Pierre Parsus

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Pierre Parsus
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 100 ans)
NîmesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Pierre Auguste Désiré ParsusVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Formation
Maître
Conjoint
Lucette Parsus (d) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web

Pierre Parsus, né le à Paris, est un peintre, sculpteur et illustrateur français.

Biographie

En 1934, Pierre Parsus a ses selon propres termes « la révélation de la peinture et de son destin » dans un cours du soir de la ville de Paris, grâce à un professeur et peintre, Jean-Pierre Perroud. Il passe désormais ses dimanches au musée du Louvre.

C’est en 1935 qu’il est reçu premier en peinture et décoration à l’ École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d'art, à Paris. Durant trois années, il reçoit les enseignements des sculpteurs Charles Malfray et Jacques Swobada, de René Carrière, fils d’Eugène Carrière et des peintres Jacques Lecaron et Georges-Louis Claude. Il a pour ami le futur sculpteur René Babin et continue ses visites au Louvre.

Il découvre Paul Cézanne lors de sa rétrospective en 1935 au musée de l'Orangerie et, près de l’hôtel familial en bord de Seine lorsque s’ouvre l’exposition internationale de 1937, il visite bouleversé une exposition de Vincent van Gogh. Grands chocs. Il sait qu’il sera plus tard peintre dans le sud de la France.

En 1938, il suit le cours de modelage de Robert Wlérick et rencontre son futur mécène.

La guerre déclarée en 1939, le jeune homme suit aux Arts appliqués une formation de chaudronnier-formeur pour l’aviation.

Accidenté en Périgord lors de la débâcle de 1940, il travaille la terre à Bayac près de Lalinde pour y comprendre que la paysannerie de Jean Giono est pure création poétique. S’engage aux Compagnons de France afin de ne pas rejoindre la zone occupée. Il y croise Pierre Poujade.

En 1941 il est mobilisé neuf mois à Arudy (Basses-Pyrénées) aux Chantiers de jeunesse qui tiennent lieu en ce temps-là de service militaire, y réalise comme aux Compagnons de France, des décorations murales. Rencontre à l’improviste les peintres Bertholle, Idoux et Lenormand qui l’impressionnent par leurs orientations symboliques et mystiques.

Libéré en 1942 des Chantiers de jeunesse il regagne Périgueux. Avec Yves Joly, Guy Bourguignon et Georges Croses qui sera l’ami de toujours, ils créent le Théâtre du berger, fidèle à l’esprit du théâtre routier de Léon Chancerel. Parsus sculpte et peint marionnettes, décors et affiches. L’équipe présente un Noël de villes en villes. Le jeune François Augiéras, écrivain, est de cette équipée.

C’est en mars 1943 que Pierre Parsus est réquisitionné pour le service du travail obligatoire (S.T.O.) à la Locomotiv Fabrik de Vienne en Autriche. Réclusion, faim, coups, bombardements, 60 000 jeunes français n’en reviendront jamais.

Fuyant Vienne cernée par les Russes, il retrouve sa famille en juin à Paris, restaure peu à peu sa santé et renoue enfin avec la Peinture grâce à un mécénat privé, évoquant sur ses toiles des souvenirs de déportations et des rêves nocturnes.

C’est le temps du mouvement de la Jeune Peinture, né d’une génération opprimée. Plus tard dans son livre « Pictor », Parsus dira de cette période : « L’humble lampe à pétrole, sujet obsédant pour les jeunes peintres de cette après-guerre, raconte à elle seule l’univers de régression qu’ils viennent de traverser, mais aussi l’espérance persistante dans la nuit des récentes années ». C’est dès 1945 qu’il suit l’enseignement de « l’Eveilleur » Georges Gurdjieff, auprès de Jeanne de Salzman. Il y côtoie Pierre Schaeffer, Louis Pauwels, Yvette Etiévant, Véra Daumal, le sculpteur Etienne Martin et Marie-Madeleine Davy. Y travaillant des années il en nourrira une grande gratitude.

Au début février 1946 il part peindre à Nîmes qui l’émerveille et y fait la rencontre mémorable du grand peintre fauve Auguste Chabaud. Un ami lui propose une maison, nid d’aigle proche de la Tour Magne où il s’installe durablement l’été suivant lorsqu’il rencontre sa future épouse Lucette Bouchet-Delluc.

En novembre 1947 il expose au salon de moins de trente ans. Le critique d’Art Gaston Diehl le qualifie pour concourir au prix de la Jeune Peinture. René Huyghe soutient son envoi et lui écrit ses encouragements.

