Gene Tierney
Nom de naissance | Gene Eliza Tierney |
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Naissance |
Brooklyn, États-Unis |
Nationalité | Américaine |
Décès |
(à 70 ans) Houston, États-Unis |
Profession | Actrice |
Films notables |
The Shanghai Gesture Le ciel peut attendre Laura Péché mortel Le château du dragon L'Aventure de madame Muir Les Forbans de la nuit Mark Dixon, détective |
Gene Tierney [ d͡ʒiːn ˈtɪɚni][1] est une actrice américaine née à Brooklyn, New York, le et morte le , à Houston, Texas.
Son physique très fin aux pommettes saillantes, des allures retenues et ses yeux clairs sous une chevelure brune lui permettaient d'incarner la féminité la plus douce (Le ciel peut attendre, L'Aventure de madame Muir) ou la plus vénéneuse (Shanghai Gesture, Péché mortel).
Elle a tourné quatre fois sous la direction d'Otto Preminger, deux fois sous la direction de Joseph L. Mankiewicz, Henry Hathaway et William Wellman, ainsi qu'avec Josef von Sternberg, Fritz Lang, John Ford, Rouben Mamoulian, Henry King, etc.
Gene Tierney est gravement marquée, en 1955, par une série d'épreuves qui vont affecter le reste de sa carrière et de sa vie. Elle se sépare de son mari Oleg Cassini, elle est hospitalisée pour dépression nerveuse, après avoir contracté la rubéole durant une grossesse et mis au monde avant terme, en 1943, une petite fille, Daria, sourde, partiellement aveugle et souffrant d'un retard mental sévère.
Une des deux mille étoiles de la célèbre « promenade des célébrités » (Walk of Fame) porte son nom à hauteur du 6125 Hollywood Boulevard.
Elle n'a aucun lien de parenté avec l'actrice Maura Tierney.
Biographie
Enfance et débuts
Fille d'Howard Sherwood Tierney, prospère courtier en assurance d'origine irlandaise, et de Belle Lavina Taylor, ancienne professeur de gymnastique[2], Gene Eliza Tierney est née à Brooklyn, New York. Elle est entourée d'un grand frère, Howard Sherwood "Butch" Tierney, Jr., et d'une petite sœur, Patricia "Pat" Tierney[2].
Tierney étudie à la St. Margaret School de Waterbury et à la Unquowa School de Bridgeport dans le Connecticut. Son premier poème, intitulé "Night" (Nuit), est publié dans le journal de l'école, et l'écriture en vers sera un passe-temps occasionnel tout au long de sa vie. Elle passe alors deux ans en Europe, notamment pour étudier dans l'école privée de Brillantmont à Lausanne en Suisse, où elle apprend à parler couramment le français.
Elle retourne aux États-Unis en 1938, et s'inscrit à l'école de Miss Porter. En voyage sur la côte ouest, elle visite les studios de la Warner Bros., où elle est interpellée par Anatole Litvak ; ébloui par sa beauté, il lui conseille de devenir actrice (sa phrase exacte - "Mademoiselle, vous devriez faire du cinéma" - deviendra le titre des mémoires de Gene). La Warner veut lui faire signer un contrat, mais ses parents la découragent en pointant le bas salaire.
Son bal de débutante a lieu le , elle a dix-sept ans. Elle s'ennuie vite de la vie en société et décide de tenter une carrière d'actrice. Son père déclare « Si Gene doit être actrice, ce sera dans un théâtre convenable », aussi Gene est acceptée à l'American Academy of Dramatic Arts à New York. Parmi les autres talents notables de l'époque ayant fréquenté ce conservatoire figurent Katharine Hepburn, Spencer Tracy, Grace Kelly et Lauren Bacall.
Vie privée
Gene Tierney épouse le costumier et styliste Oleg Cassini, le .
