Bataille de Villers-Bretonneux (1870)

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Bataille de Villers-Bretonneux
Bataille d'Amiens (1870)
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte des environs d'Amiens lors de la bataille
Informations générales
Date
Lieu Villers-Bretonneux, France
Issue Victoire prussienne
Belligérants
Drapeau de la Prusse Royaume de Prusse Drapeau de la France République française
Commandants
baron Edwin von Manteuffel
August Karl von Goeben
général Farre
Forces en présence
Ire Armée (environ 40 000 hommes) Armée du Nord (environ 25 000 hommes)
Pertes
1 216 tués
76 officiers
1 383 tués ou blessés
1 000 disparus

Guerre franco-allemande de 1870

Batailles

Coordonnées 49° 52′ 03″ nord, 2° 31′ 15″ est
Géolocalisation sur la carte : Somme
(Voir situation sur carte : Somme)
Bataille de Villers-Bretonneux Bataille d'Amiens (1870)
Géolocalisation sur la carte : Hauts-de-France
(Voir situation sur carte : Hauts-de-France)
Bataille de Villers-Bretonneux Bataille d'Amiens (1870)
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Bataille de Villers-Bretonneux Bataille d'Amiens (1870)

La bataille de Villers-Bretonneux ou bataille d’Amiens eut lieu le . C'est lors de cette bataille que se joua le sort de la ville d'Amiens durant la guerre franco-allemande. L’armée française sous les ordres du général Farre affronta les Prussiens commandés par le général Manteuffel. À l’issue d’une journée de combat, les troupes françaises durent battre en retraite et abandonner Amiens aux mains des Prussiens.

Contexte historique

La guerre franco-prussienne fut déclenchée à l'initiative de la France, le 18 juillet 1870. Au mois d'août, la France connut une succession de défaites, jusqu'à celle de Sedan le 2 septembre 1870 où Napoléon III fait prisonnier fut contraint à l'abdication. Le 4 septembre à Paris à la suite d'un soulèvement populaire, la République fut proclamée ; tandis que le siège de Metz, où l'armée du maréchal Bazaine était encerclée, avait débuté le 20 août.

Le Gouvernement de la Défense nationale de la République française décida de continuer la guerre. À partir du 9 octobre 1870, Léon Gambetta, qui avait fui Paris encerclée en ballon monté, réorganisa les armées depuis Tours. Bazaine capitula le 28 octobre libérant de ce fait la Ire armée allemande qui poursuivit sa marche par l'Oise et la Somme, entre Compiègne et Saint-Quentin. Cette force de 43 000 hommes et 180 bouches à feu était dirigée le général de Manteuffel qui avait reçu mission d'occuper Amiens, puis de marcher vers Rouen afin d'accroître le glacis protégeant la zone de blocus de la capitale et de tenir en respect les troupes françaises.

Préambule

L'état-major prussien se figurait que toutes les troupes de la région du Nord, placées sous le commandement du général Bourbaki, ne formaient qu'une seule et même armée, ayant sa droite à Rouen, son centre à Amiens, sa gauche à Lille, et couvrant la voie ferrée qui relie ces trois villes, notamment la section de Rouen à Amiens.

Le général de Manteuffel envoya, le 22 novembre, une reconnaissance qui poussa jusqu'au bois de Gentelles, aux portes d'Amiens, et rapporta la nouvelle que le général Bourbaki était présent dans cette ville. Il y était, en effet, passé la veille, se dirigeant sur Rouen. Les Prussiens avaient bien appris, par les journaux, que le général en chef de la région du Nord était relevé de son commandement, mais ils devaient croire qu'il le conserverait au moins jusqu'à l'arrivée de son successeur, et ils supposèrent que, dans son voyage de Lille à Amiens et d'Amiens à Rouen, il n'avait d'autre but que de ramener ses ailes sur le centre.
C'est pour s'opposer à une telle concentration, que le général de Manteufel attaqua l'armée du Nord, sans même attendre que la sienne eût achevé sa formation en bataille sur la ligne de l'Oise.

