Internet en Russie
Internet en Russie est utilisé en 2013 par environ 61 % de la population[1].
Historique
En 1982, il n'existait en Union des républiques socialistes soviétiques qu'un seul ordinateur relié au monde extérieur par un modem, situé dans les locaux extrêmement sécurisé de l’Institut de recherche en informatique (VNIIPAS), dans le centre-ville de Moscou[2].
Après le retour de Vladimir Poutine à la présidence de la Fédération de Russie en 2012, une liste noire des sites « nuisibles à la santé et au développement des enfants » est publiée, permettant notamment de s'attaquer à l'homosexualité. Sont également visés les sites jugés « extrémistes » ou concernant les drogues, le suicide ou encore ceux de blogueurs. En 2015, l'organisme de surveillance Roskomnadzor tente de bloquer Wikipédia en Russie parce que l'encyclopédie hébergeait un article concernant le charas, une drogue ; il renonce finalement à cette action mais ferme l'année suivante le site LinkedIn en Russie. En 2016, l'ONG Agora recense 116 000 cas d'atteintes à la liberté d'Internet, comprenant des « menaces de violences », des « poursuites criminelles » ou encore la fermeture de sites ; d'ici 2017, ce chiffre est multiplié par huit. La loi russe permet en effet de bloquer des pages Internet ainsi que les adresses IP les hébergeant, ce qui a par exemple conduit à faire clôturer les sites des opposants Garry Kasparov et Alexeï Navalny. Ces décisions ne viennent pas forcément du pouvoir exécutif russe mais, note l'avocat spécialisé dans le droit d'Internet Sarkis Darwinien « de procureurs régionaux zélés qui agissent en toute opacité sans intrusions particulières ». Des initiatives privées sont également lancées pour appuyer ces décisions : l'oligarque Konstantin Malofeev finance ainsi la Ligue de l'Internet sans danger afin de façonner un Internet « pur », son directeur Denis Davydov estimant que l'Internet américain veut « imposer l'homosexualité ». L'organisme a par ailleurs obtenu de bloquer dans les écoles le site de l'association militant pour l'Internet libre RosKomSvoboda. Les messageries russes partagent pour leur part sans problème leurs informations avec le FSB, tandis que les sociétés occidentales comme Facebook, Google ou Twitter refusent ; une loi de la Douma est censée les contraindre à stocker les données des utilisateurs russes sur le territoire national mais elle est difficilement appliquée. Mi-2018 doit entrer en vigueur un règlement qui oblige les opérateurs téléphoniques et les compagnies Internet à conserver pendant dix mois les messages et les appels de leurs clients et de les transmettre si besoin à la police, ce qui provoque des critiques. En 2017, Roskomnadzor bloque les pages de VKontakte (le Facebook russe) appelant à une manifestation et dix jours plus tard la messagerie Zello, utilisée par les routiers. Le député Vitaly Milonov (en) a proposé que les réseaux sociaux soient interdits aux mineurs de moins de 14 ans, pour les protéger des « influences nuisibles »[3].
Statistiques
Année | 2000 | 2001 | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 |
% | 1,98 | 2,94 | 4,13 | 8,30 | 12,86 | 15,23 | 18,02 | 24,66 | 26,83 | 29,00 | 43,00 | 49,00 | 63,80 | 67,97 | 70,52 | 73,41 | 76,41 |
Fournisseurs d'accès
Les principaux fournisseurs d'accès à Internet, fixe ou mobile, sont Rostelecom et ses différentes filiales, Beeline, Mobile TeleSystems[5].
Notes et références
- (en)ITU - Free statistics - Union internationale des télécommunications
- Kevin Limonier, « Internet en URSS : à la barbe du régime », (consulté le ).
- Pierre Avril, « Moscou renforce sa mainmise sur Internet », Le Figaro, samedi 22 / dimanche 23 avril 2017, page 15.
- (en) XLS Percentage of Individuals using the Internet
- (en) « Market share of internet service providers in Russia in the fourth quarter of 2013 », sur statista.com