En , alors enceinte de sa première fille, elle contracte la rubéole au cours de son unique visite à l'Hollywood Canteen. Daria naît prématurément, le , à Washington DC, ne pesant qu'un kilogramme et demi et nécessitant une complète transfusion sanguine. Du fait de la rubéole de sa mère, Daria est également sourde, partiellement aveugle, et handicapée mentalement. Le désarroi de Tierney la mène à des années de dépression et semble avoir causé son syndrome maniaco-dépressif.
Cet épisode douloureux de sa vie a partiellement inspiré la romancière Agatha Christie, qui a repris, dans son roman Le miroir se brisa, le thème de l'actrice célèbre anéantie au sommet de sa gloire par les conséquences tragiques de cette maladie. L'incident est quasiment repris mot pour mot dans l'histoire du livre, la tragédie de l'actrice ayant été médiatisée depuis des années. À cette époque, Howard Hughes, un vieil ami, veille à ce que Daria reçoive les meilleurs soins possibles, payant pour toutes les dépenses médicales. Tierney n'oublia jamais la générosité de Hughes.
Elle se sépare de Cassini, vivant mal l'état de sa fille handicapée, mais ils se retrouvent plus tard et ont une seconde fille, Christina « Tina », le . Pendant cette séparation, Tierney se lie à Tyrone Power, avec qui elle partage l'affiche de Le Fil du rasoir (The Razor's Edge). Cette liaison prend fin au printemps 1946. Pendant le tournage du Château du Dragon (Dragonwyck), elle rencontre le jeune John F. Kennedy en visite sur le plateau. Leur idylle s'achève l'année suivante lorsque Kennedy lui avoue qu'il ne pourrait jamais l'épouser du fait de ses ambitions politiques[3]. Tierney se réconcilie alors avec Cassini, mais ils divorcent tout de même le . En 1960, Tierney envoie à Kennedy un message de félicitations pour son élection bien qu'elle ait ultérieurement admis avoir voté pour Richard Nixon, pensant qu'il ferait un meilleur président.
La galerie de ces échecs sentimentaux ne serait pas complète sans le prince Ali Khan, grand amateur de femmes. Mais leur liaison, sérieuse, prend fin lorsque le père de celui-ci, Aga Khan III, s'oppose formellement à leur mariage - Ali Khan, déjà divorcé de Rita Hayworth, en tant qu'autorité morale et religieuse, ne peut épouser deux stars d'Hollywood…
En 1958, elle rencontre le baron du pétrole texan W. Howard Lee, marié à Hedy Lamarr de 1953 à 1960. Tierney et Lee se marient à Aspen le et s'établissent à Houston. Elle aime la vie texane avec Lee et devient une joueuse experte de bridge. En 1962, la 20th Century Fox annonce qu'elle jouera le premier rôle dans Les lauriers sont coupés (Return to Peyton Place), mais sa grossesse l'écarte du projet. Elle fait une fausse couche.
Son autobiographie, Mademoiselle, vous devriez faire du cinéma (Self-Portrait), dans laquelle elle évoque simplement sa vie, sa carrière et ses souffrances mentales, est publiée en 1979.
Le , son mari Lee meurt d'une longue maladie. Tierney meurt en 1991 peu avant son 71e anniversaire d'emphysème à Houston. Elle avait commencé à fumer après la projection de son premier film pour rendre sa voix plus grave car « Ma voix était celle d'une Minnie en colère ». Elle fuma beaucoup, ce qui peut avoir contribué à sa mort. Elle est enterrée aux côtés de Lee, dans le cimetière Glenwood situé à Houston au Texas.
