Combat de San Michele

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Combat de San Michele

Informations générales
Date
Lieu San Michele Mondovì, Royaume de Sardaigne
Issue Victoire sarde
Belligérants
Drapeau de la France République française Royaume de Sardaigne Royaume de Sardaigne
Commandants
Jean Mathieu Philibert Sérurier Jean-Gaspard Dichat de Toisinge
Forces en présence
8 000 hommes
15 canons
Pertes
600 tués ou blessés 300 tués ou blessés

Campagne d'Italie (1796-1797)

Batailles

Le combat de San Michele se déroule le à San Michele Mondovì, dans le Piémont, et oppose la division française du général Jean Mathieu Philibert Sérurier à un corps piémontais commandé par le général Jean-Gaspard Dichat. L'affrontement se solde par une victoire sarde.

Contexte[modifier | modifier le code]

Au cours des premières batailles de la campagne d'Italie, Napoléon Bonaparte étrille l'armée autrichienne de Beaulieu et la refoule au nord-est, puis se retourne ensuite contre les Piémontais, à l'ouest. Le général Colli-Marchi tente d'enrayer la progression de son adversaire par des combats d'arrière-garde, comme à la bataille de Millesimo le et à Ceva le 16. En dépit de ces difficultés, Bonaparte repousse l'armée sarde vers l'ouest en direction de la forteresse de Coni et des plaines du Piémont. Le , Colli se retranche avantageusement derrière la rivière Corsaglia et attend l'arrivée des Français. Colli laisse à son subordonné, le général Jean-Gaspard Dichat de Toisinge, le soin de défendre la position avec 8 000 soldats et 15 canons[1].

Bonaparte dépêche de son côté la division du général Jean Mathieu Philibert Sérurier devant San Michele et ordonne à la division Augereau de franchir le Tanaro pour flanquer la position sarde au nord. La division Masséna occupe les montagnes au nord de Ceva et menace les lignes de communications de Colli avec Turin, tandis que la cavalerie française du général Stengel se met en marche pour soutenir Sérurier. Pendant ce temps, les troupes du général Laharpe se contentent d'observer les mouvements des Autrichiens à Acqui Terme[2].

Information sur le secteur[modifier | modifier le code]

Colli va occuper la gauche du Corsaglia, avec au centre le village de St-Michele où commande le général de brigade Dichat; la droite remonte en arc jusqu’à Frabosa Soprana avec comme position importante le village de Torre; la gauche en saillant curviligne se prolongeait 500 toises au-dessous de son confluent sur la rive du Tanaro dont les rives sont moins élevées qu’ailleurs. 4 à 5 ponts sont en état le long de cette ligne de défense afin de permettre aux avant-postes de se replier. Le pont de Lesagno est construit une partie en pierre et l’autre en bois ; il sera en partie détruit après le passage de l’armée piémontaise le . Le pont de St-Michele est entièrement construit en bois ; il sera en partie détruit le au soir par les Piémontais. Un aqueduc enjambe le Corsaglia vers St-Cristoforo, il sera utilisé par les uns et les autres pour passer la rivière durant l’attaque.

Dispositions des Sardes sur la ligne du Corsaglia[modifier | modifier le code]

Les corps qui forment le flanc gauche sont : 2 bataillons d’Oneille, 2 bataillon de pionniers, 3 bataillon de Stettler, 1 bataillon Savoie, 4 escadrons de Chablais, 2 bataillon de Chablais au Castelazzo, 1 bataillon de garnison autrichien aux batteries du moulin de Lesogno.

Les corps qui forment le flanc droit sont : 2 bataillons de Turin sur la gauche du Corsaglia depuis Frabosa jusqu’aux Molines, 2 bataillons d’Asti à Mondovi et Vico, 2 bataillons de grenadiers de Chiusa sur les hauteurs entre Vico et St-Michele, 1 bataillon Savoie, 1 bataillon de grenadiers du Tour, 2 bataillons de Varax, 2 bataillons du régiment aux gardes, ces 6 derniers au camp de la Bicoque. Le major-général Dichat, établit dans le village de St-Michele un bataillon de son régiment de grenadiers, entre le village et le pont le 2e bataillon ; 60 volontaires et quelques chasseurs volontaires niçards et francs sont positionnés au-delà du pont afin de se lier aux avant-postes.

Les avant-postes étaient commandés par le lieutenant-colonel Bellegarde : Le 1er bataillon de la légion légère établi à St-Paul, le 2e bataillon de la légion légère au centre sur le bric Chipuzza, un bataillon de chasseurs niçards et francs à Mont Augero. Il y a encore une garde avancée sur le bric delle Cioche.