Composition des forces françaises

Commandant en chef : général de brigade Jean-Joseph Farre[1]

Aux deux premières brigades étaient affectées deux batteries et à la troisième, trois batteries. Il restait en outre au quartier général :

À ces troupes régulières, il faut ajouter des compagnies de francs-tireurs.

Déroulement

Afin d’éviter de livrer la ville d’Amiens sans combattre, le général Farre décida de porter sa maigre armée du Nord encore en formation (seulement trois brigades) au-devant des Prussiens. Le 26 novembre au soir, Farre acheva la concentration de ses troupes le long d’une ligne de 25 km environ allant de Pont-de-Metz au sud-ouest d’Amiens à Villers-Bretonneux et Corbie à l'est, sur la rive gauche de la Somme.

À l’aile gauche, la 3e Brigade du colonel du Bessol tenait le gros de ses forces à Villers-Bretonneux, avec des détachements à Gentelles et Cachy.

Au centre, la 2e Brigade du colonel Derroja, s’étendait de la Route de Montdidier à Saint-Fuscien, en passant par Boves.

La 1re brigade du général Lecointe, initialement prévue pour défendre les retranchements au sud d’Amiens, fut déployée en soutien du colonel du Bessol.

Aux 17 000 hommes de cette petite armée du Nord s’ajoutèrent les 8 000 hommes de la garnison d’Amiens, commandée par le général Paulze d'Ivoy, et chargée de la défense de la ville.

Combat dans un village (Paul Grolleron).

Face à cette concentration, Manteuffel réussit à réunir environ 40 000 hommes de sa Ire Armée. Il planifia une attaque pour le 27 au matin : le Ier Corps devait avancer au-delà de la Luce, sous-affluent de la Somme, éclairé en avant par la 3e Division de cavalerie, tandis que le VIIIe Corps devait surveiller le flanc gauche de l'armée.

Combats de Boves, Cachy et Gentelles

Les Allemands se présentèrent vers 10 h en trois colonnes entre Boves et Gentelles, qui fut enlevé, tout comme le village de Cachy. Le général Lecointe regroupa alors une partie de sa brigade pour contre-attaquer. Il reprit Cachy puis Gentelles, et poursuivit les Prussiens jusqu’au bois de Domart-sur-la-Luce où il fut stoppé.

Bataille de Dury

Le 27 novembre, le Ier corps allemand infligea à Amiens une défaite aux trois brigades du 22e corps français. Un des engagements a lieu à Dury, au sud d'Amiens, avec des troupes disparates. Selon le lieutenant-colonel Rousset :

« à droite, près de Pont-de-Metz, étaient trois bataillons de mobiles du Gard ; entre ce village et la grande route, un bataillon du 43e, le 19e bataillon de chasseurs et deux compagnies de fusiliers marins ; enfin, de la route à l'extrême-gauche, se déployaient quatre bataillons de mobiles (Somme, Marne et Nord). En arrière, la Garde nationale d'Amiens formait réserve. Quant à la batterie de 12, venant d'Arras et à peine débarquée, elle occupa l'épaulement qui coupait la route au nord de Dury ; elle fut bientôt renforcée par une batterie de 4 de la garde nationale. »

Vers 8 h 30, les Français du 2e bataillon de chasseurs avaient engagé une reconnaissance en avant de Dury, mais ils furent repoussés par les Prussiens jusqu’aux retranchements de la ville. Dury et Saint-Fuscien furent occupées par la suite sans coup férir par les Prussiens, ce qui tourna la position française de Boves. Pour se dégager, le colonel Pittié mena une contre-attaque sur l’Avre et Saint-Fuscien, mais fut repoussé sur Boves où il résista aux assauts avant de se replier sur Longueau ; une dernière charge menée par le commandant Zélé arrêta définitivement l’offensive allemande.

