Rémy Duval

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Rémy Duval
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 77 ans)
GroslayVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Rémy Henri René DuvalVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
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Enfant
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Rémy Duval, né à Rouen le , est un artiste photographe de 1924 à 1952 (il est alors également auteur d'articles critiques sur la photographie et de poèmes), peintre et lithographe de facture expressionniste à partir de 1953. Il vécut au no 28, place des Vosges à Paris et est mort à Groslay (Val-d'Oise) le [1]. Il est le père de Claire Clouzot.

Biographie[modifier | modifier le code]

Photographe d'avant-garde[modifier | modifier le code]

Laure Albin Guillot
28, place des Vosges (pavillon de la Reine) où vécut Rémy Duval

Rémy Henri René Duval naît le à Rouen, au 16, rue Thouret (passage pavé reliant le palais de justice à la rue du Gros-Horloge), domicile de ses parents Gustave Étienne Duval (1876-1914), industriel, et son épouse née Anaïs Julie Bignou (1881-?), sans profession[2].

Commençant en 1924 à pratiquer la photographie en autodidacte, membre de la Société française de photographie en 1927, il épouse en 1929 Marie-Rose Clouzot en la mairie du 16e arrondissement de Paris[2]. C'est en 1930 qu'il s'initie à l'art du tirage et du gris nuancé dans l'atelier de Laure Albin Guillot[3].

Julia Elchinger s'appuie sur l'article « Surimpression », que Rémy Duval publie en et qui se lit comme un éloge de ce que les manuels de conseils photographiques donnent comme des erreurs de base à éviter (le flou, la surexposition, le reflet), afin de le situer dans le prolongement du courant des avant-gardes du début du XXe siècle[4] : « Ne jetez jamais les clichés qui paraissent détestables, recommande ainsi Rémy Duval, c'est une source de poésie où le monde se transfigure en aspects bizarres et inquiets, révélateurs de figures inconnues, sans pour cela jamais perdre sa réalité »[5], texte qui offre à Julia Elchinger de situer son auteur dans la suite d'Eugène Atget et de ses photos de façades de magasins parisiens « aux vitrines volontairement moirées de reflets » (1900-1927), dans la suite également d'André Breton qui fait lui aussi à sa façon l'éloge du reflet en écrivant en 1932 que « mettre en présence d'une manière saisissante » deux objets aussi éloignés que possible l'un de l'autre constitue « la tâche la plus haute à laquelle la poésie puisse prétendre »[6].

Photographe de métier[modifier | modifier le code]

Ami de Louis-Victor Emmanuel Sougez et de Brassaï, photographe de mode en même temps que critique photographique à Arts et métiers graphiques et à Photo-Ciné-Graphique dès les années 1930 - il sera également dans les années 1940 photographe de plateau, notamment auprès de Claude Autant-Lara, Marcel Carné et Robert Bresson - Rémy Duval prend de la sorte ses distances avec le pictorialisme (1890-1914) et la Nouvelle Objectivité (1918-1930) pour se ranger dans le courant Nouvelle Vision dont, conforté par l'apparition d'une nouvelle génération d'appareils plus maniables qui favorisent une plus grande liberté, il adopte le style - innovations de cadrages et d'angles de vues - dans ses portraits, ses nus et ses photos publicitaires[7].

Il divorce de Marie-Rose Clouzot en afin de se remarier en décembre de la même année, en la mairie du 3e arrondissement de Paris, avec Marguerite Eugénie Desseigne[2].

Artiste peintre[modifier | modifier le code]

La fille de Rémy Duval, Claire Clouzot, rapporte dans le film Le Tableau renversé que c'est à la suite de la destruction de ses photographies en 1952 par sa seconde épouse qu'en 1953 l'artiste abandonne la photographie pour se consacrer à la peinture, se liant notamment avec Geer et Bram Van Velde[3]. En corrélation avec l'espace où il peint, au 28 place des Vosges, son œuvre s'oriente vers de grands formats commercialement plus difficiles, ce à quoi on peut attribuer le fait que ses natures mortes fortement cernées de traits noirs n'aient pas obtenu une juste reconnaissance.

