Royaume uni des Pays-Bas

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Royaume uni des Pays-Bas
Royaume des Belgiques
Regnum Belgicum
(nl) Koninkrijk der Nederlanden

1815–1839

Drapeau
Drapeau du royaume uni des Pays-Bas.
Blason
Armoiries du royaume uni des Pays-Bas.
Devise Je maintiendrai
Hymne Wien Neêrlands Bloed (en)
Description de cette image, également commentée ci-après
Situation du royaume en Europe.
Informations générales
Statut Monarchie constitutionnelle
Capitale Amsterdam et Bruxelles
Langue(s) Néerlandais et français
Religion Protestantisme, catholicisme
Monnaie Florin ou gulden
Démographie
Population ± 5 500 000 hab.
Superficie
Superficie ± 65 000 km2
Histoire et événements
1815 Congrès de Vienne, naissance du pays, adoption de la constitution
1830 Révolution belge
1839 Ratification du traité des XXIV articles
Roi
(1er) 18151839 Guillaume Ier

Le royaume uni des Pays-Bas[1], appelé officiellement en français royaume des Belgiques[2], en néerlandais Koninkrijk der Nederlanden, et en latin Regnum Belgicum[3], était un État créé par le congrès de Vienne de 1815 dans le but d'en faire un État tampon entre les grandes puissances européennes. Il rassemblait les anciens territoires de la république des Provinces-Unies, actuels territoires du royaume des Pays-Bas, les territoires des anciens Pays-Bas du Sud et de la principauté de Liège, correspondant à l'actuel royaume de Belgique (à l'exception des cantons de l'Est et de la province du Luxembourg), ainsi que les colonies néerlandaises, dont la plus importante était les Indes orientales néerlandaises, l'actuelle Indonésie.

Bien que le congrès de Vienne eût prévu que le Luxembourg constituât un grand-duché indépendant membre de la Confédération germanique, Guillaume Ier des Pays-Bas, qui l'avait obtenu à titre personnel en dédommagement des possessions patrimoniales qu'il avait dû céder à la Prusse dans le duché de Nassau, décida de l'administrer au sein de son royaume en y appliquant la loi fondamentale du royaume des Pays-Bas. Guillaume Ier, bien obligé de respecter les droits de la Confédération germanique au Luxembourg, ne put cependant jamais empêcher une garnison confédérale, essentiellement prussienne, de garder la forteresse de Luxembourg face à la France.

Création du royaume

Le royaume est créé par la proclamation du [4], par laquelle le prince souverain des Pays-Bas unis, Guillaume-Frédéric d'Orange-Nassau, déclare « que tous les pays y appartenant forment, dès à présent, le royaume des Pays-Bas, pour être ainsi possédés par nous et nos légitimes successeurs d'après le droit de primogéniture » et prendre « pour nous-même et pour les princes qui monteront après nous sur ce trône, la dignité royale et le titre de roi, et ajouter à ce dernier celui de duc de Luxembourg, à cause des relations particulières que cette province est destinée à avoir avec l'Allemagne ».

Un nouvel État européen

Troupes du royaume uni des Pays-Bas, passant par la ville flamande de Termonde, 1820.

La création par le congrès de Vienne du royaume des Pays-Bas regroupant à peu près les anciennes Dix-Sept Provinces de Charles Quint telles qu'elles avaient existé avant le soulèvement des Pays-Bas sous Philippe II d'Espagne, fut une création assez théorique, car ignorant les réalités historiques et les évolutions différentes vécues par les territoires réunis. D'un côté, une vieille république fondée sur la liberté de culte, régnant sur les mers, créatrice d'un immense empire et capable, jusqu'à Napoléon, de résister aux grandes puissances européennes, qui ne fut royaume (royaume de Hollande) que quelques années et à contre-cœur sous l'Empire napoléonien et, de l'autre, les provinces du Sud qui ne formèrent jamais plus qu'une vague confédération de principautés ayant un même souverain en commun, jadis profondément marquées par le catholicisme et attachées à leurs privilèges communaux et autres, mais dont les élites formées dans les lycées napoléoniens puis dans les universités fondées par Guillaume Ier lui-même (les universités d'État de Liège, de Louvain et de Gand), étaient de plus en plus imprégnées de libéralisme.

Dès la création de cet État, beaucoup étaient convaincus que les provinces du Nord, où les milieux fidèles à l'ancien système républicain s'étaient affermis lors de la République batave, n'accepteraient jamais une monarchie et se révolteraient rapidement contre ce nouveau roi. Pourtant, à la surprise générale des chancelleries, en 1830, ce ne fut pas l'ancienne république des Provinces-Unies mais les provinces du Sud qui firent sécession lors de la révolution belge et qui obtinrent leur indépendance. Les provinces de Limbourg et de Luxembourg intégrées à l'ensemble néerlandais jusqu'en 1839, furent administrées de facto par la Belgique , malgré les revendications de Guillaume Ier, et, à la suite du traité de Londres, le nouvel État belge ne put en conserver qu'une partie (les actuelles provinces de Limbourg et de Luxembourg).

Le royaume des Pays-Bas, amputé des provinces du Sud, continua sa vie institutionnelle en tant qu'héritier de Guillaume Ier et non plus de l'ancienne république des Provinces-Unies.

Actuellement, l'historiographie belge qualifie cette époque de « régime hollandais », appellation contestée par ceux qui font remarquer que le royaume des Pays-Bas (Regnum Belgicum) ne se voulait ni hollandais ni belge mais l'union des deux.

Réalisations

Sous le gouvernement de Guillaume Ier le nombre d'enfants scolarisés dans le primaire passa dans les provinces du sud (l'actuelle Belgique) de 150 000 à 300 000 grâce à la création de mille cinq cents nouvelles écoles. Cet enseignement était dispensé en néerlandais dans toute la Flandre et à Bruxelles et en français dans les provinces wallonnes. L'université d'État de Louvain, l'université de Liège et l'université de Gand sont fondées à cette époque (1817), de même que le conservatoire, l'observatoire de Quetelet et le jardin botanique de Bruxelles (1829). Guillaume Ier favorise l'installation d'industriels, tels que John Cockerill, et réalise le creusement de canaux, notamment le canal Bruxelles-Charleroi. La Société générale de Belgique est fondée en 1822 sur l’initiative du roi Guillaume Ier, sous le nom de Société des Pays-Bas pour favoriser le développement de l’industrie nationale.

Provinces

Le royaume uni des Pays-Bas était divisé en dix-sept provinces[5] :

Composition des gouvernements : ministres, secrétaires d’État et commissaires-généraux

Gouvernement en 1819

En 1819, le gouvernement du royaume des Belgiques[12] se composait ainsi :

Gouvernement en 1830

La révolution belge de 1830 entraîne la sécession de la Belgique de fait, puis la guerre belgo-néerlandaise de 1831-1833. Le 19 avril 1839, l'indépendance de la Belgique est officiellement reconnue par le gouvernement néerlandais lors du traité de Londres.

