Aller au contenu

Jean Gilles (général)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Jean Gilles (Général))

 Jean Gilles
Naissance
Perpignan (France)
Décès (à 56 ans)
Mont-Louis (France)
Origine Française
Allégeance Drapeau de la France France
Arme Armée de terre
Grade Général de corps d'armée
Commandement 1re DBCCP
GOMRN
25e DP
Corps d’armée de Constantine
5e région militaire
Conflits Guerre du Rif
Seconde Guerre mondiale
Guerre d'Indochine
Guerre d'Algérie
Crise du canal de Suez
Distinctions Grand-Croix de la Légion d'honneur
Croix de guerre 1939-1945
Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs
Croix de la Valeur militaire
18 citations françaises
Hommages Monument Gilles à Mont-Louis
Promotion de École spéciale militaire de Saint-Cyr
Parrain du Prytanée national militaire

Jean Gilles, né le à Perpignan et mort le à Mont-Louis, est un général français, grand-croix de la Légion d'honneur.

« Commandant des troupes aéroportées », il commande les troupes parachutistes françaises au cours de la guerre d'Indochine, puis il est le chef de l'opération aéroportée lors de la crise du canal de Suez. Il dirige ensuite le corps d'armée de Constantine et est l'adjoint opérationnel du commandant en chef en Algérie pendant la guerre d'Algérie, avant de prendre en juillet 1960 le commandement de la 5e région militaire à Toulouse et de la 2e zone de Défense.

Il est élevé à la dignité de grand croix de la Légion d'honneur en juillet 1961 alors qu'il est toujours en service actif. « Mort pour la France » et titulaire de nombreuses décorations françaises et étrangères dont vingt citations (dix-huit françaises et deux vietnamiennes) dont quatorze à l'ordre de l'armée. Il est l'un des officiers généraux les plus décorés de l'Armée française[1].

Origines familiales

[modifier | modifier le code]

Jean Gilles (Jean, Marcellin, Joseph, Calixte) est le fils de Joseph Marius Gilles (chevalier de la Légion d'honneur, croix de guerre avec palme), capitaine d'infanterie tué à la tête de sa compagnie en , et de Marie Pagès. Sa sœur, Madeleine Gilles (1906-1998), grande résistante (chevalier de la Légion d'honneur, médaille militaire, croix de guerre 1939-1945, médaille de la Résistance française[2]), sera maire de Mont-Louis (Pyrénées-Orientales).

En 1933, il se marie avec Suzanne Tivolle dont il a ensuite quatre garçons : Pierre, Michel, Louis et Henri. Pierre ancien pilote de chasse est général de brigade aérienne, Michel, saint-cyrien de la promotion « Terre d'Afrique » (1957-1959), a été tué en Algérie le , Louis qui travaillait chez Hachette s'est tué en voiture en , Henri a fini sa carrière comme directeur régional de la Société générale à Toulouse.

Carrière militaire

[modifier | modifier le code]

Élève au prytanée militaire de La Flèche dès l'âge de 12 ans, Jean Gilles intègre Saint-Cyr en 1922 à 18 ans : il est ainsi le plus jeune « cyrard » de la promotion no 109, dite « Metz-Strasbourg » (1922-1924), tandis que le plus âgé en est le futur maréchal de France Philippe Leclerc. Lors d'un exercice de tir, il est gravement blessé et perd un œil. Gilles a réussi à être maintenu dans sa promotion en dépit de son handicap mais va devoir renoncer à être aviateur.

Cet accident lui vaudra d'être appelé affectueusement "nonoeil" ou "le cyclope" par ses troupes.

À sa sortie de l'école en 1924, le jeune sous-lieutenant est affecté au 24e régiment de tirailleurs sénégalais à Perpignan et rejoint le Maroc pour prendre part à la guerre du Rif où il obtient à vingt ans sa première citation qui comporte l'attribution la Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs avec étoile de bronze ainsi que la médaille d'Alphonse XIII d'Espagne[3]. Jean Gilles est nommé lieutenant le et capitaine le .

Officier méhariste, il quitte le Maroc et les sables du désert du Niger et de la Mauritanie en 1938 pour préparer l’École de Guerre à laquelle il a été reçu en 1939 mais ne pourra pas intégrer à cause de la seconde guerre mondiale.

