Grande Loge suisse Alpina

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Grande Loge suisse Alpina
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Cadre
Forme juridique Association
But Obédience maçonnique
Zone d’influence Suisse
Fondation
Fondation 1844
Origine Drapeau de la Suisse Suisse
Identité
Siège Jupiterstrasse 40, 3015 Berne
Président Carlo U. Nicola
Affiliation internationale GLUA
Membres 4 000 (2015)
Site web freimaurerei.ch/fr

La Grande Loge suisse Alpina (GLSA) est une obédience maçonnique suisse fondée en 1844. Travaillant depuis son origine « À la gloire du Grand Architecte de l'Univers », elle est reconnue par la Grande Loge unie d'Angleterre. La particularité de l'histoire de l'obédience se trouve dans sa volonté au début du XXe siècle de tisser des liens entre la maçonnerie dite « régulière » et celle dite « libérale » ou « adogmatique ». En ce sens, en octobre 1921, la GLSA développe l'Association maçonnique internationale (AMI). Cette particularité prend fin entre 1950 et 1966 avec ses ruptures successives de relations avec les obédiences libérales ou non reconnues par la franc-maçonnerie « régulière ».

Histoire[modifier | modifier le code]

Fondée à l'époque de la naissance de la Suisse moderne essentiellement par des membres du même parti radical qui ont été à l'origine du nouvel État fédéral (comme Jonas Furrer, premier président de la Confédération suisse en 1848 et premier grand orateur de la GLSA en 1844)[1], la Grande Loge suisse Alpina (GLSA) a connu au cours de son histoire (à l’instar de toute la franc-maçonnerie en Suisse) quelques péripéties et quelques crises externes et internes, dont la principale est l'initiative Fonjallaz, visant à interdire les sociétés secrètes en Suisse, refusée par le peuple et les cantons en votation populaire le [2].

Elle connaît aussi la scission de quelques loges en majorité francophones qui ont fondé en 1959 le Grand Orient de Suisse, en 1967 d'autres loges issues de la GLSA demandent à rejoindre le GOS, obédience libérale[3], qui prend alors le nom de Grande Loge de Suisse, et la démission en 1984 d'un Grand-maître en cours de mandat, fait unique dans son histoire, à la suite de la décision prise par la majorité des loges alémaniques contre une minorité de loges romandes de reconnaître la Grande Loge régulière de Belgique et d'enlever sa reconnaissance à la Grande Loge de Belgique, ainsi qu'exigé par la Grande Loge unie d'Angleterre[4].

Spécificité[modifier | modifier le code]

La GLSA représente en Suisse la franc-maçonnerie dite « régulière », exclusivement masculine, reconnue par la Grande Loge unie d'Angleterre[N 1]. Elle a été fondée en 1844 en tant qu'association selon l'article 60 du code civil suisse. Elle possède sa propre constitution, ses statuts et ses règlements[5].

La plupart des obédiences dites « régulières » postulent que pour devenir maçon il faut impérativement croire en « Dieu, Grand Architecte de l'Univers ». Bien qu'appartenant au groupe de reconnaissance mutuelle de la Grande Loge unie d'Angleterre (GLUA), la GLSA affirme pour sa part « qu'elle respecte toutes les convictions sincères et réprouve toute opposition à la liberté de pensée[N 2] ».

Cette spécificité est due au fait que la GLSA a longtemps essayé d'être un pont entre les maçonneries anglaise et française[N 3], séparées par la querelle du Grand Architecte de l'Univers et elle a été dans ce sens à l'origine de la création, avec plusieurs autres obédiences européennes et américaines, de l'Association maçonnique internationale (AMI). Cette association a compté jusqu'à 38 obédiences européennes, a rassemblé plus de 500 000 membres et a été réprouvée par la franc-maçonnerie anglo-saxonne[7].

