Henri XV de Reuss-Plauen

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Henri XV de Reuss-Plauen
Henri XV de Reuss-Plauen
Le prince Henri XV de Reuss-Plauen. Lithographie de Johann Hessler parue dans l’Encyclopedia Risorgimentalis, 1911.

Naissance
Château de Greiz, Principauté Reuss branche aînée
Décès (à 74 ans)
Château de Greiz, Principauté Reuss branche aînée
Origine Autrichien
Allégeance Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire
Drapeau de l'Autriche Empire d'Autriche
Arme Infanterie
Grade Generalfeldmarschall
Années de service 1766 – 1824
Conflits Guerre austro-turque de 1788-1791
Guerres de la Révolution française
Guerres napoléoniennes
Faits d'armes Rovereto
Rivoli
Zurich
Caldiero
Abensberg
Landshut
Distinctions Ordre militaire de Marie-Thérèse (1809)
Ordre militaire de Maximilien-Joseph de Bavière (1813)
Ordre impérial de Léopold (1814)
Ordre de Saint-Alexandre Nevski (1814)
Autres fonctions Propriétaire de l'IR no 17 (1801-1825)
Famille Maison Reuss

Le prince Henri XV de Reuss-Plauen, vice-roi de Lombardie-Vénétie, né le au château de Greiz en Principauté Reuss branche aînée et mort le dans cette même ville, est un feld-maréchal autrichien. Il est l'un des six enfants du couple princier de Reuss, issue d'une famille d'excellente noblesse. À l'âge de 15 ans, il s'engage dans l'armée des Habsbourg et fait ses premières armes contre l'Empire ottoman. Il devient officier général pendant les guerres révolutionnaires, avec des responsabilités étendues. L'empereur lui confie le commandement d'un corps d'armée sous l'ère napoléonienne avec lequel il se bat avec distinction pendant la campagne d'Autriche de 1809 à Abensberg, Landshut et Neumarkt. De 1801 à sa mort, il est Inhaber (propriétaire) d'un régiment d'infanterie autrichien.

Le prince de Reuss a une trentaine d'années lorsqu'il est repéré par l'empereur Joseph II d'Autriche. Fraîchement distingué à l'occasion de la guerre contre les Turcs, il est promu colonel d'un régiment d'infanterie et rend d'importants services lors de la campagne de Flandres, ce qui lui vaut les épaulettes de général. En 1796, il est envoyé en Italie où il dirige une brigade face à l'armée française du général Napoléon Bonaparte, puis une division dès l'année suivante.

Il combat encore la France en Allemagne et en Suisse, particulièrement à Stockach et à Zurich en 1799. Au début des guerres napoléoniennes, il est affecté comme divisionnaire à l'armée d'Italie sous les ordres de l'archiduc Charles. Le prince est employé à nouveau tout au long de la campagne d'Autriche en 1809, qu'il termine en tant que commandant de corps d'armée. En 1813, détaché en mission diplomatique auprès du royaume de Bavière, il est le principal artisan de l'entrée en guerre de cette dernière aux côtés des Alliés. Il n'occupe plus à la fin de sa vie qu'un rôle honorifique auprès de la cour d'Autriche.

Biographie

Jeunesse et début de carrière

Henri XV naît au château de Greiz le . Ses parents, le Graf Henri XI de Reuss-Greiz (1722-1800) et son épouse Conradine de Reuss-Kostritz (1719-1770) respectent la tradition familiale de baptiser tous les héritiers mâles du prénom d'Henri. Ils donnent ainsi à leurs six garçons le même prénom en les numérotant successivement, de Henri XII à Henri XVII, tandis que leurs cinq filles se voient attribuer les prénoms d'Amalie, Fredericke, Isabella, Marie et Ernestine. Appartenant à la principauté de Reuss-Greiz, Henri XV porte le titre de « Prince » (Fürst), mais il n'est pas le prince régnant, dignité réservée à son dernier frère aîné Henri XIII de 1800 à 1817[1].

Son biographe Enzenthal indique qu'il s'enrôle en qualité d'enseigne le au régiment d'infanterie Oliver Wallis[2], en contradiction avec Smith et Kudrna qui mentionne le régiment d'infanterie autrichien no 35 Macquire[3]. Promu sous-lieutenant le , il passe au régiment d'infanterie no 48 Brinken avec le grade de lieutenant le premier jour de  ; il est capitaine le [2]. À la mort de l'impératrice Marie-Thérèse en 1780, son successeur Joseph II appuie la carrière du prince[3].

