les prédictions de Saméas Pollion (Πολλίων  la correction du traducteur est malvenue) se réalisassent. (Antiquités judaïques, XV, I, 1)

[...]

Il voulut amener Pollion le Pharisien et Samaias (Σαμαίαν), ainsi que la plupart de ceux de leur école, à prêter serment mais ils n'y consentirent pas et cependant ne furent pas châtiés comme les autres récalcitrants, car Hérode se montra indulgent pour eux, en considération de Pollion. Furent également exemptés de cette obligation ceux qu'on appelle chez nous Esséens, (suit l'épisode sur Menahem au § suivant) (Antiquités judaïques, XV, X, 4)

POV anti-Pharisien[modifier | modifier le code]

Est-ce Josèphe qui a écrit ce passage ?

Il y avait une secte de Juifs qui se vantait d’observer très strictement la loi de leurs pères[37] et affectait un grand zèle[38] pour la divinité, secte à laquelle était soumis le gynécée. On les appelle Pharisiens, gens capables de tenir tête[39] aux rois, prévoyants[40] et s’enhardissant ouvertement à les combattre et à leur nuire. En fait, alors que tout le peuple juif avait confirmé par des serments son dévouement envers l’empereur et le gouvernement royal, ces hommes n’avaient pas juré, au nombre de plus de six mille : et comme le roi leur avait infligé une amende, la femme de Phéroras la paya à leur place. [43] En retour de cette marque d’amitié, ils lui prédirent — car la fréquentation de Dieu leur conférait le don de prophétie — que Dieu avait décrété que le trône échapperait à Hérode et à sa race et que la couronne passerait à elle-même, à Phéroras et à leurs enfants. [44] Ces propos, que Salomé avait découverts, étaient rapportés au roi, ainsi que le fait que quelques courtisans s’étaient laissé corrompre. Le roi fit alors périr les plus coupables des Pharisiens, l’eunuque Bagoas et un certain Carus qui l’emportait sur tous ses contemporains par sa beauté et était son mignon ; il fit mourir aussi tous les gens de sa maison qui étaient d’accord avec les Pharisiens. [45] Bagoas avait été entraîné par ceux qui promettaient de l’appeler père et bienfaiteur du roi à désigner, car, disaient-ils, il exercerait tous les pouvoirs et obtiendrait du prince la puissance que lui auraient donnée un mariage et la procréation d’enfants légitimes. (Antiquités judaïques, XVII, II, 4)

