Baal

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Stèle de Baal au foudre, XVe-XIIIe siècle, trouvée à Ras Shamra (Ougarit), musée du Louvre

Baal ou Ba'al (hébreu : בָּעַל, Báʿal, qui signifie seigneur) — Bēl en akkadien et בעלת Baʿalat (phénicien) ou בַּעֲלָה (Baʿalāh, en hébreu) au féminin — est un dieu sémitique, cananéen puis phénicien qui, sous les dynasties des Ramsès, est assimilé dans la mythologie égyptienne à Seth et à Montou.

Origines

Le terme Baal n'est pas à l'origine religieux : cet appellatif répandu dans de nombreuses langues sémitiques dénote un être respectable, le seigneur, le maître, le propriétaire ou parfois l'époux. Ce titre est particulièrement appliqué à une divinité de l'orage et de la fertilité proche-orientale, nommée Melqart en Phénicie ou Hadad en Syrie[1]. De nombreux noms de rois sont également précédés de cette particule. Le mot n'était d'ailleurs pas utilisé qu'à des fins honorifiques ; l'exemple ba‘lāh hārišôn (l'ex-mari, le veuf) démontre la portée très large de ce mot. Un rabbin particulièrement reconnu était appelé Baal Shem Tov.

Baal est une appellation générique d'un dieu, accompagnée d'un qualificatif qui révèle quel aspect est adoré : Baal Marcodés, dieu des danses sacrées ; Baal Shamen, dieu du ciel ; Baal Bek, le Baal solaire ; et surtout, Baal Hammon, le terrible dieu des Carthaginois. Ainsi, chaque région avait son dieu, son Baal local.

Baal est devenu l'appellation punique de nombreux dieux d'origine sémite dont le culte a été célébré depuis le IIIe millénaire av. J.-C. jusqu'à l'époque romaine. Bealiah (plus justement bə‘’alyâ), qui signifie « Jah (YHWH) est Baal ». Il s'agit d'un point de vue de la religion hébraïque d'un blasphème, car remettant en cause l'unicité de Dieu, puisque la Bible considère les « Baal » étrangers comme de faux dieux.

Son nom - le maître ou l'époux – se retrouve partout dans le Moyen-Orient, depuis les zones peuplées par les sémites jusqu'aux colonies phéniciennes, dont Carthage. Il est invariablement accompagné d'une divinité féminine (Astarté, Ishtar, Tanit), même s'il est hermaphrodite.

Culte

Les textes bibliques témoignent de la « lutte acharnée » qui prend place à partir du IXe siècle contre la vénération des divinités qu'incarne Baal qui concurrencent YHWH, divinité d'Israël en voie de « monothéisation[1] ». C'est de loin la divinité vétéro-testamentaire la plus mentionnées après YHWH (le Seigneur) ou Elohim, avec près de 90 occurrences[2].

On le décrit comme le culte du veau d'or dans le livre d'Osée[3]. Dans la Bible, il n'a aucune identité précise, mais rassemble toutes les divinités qui pourraient détourner le peuple de Dieu du droit chemin. C'est pourquoi dans le Livre des Juges, chaque histoire commence par : « Le peuple de Dieu se détourna du Seigneur et adora les Baals et les Astartés. » De la même façon, « Astartés » rassemble les divinités se référant à Ishtar, la déesse de Babylone. Paradoxalement, certains passages bibliques attribuent à Dieu des spécificités « baaliques » : à l'instar de Baal, Dieu habite sur une montagne, il amène la pluie, la fertilité et les récoltes ou est qualifié de « chevaucheur des nuées[1] ».

À ce culte est associé la prêtrise, et des sanctuaires sur chaque colline, appelés hauts lieux. À l'intérieur se trouvaient des icônes et statues de Baal, et à l'extérieur des colonnes de pierre (probablement les symboles phalliques de Baal), des poteaux sacrés qui représentaient Ishtar, et des autels à encens. Ce culte était associé aussi dans l'esprit à certains corps célestes (soleil, étoiles)[4].

Selon la Bible, des prostitués, mâles et femelles, servaient sexuellement sur les hauts lieux et certains passages bibliques rapportent parmi les rituels chaldéens des sacrifices d'enfants pour obtenir les faveurs de la divinité[5], dans le livre de Jérémie (19:5 ) : « Ils ont bâti des hauts lieux à Baal, Pour brûler leurs enfants au feu en holocaustes à Baal : Ce que je n'avais ni ordonné ni prescrit, Ce qui ne m'était point venu à la pensée ». Néanmoins, les liens entre de tels sacrifices et les cultes de Baal ne sont pas nombreux dans les textes bibliques et les sources extra-bibliques ne sont pas probantes sur de tels liens[6].

Hannibal (en phénicien Hanni-baal) signifie « qui a la faveur de Baal ». Ce nom a été porté par le fils du général carthaginois Hamilcar Barca.

Baal comptait un temple important à Émèse en Syrie, dont la grand-prêtrise appartenait à la famille des Bassianides. En 218, son grand-prêtre devint empereur de Rome sous le nom d'Héliogabale, grâce à une parenté avec les Sévères par les femmes. Héliogabale imposa pour un temps son culte aux Romains. Ceux-ci le détrônent à cause de ses excès, notamment religieux.

Notes et références

  1. a b et c Thomas Römer, Dieu obscur: le sexe, la cruauté et la violence dans l'Ancien Testament, éd. Labor et Fides, 1996, p. 178 extraits en ligne
  2. Dany Nocquet, Le "Livret noir de Baal" : la polémique contre le dieu Baal dans la Bible, Labor et Fides, 2004, p. 13
  3. Os 9-10.
  4. Voir page 202 in Dictionary of deities and demons in the Bible, W.B. Eerdmans Publishing, 1999
  5. De telles descriptions sont présentes dans 1 Rois, 2 Rois, 1 Chroniques et 2 Chroniques
  6. (de) Rainer Albertz, Religionsgeschichte Israels in alttestamentlicher Zeit, Grundrisse zum. Alten Testament 8, éd. Vandenhoeck & Ruprecht, 1992, cité par Dany Nocquet in Le "livret noir de Baal", p. 34, voir bibliographie

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes