Groupe ouvrier (France)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Groupe ouvrier
Image illustrative de l’article Groupe ouvrier (France)
Chambre Chambre des députés
Législature(s) IVe à VIIe (IIIe République)
Fondation 1886
Disparition 1902
Positionnement Gauche
Idéologie Socialisme
modifier Consultez la documentation du modèle

Le groupe des députés ouvriers socialistes, également appelé groupe ouvrier ou groupe ouvrier socialiste, renommé en 1887 groupe des députés républicains socialistes (surnommé « groupe socialiste »), est un groupe parlementaire socialiste à la Chambre des députés de la Troisième République française.

Histoire[modifier | modifier le code]

Pendant la troisième législature (1881-1885), Clovis Hugues était le seul député considéré comme socialiste[1]. Lors des élections législatives de 1885, plusieurs autres socialistes sont élus, le plus souvent sur des listes radicales. Il s'agit de socialistes indépendants car ils n'appartiennent pas aux principales formations socialistes alors constituées (Parti ouvrier français de Jules Guesde, Fédération des travailleurs socialistes de France de Paul Brousse, Comité révolutionnaire central d’Édouard Vaillant)[2].

À l'initiative d'Antide Boyer, ces socialistes indépendants, rejoints par des radicaux-socialistes très avancés, décident de former un groupe parlementaire distinct de celui de l'Extrême-Gauche (radicaux-socialistes). Annoncé dès la fin de l'année 1885[3], le groupe ouvrier socialiste se constitue en [4].

Daté du et signé par sept députés (Basly, Boyer, Camélinat, Brialou, Hugues, Planteau et Prudhon), le manifeste du Groupe des députés ouvriers socialistes est publié dans Le Cri du peuple[5]. Ce texte expose les objectifs de ces parlementaires : déterminés à « défendre par tous les moyens légitimes les intérêts matériels et moraux des opprimés du salariat », ils réclament notamment « une législation nationale et internationale du travail » ainsi que « la garantie sociale contre les chômages, la maladies, les accidents et la vieillesse ». Boyer est le secrétaire du groupe[6]. Il s'agit cependant plus d'un programme intransigeant que socialiste, ces réformes sociales n'étant qu'à la fin du texte et les considérations politiques ayant la priorité.

À la fin de la législature, le groupe, refondé en décembre 1887 sous le nom de « groupe des députés républicains socialistes »[7], est divisé par le boulangisme[8],[9],[10]. Le groupe ouvrier qui se reforme après les élections législatives de 1889 exclue aussi bien les boulangistes que les « cadettistes »[11].

Renommé Union socialiste en 1893, le groupe rassemble alors les députés de toutes les tendances du socialisme français, des « révolutionnaires » (POF, CRC) aux « réformistes » (FTSF, POSR et indépendants). Toutefois, les députés allemanistes forment leur propre groupe « socialiste révolutionnaire » à partir de décembre 1894.

Le groupe est reformé en 1898 mais il connait une première crise en juin 1899 avec le départ des révolutionnaires, opposés à la nomination d'Alexandre Millerand (SI) dans le nouveau gouvernement Waldeck-Rousseau au côté du général Galliffet, ancien « bourreau de la Commune » . Ils forment un éphémère groupe Socialiste révolutionnaire composé des 26 députés. Toutefois, l'ensemble des députés socialistes se réunissent à nouveau dans le groupe parlementaire du Parti socialiste en décembre 1899, à la suite du congrès général des organisations socialistes françaises qui autorise le principe d'une participation gouvernementale en cas de « circonstances exceptionnelles »[12].

Dans la poursuite d'une unification des socialistes français, les différentes tendances fusionnent en 1902 dans deux partis : le Parti socialiste de France pour les révolutionnaires autour de Jules Guesde et le Parti socialiste français pour les réformistes autour de Jean Jaurès.

À la suite des élections législatives de 1902, révolutionnaires et réformistes ne s'entendent pas sur la position à tenir envers le gouvernement Combes. Alors que Jaurès et le PSF apportent un soutien partiel au Bloc des gauches, les députés du PSdF refusent toute participation à un « gouvernement bourgeois ». A l'ouverture de la législature, le groupe socialiste se scinde en deux avec les formations d'un nouveau groupe Socialiste révolutionnaire et du groupe Socialiste parlementaire.

Cependant, la plupart des députés socialistes se retrouveront en 1905 à la suite de la création de la Section française de l'internationale ouvrière et la formation du groupe Socialiste unifié. Quelques socialistes indépendants comme Alexandre Millerand ou Aristide Briand, opposés à cette fusion maintiendront le groupe Socialiste parlementaire, base du futur Parti républicain-socialiste.