Notes

  1. L'expression royaume uni des Pays-Bas, dont le nom officiel était en néerlandais Koninkrijk der Nederlanden et en français royaume des Belgiques, était souvent employée même officiellement pour désigner cet État et le distinguer ainsi avec le futur royaume des Pays-Bas actuel. Par exemple :
    • Friedrich Wilhelm Ghillany, Manuel diplomatique, recueil des traités de paix européens, 1856, p. 889 : « Art. XIII. §. 1. À partir du 1er janvier 1832, la Belgique, du chef du partage des dettes publiques du Royaume uni des Pays-Bas, restera chargée d'une somme de huit millions quatre cent mille florins des Pays-Bas de rentes annuelles, dont les capitaux seront transférés du débet du grand-livre à Amsterdam, ou du débet du trésor général du Royaume uni des Pays-Bas, sur le débet du grand-livre de la Belgique. »
    • Baron Jean-Baptiste Nothomb et Théodore Juste, Essai historique et politique sur la Révolution belge, 1876, p. 108, on peut lire : « Et la couronne est tombée; car les puissances ont pensé que, pour le salut de l'Europe, il convenait de proclamer la dissolution du Royaume uni des Pays-Bas. »
  2. P. van Hees, Hugo de Schepper, Tussen cultuur en politiek: het Algemeen-Nederlands Verbond 1895-1995, 1995, p. 22 : « Van 1814 tot 1830 waren Noord en Zuid onder Koning Willem I verenigd tot één staat, het Koninkrijk der Nederlanden (in het Frans le Royaume des Belgiques) » ; Encyclopædia Universalis : « Au Congrès de Vienne (1814-1815), les grandes puissances décidèrent d'adjoindre les Pays-Bas du Sud aux Pays-Bas du Nord, sous l'autorité du prince d'Orange Guillaume Ier, et de créer ainsi un puissant État tampon destiné à contenir la France : le nouvel État s'appelait le royaume des Belgiques. Il comptait deux capitales : La Haye et Bruxelles ». Lire en ligne ; Revue générale pour l'humaniste des temps nouveaux, 1980 : « succédant à une révolution avant laquelle plusieurs d'entre eux avaient été les gestionnaires des deux Belgiques, car on oublie facilement qu'à l'époque de Waterloo le royaume des Pays-Bas s'appelait le «royaume des Belgiques » ; Briefe von Annette von Droste-Hülshoff und Levin Schücking, Grunow, 1893 : « Berlin für sein Album geben, auch später wieder drucken lassen können, antworte ich Ihnen schon gar nicht mehr! Bis den ersten Juli treffen Briefe mich noch hier, dann ist meine Adresse während des Juli: Ostende, royaume des Belgiques ».
  3. Annales academici, 1827, p. 8 : « tam diversam habeat soli naturam, quam regnum Belgicum, cara nostra patria; hic enim, ut in Zelandia et in multis Groningae, Brabantiae Meridionalis, Trajecti, Frisiae, aliarumque provinciarum partibus invenitur argillosa terra....»
  4. Arrêté du 16 mars 1815, no 1, Moniteur du royaume des Pays-Bas, 1815, 27.
  5. Loi fondamentale du royaume des Pays-Bas du , article 1er, alinéa 1er : « Le royaume des Pays-Bas, dont les limites sont fixées par le traité conclu entre les puissances de l'Europe assemblées au congrès de Vienne, signé le , est composé des provinces suivantes : Brabant-Septentrional, Brabant-Méridional, Limbourg, Gueldre, Liège, Flandre-Orientale, Flandre-Occidentale, Hainaut, Hollande, Zélande, Namur, Anvers, Utrecht, Frise, Overijssel, Groningue, Drenthe ».
  6. Loi fondamentale du royaume des Pays-Bas du 24 août 1815, article 2, alinéa 1er : « Les provinces de Gueldre, Hollande, Zélande, Utrecht, Frise, Overijssel, Groningue et Drenthe, conservent leurs limites actuelles ».
  7. Loi fondamentale du royaume des Pays-Bas du 24 août 1815, article 2, alinéa 2 : « Le Brabant-Septentrional consiste dans le territoire de la province qui porte aujourd'hui le nom de Brabant, à l'exception de la partie qui a appartenu au département de la Meuse-Inférieure ».
  8. a b c d et e Loi fondamentale du royaume des Pays-Bas du 24 août 1815, article 2, alinéa 3 : « Les provinces de Brabant méridional (département de la Dyle), de Flandre-Orientale (département de l'Escaut), de Flandre-Occidentale (département de la Lys), de Hainault (département de Jemmapes), et d'Anvers (département des Deux-Nèthes), conservent les limites actuelles de ces départements ».
  9. Loi fondamentale du royaume des Pays-Bas du 24 août 1815, article 2, alinéa 5 : « La province de Liège comprend le territoire du département de l'Ourthe, à l'exception de la partie qui en a été séparée par le même traité ».
  10. Loi fondamentale du royaume des Pays-Bas du 24 août 1815, article 2, alinéa 4 : « La province de Limbourg est composée de la Meuse-Inférieure en entier, et des parties du département de la Roer qui appartiennent au royaume par le traité de Vienne ».
  11. Loi fondamentale du royaume des Pays-Bas du 24 août 1815, article 2, alinéa 6 : « La province de Namur contient la partie du département de Sambre-et-Meuse, qui n'appartient pas au grand duché de Luxembourg ».
  12. Almanach Royal des Pays-Bas, 1819.

Voir aussi