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Selon Sophrone de Jérusalem, Nicolas de Damas devient précepteur des enfants de Marc Antoine et de Cléopâtre (les jumeaux Alexandre Hélios et Cléopâtre Séléné, nés en 40 av. J.-C.. Il était donc un adulte avant -31. Il est donné comme étant né en -64, mais sans indiquer la source de cette affirmation.
  2. Que chacun se soumette aux autorités en charge. Car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent sont constituées par Dieu. Si bien que celui qui résiste à l'autorité se rebelle contre l'ordre établi par Dieu. Et les rebelles se feront eux-mêmes condamner. En effet, les magistrats ne sont pas à craindre quand on fait le bien, mais quand on fait le mal. Veux-tu n'avoir pas à craindre l'autorité ? Fais le bien et tu recevras des éloges ; car elle est un instrument de Dieu pour te conduire au bien. Mais crains, si tu fais le mal ; car ce n'est pas pour rien qu'elle porte le glaive : elle est un instrument de Dieu pour faire justice et châtier qui fait le mal. Aussi doit-on se soumettre non seulement par crainte du châtiment, mais par motif de conscience. N'est-ce pas pour cela même que vous payez les impôts ? Car il s'agit de fonctionnaires qui s'appliquent de par Dieu à cet office. Rendez à chacun ce qui lui est dû : à qui l'impôt, l'impôt ; à qui les taxes, les taxes ; à qui la crainte, la crainte ; à qui l'honneur, l'honneur ; (Paul de Tarse, Épître aux Romains, 13, 1-7).
  3. Parmi lesquels probablement Ananus ben Ananus et Jésus ben Gamala.
  4. Parmi lesquels probablement Shimon ben Gamaliel.
  5. Eisenman 2012 vol. I, p. 11s.
  6. a b et c Eisenman 2012 vol. I, p. 11.
  7. a b c d et e Eisenman 2012 vol. I, p. 12.
  8. Section 1 = Ant., XVIII. 1, 1 ,§ 2-10.
  9. C'était un but fondamental de l'entraînement philosophique de rendre insensible à toutes les difficultés physiques, la faiblesse et le désir, au πάθη. Le test final consistait à savoir si l'on pouvait affronter la mort même avec sérénité (par exemple, Epictetus, Diatr, 3.26.11-14, 21-39). Beaucoup de philosophes, y compris le professeur Attalus de Seneca, ont prescrit des schémas physiques durs en ce qui concerne la nourriture, la boisson et le sexe; il exigeait aussi que ses étudiants s'assoient sur des sièges durs (Seneca, Ep. 108.14, Clarke 1971: 93). Nigrinus de Lucian insiste sur le fait que les étudiants de philosophie sont souvent soumis par leurs professeurs à des fouets, des couteaux et des bains froids (voir plus bas), pour leur donner dureté et insusceptibilité à la douleur (στέρρον καὶ ἀπαθές). âme. Il affirme que de nombreux étudiants expirent des efforts physiques requis par d'autres philosophes (Nigr 28). De manière significative, la seule autre occurrence du verbe σκληραγωγέω ("endurcir") dans Josephus concerne le Daniel pythagoricien et ses amis, qui observent un régime végétarien à Babylone afin d'éviter de manger de la viande non casher (Ant. ). Josephus prétend que ces jeunes hommes évitent de rendre leur corps mou (μαλακώτερα). Au sujet du régime alimentaire, voir la fin des § 11 et 14 ci-dessous. Josèphe n'a rien dit d'un entraînement si dur ailleurs dans ses descriptions des écoles de Judée, bien que ses Esséniens (Guerre 2.122-23) et même ses Pharisiens (Ant. 18.12) pratiquent une vie simple.
  10. POV de Mason : => Shutt (1961: 2) et beaucoup d'autres affirment que Bannus vécut «probablement selon les idéaux esséniens», cette observation semble ne pas valoir mieux - à moins que les «idéaux Esséniens» se réfèrent à une détermination générale de vivre simplement et dans la pureté. induction posthume de Jésus, Jean le Baptiste, et d'autres comme Esséniens.
  11. POV de Mason : C'est un «désert» avec de l'eau et des arbres disponibles, ainsi la nature sauvage de Judée, où poussent certains arbres et où l'hiver apporte de l'eau. En tant que lieu de contemplation, de rencontre avec Dieu et de changement dramatique, le désert a joué un rôle déterminant dans la compréhension de soi du Judaïsme (Exode 3:22, 16: 1-19: 25, Esaïe 40: 3, Matthieu 3: 1-4). : 11). Les espoirs prophétiques comprenaient la rédemption du désert (Esaïe 35: 1, 6; 43: 19-20), et la communauté de Qumran prenait cela très au sérieux (1QS 8.15). Pour le public romain de Josephus, son but semble être de souligner les épreuves et le durcissement qu'il a enduré en tant qu'étudiant. Bien qu'il soit vrai que le désert de Judée était aussi la cachette évidente pour les rebelles, la spéculation de Rajak (1983: 38) selon laquelle Bannus et certains de ses disciples nourrissaient un agenda politique - que la mention d'un nom personnel suggère que l'allégeance de ses disciples étaient faites à lui personnellement, et qu'ils s'attendraient à ce que quelque changement immédiat soit amené par lui "- cherche à extraire le sang d'une pierre. Josephus a conçu, ou peut-être même inventé, cette pièce pour soutenir ses prétentions à la vertu. Il mentionne vraisemblablement les conditions de désert sévères (indépendamment des faits sous-jacents) pour des raisons rhétoriques: pour prouver son imperméabilité à la difficulté.
  12. Steve Mason traduit ζηλωτής par « dévot ». C'est une traduction très tendancieuse. Prétendre avoir été ζηλωτής lorsqu'on écrit sur la grande révolte juive 30 ans après et que l'on est juif soi-même n'a rien d'anodin et il est évident que Josèphe a choisi ce mot dans un but précis. Il précise que c'est la seule occurrence dans la Vita et développe tout un argumentaire pou oter toute l'étrangeté de ce mot ici en mentionnant que Nicolas de Damas prétendait être devenu « zélotes d'Aristote », sauf que c'était plus de cent ans AVANT la révolte.