Position de l’artillerie au  : 5 pièces de 8 furent placées à la roche d’Arazza, 2 batteries au moulin de Lesegno, 1 batterie de 2 pièces à la Madona delle Casette, 2 pièces de 8 et 1 obusier aux Rucchini, 1 pièce de 8 à l’entrée du village de St-Michele, 2 pièces de 4 placées à l’ancienne paroisse, 2 pièces de 4 à Bon Jesus, le parc d’artillerie est placé dans les prés en avant de St-Michel.

Disposition des Français[modifier | modifier le code]

Bonaparte prépare l’attaque de la ligne ennemie. Ordres donnés dans la nuit du 18 au 19 :

  • Augereau se portera avec Joubert, Beyrand et Rusca sur Castellino. Il attaquera la rive droite du Tanaro pour menacer les arrières des Sardes.
  • Sérurier se portera avec toute sa division et 4 régiments de cavalerie sur la droite de l’ennemi, où à la pointe du jour il attaquera San Michele et cherchera avec la cavalerie à couper les communications ennemies avec Mondovi. Il gardera les 4 pièces de 4 livres en plus de l’artillerie attachée à sa division. Il laissera 1 500 hommes pour garder la ville de Ceva.
  • Dommartin cernera le fort de Ceva avec la 84e, et protégera aussi les lignes de communication.
  • Masséna prendra des positions qui puissent favoriser l’attaque contre l’ennemi.

Déroulement du combat[modifier | modifier le code]

Le général de division Jean Mathieu Philibert Sérurier. Portrait du XIXe siècle.

Tout ne se passe pas cependant comme prévu pour les Français. Les soldats d'Augereau, bloqués par les hautes eaux et le feu de cinq pièces d'artillerie, ne peuvent franchir le Tanaro, et une attaque menée au matin par la division Sérurier sur le pont de San Michele est repoussée avec pertes. Peu après, les tirailleurs du général Guieu découvrent une passerelle enjambant la rivière au sud, près du hameau de Torre Mondovì. La brigade Guieu passe alors en force et enfonce le flanc droit de l'armée piémontaise. Les défenseurs refluent en désordre, ce qui permet à la brigade française Fiorella de traverser le pont à son tour et d'occuper la ville. Dans la confusion, Colli manque d'être fait prisonnier ; Dichat est capturé, mais il s'échappe après avoir corrompu son gardien[3].

Les troupes françaises, affamées, mal payées et indisciplinées, n'exploitent pas leur succès et se mettent à piller la ville. Une compagnie de grenadiers suisses servant dans l'armée sarde, profitant de la relâche des Français, reconquiert une partie de la ville. Une contre-attaque générale menée par Colli en début d'après-midi déloge la division Sérurier de San Michele, à l'exception de la brigade Guieu qui parvient à s'accrocher au terrain. L'historien britannique Martin Boycott-Brown estime les pertes françaises à environ 600 tués ou blessés, contre seulement 300 Piémontais[4].

Conséquences et suites[modifier | modifier le code]

Le jugement d'Abel Hugo sur les conséquences de la bataille est sans équivoque : « Tout le terrain qu'avait gagné Serrurier [sic] fut perdu par cet échec. Il dut revenir à Ceva, et les deux partis se retrouvèrent dans la même position que la veille »[5].

Le , Bonaparte envoie en avant la division Masséna tandis que le reste des troupes se repose. Au nord, Beaulieu hésite à venir au secours de son allié. Dans la nuit du , Colli décide de quitter sa position de Corsaglia et de se replier derrière la rivière Ellero, à Mondovi. Après avoir détruit les ponts et laissé leurs feux de camp allumés, les soldats de Colli se retirent dans la soirée. À minuit, Bonaparte, constatant le départ de ses adversaires, ordonne aussitôt la poursuite en utilisant un gué découvert par ses éclaireurs[6]. Les Piémontais sont rattrapés et vaincus le lendemain à la bataille de Mondovi, ce qui les oblige à signer l'armistice de Cherasco le .

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Boycott-Brown 2001, p. 265.
  2. Boycott-Brown 2001, p. 265 et 266.
  3. Boycott-Brown 2001, p. 266 et 267.
  4. Boycott-Brown 2001, p. 267 et 268.
  5. Hugo 1838, p. 80.
  6. Boycott-Brown 2001, p. 270.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Fabry, Mémoire sur la campagne de 1796 en Italie. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Fabry, Campagne d'Italie de 1796. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Correspondance de Bonaparte. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Correspondance inédite et officielle de Bonaparte. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Rapports historiques des régiments de l'armée d'Italie. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Mémoire de Marmont. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Mémoires de Masséna.
  • Clausewitz, La Campagne de 1796.
  • Abel Hugo, France militaire : histoire des armées françaises de terre et de mer de 1792 à 1837, vol. 2, Delloye, , 320 p. (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Martin Boycott-Brown, The Road to Rivoli : Napoleon's First Campaign, Londres, Cassell & Co, , 560 p. (ISBN 0-304-35305-1). Document utilisé pour la rédaction de l’article

Liens externes[modifier | modifier le code]