Pendant le combat de Dury, le chirurgien de la Garde nationale mobile, le docteur Victor Autier et sa fille Victorine Autier, infirmière à Amiens, soignèrent les soldats français avec des moyens de fortune. Le corps de musique était chargé du transport des blessés. Du côté prussien, le service de santé s'était installé à Sains-en-Amiénois, la Croix rouge prussienne était bien organisée et bien équipée en médicament comme la morphine par exemple.

Bataille de Villers-Bretonneux

Mais l’essentiel de l’action se concentra ensuite vers Villers-Bretonneux, où des forces prussiennes attaquèrent les positions retranchées françaises. Depuis la fin de la matinée les combats s’intensifiaient entre Villers et Cachy, quand vers 14 h 30 deux colonnes prussiennes débouchant de Marcelcave enfoncèrent l’extrême gauche de la ligne française. Le colonel du Bessol réagit en menant une contre-attaque qui permit de reprendre les retranchements. Les Allemands insistèrent et enfoncèrent une nouvelle fois la ligne, et cette fois-ci, la contre-attaque de du Bessol, qui fut blessé dans l’action, ne permit pas de reprendre les positions en avant de Villers-Bretonneux.

À 16 h 30 le général Farre décida de la retraite : en effet les troupes françaises, bien que vaillantes, avaient perdu du terrain sur quasiment tous les points de la ligne de bataille, et les munitions étaient presque épuisées. Il ordonna le repli des batteries d'artillerie sur Corbie afin de protéger la ligne de retraite de l'armée vers le nord.

Étant donné l'état de faiblesse de son armée, le général Farre ordonna aux militaires français de quitter Amiens et de se diriger sur Arras. Les Allemands prirent possession d'Amiens et renforcèrent leur position en contrôlant ce carrefour routier et ferroviaire de premier ordre.

Prise d'Amiens par les Prussiens

Le 28 novembre 1870, les Prussiens entrèrent dans Amiens. Le commandant Jean-François Vogel, retranché dans la citadelle d'Amiens avec 450 mobiles, dont 50 désertèrent, ne disposait que de 22 pièces d'artillerie. Le 29, il fut mortellement blessé. Le commandant Woirhaye prit le commandement de la citadelle et entama des négociations avec le général von Gœben commandant le VIIIe Corps d'Armée prussien, en vue de sa reddition. Le , la citadelle d'Amiens capitulait. Les Prussiens rendirent à la dépouille du commandant Vogel les honneurs militaires[2].

Bilan et conséquences

  • Un mois après la capitulation de Metz, les Français sont forcés d’évacuer Amiens mais la retraite française priva les Prussiens d'une victoire décisive.
  • Les Français parvenant à se barricader dans Arras qui, assiégée à son tour, laissa encore une possibilité de repli.
  • Environ 1 383 soldats français furent tués ou blessés, et un millier étaient portés disparus.
    De leur côté, les Prussiens perdirent 1 216 soldats et 76 officiers.
  • La journée de Villers-Bretonneux décida du sort d'Amiens et La Fère. Désormais les Prussiens disposaient de deux points d’appui dans le Nord ; ils cherchèrent, par la suite, à se rendre complètement maîtres de la ligne de la Somme en dirigeant contre la place de Péronne leurs attaques.
  • Le général de Manteuffel laissa à Amiens le corps d'observation du général von Goeben, qui se composait de six bataillons, huit escadrons et trois batteries ; puis il descendit en direction de Rouen à la rencontre du général Briand. Les forces prussiennes, réunies le 3 décembre sur la ligne de l'Epte, de Forges-les-Eaux à Gisors, formaient alors un total de 47 bataillons, 48 escadrons et 30 batteries.