Composition[modifier | modifier le code]

Législature Année Nom Nombre
de députés 		Évolution
IVe 1886 Députés ouvriers socialistes
8  /  584
1887 Députés républicains socialistes
23  /  584
 en augmentation 15
Ve 1889 Ouvrier
14  /  573
 en diminution 9
VIe 1893 Union socialiste
40  /  581
 en augmentation 26
VIIe 1898
37  /  620
 en diminution 3
1899 Groupe parlementaire du Parti socialiste
37  /  620
 en stagnation

IVe législature (1885-1889)[modifier | modifier le code]

Circonscription Nom Parti Élection Groupe précédent
Députés fondateurs du groupe Ouvrier socialiste créé le 22 janvier 1886[7]
Bouches-du-Rhône Clovis Hugues FTSF puis rév. 1881 Extrême gauche
Antide Boyer PO 1885 Extrême gauche
Gard Numa Gilly SI 1885 Extrême gauche
Saône-et-Loire Hippolyte Prudhon Rad-soc. 1885 Extrême gauche
Seine Émile Basly SI 1885 Extrême gauche
Georges Brialou Rad-soc. 1883 Extrême gauche
Zéphirin Camélinat SI 1885 Extrême gauche
Haute-Vienne François Planteau FTSF puis rév. 1885 Extrême gauche
Députés ayant rejoint le groupe Républicain socialiste créé en décembre 1887[6],[7]
Aude Ernest Ferroul[10] PO 1888
Ferdinand Théron Rad-soc. 1885 Extrême gauche jusqu'en 1887
Émile Wickersheimer Rad-soc. 1885 Extrême gauche jusqu'en 1887
Bouches-du-Rhône Félix Pyat[10] CRC 1888 (Décédé le 3 août 1889.)
Corse Paul Susini Soc. rév. 1885 Extrême gauche jusqu'en 1887
Haute-Garonne Louis Calvinhac SI 1887 Extrême gauche jusqu'en 1887
Loire-Atlantique Charles-Ange Laisant Rad. rév. 1876 Extrême gauche jusqu'en 1887
Loire Francis Laur[9] Soc. rév. 1885 Extrême gauche jusqu'en 1887
Haute-Loire Amédée Saint-Ferréol[9] Rad-soc. 1885 Extrême gauche jusqu'en 1887
Saône-et-Loire Julien Simyan Rad-soc. 1885 Extrême gauche jusqu'en 1887
Seine Henri Michelin Rad. rév. 1885 Extrême gauche jusqu'en 1887
Alexandre Millerand SI 1885 Extrême gauche jusqu'en 1887
Var Augustin Daumas Rad-soc. 1871 Extrême gauche jusqu'en 1887
Vaucluse Georges Laguerre Soc. rév. 1883 Extrême gauche jusqu'en 1887
Guyane Gustave Franconie SI 1879 Extrême gauche jusqu'en 1887

Ve législature (1889-1893)[modifier | modifier le code]

Circonscription Nom Parti Notes
Députés membres du groupe Ouvrier durant la législature[13]
Allier Christophe Thivrier PO puis CRC
Aude Ernest Ferroul PO
Bouches-du-Rhône Antide Boyer PO
Cher Eugène Baudin CRC
Haute-Garonne Louis Calvinhac SI
Loire Émile Girodet SI
Nord Paul Lafargue PO Élu le 25 octobre 1891
Pas-de-Calais Émile Basly SI Élu le 22 février 1891
Arthur Lamendin PO Élu le 6 mars 1892
Pyrénées-orientales Ferdinand Théron Rad-soc.
Rhône Félix Lachize PO
Valentin Couturier PO
Seine Jean-Baptiste Dumay FTSF puis POSR
Henri-Blaise Chassaing Rad-soc.
Abel Hovelacque SI
Guyane Gustave Franconie SI
Députés socialistes non membres du groupe
Seine Alexandre Millerand SI Membre du groupe Extrême gauche durant la législature
Jules Joffrin FTSF Décédé le 15 septembre 1890
Aimé Lavy FTSF Élu le 1er décembre 1890
Députés socialistes révisionnistes membres du groupe Boulangiste
Gironde Antoine Jourde Soc. rév.
Seine Ernest Granger CCSR
Ernest Roche CCSR
Georges Laguerre Soc. rév.
Francis Laur Soc. rév.
Émile Goussot Soc. rév.
Paulin-Méry Soc. rév.
Pierre Richard Soc. rév.
Var Gustave Paul Cluseret Soc. rév.

VIe législature (1893-1898)[modifier | modifier le code]

