Ferrette
Ferrette | |
Ferrette, le château. | |
Blason |
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Administration | |
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Pays | France |
Région | Grand Est |
Département | Haut-Rhin |
Arrondissement | Altkirch |
Intercommunalité | Communauté de communes du Jura alsacien |
Maire Mandat |
François Cohendet 2014-2020 |
Code postal | 68480 |
Code commune | 68090 |
Démographie | |
Population municipale |
683 hab. (2014) |
Densité | 352 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 47° 29′ 41″ nord, 7° 18′ 59″ est |
Altitude | Min. 429 m Max. 640 m |
Superficie | 1,94 km2 |
Élections | |
Départementales | Ferrette (chef-lieu) |
Localisation | |
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Ferrette (Pfirt en allemand) est une commune française située dans le sud du département du Haut-Rhin et de la région Alsace, dans un secteur appelé le Sundgau.
Elle est le chef-lieu du canton du même nom, le plus méridional des cantons alsaciens, qui comprend 30 communes, et appartient aussi à la Communauté de communes du Jura alsacien (CCJA) qui regroupe 24 communes en bordure de la frontière suisse.
Albert II prince de Monaco porte aussi le titre de comte de Ferrette.
Ses habitants sont appelés les Ferrettiens et les Ferrettiennes.
Géographie
La commune se trouve dans le nord du Jura, plus précisément dans le Jura alsacien. Ferrette est à environ 25 km de Bâle, 35 km de Mulhouse et 45 km de Belfort, et à une altitude comprise entre 500 et 800 m.
Toponymie
Le nom de Ferrette est attesté sous les formes de Ferreto en 1104, Phirida en 1133[2]. Ensuite: Firretes (1152), Pfirreto (1271), Phirret (1299), Phfirt (XIVe siècle), Phirt (1361), Pfürdt (1663), Pfirtensis & Ferreto (1104), Ferretis (1125), Ferrettes (1136), Firreta (1141), Ferretarum (1233), Farrates (1290), Ferretes (1296), Ferettensis (1304), Phirretarum (1309), Pharrettes (1317), Phyretis (1358), Ferraite (1469), Ferette (1659), Pfürdt (1663)[1], Ferrette (1793).
Albert Dauzat et Charles Rostaing interprètent de Ferreto comme une possible firmitas[3] (autrement firmitate), forme latine des différents Ferté de France, qui signifie « château fort, place forte » et qui se réfèrerait au château de Ferrette. La forme actuelle Ferrette résulterait d'une mauvaise réfection en français à partir de la forme alémanique Pfirt[4].
Cependant, le [f] initial de firmitas aurait dû se conserver tel quel en alémanique, comme dans les emprunts du vieux haut allemand au latin : latin febris > vieux haut allemand fiabar > allemand Fieber, alsacien Fiawer, Feewer « fièvre » ; latin fenestra > allemand Fenster, alsacien Fanschter « fenêtre ». La graphie Ph- à l'initiale de Phirida, d'où Pfirt, note au contraire la consonne affriquée [pf] (ex. : allemand Pfifferling < vieux haut allemand Phifera), or elle est issue de la mutation consonantique haut-allemande de [p].
C'est pourquoi il est préférable d'avoir recours au bas latin piretu(m)[5],[6], au sens probable dans ce cas de « verger de poiriers », terme composé des éléments issus du latin populaire *pira « poire » (latin classique pirum) et du suffixe à valeur collective -etu(m)[7]. Ce terme, avec son [p] initial, semble représenter une meilleure alternative, à condition d'éliminer la forme de Ferreto qui serait un des exemples, récurrents en toponymie, de mauvaises latinisations médiévales. On trouve effectivement une évolution phonétique comparable de la syllabe initiale, dans les emprunts de l'allemand au latin comme : Pfirsich « pêche » issu, comme le français, du latin persica ou encore Pfeil (jadis pfîl, flêche) issu du latin pīlum. Le recul de la langue romane dans cette région au profit du germanique a dû commencer avant la mutation consonantique haut allemande qui s'est produite entre le VIIe siècle et la fin du VIIIe siècle selon les spécialistes.