  13. Grec: ἐσθῆτι ἀπὸ δένδρων χρώμενον. Josèphe rend ainsi sa première formation aussi exotique que les pratiques des Indiens d'Hérodote, qui sont vêtus avec des matériaux qui poussent sur les arbres (Hist 3.106), ou que celles des des Scythes, qui vivent chacun sous leur propre arbre Pontique, d'où chacun tire sa nourriture et son habillement ( Hist 4.23).
  14. Grec: αὐτομάτως. Dans les parallèles internes les plus proches, Josèphe explique que le parc d'Éden était caractérisé par une nourriture qui poussait automatiquement (Ant 1.46), ce qui était propice à une longue vie (1.105-6). Mais la punition de Dieu pour le péché d'Adam comprenait la cessation de la nourriture automatique et le besoin d'une cultivation intense, ce qui raccourcirait la vie (Ant 1.49). Un peu plus tard, Dieu préfère le sacrifice d'Abel à celui de Caïn car Dieu est «honoré par des choses qui croissent automatiquement (αὐτομάτοις) et selon la nature, mais pas par celles qui poussent par la force de saisir l'homme avec ruse (τοῖς κατ 'ἐνθρώπου πλεονέκτου βίᾳ πεφυκόσιν) "(Ant 1.54, trans L. Feldman). Feldman (2000: 20 n ° 116) note des références gréco-romaines parallèles à un âge d'or où la terre produisait de la nourriture par elle-même (Hésiode, opus 109ff, Ovide, Metam, 1.101 et suiv.). Ainsi, à certains égards, l'état édénique était parallèle au monde avant Prométhée. Puisque le sacrifice acceptable d'Abel consistait en du lait et un pâturage de premier-né (Ant 1.54), le principe de Josephus semble n'avoir rien à voir avec la distinction viande / végétarien qu'il emploie ailleurs dans le contexte de manger à l'étranger (§ 14 Ant.10.190-94). Il s'agit strictement d'éviter la culture, et ce n'est pas un principe qu'il préconise généralement. Évidemment, Josephus prend une liberté romantique considérable. A moins de passer beaucoup de temps dans des oasis telles que Jéricho, où il a été cultivé, ou il a survécu principalement à un régime viande / lait, il n'aurait pas pu trouver dans le désert de Judée la variété de nourriture naturelle nécessaire pour vivre pendant des années. fin. Cf. Le régime de Ioannes le baptiste de sauterelles et de miel sauvage, dans la même région (Marc 1: 6), qui a beaucoup le même but littéraire: marquer un homme comme un étranger à tout le luxe et un ami de la vertu. Bien que la référence de Josephus à la nourriture non cultivée court peut-être le risque d'être comparée aux stéréotypes barbares les plus répugnants, qui ont commencé avec Homer's Cyclopes (Od 9,10- 15), une description qui contient encore un élément d'idéalisme: Tacitus 31.2.3; Shaw 1982-83, Garnsey 1999: 65-8).), Il évoque plutôt clairement l'idéal philosophique d'un retour à la simplicité naturelle. Dans son homme d'État (Pol 274C), Platon a parlé de l'interlocuteur de Socrate au moment où la cultivation a commencé, quand la nourriture qui a grandi par elle-même (αὐτομάτη τροφή) n'avait pas été adéquate. Diogène le Cynique prétendit qu'il était à la fois désirable et possible de revenir à l'état animal, dans lequel on ne chercherait que des vêtements, un abri et de la nourriture tels qu'ils se sont développés (αὐτόματος): voir Dio Chrysostom Tyr. 28. En général, alors, Josephus prétend s'être entraîné sur le genre de régime hautement discipliné que ses contemporains ont associé aux philosophes les plus rigoureux. Pythagore, qui s'est abstenu de la viande et d'autres aliments, a été crédité de faire de la réglementation alimentaire une préoccupation importante en philosophie (Diogène Laertius 8.13, 19). Il a été suivi le plus célèbre par le néo-platonicien néo-platonicien du IIIe siècle Porphyre (Abst 2.12, 27, 4.2, Vit Pyth 14 et Passim, discussion dans Garnsey 1999: 85-91).
  15. En surface, c'est une remarque curieuse, puisque Josèphe vient de dire (§ 10) qu'il s'est informé entre les pharisiens et les autres écoles sans satisfaire son objectif, puisque ses récits précédents ont été très critique du groupe (1,110 à 14 guerre; Ant . 13,288 à 98, 400 à 32; 17,41 à 5), et comme il ne donne aucune indication qu'il a eu un changement de cœur (cf. Vie 189-98). La solution de l'énigme réside peut-être dans l'observation grammaticale que cette clause dépend de la précédente, au sujet de son entrée dans la vie publique. S'il veut dire, alors, qu'il était de son entrée dans la vie publique qui a entraîné une certaine déférence ou "à l'instar de" (κατακολουθέω) les pharisiens, nous aurions un parallèle évident dans Ant. 18.17. Là, il a affirmé que toute personne qui assume la fonction publique, même Saducéen, doit remettre à "ce que dit le pharisien." Telle est l'influence-alléguée par cet aristocrate-des pharisiens (cf. également Ant. 13,288, 400) public. Bien que les chercheurs ont proposé que Josèphe déclare ici soit son engagement décisif aux pharisiens ou son désir d'être considéré comme un pharisien pour des raisons politiques, sa construction semble plutôt faible et dépend de la clause précédente. Voir S. Mason 1991: 325-56.
  16. Si nous nous demandons pourquoi Josèphe compare les pharisiens avec les stoïciens, la réponse n'est pas difficile à imaginer. Les stoïciens sont célèbres pour avoir essayé de trouver place pour les deux destin et le libre arbitre (Cicéron, Fat. 39), tout comme les pharisiens de Josèphe (Ant. 13,171 à 73). Ce fut la question philosophique centrale. Les rôles des deux écoles dans leurs sociétés respectives – dont les idées ont été largement embrassé, même si le nombre des membres engagés était petit (Ant. 18.15) - peut également avoir joué un rôle dans sa comparaison.
  17. Les mss sauf E ont ici Pollion et pas Saméas, comme indiqué précédemment.