Gambit Cochrane

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abcdefgh
8
Tour noire sur case blanche a8
Cavalier noir sur case noire b8
Fou noir sur case blanche c8
Dame noire sur case noire d8
Roi noir sur case blanche e8
Fou noir sur case noire f8
Tour noire sur case noire h8
Pion noir sur case noire a7
Pion noir sur case blanche b7
Pion noir sur case noire c7
Cavalier blanc sur case blanche f7
Pion noir sur case noire g7
Pion noir sur case blanche h7
Pion noir sur case noire d6
Cavalier noir sur case noire f6
Pion blanc sur case blanche e4
Pion blanc sur case blanche a2
Pion blanc sur case noire b2
Pion blanc sur case blanche c2
Pion blanc sur case noire d2
Pion blanc sur case noire f2
Pion blanc sur case blanche g2
Pion blanc sur case noire h2
Tour blanche sur case noire a1
Cavalier blanc sur case blanche b1
Fou blanc sur case noire c1
Dame blanche sur case blanche d1
Roi blanc sur case noire e1
Fou blanc sur case blanche f1
Tour blanche sur case blanche h1
8
77
66
55
44
33
22
11
abcdefgh
Position de base du gambit Cochrane après 1. e4 e5 2. Cf3 Cf6 3. Cxe4 d6 4. Cxf7

Le gambit Cochrane est une ouverture d'échecs inhabituelle (elle frôle l'irrégularité) constituée par les coups 1. e4 e5 2. Cf3 Cf6 3. Cxe5 d6 4. Cxf7. Son code ECO est C42.

D'après qui le gambit est nommé[modifier | modifier le code]

Le gambit doit son nom à John Cochrane, maître d'échecs écossais du XIXe siècle, qui était bien connu dans le club d'échecs de Calcutta. Le premier emploi du gambit Cochrane en réponse à la défense russe y a eu lieu en 1848 contre un maître indien nommé Moheschunder Bannerjee (voir partie ci-dessous).

Intérêt du gambit Cochrane[modifier | modifier le code]

La défense russe est une très bonne ouverture pour annuler avec les noirs, procurant un jeu tranquille : sa réputation de solidité fait qu'elle est régulièrement jouée au plus haut niveau pour avoir de fortes chances de partie nulle. Mais le gambit Cochrane retourne la table : les Noirs se retrouvent souvent dans une position aiguë où ils doivent trouver des coups très précis pour se défendre. Le pari de ce gambit peut les sortir de leur zone de confort. Plus encore, si le titulaire des Noirs n'est pas préparé et joue simplement des coups "naturels", il y a de fortes chances que ses imprécisions se payent comptant.

Considérations stratégiques[modifier | modifier le code]

C'est vraiment un pari : les Blancs espèrent que deux pions (pas seulement deux pions mais une prépondérance de pions au centre annonçant une marée de pions), un avantage de développement et d'espace ainsi que la position délogée du roi noir compenseront le sacrifice de la pièce.

Dans son ouvrage 200 Open Games[1]David Bronstein a affirmé que le gambit Cochrane n'est pas plus faible, à son avis, que les alternatives car les Blancs, avec leurs deux pions mobiles, ont une initiative de longue durée au centre. De fait, les Noirs passeront souvent du temps à déplacer leur roi vers une position relativement sûre, permettant aux Blancs d'accumuler un avantage d'espace et d'avoir l'initiative entre-temps. La nature de la compensation au sacrifice de cavalier étant à long terme, les Blancs peuvent développer leurs pièces assez calmement et n'ont pas à attaquer immédiatement. Au lieu de cela, ils viseront une percée au centre avec e5, qui peut être préparée avec f4 et le roque à l'aile roi. Ils peuvent également roquer à l'aile dame et avancer tous leurs pions de l'aile roi. En tout cas, il est important de pousser les pions de l'aile-roi.

L'aile-roi des Noirs est décimée avec les seuls pions g et h présents, et il n'est pas facile de trouver la meilleure case pour le roi noir. Les Noirs peuvent essayer d'échanger les dames mais ils ne doivent pas échanger trop de pièces ensuite car sinon la vague centrale de pions finira par parler.