Œuvre[modifier | modifier le code]

Thèmes photographiques[modifier | modifier le code]

Contributions bibliophiliques[modifier | modifier le code]

Les Enfants du paradis, 1943

Photographie de plateau[modifier | modifier le code]

Écrits[modifier | modifier le code]

Articles[modifier | modifier le code]

  • « Quelques idées d'Alberto Cavalcanti », revue Cinéma, [10].
  • « Surimpression », Photo-Ciné-Graphie, no 15, .
  • « Pierre Boucher », Arts et métiers graphiques, no 49, .
  • « Herbert Matter », Arts et métiers graphiques, no 51, .
  • « Wie ich dazukam, die Photographie aufzugeben (Comment j'en vins à abandonner la photographie) », illustré de sept photographies de Rémy Duval, revue Camera, 32, No 11/12, Lucerne, novembre-.
  • « Trois Ptis », La Nouvelle Revue française, no 50, .

Rémy Duval a également été pendant plusieurs années critique d'art à la revue Connaissance des arts[11].

Livres[modifier | modifier le code]

  • Vingt-cinq poèmes, cinq cents exemplaires numérotés constituant l'édition originale, Éditions Arts et métiers graphiques, 1936.
  • L'Espace des révoltés, Éditions Saint-Priest, Paris, 1966.
  • Être religieux, Éditions Saint-Priest, Paris, 1968.

Expositions[modifier | modifier le code]

Expositions personnelles[modifier | modifier le code]

Photographies[modifier | modifier le code]

  • Rémy Duval, photographies : les roses, Galerie Montaigne, Paris, 1938.

Peintures[modifier | modifier le code]

  • Galerie de Verneuil, Paris, octobre-novembre 1956[11].
  • Galerie Mouffe, 67 rue Mouffetard, Paris, [12].
  • Galerie Dessagne, 24 boulevard Carnot, Limoges, [13].

Expositions collectives[modifier | modifier le code]

Réception critique[modifier | modifier le code]

Photographies[modifier | modifier le code]

  • « La beauté des tirages (Rémy Duval a fait ses débuts auprès de Laure Albin Guillot), réalisés dans une gamme chromatique d'une incroyable finesse, le classicisme des sujets (nus, paysages, portraits, natures mortes) associé au modernisme du traitement font de ce photographe l'exemple type de ce que pouvait être au milieu des années 1930 la nouvelle photographie en France. » - Emmanuelle de L'Écotais, chargée des collections photographiques, Musée d'art moderne de la ville de Paris[20].

Peintures[modifier | modifier le code]

  • « Rémy Duval a pris un parti net et exceptionnel : celui de n'utiliser que le rouge et le noir… Ses sujets : le plus souvent, des natures mortes (fruits, bouteilles, tables, fleurs), mais aussi quelques nus et des paysages. Sa palette réduite et l'importance donnée au rouge l'amènent à rechercher cet effet fréquent dans l'œuvre des peintres d'avant-garde et qui consiste à donner l'impression que les éléments du tableau sont animés d'un mouvement de va-et-vient en profondeur. Rémy Duval se réclame de Rembrandt qui est, en effet, à cet égard, un précurseur. Mais ce qui, dans les œuvres de Rembrandt, est blanc ou clair, est rouge ici. Le rouge doit être considéré non pas comme une couleur claire, mais comme une couleur qui stimule la faculté visuelle. Les fonds étant rouges, ils attirent de suite le regard et, de ce fait, paraissent au premier plan. Mais quand l'œil est accoutumé à l'intensité du rouge et que son pouvoir stimulant diminue, l'attention se porte sur la partie linéaire. Celle-ci est fortement marquée par de gros cernes.Elle se conforme aux règles de la perspective géométrique. Les fonds reprennet donc leur place naturelle, jusqu'à ce que l'œil redécouvre l'intensité des rouges qui ramènent alors les fonds au premier plan. » - Yvon Taillandier[11]

Collections[modifier | modifier le code]

Collections publiques[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

Suisse[modifier | modifier le code]

  • Auer Photo Foundation, Genève.

