Tropical Malady

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Tropical Malady

Titre original สัตว์ประหลาด
Sud pralad
Réalisation Apichatpong Weerasethakul
Scénario Apichatpong Weerasethakul
Pays de production Drapeau de la Thaïlande Thaïlande
Genre drame
Durée 120 minutes
Sortie 2004

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Tropical Malady (en thaïlandais สัตว์ประหลาด, Sud pralad ; RTGS : Satpralat) est un film thaïlandais réalisé par Apichatpong Weerasethakul, sorti le .

Synopsis[modifier | modifier le code]

Keng, un jeune soldat, et Tong, un garçon de la campagne, sont amoureux. Ensemble, ils mènent une vie tranquille s'organisant autour de promenades en ville et de la douceur des journées à la lisière de la forêt tropicale. Un jour, des troupeaux de la région sont attaqués par un animal féroce et plusieurs vaches sont égorgées ; dans le même temps, Tong disparaît. Une très ancienne légende locale raconte que, quelquefois, un homme peut se transformer en animal. Keng décide de partir à la recherche de la créature sauvage au cœur d'une jungle luxuriante et inquiétante...

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[9][modifier | modifier le code]

Commentaires[modifier | modifier le code]

Ce film s'inspire des très anciennes croyances thaïlandaises qui racontent que des hommes peuvent se transformer en animaux : en crocodile dans la légende de Kraithong[10],[11] et dans Khun Chang Khun Phaen[12] (thaï: ขุนช้างขุนแผน[13])[14] (la première grande œuvre littéraire thaïlandaise, très longue épopée en vers qui se déroule vers l'an 1500) ; en tigre dans le court conte Un talapoin sorcier rapporté par Charles Hardouin en 1890[15] et dans le roman Une histoire vieille comme la pluie de l'écrivain thaïlandais Saneh Sangsuk publié en 2004[16]...

Après Blissfully Yours et avant Syndromes and a Century, Tropical malady est le deuxième volet d'une trilogie que le réalisateur Apichatpong Weerasethakul consacre à ce qui le touche[17], ici lui-même, sa sexualité et ses peurs[18].

Le film est coupé en deux parties opposées : entre un amour paisible, et la perte totale de repère symbolisée par l'angoisse de Keng isolé dans la jungle qui chasse une bête sauvage alors que Tong a disparu après leur dernière rencontre. Cette approche binaire peut être interprétée par le public de façon tout à fait libre. Le magazine Télérama s'interroge : « Des deux volets du diptyque, fascinant de bout en bout, lequel est vécu par les protagonistes, lequel est délire ? »[19].

En effet, on peut le prendre comme une suite à l’idylle vécue entre les deux jeunes hommes, ainsi Keng partirait chercher son amour perdu dans la jungle. Mais on peut également imaginer qu'il s'agit d'un songe de la part d'un des deux hommes. Ou encore que la deuxième partie, raconte la même histoire que la première partie d'un point de vue différent, etc.

D'après le réalisateur dans un entretien de 2007, pour lui, la première partie est le présent face à la seconde qui est le passé « quand mon amant est parti[18] ». Il raconte aussi en 2007 : « La jungle est un personnage, car tout être humain change, la nuit venue. On le perçoit mieux, à la manière des aveugles. Le personnage-jungle intervient dans ce sens. Il y a de moins en moins de dialogues à mesure que le film s'y enfonce, et pourtant la « conversation » s'intensifie. »[20]

Autour du film[modifier | modifier le code]

Le tournage de la seconde partie s'est intégralement déroulé dans la jungle du nord-est de la Thaïlande, où le preneur de son a pu collecter de nuit des bruits incroyables – ours, éléphants etc. – qui ont en partie servi à l'élaboration de la bande son.
  • Pour justifier le titre de son film, le réalisateur explique que « Nous nous attachons à certaines choses, en particulier à la beauté de notre propre espèce. C'était déjà un thème de Blissfully yours, mais cette fois j'ai voulu montrer son aspect maladif. À un moment de notre vie, nous sommes quasiment « étouffés » par les merveilleux souvenirs de ceux que nous aimons. Les amants de Tropical Malady succombent de leur amour ».

Distinctions[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Suchada Sirithanawuddhi », sur kickthemachine.com (consulté le )
  2. « Tropical Malady », sur cinematheque.fr,
  3. (en) « Sompote Chidgarsornpongse », sur kickthemachine.com (consulté le )
  4. Marie Richeux, « Épisode 5 : Carte blanche ciné-bestiaire (audio : 58 minutes) », sur franceculture.fr, France Culture,
  5. « Tropical Malady », sur unifrance.org,
  6. (en) Kong Rithdee, « Thai film editors joins Oscars academy », sur bangkokpost.com, Bangkok Post,
  7. « Tropical Malady », Studio (n°207),‎ , p. 48 (ISSN 0982-8354)
  8. « Tropical Malady », sur orient-extreme.net
  9. « Tropical Malady », sur telerama.fr, Télérama
  10. (en) Thanapol (Lamduan) Chadchaidee, Fascinating Folktales of Thailand, , 275 p. (ISBN 978-616-245-055-6, lire en ligne), Conte 9 Krai Thong pages 29 à 32
  11. (th + fr) Wanee Pooput et Michèle Conjeaud (préf. Gilles Delouche, ill. Thumwimol Pornthum), Pratique du thaï - Volume 2, L'Asiathèque - maison des langues du monde, , 352 p. (ISBN 978-2-36057-012-6), Leçon 4 - Kraithong pages 44 à 49
  12. (en) Thanapol (Lamduan) Chadchaidee, Fascinating Folktales of Thailand, , 275 p. (ISBN 978-616-245-055-6, lire en ligne), Conte 7 Khun Chang and Khun Phaen pages 17 à 24
  13. (fr + th) Collectif, Florilège de la littérature thaïlandaise, Duang Kamol (édition), , 470 p. (ISBN 974-210-432-8), Chapitre 4 : Khun Chang Khun Phen page 165 à 218
  14. Madame J. Kasem SIBUNRUANG (traduit par), "Khun Chang Khun Phèn"; LA FEMME, LE HEROS ET LE VILAIN poème populaire thaï, Presses universitaires de France, , 162 p.
  15. Charles Hardouin, « Un talapoin sorcier », sur biblisem.net,
  16. Gérard Lefort, « Le baume du tigre », sur liberation.fr, Libération,
  17. « Tropical Malady : un film comme une infection (entretien avec Weerasethakul », sur lemonde.fr, Le Monde,
  18. a et b Entretien avec le réalisateur par Jean-Luc Douin, publié dans Le Monde daté 13 juin 2007.
  19. Critique de Louis Guichard parue dans Télérama n°2927, 15 février 2006
  20. Emmanuel Burdeau, « L'amour est souffrance - Propos de Apichatpong Weerasethakul », Cahiers du cinéma,‎ , p. 15
  21. Seno Joko Suyono, Arif Firmansyah et Akmal Nasery Basral, « Nouvelle vague à Bangkok. Les surprises du cinéma thaï » (Traduction d'un article de l'hebdomadaire Tempo de Jakarta), sur courrierinternational.com, Courrier International,
  22. Cahiers du cinéma no 652, janvier 2010.

Liens externes[modifier | modifier le code]