Seconde Guerre mondiale

[modifier | modifier le code]

Il est affecté à la 7e DIC de 1939 à 1940 et rejoint le cercle de Bilma au Niger (AOF) dont il prend le commandement fin 1940. Le , il devient chevalier dans l’ordre national de la Légion d’Honneur.

Il continue, après l'armistice de , de servir au sein de l'armée de terre, réduite à 100 000 hommes, selon les dispositions de la convention franco-allemande. Rappelé en France en août 1942 en raison d'une expression trop manifeste de ses sentiments anti-nazis et démobilisé en , après l'invasion de la zone libre par les Allemands, il tente alors de rejoindre l'Afrique du nord mais est capturé en Espagne et emprisonné[4]. Finalement relâché pour raison médicale, le commandant Gilles s'engage dans la 9e DIC et prend le commandement du 2e bataillon du 13e régiment de tirailleurs sénégalais du colonel Chrétien.

À la tête de son bataillon, Gilles prend part à la prise de l'île d'Elbe en , puis débarque en Provence et avec la 1re Armée de de Lattre, participe à la reconquête du territoire français puis à la campagne d'Allemagne. Le , il est promu officier sur le champ de bataille dans l’ordre national de la Légion d’Honneur, peu après De Gaulle le promeut lieutenant-colonel[5]. Lors du second conflit mondial, le général Gilles fut cité quatre fois à l'ordre de l'armée, deux fois à l'ordre du corps d'armée et une fois à l'ordre de la division[3].

Guerre d'Indochine

[modifier | modifier le code]

Adjoint au chef de corps du 23e régiment d'infanterie coloniale (nouvelle appellation du 13e RTS), il rejoint l'Indochine en avec le grade de lieutenant-colonel. En 1946, appelé à l'état-major de Leclerc il est nommé colonel à titre exceptionnel à la suite du débarquement à Haïphong le .

Il rentre en Europe en 1947 et occupe successivement les postes de chef de corps du régiment colonial de chasseurs de chars en Allemagne puis après un passage à l'école de guerre, devient commandant de la 1re demi-brigade coloniale de commandos parachutistes[6]. Le , il est promu commandeur dans l’ordre national de la Légion d’Honneur. Entretemps, Gilles a obtenu en 1949 son brevet de parachutiste[7].

En 1951, il retourne en Indochine et s'illustre notamment lors de la bataille de Na San (septembre à ) puis lors de la conquête de la cuvette de Dien Bien Phu, en (opération Castor).

Il obtient ses étoiles de général de brigade en pleine bataille de Na San le [8] et devient en 1953 commandant des TAPI (Troupes aéroportées en Indochine). Il est élevé, pour services exceptionnels, à la dignité de Grand-Officier de la légion d'honneur.

Au cours de son passage en Indochine, le général Gilles aura été cité six fois à l'ordre de l'armée[3].

Retour en métropole, Algérie et Suez

[modifier | modifier le code]

De retour en métropole en , il obtient le commandement des troupes aéroportées et de la 25e DIAP. Il part en avec la 25e DIAP pour maintenir l'ordre dans les Aurès (Algérie). Courant , le général Gilles giflera le sous-préfet de Batna et prononcera le mot "merde" à l'adresse du ministre de l'intérieur de l'époque François Mitterrand exprimant ainsi son mécontentement face à l'incompétence de la chaîne de commandement civile puisque la France n'est pas officiellement en guerre. De janvier à , il part en convalescence à Baden-Baden à la suite d'un infarctus. Il est cité à l'ordre de l'Armée au titre de son implication dans le maintien de l'ordre en Algérie.

Lors de crise du canal de Suez fin 1956, il obtient le commandement de l'opération aéroportée sur Port-Saïd[9]. Le , il est cité à l'ordre de l'armée au titre de la campagne d'Égypte alors qu'il y exerçait le commandement des opérations aéroportées[3].

L'Algérie (1958-1960)

[modifier | modifier le code]

En 1958, il devient commandant du corps d'armée de Constantine, où il exerce les pleins pouvoirs militaires pour tout le Constantinois. Il cumule alors ses fonctions avec celles d'adjoint opérationnel du commandant en chef en Algérie, de commandant des troupes aéroportées et de commandant de la 25e division infanterie aéroportée.