En février 1949 le succès de sa première exposition particulière, galerie Jean Pascaud à Paris, le qualifie pour le prix de la Critique parmi les quinze meilleures expositions de l’année.

De 1950 à 1952, participant aux luttes de la Jeune peinture, dont Paul Rebeyrolle est le chef de file, il multiplie les expositions à Paris et à Nîmes où il vit et peint désormais.

Et c’est en novembre 1952 qu’un jury parisien, réuni au musée d’art moderne de la ville de Paris, lui décerne à l’unanimité le prix de la Villa Abd-el-Tif (similaire à l’époque aux trois autres Fondations françaises : Villa Médicis, Casa de Velazquez et Villa Descartes). Le prix Abd-el-Tif envoie pour deux années un artiste dans un féérique palais mauresque dominant la rade d’Alger. Avant ce départ, le peintre expose trente-cinq toiles à Paris, galerie du Faubourg-Saint-Honoré, il y reçoit le soutien de Pierre Descargues et de Georges Besson des Lettres françaises, tandis que le peintre Bernard Lorjou l’invite dans son groupe "L’Homme témoin", mais le départ pour Alger annule cette opportunité.

Il arrive à la Villa Abd-el-Tif avec Lucette, sa femme, le 31 décembre 1952. C’est un éblouissement qui, de 1953 à juin 1955, engendre une période de création intense entre Alger, Tipasa, la Basse et Haute Kabylie, Biskra. Il y découvre selon ses mots « La couleur-musique et le Sacré de l’Orient », rencontre et se lie d’amitié avec Jean Amrouche, Jean Cénac et l’éditeur Charlot. Des toiles sont acquises par le Musée national des beaux-arts d’Alger, par les villes d’Alger et de Tipasa. Il revient d’Algérie très marqué intérieurement par la guerre qui commence à la Toussaint 1954.

Reprenant les expositions particulières à Paris, Parsus remporte en 1957 le prix Fénéon, décerné par un jury où siègent Louis Aragon, Jules Supervielle, André Chastel, Georges Besson, Marie Dormoy et le recteur Jean Sarrailh. La même année, il reçoit le prix René Cottet, le prix de la Peinture orientaliste et est élu sociétaire du salon d’automne pour une toile peinte lors d’un séjour à Malaga en 1955 au retour d’Alger.

En février 1958, Lucette et Pierre Parsus quittent Nîmes et la Tour Magne pour s’installer à Remoulins au bord du Gardon près du Pont-du-Gard, mais en septembre une crue de la rivière emporte mobilier et œuvres.

En 1960, il entreprend de peindre sur le thème des Géorgiques de Virgile. Jean Giono en est informé, il invite le peintre à Manosque et préface son exposition à Marseille en 1963. Avec Lucette il acquiert une demeure à Castillon-du-Gard et la restaure des années durant.

En 1968 le Père curé Jean Thibon lui commande les onze verrières, le tabernacle et l’autel de l’église Saint-Joseph-des-Trois-Piliers au nord de Nîmes, conçue par l’architecte André Planque. Les vitraux représentant les grandes visions du Christianisme ainsi que le tabernacle seront sculptés, gravés et peints dans l’Altuglas, matériau totalement nouveau à l’époque, tandis que l’autel sera peint à fresque. Grand programme qui s’accomplira en dix années.

Parallèlement, alors qu’il poursuit son œuvre peint, il réalise en 1969 avec François Rouan, un cadran solaire monumental de mille-sept-cent mètres carrés, au sol de la faculté des sciences de Montpellier. Victor Vasarely puis son fils Yvaral en assumeront l’accompagnement vertical tandis que Philippe Jeaulmes et Jean-Claude Deshom en seront les architectes.

En 1971 les éditions du Grésivaudan, à Grenoble, lui commandent seize lithographies pour le roman de Jean Giono, Regain. Suite au succès de cette publication, le même éditeur lui demande en 1972 d’illustrer par trente-deux lithographies l’œuvre poétique de Georges Brassens préfacée par Bernard Clavel. L’inauguration de l’ouvrage aura lieu le treize décembre 1974 à l’atelier de lithographie Grapholith à Paris en présence de Georges Brassens, de ses amis sétois, de Bernard Clavel et du tout-Paris de la chanson. Les épreuves des lithographies seront longtemps exposées au musée Paul Valéry de Sète. Cet ouvrage édités en « grand luxe » sera par la suite réédité en « demi luxe ».

Parsus collabore en 1977 avec la galerie Gorosane, rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris. Il y donnera plusieurs expositions particulières jusqu’à sa rupture avec cette galerie en 1986.