La forme allemande actuelle Birne « poire » procède du moyen haut allemand bir[e], elle-même de l'ancien haut allemand bira (avec un n issu de la forme faible) lui aussi emprunt au latin populaire pīra « poire »[8], tout comme le français poire[9]. Il s'est vraisemblablement substitué à un ancien haut allemand *phere, *phire, par l'intermédiaire des clercs de l'Allemagne du sud. *Phere, phire est postulé par les vieil anglais pere (> anglais pear[10]) et le moyen néerlandais pere (> néerlandais peer) qui, en revanche, n'ont pas subi la mutation consonantique haut allemande de [p].
Le même phénomène de germanisation s'observerait pour le nom de la commune de Pfetterhouse, mentionné sous la forme latine Petrosa « lieu pierreux » en 731, puis Phetterhusen en 1296, par analogie entre la finale -osa et l'ancien haut allemand hûs « maison ».
Le type toponymique Piretu(m) a par ailleurs abouti à Peray (Sarthe, (castrum) Pireti XIe siècle), Prénouvellon (Loir-et-Cher, de Pireto (Nevelonis) 1139)[4], Pré-le-Fort (Loiret, apud Piretum 1156), Peroy-les-Gombries (Oise, Pereyum 1175)[11], etc.
Histoire
En 1105 apparait la première mention du château de Ferrette qui appartient aux comtes de Montbéliard. Il était seul, sur son piton rocheux, le village le plus proche était nommé, à cette époque, Ferrette mais il s'agit de l'actuel Vieux-Ferrette.
Vers 1125, Frédéric de Montbéliard s'installe dans le château dont il avait hérité de son père et prend le nom du village voisin du château. Devenu Frédéric de Ferrette, il fonde le comté de Ferrette qui sera l'une des plus puissantes seigneuries de Haute-Alsace durant le Moyen Âge tant et si bien que de 1105 à la fin du XIIIe siècle, le comté de Ferrette est pratiquement un État souverain.
Axé à l'origine sur le Sundgau occidental, le comté s'étendit, déplaçant progressivement son centre vers Altkirch puis Thann.
De 1233 à 1275, le comté est gouverné avec sagesse et habileté par Ulrich II de Ferrette, qui cède son domaine à l'évêque de Bâle en 1271 et devient son vassal.
Après le décès du comte d'Ulrich III, 7e comte de Ferrette, survenu le 10 mars 1324, sa fille Jeanne en hérite. Albert II d'Autriche, époux de Jeanne de Ferrette, qui possède ses terres le long du Rhin, gouverne le comté à partir du 26 mars 1324. Il fusionne ses possessions et celles de sa femme, constituant ainsi le Sundgau des Habsbourg qui s'étend sur les deux rives du Rhin.
En 1469, à la suite du traité de Saint-Omer, Ferrette est cédé par Sigismond d'Autriche à Charles le Téméraire qui y établit Pierre de Hagenbach comme gouverneur[réf. nécessaire].
Vers 1446, le château est rénové, reconstruit en 1488 et agrandi en 1552 puis de nouveau modifié, par les archiducs d'Autriche, entre 1571 et 1615, afin de l'adapter aux armes à feu. Durant ce temps, un nouveau village, situé au pied du château, voit le jour sous le nom de Ferrette. Afin de distinguer l'ancien village du nouveau, le premier prend le nom de Vieux-Ferrette. En 1540, le château passe aux mains d'une famille de banquiers, les Fugger, qui font construire un rempart reliant le château-haut au château-bas.
En 1632, durant la guerre de Trente ans, les troupes suédoises prennent le château, et s'installent dans la région. Deux ans plus tard, les paysans en révolte chassent la garnison suédoise qui revient immédiatement avec des renforts, prennent le village, le pille, le saccage, pourchassent les habitants. Le château supérieur quant à lui subit de gros dommages.
En 1635, c'est au tour des troupes françaises d'attaquer le château. Une fois pris, il est brûlé et détruit.
Le 24 octobre 1648, par les traités de Westphalie et de Münster qui mettent fin à la guerre de Trente ans, les terres et seigneuries des Habsbourg, en Alsace, passent aux mains du Roi de France.
En 1659, Louis XIV donne plusieurs seigneuries à son premier ministre Mazarin dont la seigneurie de Ferrette. Le château devient peu à peu une ruine.
En 1777, la seigneurie passe aux mains d'Honoré IV prince de Monaco devient propriétaire du domaine de Ferrette par son mariage avec Louise d'Aumont, héritière de Mazarin. L'actuel prince de Monaco en est toujours
Dans son roman, Anne de Geierstein, écrit en 1829, Walter Scott fait figurer le château de Ferrette et les méfaits de Pierre de Hagenbach, qui fut décapité[12] pour ses nombreuses exactions.