Ce dernier poursuit donc son ascension dans la hiérarchie militaire en devenant major le puis adjudant-général le . Pendant la guerre austro-turque de 1788 à 1791, Reuss fait partie de la suite de l'empereur ; il donne de sa personne lors de la prise de Šabac (mars-), ce qui lui vaut d'être promu successivement lieutenant-colonel le de la même année et colonel du régiment d'infanterie no 56 Wenzel Colloredo le . En automne suivant, il participe au siège de Belgrade[2].

Parcours lors des guerres révolutionnaires

Du Rhin aux plaines d'Italie, 1793-1797

Au printemps 1793, Reuss défend une position contre les Français avec succès et est fait général-major au mois de mai. Il sert à l'état-major du maréchal Frédéric Josias de Saxe-Cobourg-Saalfeld et, à ce titre, assiste à la bataille d'Avesnes-le-Sec le [3]. Au cours de l'action, le prince Jean de Liechtenstein avec 2 000 cavaliers écrase un corps français de 7 000 soldats, lui infligeant 2 000 tués ou blessés auxquels s'ajoutent 2 000 prisonniers[4]. Au début de l'année 1796, Reuss opère dans le Haut-Rhin à la tête d'une brigade d'infanterie[3].

Campagne de Mantoue, 1796-1797, secteur des opérations.

Les victoires de Bonaparte contre Beaulieu en Italie, entre avril et , détériore rapidement la situation stratégique. Le commandement supérieur autrichien dépêche le maréchal Wurmser en Italie, suivi d'importants renforts parmi lesquels se trouve le prince de Reuss. Lors de la première tentative de lever le siège de Mantoue, le prince âgé de 45 ans mène une brigade de la colonne de Quasdanovich sur la rive ouest du lac de Garde[5]. Les opérations sont dans un premier temps à l'avantage des Autrichiens, mais Bonaparte défait Quasdanovich à la bataille de Lonato et force ce dernier à battre en retraite sur Riva del Garda. Alors que la bataille fait rage, Reuss s'empare de Desenzano del Garda et délivre à cette occasion plusieurs prisonniers autrichiens du corps d'Ocskay. L'arrivée des renforts français le contraint cependant à reculer sur Gavardo[6].

Dans une deuxième tentative de soulager Mantoue, Reuss commande une brigade de 5 200 hommes attachée au corps du général Davidovitch. Sa zone de responsabilité s'étend de l'extrémité nord du lac de Garde à Trente, sur la rive ouest de l'Adige[7]. Le , une division française forte de 10 000 hommes, sous les ordres du général Claude-Henri Belgrand de Vaubois, éjecte les avant-postes autrichiens du village de Nago-Torbole sur les bords du lac. L'un de ses supérieurs ordonne au prince d'attaquer les Français le jour suivant, avant de reconnaître que la chose est impossible[8]. Au cours de la bataille de Rovereto, le , il défend le camp de Mori sur la rive ouest tandis que Vukassovich et Sporck tiennent le village de Marco sur la rive est. Bonaparte, qui dispose d'une très large supériorité numérique, met le corps de Davidovich en déroute et le refoule au nord de Trente[9].

Au début de l'année 1797, le nouveau commandant en chef de l'armée autrichienne d'Italie, le feld-maréchal Josef Alvinczy, décide de se porter une quatrième fois au secours de Mantoue. Dans cet objectif, il donne à Reuss le commandement de sa plus forte colonne, soit 7 900 soldats au total[10]. Le prince longe la rive ouest de l'Adige, parallèlement à Vukassovich sur la rive est, tous deux suivis par le reste de l'armée qui a emprunté une route plus à l'ouest près du Monte Baldo. La rencontre avec les troupes françaises a lieu les 14 et à Rivoli. Lors de l'affrontement, les troupes de Reuss parviennent à se frayer un chemin depuis la rivière jusqu'au plateau en dépit d'une résistance tenace de la part des Français. À cet instant, une contre-attaque française sème la panique dans les autres colonnes autrichiennes qui courent trouver refuge dans la vallée en contrebas ; gênés par les fuyards et attaqués par les Français sur deux côtés, les fantassins de Reuss se replient à leur tour au fond de la gorge où leur commandant s'efforce de les rallier. À la suite de l'échec de Reuss, Bonaparte met en pièces les dernières forces autrichiennes sur le plateau et remporte la victoire[11].