Lors des événements du , Gilles est déjà commandant du corps d'armée de Constantine où il recevra le général de Gaulle le .

Il dirige d'avril à , des opérations contre des groupes armés du FLN qui se déploient dans l'est Algérien, qui sont "couronnées de succès" , notamment à Beni Sbihi, dans la région de Guelma, dans les Aurès et dans la région de Soumman. Puis il conduit d'autres opérations dans l'Oranie et le Sud Algérois. Il organise également la mise sur pied des 117 commandos de chasse et commandos de réserve générale afin de lutter contre les diverses structures armées du FLN. Il est élevé aux rang et appellation de général de corps d'armée en .

Le , il sort indemne avec les généraux Gracieux, Saint-Hillier et le pilote du crash d'un hélicoptère Alouette II. Lors de son passage en Algérie, il sera cité à deux reprises en 1959 et 1960 à l'ordre de l'armée[3].

Retour en France

[modifier | modifier le code]

À son retour d'Algérie, , Gilles prend le commandement de la 5e région militaire à Toulouse "région des paras" et de la 2e Zone de Défense. Il venait de refuser de prendre le commandement de Dakar. Le , son fils Michel, sous-lieutenant d'Infanterie de Marine (chevalier de la légion d'honneur) est tué en Algérie[10]. Il est attristé par le putsch d'Alger et son issue de par son amitié avec le général Challe et dénonce les mesures discriminatoires prises à l'encontre des paras. Le , à titre exceptionnel, il est élevé par De Gaulle, pour services exceptionnels, à la dignité de Grand croix de la Légion d'honneur.

Il meurt le , à la suite d'une crise cardiaque. La mention « mort pour la France » lui sera attribuée quelques jours plus tard.

Le général Gilles totalise plus de 537 heures de vols opérationnels de jour ainsi que 25 heures de vols opérationnels de nuit.

Ses vols normaux de jour sont de plus de 1 985 heures et de 231 heures de nuit.

Dans sa vie personnelle, il aimait danser la valse et la vie au grand air, notamment la pêche.

État des services

[modifier | modifier le code]
Monument en l'honneur du Général Gilles
  • 1924: nommé sous-lieutenant, promotion Metz-Strasbourg de Saint-Cyr, affecté au 24e Régiment de Tirailleurs Sénégalais
    • 1925: participation à la Guerre du Rif
  • : promu lieutenant à 22 ans et intègre les unités méharistes
    • 1926-1938: part au Sahara, en Mauritanie, au Niger, en Libye, au Maroc, au Sénégal, en Guinée pour effectuer des missions d'administrateur, de cartographe et d'ethnologue
  • : promu capitaine
    • 1939: devait intégrer l'École de Guerre mais ne peut le faire en raison de la déclaration de guerre
    • 1939-1940: 7eRégiment d'Infanterie Coloniale
    • 1940-1942: Commandant du Cercle de Bilma au Niger
  • : promu chef de bataillon (commandant)
    • 1942: Bataillon d'Adages puis démobilisation
    • 1942-1943: emprisonnement en Espagne
    • 1943: reprise du combat dans les Forces Françaises Libres en Algérie 
  • : promu lieutenant-colonel
    • 1944: Chef du 2e Bataillon du 13e Régiment de Tirailleurs Sénégalais (débarquement sur l'Ile d'ELBE, débarquement en Provence à Sainte Maxime)
    • 1944-1945: 9e division d'Infanterie Coloniale du 1er Corps d'armée de la 1re Armée (Campagne de France, puis d'Allemagne)
  • : promu colonel à "titre exceptionnel"
    • 1945-1946: 23e régiment d'infanterie coloniale
    • 1946: Sous-chef Opérations du commandant en chef des forces en Extrême-Orient: le général de corps d'armée Philippe Leclerc de Hauteclocque
    • 1946: Commandant des Groupements Tactiques (Opération Sud Annam)
    • 1947-1948: Commandant du Régiment colonial de chasseurs de Chars
    • 1948-1949: Instructeur à l'École de Guerre et « aspirant » para
    • 1949-1951: Commandant la 1re demi-brigade Coloniale de Commandos Parachutistes et Inspecteur des Troupes Aéroportées
    • 1952-1954: Adjoint au général commandant les forces terrestres, commandant des Unités d'Infanterie
    • 1952: Commandant du groupement opérationnel de la Route coloniale no 6
    • 1952: Commandant du camp retranché de Na San
  • : nommé général de brigade
    • 1953: Commandant de l'Opération Castor
    • 1954-1958: Commandant de la 25e division infanterie aéroportée
    • 1954-1960: Commandant des Troupes Aéroportées
    • 1956: Commandant des opérations aéroportées à Suez
  • 1958: promu général de division
    • 1958-1960: Commandement du corps d'armée de Constantine
    • 1954-1960: Commandant des Troupes Aéroportées
    • 1958-1960: Adjoint opérationnel du Commandant en chef en Algérie, commandant supérieur interarmées
  • : élevé aux rang et appellation de général de corps d'armée
    • 1960-1961: Commandant de la 5e Région Militaire (Toulouse) et de la 2e Zone de Défense
  • : « Mort pour la FRANCE »