Premiers coups[modifier | modifier le code]

4…Rxf7

  • 5. Fc4+? d5! - Maintenant, les Noirs ont l'avantage dans toutes les variantes
    • 6. exd5 Fd6 7. 0-0 Tf8 8. d4 Rg8
    • 6. Fb3
      • 6…Cxe4 7. Dh5+ Re6!
      • 6…Fg4 7. f3 Fe6! 8.e5 Ch5
      • 6…Fe6
  • 5. Cc3!? De8!
    • 6. Fc4+ Fe6 7. Fxe6+ Dxe6 8. 0-0 c5 9. f4 — avec avantage noir
    • 6. d4
  • 5. d4 — la suite la plus populaire de l'attaque
    • 5…Cxe4? 6. Dh5+ Re7 7. De2
    • 5…Dd7?! 6. Fc4+ Re7 7. Cc3
    • 5…Cbd7 6. e5!
    • 5…Fg4 6. f3
    • 5…Fe6 6. Fd3
    • 5…Fe7 6. Cc3
    • 5…d5? 6. e5
      • 6…Ce8? 7. Fd3 g6 8. h4 — avec avantage blanc
      • 6…Ce4 7. Fd3
        • 7…Cc6 c3
        • 7…Dh4 8. 0-0 g6 9. Fxe4 dxe4 10. f3
      • 6…De7?! 7. Cc3 c6 8. f3!
      • 6…Fe6?! 7. Cc3 Fe7 8. f4 Te8 9. f5 Fd7 10. Fc4+ Rf8 11. 0-0
      • 6…De8 7. Cc3 g6
      • 6…c6
      • 6…Cbd7 7. Fc4+ d5 8. Fxd5+ Cxd5 9. Dh5+
      • 6…Fe7 7. Cc3
      • 6…c5!? 7. dxc5
      • 6…g6
    • 5…c5! 6.dxc5
      • 6…cxd5?? 7.Dxd8
      • 6…Cc6
        • 7. cxd6? Fxd6
        • 7. Fc4+!
      • 6…De8
        • 7. Fc4+? Fe6
        • 7. Cc3!
      • 6…d5!? 7. e5
    • 5…g6 6. Cc3

Plusieurs parties[modifier | modifier le code]

Partie éponyme[modifier | modifier le code]

John Cochrane-Moheschunder Bannerjee, Calcutta, 1848[2]
1. e4 e5 2. Cf3 Cf6 3. Cxe5 d6 4. Cxf7 Rxf7 5. Fc4+ Re8 6. 0-0 c5 7. h3 Dc7 8. f4 Cc6 (8...Cxe4? 9. Te1) 9. Cc3 a6 10. a4 De7 11. Cd5 Dd8 12. d4 cxd4 (12...Cxe4? 13. Te1 Ff5 14. Fd3) 13. e5?? Cxd5? (13...dxe5 14. Cxf6+ gxf6 15. fxe5 Cxe5) 14. Fxd5 dxe5 15. Fxc6+ bxc6 16. Dh5+ Rd7 17. fxe5 Rc7 18. Tf7+ Rb8 19. e6 Fd6 20. Fg5 Db6 21. a5 Dc5 (21...Db4) 22. b4 (22. Ff4) 22...De5?? (22...Dd5) 23. Ff4 Dxe6 24. Dc5 Dxf7? (24...Fd7) 25. Fxd6+ 1-0 (il peut suivre : 25...Dc7 26. Dd6+ Fb7 27. Dxc7+ Ra7 28. Fc5 Mat).

Une ligne critique[modifier | modifier le code]

Alvis Vītoliņš - Aleksandr Khalifman, Borzhomi (URSS), 1984[3]
1. e4 e5 2. Cf3 Cf6 3. Cxe5 d6 4. Cxf7 Rxf7 5. d4 c5 6. dxc5 d5 7. e5 De8 8. f4 Fg4 9. Fe2 Fxe2 10. Dxe2 Fxc5 11. exf6 Dc6 12. Rd1 g6 13. g4 Dxf6 14. f5 Cc6 15. c3 The8 16. Dg2 Rg7 17. Tf1 d4 18. c4 Tad8 19. g5 Df7 20. Cd2? (20. f6+) 20...d3 21. Dh3 gxf5 22. Dxf5 Dh5+ 23. Df3 Dxf3+ 24. Cxf3 Tf8 25. b3? (25. Fd2) 25...Fd4 26. Tb1 Ce5 27. Cd2 Txf1+ 28. Cxf1 Tf8 29. Cg3 Tf2 30. Fd2 Rg6 0-1.