Après la Seconde Guerre mondiale, sous la pression renouvelée de la Grande Loge unie d'Angleterre, abandonnant les tentatives de rapprochement des deux courants maçonniques, le grand maitre Albert Natural dissout l'AMI et rompt toutes relations avec le Grand Orient de France et la maçonnerie libérale en 1950. Il en est de même en 1966, sur les mêmes demandes émanant d'Angleterre, qui amènent la GLSA à rompre également ces relations avec la Grande Loge de France. Ces ruptures successives sont à la source des créations du Grand Orient de Suisse en 1959 et de la Grande Loge de Suisse en 1967[7].

Le , lors de son assemblée générale, la GLSA a adopté une déclaration concernant ses relations avec la franc-maçonnerie féminine en Suisse qui, sans en reconnaitre la régularité maçonnique à laquelle elle adhère au sens strict des pratiques anglo-saxonnes, reconnait toutefois l’activité de la Grande Loge féminine de Suisse (mais pas des loges mixtes). Dans cet acte, elle n'interdit pas les relations avec ses membres ou le partage d'actions communes, en dehors toutefois des travaux des loges, qui restent strictement masculins[8].

Représentation et activités[modifier | modifier le code]

En octobre 2009 et pour la première fois, la GLSA fait le choix d'ouvrir les portes de ses locaux à tous les publics dans le cadre d'une journée d’extériorisation[9].

En 2015, la GLSA compte près de 4 000 membres répartis en 85 loges (48 de langue française, 28 de langue allemande, 5 de langue italienne et 4 de langue anglaise)[10]. Parmi ses loges les plus anciennes, elle compte la loge de Genève « L'Union des Cœurs », fondée en 1768[11], qui le est installée dans le Régime rectifié par le grand chancelier provincial de Bourgogne, sous les auspices de Cambacérès, archichancelier de l'Empire et Grand-maître de tous les rites en France[12] ; la loge du Locle « Les Vrais Frères Unis », fondée en 1774 avec une patente de la Grande Loge de France[13], la loge de Nyon « La Vraie Union », fondée en 1787, ayant appartenu au Grand Orient de France de 1807 à 1856, date de son entrée à la GLSA [14], et la loge de Bâle Zur Freundschaft und Beständigkeit (de), fondée sous Napoléon en 1808 avec le titre distinctif « Amitié et Constance » et ayant travaillé en langue française pendant ses trois premières années d'existence[15] ,[16].

La GLSA publie l'Alpina, revue maçonnique suisse. Fondée en 1874, la revue est publiée à Lausanne en allemand, français et italien[17].

Le groupe de recherche Alpina publie Masonica, une revue de maçonnologie qui réunit les résultats de ses recherches[18].

Rites pratiqués[modifier | modifier le code]

Tablier de maître au Rite écossais ancien et accepté, pratiqué dans la majorité des loges de la GLSA.

Les maçons de la Grande Loge suisse Alpina pratiquent les trois grades (apprenti, compagnon, maître) de la franc-maçonnerie symbolique (dite aussi bleue) d'après les rites suivants[19] :

Direction de l'obédience[modifier | modifier le code]

Depuis sa création l’obédience est sous la direction d'un Grand-maître.

Personnalités membres de la GLSA[modifier | modifier le code]

Relations internationales[modifier | modifier le code]

