Guowang

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Guowang (chinois : 国网 ; pinyin : Guówǎng ; litt. « réseau national ») ou Zhongguo XingWang (chinois : 中国星网 ; pinyin : Zhōngguó xīng wǎng ; litt. « réseau satellite chinois ») est une constellation de satellites de télécommunications chinoise qui doit fournir notamment des prestations internet à l'image de la constellation Starlink de SpaceX. On dispose de très peu d'informations sur les caractéristiques techniques et le planning de déploiement de cette constellation qui devrait comprendre 13 000 satellites. Toutefois, il est probable que le lancement des premiers satellites intervienne en 2023 et que le déploiement soit achevé au bout de 4 à 5 ans.

Contexte[modifier | modifier le code]

En 2019, Elon Musk, dirigeant de la société SpaceX, décide de déployer une constellation de satellites géante positionnée en orbite basse destinée à fournir un service internet à haut débit à l'ensemble de la planète en particulier dans les régions mal desservies par les réseaux terrestres. Starlink rencontre un succès commercial avant même son complet déploiement, poussant l'Europe et la Chine à lancer leur propre constellation. Si l'Europe, à travers son projet de constellation IRIS (déploiement à compter de 2024), cherche surtout à ne pas dépendre de SpaceX pour ce type de prestation, la Chine a des objectifs différents. Les dirigeants chinois considèrent que le service offert par SpaceX constitue une menace militaire (elle a interdit l'utilisation de Starlink sur son territoire). La guerre en Ukraine et la répression meurtrière contre les manifestations en Iran (2022/2023) ont en effet démontré que Starlink pouvait constituer une arme géopolitique au service de la défense des libertés. Aussi, si officiellement la Chine prévoit de développer une constellation destinée à fournir à ses citoyens des services de communication et internet aux chinois ainsi qu'aux citoyens de pays amis, la constellation devrait également embarquer des contre-mesures destinées à limiter et même annuler les capacités des constellations de satellites occidentales. Les contre-mesures, énoncées dans un rapport de l'Université chinoise d'ingénierie spatiale, comprennent l'occupation des positions orbitales de manière à limiter le survol de la Chine ou des pays amis par les satellites Starlink. Les satellites chinois pourraient également embarquer des armes (lasers ou émetteurs de micro-ondes) destinées à endommager les satellites occidentaux[1].

Historique[modifier | modifier le code]

Suivant une démarche initiée dans les pays occidentaux par les sociétés SpaceX et OneWeb, la Chine envisage à compter de 2016 le déploiement de constellations de satellites de télécommunications en orbite basse fournissant une prestation internet. Cette année là, le conglomérat CASC annonce le développement de la constellation Hongyan qui doit comprendre dans une première phase 320 satellites circulant à une altitude de 1 100 kilomètres. En décembre 2018, un satellite prototype Hongyan 1 est placé en orbite. CASC projette à l'époque de déployer 60 satellites d'ici 2022. En 2017, l'autre grand conglomérat aérospatial chinois, CASIC, annonce le développement de sa constellation Hongyun qui doit comprendre dans une première phase 156 engins spatiaux. Un prototype Hongyun 1 est placé en orbite en décembre 2018. Mais ces deux projets sont finalement abandonnés et la Chine communique en septembre 2021 son intention de déployer une méga-constellation Guowang qui doit comporter 13 000 satellites. Celle-ci doit être gérée par la société China Satellite Network Group Corporation (de) créée dans ce but et basée dans la ville de Xiong'an[2],[3].

Caractéristiques techniques[modifier | modifier le code]

Construction et déploiement[modifier | modifier le code]

Construction des satellites[modifier | modifier le code]

La réalisation et la maintenance de constellation comportant plusieurs milliers de satellites circulant en orbite basse nécessite de disposer d'un secteur industriel capable de construire chaque année un grand nombre de satellites. Les capacités industrielles des constructeurs de satellites chinois ont connu une croissance rapide. On estime que le pays dispose en 2023 d'une capacité de construction annuelle supérieure à 500 satellites même si le nombre de satellites effectivement construits cette année sera sans doute inférieur. Trois nouvelles implantations industrielles ont été créés en 2022/2023 et celles-ci ont été manifestement réalisées dans la perspective du développement des constellations de satellites de télécommunications[3] :

  • Le géant aérospatial CASIC a inauguré fin 2022 un établissement situé à Wuhan qui selon une source officielle peut construire 240 satellites de moins d'une tonne par an.
  • Le constructeur de satellites Commsat a achevé fin 2022 la construction d'un site de production à Tangshan (non loin de Pékin) qui, dans une première phase, peut fabriquer chaque année 50 satellites aux caractéristiques standard et 20 satellites aux spécifications non standard.
  • À Nantong, la société Galaxy Space a pratiquement achevé début 2023 une méga usine capable de fabriquer 500 satellites par an.

Ces capacités viennent s'ajouter à celles d'établissements existants[3] :

  • CAST qui dispose d'un site de construction de satellites à Tianjin.
  • Le centre d'ingénierie pour microsatellites de Shanghai de l'Académie chinoise des sciences construit plusieurs dizaines de satellites chaque année.
  • SAST à Shangaï est capable de construire plusieurs dizaines de satellites chaque année.

Déploiement[modifier | modifier le code]

Le déploiement d'une constellation de cette taille nécessite également de disposer de moyens de lancement de grande capacité. La Chine a annoncé fin 2022 le développement d'une version de son lanceur Longue Marche 5B (le lanceur le plus puissant disponible avec une capacité de 25 tonnes en orbite basse) équipée d'un étage supérieur Yuanzheng (cette fusée ne comporte normalement qu'un seul étage avec des propulseurs d'appoint) précisément conçu pour le déploiement d'un grand nombre de satellites par la même fusée[3].

Il est probable que les premiers satellites de la constellation soient déployés en 2023. Ces engins seront des prototypes destinés à tester et mettre au point les solutions techniques mises en œuvre par la constellation. Le déploiement en masse devrait débuter en 2023 ou 2024 et devrait être achevé au cours des cinq prochaines années[3].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Rémy Decourt, « Pourquoi la Chine veut contrecarrer Starlink ? », sur futura-sciences.com,
  2. (es) Daniel Marin, « La megaconstelación china de trece mil satélites », sur Eureka,
  3. a b c d et e (en) Blaine Curcio, « Why The Chinese Equivalent To Starlink Could Launch In 2023 », sur spaceref.com,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]