Une partie nulle de très haut niveau[modifier | modifier le code]

Veselin Topalov - Vladimir Kramnik, Linares, 1999[4]
1. e4 e5 2. Cf3 Cf6 3. Cxe5 d6 4. Cxf7 Rxf7 5. Cc3!? c5 6. Fc4+ Fe6 7. Fxe6+ Rxe6 8. d4 Rf7! 9. dxc5 Cc6 10. De2 Dd7 11. Fe3 dxc5 12. f4 Te8 13. e5 Cg4 14. Td1 Df5 15. 0-0 h5 16. Fc1 Cd4 17. Dc4+ Rg6 18. h3 Ch6 19. Cb5 a6 20. Cxd4 cxd4 21. Dxd4 Tc8? (21...Dxc2) 22. Db6+ Rh7 23. Dxb7 Txc2 24. Fe3 Dg6 25. Tc1 Txc1 26. Txc1 Cf5 27. Ff2 h4 28. Tc7 Cg3 29. Rh2 Cf1+ 30. Rg1 Db1 31. Fxh4 Fc5+ ½-½.

Une partie plus récente[modifier | modifier le code]

Konstantine Shanava (de) - Mikheil Mtchedlichvili, championnat de Géorgie, 2008[5]
1. e4 e5 2. Cf3 Cf6 3. Cxe4 d6 4. Cxf7 Rxf7 5. d4 Fe7 6. Cc3 c6 7. Fd3 Te8 8. 0-0 Rg8 9. h3 Ca6 10. a3 g6 11. f4 Ff8 12. f5 gxf5 13. Fg5 Fg7 14. Rh1 Cc7 15. Df3 Dd7 16. Tae1 (16. exf5) 16...d5 (16...Df7) 17. e5 Ce4 18. Cxe4 dxe4 19. Txe4 Df7 20. Th4 Fe6 21. c4 Tf8 (21...Fxc4?? 22. Fxc4 Dxc4 23. Dxf5) 22. g4 Fxc4 23. Fxc4 Dxc4 24. gxf5 Tf7? (24...Dd5) 25. Tg1 Dd5 26. Dxd5 Cxd5 27. f6 Rh8 28. fxg7+ Txg7 29. Thg4 Tg6 30. h4 Tag8 31. h5 T6g7 32. T4g2 Tf7 33. h6 Tg6 34. Fd2 Ce7? 35. Txg6 hxg6 36. Fg5 Cf5 37. e6 Tf8 38. e7 Te8 39. Rg2 Rh7 40. Tf1 Rg8 41. Tf3 Rf7 42. Tb3 b6 43. Tc3 Cxd4 44. h7 Th8 45. Te3 Re8 46. Ff6 Txh7 47. Fxd4 Txe7 48. Fe5 c5 49. Rf3 Rd7 50. Td3+ Rc6 51. Td6+ Rb5 52. Re4 a5 53. a4+ 1-0 (il peut suivre : 53...Rxa4 Txb6).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Boris Alterman, The Alterman Gambit Guide : White Gambits, Quality Chess, 2010, 448 pages
  • (en) Chris Baker, A Startling Chess Opening Repertoire, Cadogan/Everyman Chess, 1998
  • (ru) Anatoli Karpov, Nikolaï Kalinichenko, Секреты русской партии (Secrets de la partie russe) T. 1, Русский шахматный дом, 2007, 176 pages
  • (en) W. John Lutes, Petroff Defense: Cochrane Gambit, Chess Enterprises, 1994, 223 pages
  • (ru) Anatoli Matsoukevitch (ru), Iouri Razouvaïev, Энциклопедия гамбитов (Encyclopédie des Gambits), Астрель, 2007, (ISBN 978-5-271-16258-9), 255 pages
  • (en) Viacheslav Osnos & Nikolay Kalinichenko, The Cochrane Gambit 4.Nxf7, New in Chess Yearbook n° 19 (1991).

Notes et références[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]