Laxatif

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Un laxatif est un produit accélérant le transit intestinal, ramollissant les selles. On utilise les laxatifs pour combattre la constipation.

Ils peuvent être absorbés oralement ou par voie rectale (lavements, suppositoires ou micro-lavements).

Laxatifs de lest (fibres)[modifier | modifier le code]

Suppositoires de glycérine utilisés comme laxatifs.

Ils comprennent les fibres alimentaires, dites insolubles ou de mucilages, dites solubles car faite d'une substance qui se gonfle au contact de l'eau. Ils rendent les selles plus denses, plus volumineuses et leur font retenir plus d'eau, ce qui favorise le péristaltisme naturel et donc leur progression. Ils accélèrent le transit colique en deux à trois jours.

Les graines de psyllium ou d'ispaghul sont des mucilages ainsi que le maltodextrose. Le son est une fibre alimentaire insoluble. L'efficacité des mucilages est prouvée[1]. Celles des fibres l'est beaucoup moins, du moins sur la constipation[2]. De plus elles sont susceptibles d'entraîner certains effets secondaires tels que ballonnement, douleurs abdominales[3]...

Lubrifiants[modifier | modifier le code]

Les lubrifiants (tels la gelée d'huile de paraffine) sont absorbés oralement. Ils facilitent (modestement) la progression des selles dans l'intestin, par effet de glissement, et réduisent l'absorption hydrique. Ils agissent en six à huit heures. Les effets indésirables sont des irritations et des suintements anaux. Des fausses routes avec pneumonie ont été signalées[4].

Laxatifs osmotiques[modifier | modifier le code]

Représentation de la molécule de lactose

Non absorbés, ils retiennent l'eau et les électrolytes dans le côlon. Ils agissent en un à deux jours. Les principaux effets indésirables sont des douleurs abdominales et des ballonnements intestinaux.

Les osmotiques sucrés sont le lactitol, le lactulose, le sorbitol, le mannitol, le pentaérythritol. Les deux premiers comportant du lactose sont contre-indiqués en cas d'intolérance au lactose.

Les osmotiques salins sont les sels de sodium et de potassium, les phosphates et le chlorure de magnésium. L'inconvénient principal de cette classe de laxatifs est un passage partiel du sel dans le sang donc un risque d'augmentation de la pression artérielle et, à forte dose, un risque d'œdème. Le magnésium reste dans l'intestin et provoque un appel d'eau par effet osmotique. La petite fraction de magnésium absorbée est efficacement éliminée par filtration rénale chez l'adulte en bonne santé.

Un des osmotiques purs est le polyéthylène glycol ou PEG, dont une marque connue est le Macrogol. Ils sont utilisés en préparation pour un examen du côlon (coloscopie) et sont également utiles dans la constipation chronique[5]. Ils sont plus efficaces dans ce cas que le lactulose[6].

Laxatifs de contact (stimulants)[modifier | modifier le code]

Les laxatifs de contact augmentent la motricité intestinale par divers mécanismes. Ils exposent à des effets indésirables parfois graves, comme les colites, et à des interactions médicamenteuses.

Dérivés anthraquinoniques naturels[modifier | modifier le code]

L'anthraquinone est utilisé comme laxatif à partir d'un seuil de 30 à 36 mg par jour. Les glucosides d’anthraquinone, dérivés actif de l'anthraquinone, se transforment dans le côlon en sennosides. Ces derniers sont hydrophiles et réduisent l’absorption intestinale de l’eau en vue d’avoir un bol fécal fluide. Ils évitent par conséquent, la formation de selles grumeleuses. Au-delà du seuil de 30 à 36 mg par jour de sennosides, les selles tendent à devenir très molles ou liquides. Les sennosides et les glucosides d'anthraquinone contiennent un groupe d'aglycone. Ils sont présents dans les gousses et les feuilles du séné, le rhizome de la rhubarbe, la bourdaine, le cascara et notamment l'aloès.

Une utilisation prolongée au-delà de quatre à huit semaines ou un abus mène à un mélanisme du côlon, dû à la libération de lipofuscine (présente dans les histiocytes et mastocytes) dans le côlon.

Un autre dérivé anthraquinonique naturel est la casse (Cassia fistula).

Dérivés du diphénylméthane[modifier | modifier le code]

Les dérivés du diphénylméthane sont le bisacodyl[7], le bisoxatine, le picosulfate de sodium.

Agonistes sérotoninergiques[modifier | modifier le code]

Le prucalopride en est un exemple.

Autres[modifier | modifier le code]

Le linaclotide est un inhibiteur de la guanylate cyclase augmentant la motilité intestinale.

Plantes médicinales[modifier | modifier le code]

Le séné, plante médicinale, est connu et utilisé pour son puissant effet laxatif.

Laxatifs secrétoires[modifier | modifier le code]

Ils augmentent la sécrétion d'eaux et d'électrolytes par la muqueuse du tube digestif. Le lubiprostone en est un exemple.

Laxatifs à usage rectal[modifier | modifier le code]

Ils déclenchent rapidement un réflexe exonérateur (voir Défécation). L'usage répété provoque des irritations anales.

On peut en citer deux exemples :

  • La glycérine par voie rectale
  • Les lavements évacuateurs

Ces traitements peuvent d'autre part faciliter l'extraction manuelle d'un fécalome lorsqu'ils sont utilisés préalablement.

Laxatifs anciens[modifier | modifier le code]

Autres[modifier | modifier le code]

Un des effets secondaires des morphiniques est la constipation par activation des récepteurs μ aux opioïdes périphériques. Différentes molécules sont en cours de développement comme inhibiteurs de ces récepteurs, permettant la levée de la constipation tout en conservant l'action anti-douleurs des morphiniques. Ce sont le naloxégol, l'alvimopan (en) et le naldémidine.

Cinéma[modifier | modifier le code]

Dans le film Bean, le personnage principal, Mr. Bean, interprété par Rowan Atkinson, met un médicament laxatif dans la boisson du vigile afin de s’introduire dans la Grierson Art Gallery de Los Angeles et ainsi de détourner l‘attention de celui–ci.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Suares NC, Ford AC. « Systematic review: the effects of fibre in the management of chronic idiopathic constipation » Aliment Pharmacol Ther. 2011;33:895-901
  2. (en) Badiali D, Corazziari E, Habib FI. et al. « Effect of wheat bran in treatment of chronic non-organic constipation. A double-blind controlled trial » Dig Dis Sci. 1995;40:349–56. PMID 7851201
  3. (en) Hongisto S-M, Paajanen L, Saxelin M, Korpela R. « A combination of fibre-rich rye bread and yoghurt containing Lactobacillus GG improves bowel function in women with self-reported constipation » Eur J Clin Nutr. 2006;60:319–24. PMID 16251881
  4. « Constipation : nouvelles recommandations de la Société Nationale Française de ColoProctologie », sur VIDAL (consulté le )
  5. (en) DiPalma JA, Cleveland MV, McGowan J. et al. « A randomized, multicenter, placebo-controlled trial of polyethylene glycol laxative for chronic treatment of chronic constipation » Am J Gastroenterol. 2007;102:1436–41. PMID 17403074
  6. (en) Lee-Robichaud, Thomas K, Morgan J, Nelson RL. « Lactulose versus polyethylene glycol for chronic constipation » Cochrane Database Syst Rev. 2010;7(7):CD007570. PMID 20614462
  7. (en) Kamm MA, Mueller-Lissner S, Wald A. et al. « Stimulant laxatives are effective in chronic constipation: multi-center, 4-week, double-blind, randomized, placebo-controlled trial of bisacodyl » Gastroenterology 2010;138(Suppl 1):S228

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Arielle Dumont, Le bon usage des laxatifs : conseils du pharmacien d'officine, université de Bourgogne, Dijon, 2008, 105 p. (thèse d'exercice)
  • Jacques Frexinos, L'art de purger : histoire générale et anecdotique des laxatifs (édition enrichie de 100 cartes postales), Éd. L. Pariente, Paris, 1997, 223 p. (ISBN 2-84059-021-2)