Henri Fruchaud

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Henri Fruchaud
Naissance
Angers (Maine-et-Loire)
Décès (à 66 ans)
Brunoy (Essonne)
Origine Drapeau de la France France
Allégeance Drapeau français République française
Drapeau de la France Forces françaises libres
Arme Service de santé des armées
Grade Médecin-colonel
Années de service 19131957
Commandement Ambulance Hadfield-Spears
Conflits Seconde Guerre mondiale
Distinctions Commandeur de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération
Médaille militaire
Croix de Guerre 1914-1918
Croix de Guerre 1939-1945

Henri Fruchaud (Angers, - Brunoy, ) est un militaire français, Compagnon de la Libération par décret du 16 octobre 1945. Étudiant en médecine au début de la Première Guerre mondiale, il s'illustre durant celle-ci en servant dans les services médicaux lors des plus grandes batailles du conflit. Il termine ses études pendant l'entre-deux-guerres et s'oriente vers la chirurgie. Entendant l'appel du général de Gaulle au début de la Seconde Guerre mondiale, il s'engage dans les forces françaises libres et participe avec celles-ci aux campagnes d'Afrique et du Moyen-Orient. Il continue d'exercer quelque temps au Levant après la guerre avant de revenir en France peu de temps avant sa mort en 1960.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et scolarité[modifier | modifier le code]

Né le à Angers où il effectue ses études secondaires, le jeune Henri Fruchaud décide ensuite de suivre les traces de son père médecin[Note 1]. En 1913, il passe avec succès le concours de l'externat des hôpitaux de Paris. Cependant, il est appelé sous les drapeaux en novembre et, la Première Guerre mondiale éclatant pendant son service militaire, il doit suspendre ses études[4].

Première Guerre mondiale et entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

Henri Fruchaud parvient tout de même à rester dans le milieu médical en étant engagé comme caporal brancardier au 90e régiment d'infanterie[5]. Il participe avec son unité aux batailles de la Marne, d'Ypres, de l'Artois, de Champagne, de Verdun et de la Somme[6]. Se distinguant en toutes occasions, il est cité à plusieurs reprises et est décoré de la Légion d'honneur, de la médaille militaire et de la croix de guerre 1914-1918[5]. Devenu médecin-auxiliaire avec le grade d'adjudant-chef, il termine la guerre dans les rangs de la 18e division d'infanterie[4]. Il reprend ses études de médecine après avoir été démobilisé en . Après avoir passé son internat aux hôpitaux de Paris, il retourne dans sa région natale et exerce comme chirurgien à la clinique Saint-Léonard d'Angers puis à l'hôpital de Châteaubriant en Loire-Atlantique. En 1937, il revient à Angers pour professeur titulaire de clinique chirurgicale à l'école de médecine[4].

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Engagement dans la France Libre[modifier | modifier le code]

Mobilisé en tant que médecin-capitaine en , Henri Fruchaud ne part cependant pas au front et est affecté à l'hospice mixte d'Angers[4]. En 1940, refusant la défaite et sensible à la cause du général de Gaulle, il décide de rejoindre Londres et embarque à Saint-Jean-de-Luz à la fin du mois de juin en direction de l'Angleterre. Mis à la tête du service de santé des forces françaises libres, il met en place une ambulance chirurgicale légère destinée à être placée en soutien du corps expéditionnaire projeté en Afrique de l'Ouest au mois de septembre[7]. Embarqué sur le Westernland, il participe donc à la bataille de Dakar puis à la campagne du Gabon. Il est ensuite projeté à l'est où en février et , il prend part à la campagne d'Érythrée[4].

L'ambulance Hadfield-Spears[modifier | modifier le code]

Remarqué pour ses talents de chirurgien en situation critique, il est choisi pour prendre la tête de l'ambulance Hadfield-Spears qui doit rejoindre l'Abyssinie en provenance de Londres. Cependant, débarquée à Port-Saïd, cette unité apprend que les plans ont changé et est déroutée vers la Palestine[8]. C'est finalement à Sarafand au Liban que Fruchaud rejoint son nouveau poste. Déplacé à Deraa puis Damas, lui et son unité traitent un grand nombre de blessés issus des combats entre les hommes de la France Libre et les Français restés fidèles au régime de Vichy avant que ces deux camps ne signent un armistice le à Saint-Jean d'Acre[9]. L'ambulance s'installe alors à Beyrouth pour plusieurs mois et tient lieu d'hôpital de garnison[7]. Henri Fruchaud tire profit de cette période d'accalmie pour mettre au point un poste chirurgical mobile consistant en deux camions pouvant être assemblés entre eux et projetés en avant du dispositif principal de l'ambulance[8].

En , après avoir été promu médecin-lieutenant-colonel, il rejoint la Libye à la tête de son unité. La base principale de celle-ci étant installée à Tobrouk, Fruchaud quant à lui met sur pied son poste chirurgical sur la position de Bir-Hakeim où il se trouve en [9]. Traitant un certain nombre de blessés venant des combats alentour, il doit être relevé le mais son remplaçant étant retardé et les Allemands attaquant la position le , il se retrouve engagé au milieu de la bataille de Bir Hakeim[8],[5]. Devant opérer les blessés dans des conditions épouvantables sous les bombardements ennemis, Henri Fruchaud reste sur place malgré l'arrivée de la relève le [8]. Fruchaud et son équipe parviennent finalement à évacuer les lieux le .