Le la GLSA et quatre autres obédiences européennes « régulières » (Grandes Loges unies d’Allemagne, Grande Loge d’Autriche, Grande Loge régulière de Belgique, Grande Loge de Luxembourg) réunies à Bâle retirent leur reconnaissance à la Grande Loge nationale française avec une déclaration commune[61], elles sont suivies par la GLUA le . Elles la rétablissent en juin 2015[62], après que la GLUA l'ait à nouveau reconnue comme seule obédience maçonnique régulière en France.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Qui ne reconnaît qu'une seule obédience par pays.
  2. Principes maçonniques généraux de la Grande Loge Suisse Alpina , art. 4.
  3. "La question des inter-visites « irrégulières » (les autres critères n'ayant pas été remis en cause) a également joué dans ces incidents avec la GLUA, mais moins qu'on ne le croit : la Grande Loge suisse Alpina fut inquiétée et les relations avec Londres suspendues pour douze à quinze mois, en 1965 puis en 1971, pour cette raison. Alpina donna à chaque fois l'assurance que cela ne se renouvellerait plus et la reconnaissance fut rétablie."[6]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Grande Loge Suisse Alpina 1993, p. 25-42.
  2. (de) B. Schneider, "Die Fonjallaz-Initiative", Revue historique suisse, 1974, n. 24, pp.666-710.
  3. Historique du Grand Orient de Suisse, sur le site g-o-s.org
  4. Grande Loge Suisse Alpina 1993, p. 136.
  5. « Principes maçonniques généraux de la Grande Loge suisse Alpina » [PDF], sur tolerance-fraternite.ch (consulté le ).
  6. Michel Barat, Alain Bauer et Roger Dachez, Les promesses de l'aube. Contre la guerre des obédiences, pour la franc-maçonnerie de la fraternité, Paris, Éditions Dervy, , p. 39
  7. a et b « Franc-maçonnerie » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne..
  8. What is Freemasonry? Féminine Freemasonry Sur le site officiel de Masonry Universal Lodge.
  9. Frédéric Nejad, « Les francs-maçons se dévoilent au grand public », sur 20min.ch, (consulté le ).
  10. « Liste des Loges de la GLSA par langue », sur freimaurerei.ch (consulté le ).
  11. [PDF] Histoire de l'Union des Cœurs, plaquette commémorative de novembre 2003.
  12. Histoire de la loge sur le site officiel de « L'Union des Cœurs »
  13. Historique de la Loge, sur le site officiel de « Les Vrais Frères Unis ».
  14. Histoire de la Loge, sur le site officiel de « La Vraie Union ».
  15. (de) Heinrich Boos, Festschrift zum hundertjährigen Jubiläum der Loge zur Freundschaft und Beständigkeit in Basel, Verlag der Basler Loge, Basel 1908
  16. (de)Walter Bohny, Festschrift zur 150. Jahresfeier, Basel, 1958.
  17. La revue Alpina
  18. [PDF] Rapport d'activité du GRA pour 2015
  19. « Loges de la GLSA, sur le site officiel », sur freimaurerei.ch (consulté le ).
  20. Grande Loge Suisse Alpina 1993, p. 140.
  21. (de) Fabrizio Frigerio, Bluntschli, Johann Kaspar, vol. 6 vol, v. I,, Lucerne, Schweizer Lexikon, Mengis & Ziehr Ed, 1991-1993, p. 620.
  22. Martin Steinmann, « Boos, Heinrich » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  23. Andrea Ghiringhelli, « Bossi, Emilio » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  24. Huldrych M.F. Koelbing, « Brenner, Friedrich » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  25. « Jean-Jacques Caton Chenevière : L'Union des Cœurs de Genève »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur union-des-coeurs.org.
  26. Biographie de Louis Courthion sur le Site officiel de la loge « Fidélité et Prudence »
  27. Membre de la Loge « Égalité fraternelle » à Fleurier, où il s'installe en 1851, Robert Giroud, Deux cent cinquante ans de franc-maçonnerie à Bex, Bière, Cabédita, 2014, p. 208.
  28. Eric-André Klauser, « Denzler, Louis » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  29. "Dufour appartenait à la G∴L∴S∴. Alpina où il est curieusement enregistré sous deux de ses quatre prénoms qui ne sont pas ceux habituellement cités, soit Jean Etienne. Il est signataire des "Loix" de la Loge militaire connue sous le titre distinctif de "Loge Léonard et Augustin Bourdillon". Maurice-Robert Morel, Les Trois temples, Loge des trois temples à l’Orient de Carouge, 1788-1988, plaquette commémorative – 200e anniversaire de la création de la Loge, Carouge, 1988, p. 15-20. ; reproduite sur le site de la Loge Les Trois Temples