Distinctions

[modifier | modifier le code]
Les décorations du général Gilles présentées en 2016.

Décorations françaises (liste non exhaustive)

[modifier | modifier le code]

Décorations étrangères (liste non exhaustive)

[modifier | modifier le code]

Il donne son nom à la promotion (No 156) qui dure de 1969 à 1971 de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr[11] et sera aussi avec son fils, le lieutenant Michel Gilles, choisi en 1962 pour être parrain de la Corniche brutionne du prytanée national militaire de La Flèche.

Un monument est érigé à sa mémoire sur l'Avenue du Général Jean Gilles dans sa ville familiale de Mont-Louis (Pyrénées-Orientales). Une autre avenue porte également son nom à Perpignan. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la ville de Mont-Louis aux côtés de celui de son fils le sous-lieutenant Michel Gilles (Chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume (06/06/1961) - Croix de la valeur militaire avec palme) mort au cours de la Guerre d'Algérie et de son père le capitaine Joseph Gilles qui « a été mortellement blessé en entraînant avec la plus grande énergie sa compagnie à l'attaque de la lisière fortifiée du bois de la Voisogne » au cours du premier conflit mondial[12].

En , l'Union nationale des parachutistes du Roussillon (province) choisit de porter son nom. La salle de conférences du centre de Mémoire des Pyrénées Orientales porte son nom depuis .

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. E. Gras, Un grand chef de l'infanterie coloniale et des Troupes aéroportées, Toulouse, C.G.P. Labouche Frères, , 14 p.
  2. Ordre de la Libération - base des médaillés de la Résistance française, « Fiche Madeleine Gilles » (consulté le )
  3. a b c d et e « Général Jean GILLES », www.camps-parachutistes.org,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. E. Gras, Un grand chef de l'infanterie coloniale et des troupes aéroportées, C.G.P Labouche Frères, toulouse, 14 p., p. 2
  5. E. Gras, Un grand chef de l'Infanterie coloniale et des Troupes aéroportées, Toulouse, C.G.P. Labouhe Frères, , 14 p., p. 3
  6. In Bigeard d'Erwan Bergot, page 259.
  7. In Dictionnaire de la guerre d'Indochine de J. Dalloz, page 105.
  8. In Histoire des parachutistes français, page 273.
  9. In Suez de Paul Gaujac, page 49.
  10. Biographie sur le site amis2montlouis.free.fr.
  11. « PROMOGG »
  12. (en) Eric Blanchais, « MémorialGenWeb Relevé », sur www.memorialgenweb.org (consulté le )

Biographies

[modifier | modifier le code]
  • Jacques Dalloz, Dictionnaire de la guerre d'Indochine, Édition Armand Colin, 2006, (ISBN 2-200-26925-0).
  • Paul Gaujac, Suez 1956, Édition Lavauzelle, 1986, (ISBN 2-7025-0156-7).
  • E. GRAS, Un grand chef de l'Infanterie Coloniale et des Troupes aéroportées: le Général de Corps d'Armée Jean GILLES (1904-1961), C.G.P. Labouche Frères - Toulouse -1961

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]