Fin de la guerre[modifier | modifier le code]

Après les combats de Bir Hakeim, il est appelé à devenir chirurgien-consultant des forces françaises libres et quitte l'ambulance Hadfield-Spears pour être affecté à l'hôpital militaire de Damas[4]. En , il accompagne le corps expéditionnaire français lors de la campagne d'Italie en tant que médecin-chef de la formation chirurgicale mobile no 2 spécialement créée pour l'occasion[7]. Il y opère jusqu'en avant de retourner au Moyen-Orient où il devient médecin-chef de l'hôpital Saint-Louis à Alep en Syrie[5].

Après-guerre[modifier | modifier le code]

Après la guerre, il choisit de rester en Syrie où il continue d'exercer à l'hôpital d'Alep et dans tout le pays jusqu'en 1957[5]. Cependant, les conditions de sécurité difficiles consécutives à la naissance de l'État d'Israël et son état de santé déclinant, il décide finalement de rentrer en France et exerce quelques mois à l'hôpital de Poitiers en 1959[4],[5]. En 1960, il est victime en plein travail d'une hémorragie cérébrale[10]. Devenu hémiplégique, il se retire à Brunoy, dans l'Essonne où il meurt le des suites de son accident vasculaire[4],[10]. Il est inhumé à Trémentines dans son département natal.

Décorations[modifier | modifier le code]

Commandeur de la Légion d'honneur Compagnon de la Libération Médaille militaire
Croix de Guerre 1914-1918 Croix de Guerre 1939-1945 Médaille coloniale
Avec agrafes "Érythrée" et "Libye"
Ordre impérial et militaire de Saint-Georges
4e classe
(Russie)

Publications[modifier | modifier le code]

Chirurgien réputé aussi bien dans le cadre de ses activités civiles que dans ses expériences militaires, Henri Fruchaud a publié tout au long de sa carrière un certain nombre d'ouvrages traitant de la chirurgie[4],[11].

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • La tradition chirurgicale, Angers, Éditions de l'Ouest, .
  • Chirurgie de la tuberculose pulmonaire : Indications, techniques et résultats, Paris, Saint-Amand, .
  • Éloge de l'esprit chirurgical, Angers, Éditions de l'Ouest, .
  • Traitement médico-chirurgical des pleurésie purulentes tuberculeuses, Paris, G. Doin, .
  • Forces françaises combattantes : Chirurgie de guerre, Beyrouth, Les lettres françaises, .
  • Anatomie chirurgicale des hernies de l'aine, Paris, G. Doin, .
  • Chirurgie de l'étage supérieur de l'abdomen, Paris, G. Doin, .

Hommages[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le médecin-colonel Henri Fruchaud (1894-1960) était le fils du docteur Henri Fruchaud (1863-1933), chirurgien et chevalier de la Légion d’honneur[1]. Ce dernier était, par ailleurs, le petit-cousin de Mgr Félix-Pierre Fruchaud (1811-1874), archevêque de Tours, comte romain en 1865, prélat de la Maison de Sa Sainteté, assistant au Trône pontifical. Armes : d'argent, à deux branches de chêne et de laurier de sinople passées en sautoir, cantonnées de quatre croisettes de gueules[2],[3].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Généalogie ascendante de Henri Fruchaud (1894-1960), sur geneastar.org (consulté le 3 avril 2022)
  2. « Armorial des princes, ducs, marquis, barons et comtes romains en France, créés de 1815 à 1890, et des titres pontificaux conférés en France par les papes, souverains du Comtat-Venaissin », sur jean.gallian.free.fr – source L. Magny (consulté le )
  3. Généalogie ascendante de Félix Pierre Fruchaud (1811-1874), sur geneastar.org (consulté le 3 avril 2022)
  4. a b c d e f g h et i « Biographie - Ordre National de la Libération »
  5. a b c d e et f Jean-Christophe Notin, 1061 Compagnons : histoire des Compagnons de la Libération, Paris, Éditions Perrin, , 822 p. (ISBN 2-262-01606-2)
  6. Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Elytis, (ISBN 978-2-35639-033-2)
  7. a b et c Guy Chauliac, Le service de santé de la France Libre de 1940 à 1943, Edition personnelle,
  8. a b c et d Jacques Dupey, L'ambulance Hadfield-Spears : La drôle d'équipe, Nouvelles Éditions latines,
  9. a et b (en) Mary Borden, Journey down a blind alley, Londres, Hutchinson & Co,
  10. a et b « Médecin-colonel Henri Fruchaud », Revue de la France Libre n° 128,‎
  11. « Fiche auteur sur le site de la Bibliothèque nationale de France. »
  12. « Base de données gouvernementale sur les communes de France »
  13. « Promotion 2018 - Henri Fruchaud », sur Écoles militaires de santé de Lyon

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Guy Chauliac, Le service de santé de la France libre de 1940 à 1943, Guy Chauliac, édition personnelle, (lire en ligne).
  • Jacques Dupey, L'ambulance Hadfield-Spears : La drôle d'équipe, Nouvelles Éditions latines, .
  • Georges Hugonot, Le service de santé dans les combats de la libération, Association Rhin et Danube, .
  • (en) Mary Borden, Journey down a blind alley, Londres, Hutchinson & Co, .
  • (en) Tegla Davies, Friends Ambulance Unit : The Hadfield-Spears Hospital Unit, G. Allen & Unwin Ltd, .
  • Jean-Christophe Notin, 1061 compagnons : Histoire des Compagnons de la Libération, Paris, Éditions Perrin, , 822 p. (ISBN 978-2-262-01606-7).
  • Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Elytis, , 1230 p. (ISBN 978-2-35639-033-2).

Liens externes[modifier | modifier le code]