Reuss est récompensé de ses services par le grade de Feldmarschall-Leutnant le . Le même mois, durant l'évacuation de l'Italie par l'armée autrichienne, il commande une division de l'aile gauche sous les ordres de l'archiduc Charles avec laquelle il participe au repli vers Ljubljana[3].

Guerre de la Deuxième Coalition

Toujours sous le commandement de l'archiduc Charles, Reuss prend part à la bataille de Stockach les 25 et , puis à celle de Winterthour au mois de mai[3]. Il commande une division au centre du dispositif autrichien lors de la première bataille de Zurich du 4 au  ; durant l'engagement, son supérieur immédiat, le comte de Wallis, reçoit une blessure mortelle[12]. De mars à , il défend enfin le Vorarlberg et le Tyrol. L'empereur François II le fait propriétaire (Inhaber) de l'IR no 17 Reuss Plauen l'année suivante, charge qu'il conserve jusqu'à sa mort[3]. Son frère Henri XIII est également propriétaire de l'IR no 55 Reuss-Greiz de 1803 à 1809, puis de l'IR no 18 Reuss-Greiz de 1809 à 1817[13].

Sous les guerres napoléoniennes

Reuss sert à nouveau sous l'archiduc Charles en Italie pendant la guerre de la Troisième Coalition. L'organisation initiale de l'armée autrichienne d'Italie l'affecte au commandement d'une division forte de 8 bataillons[14], mais lors de la bataille de Caldiero, du 29 au , Charles lui confie la direction de toute l'aile gauche. Cette dernière se compose des brigades Kalnássy (8 bataillons de ligne) et Colloredo-Mansfeld (5 bataillons de grenadiers) ainsi que du régiment de uhlans no 3 Archiduc Charles, troupes avec lesquelles le prince joue un rôle prépondérant au cours de la bataille[15]. Le brouillard se lève au matin du vers 11 h 30. La division française du général Duhesme attaque très vite les forces de Reuss retranchées dans le village de Caldiero. La localité fait bientôt l'objet d'un combat féroce et change de mains à plusieurs reprises au cours de la journée, les attaques de Duhesme succédant aux contre-attaques du prince de Reuss[16]. Les Français parviennent finalement à s'emparer de Caldiero dans la soirée, mais la ligne autrichienne reste intacte. Le lendemain, Reuss repousse une reconnaissance française sur le flanc gauche autrichien[17]. Le 1er décembre, Charles bat en retraite vers l'est, ce qui met fin aux opérations dans ce secteur[18].

La bataille de Landshut, le , par Louis Hersent. Le prince de Reuss y participe à la tête d'une division.

Une nouvelle guerre entre la France et l'Autriche se déclenche en 1809, conduisant le prince de Reuss à prendre la tête d'une division du Ve Armeekorps commandé par l'archiduc Louis. Les troupes sous ses ordres comprennent 12 bataillons répartis en deux brigades sous les généraux Frédéric Bianchi et Franz Schulz von Rothacker[19]. Dans la première phase de la campagne, qui culmine à la bataille d'Eckmühl le , il se signale successivement à Abensberg et Landshut. Le , il dirige une colonne d'attaque lors du combat de Neumarkt-Sankt Veit qui s'achève sur une victoire autrichienne[20], avant de prendre part à la bataille d'Ebersberg le suivant[21].

Le , Reuss est promu au rang de Feldzeugmeister, avec le commandement du Ve Armeekorps. Envoyées surveiller le secteur de Nussdorf, ses troupes manquent la bataille d'Essling du 21 au [22], puis assistent passivement à celle de Wagram où, sur l'ordre de l'archiduc Charles, elles sont employées à la garde des ponts du Danube à l'ouest du champ de bataille[23]. À cette période, le corps d'armée du prince se compose des brigades Neustädter, Pfluger et Klebelsberg pour un total de 8 958 hommes[24]. Le , Reuss résiste brillamment à l'armée française lors d'une action d'arrière-garde à Schöngrabern, puis participe le lendemain à la bataille de Znaïm où chacun des belligérants subit de lourdes pertes[25]. Un armistice est finalement signé le matin du , ce qui met fin aux hostilités[26]. Pour son beau comportement les 10 et , Reuss est décoré de la croix de chevalier de l'ordre militaire de Marie-Thérèse[3].