  30. « Biographie et photos de Georges Favon », sur fideliteprudence.ch.
  31. Catherine Courtiau et Michael Leuenberger 2014, p. 79.
  32. Andrea Ghiringhelli, « Franscini, Stefano » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  33. (de) « Emil Frey », sur zfub.ch.
  34. Catherine Santschi, « Galiffe, Jean-Barthélemy-Gaïfre » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  35. J.-B.-G. Galiffe, La Chaîne symbolique, Origine, Développement et Tendances de l'Idée Maçonnique, introduction de Fabrizio Frigerio, Champion-Slatkine, Paris-Genève, 1986 (réimpression de l'édition de Genève de 1852)
  36. Urs von Arx, « Église catholique-chrétienne » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne..
  37. « Biographie d'Alexandre Gavard », sur fidelite-prudence.ch.
  38. Jacques Barrelet, « Gavard, Alexandre » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne..
  39. Photo de Louis Ruchonnet sur le Site officiel de la Loge "Liberté" de Lausanne
  40. a et b Catherine Courtiau et Michael Leuenberger 2014, p. 38.
  41. Hermann Wichers, « Sarasin, Felix » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  42. Vincent Callet-Molin, « Suchard, Philippe » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  43. (de) Histoire de la franc-maçonnerie en Suisse et à Bâle sur le Site de la Loge "Zur Freundschaft und Beständigkeit".
  44. Thomas K. Kuhn, « Wackernagel, Wilhelm » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  45. Catherine Courtiau et Michael Leuenberger 2014, p. 18.
  46. Catherine Courtiau et Michael Leuenberger 2014, p. 17.
  47. Grande Loge Suisse Alpina, Livre du 150e anniversaire, 1844-1994, Lausanne, 1993, "La Massoneria ticinese dagli inizi ai giorni nostri", p. 164-176.
  48. Andrea Ghiringhelli, « Bertoni, Brenno » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  49. (it) Photo de Brenno Bertoni sur le Site officiel de la Loge "Brenno Bertoni" de Lugano
  50. Quelques personnalités marquantes de la Franc-maçonnerie en Suisse sur le Site officiel de la Grande Loge suisse Alpina
  51. L'Hebdo, 7 avril 2011, Franc-maçons, leur vrai visage en Suisse, p. 60, par Philippe Lebé
  52. (de) Hans E. Deutsch – ein Pionier des europäischen abstrakten Expressionismus. In: Das Kunst-Bulletin, septembre 1997.
  53. (de) Biographie de Hans Hausamann sur le Site officiel de la Loge "Concordia" de Saint-Gall
  54. Catherine Courtiau et Michael Leuenberger 2014, p. 97.
  55. Catherine Courtiau, Michael Leuenberger et 2014 p85.
  56. « Biographie de François Ruchon », sur http://www.fideliteprudence.ch (version du sur Internet Archive).
  57. Catherine Courtiau et Michael Leuenberger 2014, p. 46.
  58. Hermann Staudinger (Worms, 23 de marzo de 1881 - Friburgo, 8 de septiembre de 1965), sur: Museo Virtual de Historia de la Masonería.
  59. Christian Lüthi, « Tobler, Theodor » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  60. (de) « Theodor Tobler » [PDF], sur https://web.archive.org (version du sur Internet Archive).
  61. « Déclaration de Bâle » [PDF], sur blogs.lexpress.fr (consulté le ).
  62. « Le grand maître de la GLSA Maurice Zahnd rétablit la reconnaissance de la GLNF le 11 juin 2015 » [PDF], sur regius-glnf.fr (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Georges Andrey, La franc-maçonnerie à Fribourg et en Suisse du XVIIIe au XXe siècle, Genève, Slatkine, .
  • Grande Loge suisse Alpina, Livre du 150e anniversaire, 1844-1994, Lausanne, . Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Catherine Courtiau et Michael Leuenberger, Loges maçonniques de Suisse, architecture et décors, Berne, Éd. de la Société d’histoire de l’art en Suisse, (ISBN 978-3-03797-132-1, lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Michel Cugnet, Deux siècles et demi de Franc-maçonnerie en Suisse et dans le Pays de Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds, Éditions du Chevron, (OCLC 29745456).
  • (de) Fabrizio Frigerio, "Freimaurerei", in: Schweizer Lexikon (6 vol.), Lucerne, Mengis & Ziehr, 1991-1993, vol. 2, pp. 738-740.
  • Robert Giroud, Deux cent cinquante ans de franc-maçonnerie à Bex, Bière, Cabédita, (ISBN 978-2-88295-698-9).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]