En 1979, il reçoit la médaille d’Or du festival international d’Art plastique du Hainaut, (Belgique).

En avril 1983, une importante rétrospective de son œuvre a lieu au Cellier de Clairvaux, à Dijon. En vingt ans le peintre a profondément évolué, le vitrail, les illustrations d’œuvres littéraires ont révélé son imaginaire ainsi que le monde des mythes et des symboles que le travail devant la nature lui voilait. Depuis 1974, son intérêt pour le paysage a faibli tandis que celui pour la présence humaine, son mystère, son aura, l’accapare. Il aborde des sujets tels que « Le Phénix », « Le Diable et le Bon Dieu », « le Lupanar de Dieu », « Golgotha » afin de dire en grand format une transcendance, un « Sacré rédempteur ».

Après l’Etat français entre 1949 et 1953, la ville de Paris et le musée de Nîmes, le musée d’Alès, le musée de Mouscron en Belgique acquièrent ses œuvres. Le musée de Bagnols-sur-Cèze acquiert « Le jumeau céleste », d’esprit religieux, en 1987.

A partir de 1988 il se manifeste avec succès à Washington, aux Etats-Unis, puis à New-York en 1990 ainsi qu’à Nîmes en 1995, dans des expositions particulières.

C’est le 19 novembre 1997 que décède Lucette, son épouse. « Compagne magnifique » dira le peintre, qui depuis des années signe ses œuvres de leurs deux prénoms, et dont la vision picturale s’intériorise désormais encore davantage.

Il expose en 1999 à Alès quatre-vingt-dix toiles, en hommage à Lucette, au musée du Colombier. C’est à cette époque que paraît son « Carnet d’atelier » aux éditions Mémoire vivante, à Paris.

En novembre 2000, à l'occasion de l'inauguration de la salle Henri d'Estienne sur la peinture orientaliste au musée de Narbonne, Pierre Parsus fait le don de trois de ses œuvres issues de son séjour à Alger : Femmes Kabyles de retour du marché (huile sur toile 64,6x65,9)[1], Paysage de Kabylie (huile sur toile 50x64,8)[2] et À Biskra (huile sur toile 27,1x35,1)[3].

En 2003, la ville de Nîmes lui commande un grand tableau destiné au musée taurin, qui servira d’affiche pour la Feria de Nîmes. A cette occasion, Parsus acquiert une toile d’ Auguste Chabaud, l’offre à Nîmes, ville natale du grand peintre, et expose douze toiles au Carré d’Art, médiathèque de la cité, sur le thème de Mithra et le Minotaure. Cette même année, il fait paraître à compte d’auteur « L‘art singulier », ouvrage illustré, préfacé par Alain Girard. « Pictor », ouvrage publié lui aussi à compte d’auteur, suivra en 2009 et aura pour sujet la vocation. En 2011 est créée l’Association loi de 1901 « Pierre et Lucette Parsus ».

En septembre 2014, le musée de Bagnol-sur-Cèze accueille cinq toiles importantes de Parsus, tandis que cinq autres toiles rejoignent les collections du musée d’Art Sacré de Pont-Saint-Esprit.


Prix, récompenses

Publications

  • (fr) Pierre Parsus, Carnets d'atelier N°6, éditions Mémoire Vivante-Paris, , 102 p. (ISBN 2-903011-20-6)
  • (fr) Pierre Parsus (préf. Alain Girard, conservateur en chef du Patrimoine, directeur de la conservation des musées du Gard), L'Art singulier, Pierre Parsus (à compte d'auteur), , 264 p. (ISBN 2-9525512-0-0)
    Livre d'Art
  • (fr) Pierre Parsus, Pictor, Pierre Parsus (à compte d'auteur), , 360 p. (ISBN 978-2-9525512-1-2)
    Autobiographie

Notes et références

  1. (fr) « Femmes Kabyles de retour du marché », notice no 04450000082, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture, consulté le 14 juin 2010
  2. (fr) « Paysage de Kabylie », notice no 04450000083, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture, consulté le 14 juin 2010
  3. (fr) « A Biskra », notice no 04450000084, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture, consulté le 14 juin 2010

Bibliographie

  • Dictionnaire Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres,sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, vol. 10, éditions Gründ, , 13440 p. (ISBN 2-7000-3020-6), p. 599
  • (fr) Elizabeth Cazenave, La Villa Abd-el-Tif un demi siècle de vie artistique en Algérie 1907-1962, éditions Abd el Tif, (réimpr. 2002) (ISBN 2-9509861-1-0)

Liens externes