Il commande en 1813 l'armée du Danube, placée en observation à la frontière bavaroise. Le , il signe avec le lieutenant-général von Wrede le traité de Ried, qui détermine l'entrée en guerre du royaume de Bavière aux côtés des Alliés. Ce succès diplomatique lui vaut la reconnaissance des souverains d'Autriche et de Bavière, qui lui décernent l'ordre de Léopold pour le premier et l'ordre militaire de Maximilien-Joseph pour le second. La Russie l'honore également en le faisant chevalier de l'ordre de Saint-Alexandre Nevski. Il devient gouverneur du duché de Milan et vice-roi de Lombardie-Vénétie de 1814 à 1815, se voyant octroyer une médaille d'or pour sa gestion de l'administration civile ainsi que l'ordre de la Couronne de fer. Il est nommé par la suite gouverneur de la Galicie. Aboutissement de sa carrière, il est promu Generalfeldmarschall le jour de sa mise à la retraite, le . Le prince de Reuss meurt le en son château de Greiz, sans s'être jamais marié[3].

Jens-Florian Ebert le décrit comme un homme « plein de sang-froid, brave et déterminé », ayant fait preuve tout au long de sa carrière « d'une bravoure et de qualités peu communes »[27].

Notes et références

  1. (en) Miroslav Marek, « The House of Reuss : Fürst Reuss zu Greiz », sur genealogy.euweb, (consulté le ).
  2. a b et c Enzenthal 2013, p. 587.
  3. a b c d e f g h et i (en) Digby Smith et Leopold Kudrna, « Biographical Dictionary of all Austrian Generals during the French Revolutionary and Napoleonic Wars, 1792-1815 », sur napoleon-series.org (consulté le ).
  4. Smith 1998, p. 54 et 55.
  5. Fiebeger 1911, p. 13.
  6. Boycott-Brown 2001, p. 394.
  7. Boycott-Brown 2001, p. 418.
  8. Boycott-Brown 2001, p. 423.
  9. Boycott-Brown 2001, p. 424 et 425.
  10. Boycott-Brown 2001, p. 492.
  11. Boycott-Brown 2001, p. 514.
  12. Smith 1998, p. 158.
  13. von Pivka 1979, p. 82 à 84.
  14. Schneid 2002, p. 165.
  15. Schneid 2002, p. 170.
  16. Schneid 2002, p. 35 et 36.
  17. Schneid 2002, p. 39 et 40.
  18. Rothenberg 1982, p. 99.
  19. Bowden et Tarbox 1980, p. 69.
  20. Smith 1998, p. 293 et 294.
  21. Smith 1998, p. 298.
  22. Rothenberg 1982, p. 149.
  23. Bowden et Tarbox 1980, p. 130.
  24. Bowden et Tarbox 1980, p. 165 à 168.
  25. Smith 1998, p. 323 et 324.
  26. Chandler 1966, p. 730.
  27. (de) Jens-Florian Ebert, « Feldzeugmeister Heinrich XV. Fürst zu Reuß-Plauen », sur napoleon-online.de (consulté le ).


Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Karl Friedrich von Enzenthal, Dictionnaire biographique des généraux autrichiens sous la Révolution et l'Empire : 1792-1815, vol. 2, Paris, Librairie historique Teissèdre, , 1143 p..
  • (en) Digby Smith, The Greenhill Napoleonic Wars Data Book : Actions and Losses in Personnel, Colours, Standards and Artillery, 1792-1815, Londres, Greenhill Books, , 582 p. (ISBN 1-85367-276-9, BNF 38973152). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) G. J. Fiebeger, The Campaigns of Napoleon Bonaparte of 1796–1797, West Point, US Military Academy Printing Office, (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Martin Boycott-Brown, The Road to Rivoli : Napoleon's First Campaign, Londres, Cassell & Co, , 560 p. (ISBN 0-304-35305-1). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Otto von Pivka, Armies of the Napoleonic Era, New York, Taplinger Publishing, , 272 p. (ISBN 0-8008-5471-3). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Frederick C. Schneid, Napoleon's Italian Campaigns : 1805-1815, Westport, Praeger Publishers, , 228 p. (ISBN 0-275-96875-8, lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Gunther E. Rothenberg, Napoleon's Great Adversaries, The Archduke Charles and the Austrian Army, 1792–1814, Bloomington, Indiana University Press, (ISBN 0-253-33969-3). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Scotty Bowden et Charlie Tarbox, Armies on the Danube 1809, Arlington, Empire Games Press, . Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) David G. Chandler, The Campaigns of Napoleon, New York, Macmillan, . Document utilisé pour la rédaction de l’article

Liens externes