Circonscription Nom Parti Notes
Députés membres du groupe Union socialiste[14]
Allier Christophe Thivrier CRC Décédé le 8 août 1895
Charles Sauvanet POF
Bouches-du-Rhône Antide Boyer POF
Maximilien Carnaud POF Élu le 4 mars 1894
Cher Eugène Baudin CRC
Côte-d'Or Pierre Armand Vaux POF
Creuse Antonin Desfarges SI
Dordogne Raymond Gendre Rad-soc.
Haute-Garonne Louis Calvinhac SI
Gers Thierry Cazes Rad-soc.
Gironde Antoine Jourde POF
Hérault Jacques Salis Rad-soc.
Loire Émile Girodet SI Décédé le 16 avril 1898
Edmond Charpentier SI
Marne Léon Mirman SI
Nièvre Claude Goujat Rad-soc.
Nord Jules Guesde POF
Félix Defontaine SI
Pas-de-Calais Émile Basly SI
Arthur Lamendin POF
Rhône Valentin Couturier POF
François Masson Rad-soc.
Seine Henri-Blaise Chassaing Rad-soc.
Alexandre Millerand SI
Abel Hovelacque SI Démissionne le 23 octobre 1894
Alfred Gérault-Richard SI Élu le 6 janvier 1895
Paschal Grousset SI
Clovis Hugues SI
Gustave Rouanet SI
René Viviani SI
Aimé Lavy FTSF
Prudent Dervillers FTSF Décédé le 31 octobre 1896
Alexandre Girault SI Élu le 28 décembre 1896
Alexandre Avez POSR Décédé le 12 janvier 1896
Victor Renou POSR Élu le 23 février 1893
Pascal Faberot POSR
Edmond Toussaint POSR
Victor Dejeante POSR puis ACR
Arthur Groussier POSR puis ACR
Jules Coutant POSR puis CRC
Emmanuel Chauvière CRC
Édouard Vaillant CRC
Albert Walter CRC
Marcel Sembat CRC
René Chauvin POF
Tarn Jean Jaurès SI
Haute-Vienne Émile Labussière Rad-soc.
Guyane Gustave Franconie SI
Députés socialistes nationaux membres du groupe Nationaliste
Seine Ernest Roche CCSR
Émile Goussot Soc. nat.
Paulin-Méry Soc. nat.
Pierre Richard Soc. nat.

VIIe législature (1898-1902)[modifier | modifier le code]

Circonscription Nom Parti Notes
Aisne Eugène Fournière SI
Aude Paul Narbonne SI
Bouches-du-Rhône Antide Boyer POF puis SI
Côte-d'Or Pierre Armand Vaux POF puis SI
Creuse Antonin Desfarges SI
Gard Marius Devèze SI
Haute-Garonne Louis Calvinhac SI
Gironde Antoine Jourde POF puis SI
Marne Léon Mirman SI
Nord Félix Defontaine SI
Pas-de-Calais Émile Basly SI
Arthur Lamendin POF puis SI
Rhône Pierre Colliard SI
Saône-et-Loire Jean Bouveri SI Élu le 18 août 1901
Seine Alexandre Millerand SI Nommé au gouvernement le 22 juin 1899
Paschal Grousset SI
Clovis Hugues SI
Gustave Rouanet SI
René Viviani SI
André Berthelot SI
Charles Gras SI
Émile Dubois SI
Var Prosper Ferrero POF puis SI
Députés membres du groupe Socialiste révolutionnaire de juin à décembre 1899[15]
Allier Charles Sauvanet POF
Stéphane Létang PSR
Ardennes Gaétan Albert-Poulain POSR
Élysée Lassalle POSR
Aude Ernest Ferroul POF Élu le 26 février 1899
Bouches-du-Rhône Maximilien Carnaud POF puis SI
Bernard Cadenat POF puis SI
Cher Jules-Louis Breton PSR
Gard Ulysse Pastre POF puis SI
Hérault Jean-Baptiste Bénézech POF puis SI
Indre Jacques Dufour POF
Isère Alexandre Zévaès POF
Rhône Philippe Krauss POF puis SI
Henri Palix POF puis SI
Seine Victor Renou POSR
Victor Dejeante PSR-ACR
Arthur Groussier PSR-ACR
Jules Coutant PSR
Emmanuel Chauvière PSR
Édouard Vaillant PSR
Albert Walter PSR
Marcel Sembat PSR
Var Maurice Allard PSR
Guadeloupe Hégésippe Légitimus POF puis SI

Références[modifier | modifier le code]

  1. ↑ Orry, p. 7.
  2. ↑ Orry, p. 12-13.
  3. ↑ La Revue socialiste, décembre 1885, p. 1132.
  4. ↑ L'Intransigeant, 23 janvier 1886, p. 2.
  5. ↑ L'Univers, 14 mars 1886, p. 1.
  6. ↑ a et b La Revue socialiste, avril 1886, p. 351-353.
  7. ↑ a b et c Le Rappel, 18 décembre 1887, p. 1.
  8. ↑ Orry, p. 15.
  9. ↑ a b et c Le Rappel, 22 mars et 25 avril 1888, p. 1.
  10. ↑ a b et c Journal des débats, 28 novembre 1888, p. 2.
  11. ↑ Journal des débats, 12 novembre 1889, p. 2.
  12. ↑ Laurent Villate, Socialistes à Paris : 1905-2005, Éditions Créaphis, , 191 p. (ISBN 978-2-913610-77-4), « Salle Japy : le premier congrès des organisations socialistes en 1899 ».
  13. ↑ "Groupe socialiste en 1891" L'Univers, 2 juillet 1891.
  14. ↑ "Groupe socialiste en 1894" Le Socialiste, 4 août 1894.
  15. ↑ "Les socialistes et le ministère Galiffet" Le Socialiste, 2 juillet 1899.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Albert Orry, Les Socialistes indépendants (Alexandre Zévaès (dir.), Histoire des partis socialistes en France, t. VIII), Paris, Librairie des sciences politiques et sociales Marcel Rivière et Cie, 1911, p. 7-15.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Groupe_ouvrier_(France)&oldid=214438092 ».