Collections privées[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. a b et c Archives municipales de Rouen, année 1907, acte de naissance no 1146, avec mentions marginales de mariage et de décès
  3. a b et c Institut d'art contemporain de Villeurbanne, Rémy Duval dans les collections
  4. Julia Elchinger, Un éloge du flou dans ou par la photo, thèse en arts visuels, Université de Strasbourg, 2010, pages 15 et 190.
  5. Rémy Duval, « Surimpression », Photo-Ciné-Graphie, no 15, mai 1934, pages 8-9.
  6. André Breton, Les vases communicants, Éditions des cahiers libres, 1932.
  7. Marie Blanc, Garance Déléris, Léa Jusseau, Léna Lévy, Anastasia Kosyreva, Justine Vignères, commissariat collectif, En toute obscénité, dossier de presse de l'exposition, Galerie Artemisia et E.N.S. de Lyon, 2017.
  8. Frédérique Planquette, « Portée au nu - Redécouverte d'une icône non académique des années 1930 », Libération, 27 avril 2006
  9. Freddy Buache, Claude Autant-Lara, Éditions L'Âge d'Homme, 1982.
  10. Revue Cinéma, novembre 1927, en ligne
  11. a b et c Yvon Taillandier, « Le rouge et le noir par Rémy Duval », Connaissance des arts, no 56, 15 octobre 1956, p. 93.
  12. Le Nouvel Observateur, 12 janvier 1970, page 38.
  13. Le Figaro littéraire, no 1252, 18 mai 1970, page 32.
  14. Pierre Abraham et Jean Vetheuil, Photo 1936, album de photos figurant à l'Exposition internationale de la photographie contemporaine, Arts et métiers graphiques, 1936.
  15. Isabelle d'Assignies, « La photographie à l'épreuve », Plumart, 2005
  16. a et b Jeu de paume, Paris, capitale photographique, 1920-1940, présentation de l'exposition, 2009
  17. Natacha Wolinski, « Le Centre Pompidou accueille la collection Bouqueret », Le Quotidien de l'Art, 14 novembre 2012
  18. a et b Musée d'art moderne de la ville de Paris, Premier comité pour la photographie, présentation de l'exposition, 2014
  19. Galerie Artemisia et École normale supérieure de Lyon, En toute obscénité, présentation de l'exposition, 2017
  20. Emmanuelle de L'Écotais, « Sur la collection photographique du Musée d'art moderne de la ville de Paris », L'Œil de la photographie, 5 décembre 1914.
  21. Centre Georges-Pompidou, Rémy Duval
  22. Thierry de Maigret, commissaire-priseur, Catalogue de la collection de photographies d'Édouard Boubat (no 179 : « Cage aux oiseaux », 1930 ; no 180 : « La mariée », 1940), Hôtel Drouot, Paris, 16 octobre 2015.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marcel Natkin, L'art de voir et la photographie, Éditions Tiranty, Paris, 1935.
  • Pierre Abraham et Jean Vetheuil, Photo 1936, Arts et métiers graphiques, 1936.
  • Christian Bouqueret, La nouvelle photographie en France, 1919-1949, Éditions du Musée Sainte-Croix, Poitiers, 1986.
  • Dictionnaire mondial de la photographie des origines à nos jours, Larousse, 1994.
  • Christian Bouqueret, Des années folles aux années noires, Éditions Marval, 1997.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
  • Christian Bouqueret, Assia, sublime modèle, Éditions Marval, 2006..
  • Christian Bouqueret et Andy Grundberg, Paris, capitale photographique, 1920-1940 - Collection Christian Bouqueret, Éditions de La Martinière, 2009.
  • Julia Elchinger, Un éloge du flou dans ou par la photo, thèse en arts visuels, Université de Strasbourg, 2010.
  • Sous la direction de Quentin Bajac et Clément Chéroux, Paris - Modernités photographiques, 1920-1950 : la collection Bouqueret, Éditions Centre Georges-Pompidou, 2012.

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Rémy Duval, 28 place des Vosges, court métrage de Claire Clouzot, Productions Little Bear, 1986 (présentation en ligne).
  • Le tableau retourné, film de Roland-Jean Charna avec Claire Clouzot, Productions Inser&Cut, 2015.

Liens externes[modifier | modifier le code]