Herbert Spencer

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 23 février 2020 à 10:46 et modifiée en dernier par 82.240.123.26 (discuter). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Herbert Spencer
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 83 ans)
BrightonVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalité
Activités
Père
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Mouvements
Abréviation en botanique
SpencerVoir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
The Study of Sociology (d), Mr. Martineau on Evolution (d), Social Statics (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
signature de Herbert Spencer
Signature

Herbert Spencer, né le à Derby et mort le à Brighton, est un philosophe et sociologue anglais.

Biographie

Issu d'une famille de radicaux[Lesquels ?], il fut très tôt intéressé par les questions politiques. C'est pourquoi il s'affilia à de nombreuses associations. Il devint ainsi membre de l'Anti-Corn Law League, fondée par Richard Cobden. S'il se fit connaître comme sociologue, il exerça cependant la profession d'ingénieur des chemins de fer.

Collaborant à The Economist, il rédigea de nombreux ouvrages originaux, dont les Social Statics (1850), fort inspirés par l'utilitarisme de Jeremy Bentham, A Theory of Population (1852), où il contestait le catastrophisme de Thomas Malthus, ou encore ses Principles of Psychology (qu'il commença en 1855). Sa grande œuvre consista en l'élaboration des Principles of Sociology (dont la publication s'étala de 1876 à 1897).

Toute sa vie, Spencer fut un ennemi de la guerre et de l'impérialisme[1]. Il s'opposa à la guerre hispano-américaine de 1898 et tenta de fonder une Ligue contre l'agression.

Philosophie générale de l'évolution

Il défend, dès 1857 dans Progress, Its Law and Causes, une philosophie évolutionniste. L'évolution est un passage graduel de l'homogène vers l'hétérogène et de l'incohérent vers le cohérent. Un phénomène évolue dans le sens d'une différenciation et d'une intégration (organisation) croissante.

« L'évolution est une intégration de matière et une dissipation concomitante de mouvement, durant laquelle la matière passe d'une homogénéité indéfinie et incohérente à une hétérogénéité définie et cohérente et durant laquelle le mouvement retenu subit une transformation parallèle. »

— Herbert Spencer, Premiers principes, chap. XVII.

Darwin n'emploie quasiment jamais le terme d'évolution dans L'Origine des espèces (1859), et lui préfère l'expression de « descendance avec modification » en ne désignant par là que le processus d'adaptation. Pourtant, dès la seconde moitié du XIXe siècle, les idées de Darwin seront qualifiées de « théorie de l'évolution », probablement parce qu'elles évoquent la véritable théorie de l'évolution qu'avait exposé Lamarck au début du siècle. Spencer regrettera amèrement cet amalgame entre les idées de Darwin et son idée de l'évolution et tentera en vain de dissiper cette confusion dans le texte intitulé Le principe de l’évolution, réponse à Lord Salisbury publié en 1895 et traduit en français et en allemand[2].

« On voit à présent combien l’idée que le vulgaire se fait de l’évolution diffère de la vraie. La croyance régnante est doublement erronée, elle contient deux erreurs emboîtées. C’est à tort que l’on admet que la théorie de la sélection naturelle ne fait qu’un avec celle de l’évolution organique ; c’est à tort encore qu’on suppose que la théorie de l’évolution organique est identique à celle de l’évolution en général. On croit que la transformation tout entière est renfermée dans une de ses parties, et que cette partie est renfermée dans un de ses facteurs. »

— Herbert Spencer, Le principe de l’évolution, réponse à Lord Salisbury, 1895.

Darwinisme social

Connu comme l'un des principaux défenseurs de la théorie de l'évolution au XIXe siècle, sa réputation à l'époque rivalisait avec celle de Charles Darwin, qui n'appréciait ni le personnage, ni ses idées. Spencer a imposé le terme d'« évolution » et est l'auteur de l'expression « sélection des plus aptes », qu'il mettait en rapport avec la sélection naturelle de Darwin[3]. Il a notamment étudié l'extension de cette notion à des domaines comme la philosophie, la psychologie et la sociologie dont il est reconnu comme l'un des fondateurs. Sa théorie fut appelée postérieurement « darwinisme social », ou encore « théorie organiciste ».

Comme de nombreux auteurs[4] avant et après lui, Spencer considérait la société comme un organisme vivant, ou une supraorganisation. Cependant, la sociologie va beaucoup plus loin, et fait des lois de la nature comme la sélection naturelle une loi de l'évolution des sociétés. Ses recherches visaient à découvrir les lois d'évolution de la société, en se basant sur celles des espèces. Sa pensée se construit ainsi selon des conceptions évolutionnistes et réductionnistes.