Après la prise d'Amiens, Moltke donne l'ordre à la première armée de pousser jusqu'à Rouen, afin de dissiper les rassemblements de troupes françaises qui occupaient la Normandie. Après la prise de Rouen, le 5 décembre, les Allemands prévoient de marcher sur Le Havre. Mais Faidherbe, arrivé à Arras début décembre, avait hâté la réorganisation de l'armée, obtenu sa séparation en deux corps, et disposait de 43 000 hommes. Son objectif était d'entraver la progression allemande sur Le Havre et de reprendre Amiens. Le 9, après un coup de main réussi sur Ham, il se dirigea vers cette ville qu'il réoccupa un court moment.

Le 23 décembre, le commandement allemand décida donc d'attaquer les positions françaises au nord-est d'Amiens, à Pont-Noyelles. La bataille, appelée aussi bataille de l'Hallue, est tactiquement indécise, mais Faidherbe, « reconnaissant l'impossibilité matérielle de rester en position par [une] température glaciale, sans pain, sans vêtements et sans feu, et apprenant que des renforts importants arrivaient à son adversaire », préfèra donner l'ordre de retraite vers le nord, laissant un millier de tués et de blessés, un millier de disparus et quelques centaines de prisonniers. Amiens était définitivement perdue et les Allemands pouvaient commencer l'investissement de Péronne.

Lieux de mémoire

  • Amiens : Cimetière de La Madeleine
    • Carré militaire de la Guerre de 1870
      • 209 tombes ;
      • Monument aux morts ;
      • Tombe du commandant Vogel.
    • Odonymie :
      • place Vogel (entrée nord du centre ville)
      • boulevard de Dury (un des boulevards extérieurs)
      • rue de Boves (quartier Saint-Acheul)
      • rue de Cachy (quartier Saint-Acheul)
      • rue de Gentelles (quartier Saint-Acheul)
  • Boves : dans un enclos se trouvent les monuments suivants :
    • Monument « À la mémoire des Français morts pour la défense de la Patrie 26-27 novembre 1870 », en forme d’obélisque sur base quadrangulaire, surmonté d'un christ en croix ;
    • Monument en forme de borne à la mémoire de BLARY Jean « mort pour la défense de la Patrie 27 novembre 1870 » ;
    • Calvaire avec croix en fer forgé.
  • Cachy : Monument aux soldats du 43e régiment de ligne tombés le 27 novembre 1870.
  • Corbie : cimetière communal,
    • monument à l'Armée du Nord ;
    • ossuaire (35 corps) ;
    • tombes de soldats allemands et français.
  • Dury (Somme) : Monument de la bataille de Dury.
  • Villers-Bretonneux : dans le cimetière communal, monument aux morts et ossuaire.

Pour approfondir

Bibliographie

  • Thomas Harbottle (trad. de l'anglais), Harbottle's dictionary of battles, New York, Van Nostrand Reinhold Company, , 303 p. (ISBN 978-0-442-22335-9)
  • Albéric de Calonne, Histoire de la ville d'Amiens, Amiens, Piteux Frères, 1906.
  • Général Faidherbe, Campagne de l'Armée du Nord en 1870-1871, édition E. Dantu, Paris, 1871.
  • Jean-Baptiste Jouancoux, Souvenirs du combat de Cachy, épisode de la Bataille de Villers-Bretonneux, Amiens, 1871 (disponible sur Gallica)
  • Adolphe Lecluselle, La guerre dans le Nord (1870-1871), 1898, réédition Corlet, Colombelles, 1996.
  • Lieutenant-colonel Rousset, Histoire générale de la Guerre franco-allemande, tome 2, édition Jules Tallandier, Paris, 1911.

Articles connexes

liens externes

Notes et références

Notes

  1. Charles Paul de Gislain de Bontin (1825-1905)
  2. "X" : le n° du régiment n'est pas indiqué dans l'ouvrage
  3. "Y": le n° du régiment n'est pas indiqué dans l'ouvrage

Références

  1. Léonce Rousset, Histoire générale de la guerre franco-allemande (1870-1871) tome 5, page 377
  2. Albéric de Calonne, Histoire de la ville d'Amiens, Amiens, Piteux Frères, Imprimeurs-Libraires, 1906