En 1838, Jean Zuber, fabricant de papier peint à Rixheim, acquiert le château qui est classé monument historique en 1842.
En 1862, le château était possession de la famille Zuber de Rixheim.
Le château a été vendu à un particulier en 2011.
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Ferrette centre. -
Vue du village depuis le château.
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La rue des Orfèvres.
Héraldique
Les armes de Ferrette se blasonnent ainsi : |
Culture
Depuis quelques années, une fête médiévale avec spectacle son et lumière se déroule à Ferrette, fin juin.
Politique et administration
Démographie
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir du , les populations légales des communes sont publiées annuellement dans le cadre d'un recensement qui repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[13]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[14],[Note 1].
En 2014, la commune comptait 683 habitants, en diminution de −21,76 % par rapport à 2009 (Haut-Rhin : 1,52 %, France hors Mayotte : 2,49 %).
Enseignement
La ville de Ferrette a un collège public d'enseignement secondaire, le collège de Ferrette.
Gendarmerie
Ferrette comptait un escadron de gendarmerie mobile de 120 gendarmes, l'EGM 24/7, rattaché au Groupement II/7 de Gendarmerie mobile de Strasbourg. Les gendarmes et leurs familles représentaient environ 150 habitants de la commune. En 2013, l'escadron a été dissous.
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La caserne de gendarmerie Robelin.
Lieux et monuments
- Les ruines du château médiéval font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [17].
- L'église catholique Saint-Bernard-de-Menthon fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [18].
- L'Hôtel de ville fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le [18].
- Ruines de la chapelle Sainte-Catherine au château.
- Église Saint-Bernard-de-Menthon
- La gorge aux Loups et la grotte des Nains, situées dans la montagne entre les rochers de la Heidenflüh, avec la légende qui s'y rattache.
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côté sud. -
côté ouest.
Personnalités liées à la commune
- Jean-Henri-Ferdinand Lamartelière (1761-1830), dramaturge né à Ferrette, au 22 de la rue du Château, sous le nom de Schwingdenhammer.
- Roger Kempf, écrivain, prix Femina Essai pour L'indiscrétion des frères Goncourt en 2004.
- Albert II de Monaco porte parmi ses nombreux titres celui de comte de Ferrette[19].
- Le poète Eugène Guillevic séjourna dans la rue du Château de 1919 à 1935.
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Plaque sur la maison natale de Jean Henri Ferdinand Schwingdenhammer -
Maison Dimière des Mazarin et des Grimaldi, comtes de Ferrette -
Plaque à la mémoire de Guillevic
Notes et références
Notes
- Par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique, pour les populations légales postérieures à 1999, que les populations correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, et que les populations des années 2006, 2011, 2016, etc. pour les communes de plus de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population légale publiée par l’Insee pour l'ensemble des communes.
Références
- Dictionnaire topographique du département du Haut-Rhin - Georges Stoffel (1868)
- Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Librairie Guénégaud 1979, p. 287a.
- Ibidem
- Albert Dauzat et Charles Rostaing, op. cit.
- Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, librairie Droz.
- Du Cange, et al., Glossarium mediae et infimae latinitatis, édition augmentée, Niort : L. Favre, 1883‑1887, t. 6, col. 332a. (lire en ligne)
- Ernest Nègre, op. cit.
- Duden Herkunftswörterbuch, Band 7, Dudenverlag ISBN 3-411-20907-0. p. 84a.
- Site du CNRTL : étymologie de "poire"
- T.F. Hoad, English Etymology, Oxford University Press 1993. p. 341b.
- Ernest Nègre, Toponymie générale de la France (lire en ligne)
- Pierre de Hagenbach 3/3 sur isundgau
- L'organisation du recensement, sur le site de l'Insee.
- Calendrier départemental des recensements, sur le site de l'Insee.
- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
- Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 20062007 2008 2009 2010 2011201220132014 .
- Notice no PA00085430, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Notice no PA68000004, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Le comte de Ferrette se marie
Voir aussi
Articles connexes
- Ligne d'Altkirch à Ferrette
- Liste des communes du Haut-Rhin
- Liste des monuments historiques du Haut-Rhin