Spencer fait de l'histoire des sociétés une histoire linéaire (non dialectique) de la nature. Pour lui, la société passe en plusieurs étapes d'un stade primitif où tout est homogène et simple à un stade élaboré, caractérisé par la spécificité, la différenciation, l'hétérogénéité. Toutefois, dans sa thèse de doctorat [5] présentée en 2012, François-Xavier Heynen réexamine la question de la paternité du darwinisme social. À ses yeux, la pensée globale de Spencer n'est pas compatible avec une telle vision du monde, car le véritable moteur de l'évolution de l'homme chez Spencer est la sympathie : ainsi le « plus apte » doit être compris comme le « plus sympathique ».

Cette interprétation, construite sur une lecture de l'ensemble de l'œuvre de Spencer, remet en cause la vision classique de Spencer. Pour Darwin, « ses généralisations fondamentales (dont certains ont comparé l'importance à celle des lois de Newton !) - sont peut-être, oserais-je le dire, très valables d'un point de vue philosophique, mais d'une essence telle qu'elles me paraissent n'avoir aucun usage strictement scientifique. Relevant par essence des définitions plus que des lois de la nature, elles ne permettent pas de prédire ce qui se produira dans un cas particulier[6]. »

Idées politiques

Il est surtout connu pour ses essais politiques, notamment cités par des penseurs libéraux comme Robert Nozick. Le philosophe Friedrich Nietzsche le critique vivement, dans Le Gai Savoir (V, 373), Par-delà le bien et le mal (VIII, 253), Généalogie de la morale (I, 3 ; II, 12), Crépuscule des idoles (Divagation d'un « inactuel », 37), et Ecce Homo (Pourquoi je suis un destin, 4). Nietzsche le traite notamment de « décadent ».

Son ouvrage le plus connu est Le Droit d'ignorer l'État, publié en 1850, formulation classique du droit de se passer des services de l'État, et donc du droit de sécession individuelle, qu'il légitime lorsque la puissance gouvernante abuse de son pouvoir. Spencer était alors un défenseur de l'État minimal, réduit donc au strict maintien de la sécurité intérieure et extérieure, ainsi qu'il l'explique dès The Proper Sphere of Government en 1842. Comme John Locke, il défendait la contractualisation des relations entre individus et État. Pour lui, le gouvernement est un simple employé que chacun est libre de révoquer, sans que cela attente aux droits d'autrui. Il se tourna néanmoins petit à petit vers un libéralisme utilitariste, de facture plus classique[7].

Herbert Spencer en 1872.

Spencer défend par ailleurs une philosophie de l'Histoire selon laquelle les sociétés industrielles (ouvertes, dynamiques, productives, reposant sur le contrat et la liberté individuelle) supplanteraient progressivement les sociétés de militaires (guerrières, hiérarchiques, holistes, figées, fermées sur elles-mêmes). Finalement, l'État deviendrait lui-même un élément archaïque et obsolète. Selon l'opinion que développe Yvan Blot dans sa thèse de doctorat[8], Spencer est considéré comme un minarchiste convaincu de la probabilité d'un avenir anarcho-capitaliste. Gueorgui Plekhanov, dans son ouvrage Anarchisme et Socialisme, le considéra pour sa part comme un philosophe bourgeois et « anarchiste conservateur[9] ».

Œuvres

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

  1. Duncan, Life and Letters of Herbert Spencer, p. 464.
  2. Étienne Gilson, D’Aristote à Darwin et retour, essai sur quelques constantes de la biophilosophie, éd. Vrin, 1971, section “L’évolution sans Darwin” (pp. 101-121).
  3. Spencer écrivait dans ses Principles of Biology, 1864, vol. 1, p. 444 : « This survival of the fittest, which I have here sought to express in mechanical terms, is that which Mr. Darwin has called ‘natural selection’, or the preservation of favoured races in the struggle for life. »
  4. Par exemple Jean-Jacques Rousseau, Adam Smith, Georg Wilhelm Friedrich Hegel, entre autres auteurs très variés
  5. http://dial.academielouvain.be/handle/boreal:112452?site_name=UCL
  6. Darwin, Autobiographie, trad. Goux, Paris, Belin, 1985, p.90 in Patrick Tort, Spencer et l'évolutionniste philosophique, Que sais-je, PUF, 1996, p.120
  7. Herbert Spencer, Political Rights in Stanford Encyclopedia of Philosophy.
  8. Herbert Spencer, un évolutionniste contre l'étatisme, Les Belles Lettres, 2007.
  9. Anarchisme et Socialisme, Conclusion.

Spencer est l’abréviation botanique standard de Herbert Spencer.

Consulter la liste des abréviations d'auteur en botanique ou la liste des plantes assignées à cet auteur par l'IPNI