Carrière
Broadway
Pour son premier rôle à Broadway, elle portait un seau d'eau sur la scène de What a Life! (1938). Le critique du Variety écrivit : « Miss Tierney est sans doute la plus jolie porteuse d'eau que j'aie jamais vue ! » À la même époque, elle fut considérée pour The Primrose Path (1938). L'année suivante, elle joue le rôle de Molly O'Day dans la production Mrs. O'Brien Entertains (1939), ce qui lui valut ce commentaire élogieux de Brooks Atkinson dans le New York Times « Miss Tierney est rafraîchissante et d'une spontanéité désarmante ». Cette même année, Gene interprète Peggy Carr dans Ring Two (1939), recueillant de bonnes impressions. Le critique de théâtre Richard Watts écrivit : « Je ne vois aucune raison pour laquelle Mrs. Tierney ne fasse pas une carrière théâtrale intéressante, au cas où le cinéma ne la kidnapperait pas. »
Le père de Gene Tierney monta la société Belle-Tier afin de promouvoir la carrière d'actrice de sa fille (il finira par lui voler tout son argent)[4]. Columbia Pictures la signa pour six mois en 1939. Elle rencontra également Howard Hughes, qui tenta en vain de la séduire, car la fortune du producteur n'impressionnait pas la jeune fille de bonne famille qu'elle était[5]. Ils devinrent cependant des amis proches pour la vie. Un caméraman lui conseilla de perdre un peu de poids en lui disant qu'« un visage fin est plus séduisant. » Elle commencera ainsi un régime recommandé par Harper's Bazaar, qu'elle suivra durant vingt-cinq ans[6].
La Columbia Pictures ne lui trouvant aucun rôle, elle repartit pour Broadway et incarna Patricia Stanley dans la pièce au succès critique et commercial The Male Animal (1940). Brooks Atkinson écrivit dans The New York Times : « Tierney resplendit dans la meilleure performance qu'elle ait jamais donnée. »[7] Elle fut ainsi la sensation de Broadway avant son vingtième anniversaire.
Tierney est également mannequin entre ses apparitions sur la scène. Ses photos sont notamment parues dans Life, Harper's Bazaar, Vogue et Collier's Weekly.
Hollywood
Les emplois marquants
Engagée par la Fox, Gene Tierney devient une des principales stars de la firme, qui compte également à l'époque des actrices comme Linda Darnell, Debra Paget (qui occupent des emplois exotiques semblables à ceux de Tierney), la flamboyante Maureen O'Hara, Jeanne Crain ou encore Anne Baxter.
Elle débute sous les auspices de Fritz Lang dans un western avec Henry Fonda, puis travaille avec John Ford et Henry Hathaway. Elle trouve son premier rôle important dans Shanghai Gesture (1941) de Josef von Sternberg et devient la partenaire de Tyrone Power dans le film d'aventures Le Chevalier de la vengeance (1942). Malgré un personnage quelque peu en retrait, Le ciel peut attendre (1943), comédie fantastique d'Ernst Lubitsch, impose durablement sa beauté émouvante et distante à la fois. Juvénile et raffinée, elle peut incarner aussi un modèle américain idéal, comme Grace Kelly, autre star issue d'un milieu bourgeois, mais avec une fragilité supplémentaire.
C'est ensuite Otto Preminger qui lui procure en 1944 son rôle le plus mythique, Laura, personnage qui, même absent, obsède l'enquêteur du film, incarné par Dana Andrews - le réalisateur la dirige ensuite dans deux autres films noirs. Joseph Mankiewicz prend la relève avec Le Château du dragon (1946) et surtout L'Aventure de madame Muir (1947) face à Rex Harrison, aventure sentimentale et fantastique qui donnera lieu à une série plus tard. Tierney, au sommet de sa gloire, tourne avec Rouben Mamoulian, William Wellman, Henry King et Edmund Goulding. Sa composition de femme possessive et meurtrière dans Péché mortel (1945) lui vaut même une nomination à l'Oscar de la meilleure actrice.
Éclipse
Après 1950, sa carrière marque un peu le pas. Si son emploi sacrifié dans Les Forbans de la nuit, où elle est une présence quasi maternelle pour Richard Widmark, marque encore les esprits, ses essais dans la comédie - La Mère du marié (1951) de Mitchell Leisen et Sur la Riviera (1952) avec Danny Kaye - ne sont guère concluants. Elle continue cependant de travailler avec des réalisateurs importants : Jacques Tourneur, Clarence Brown, Delmer Daves, Edward Dmytryk, qui lui donnent pour partenaires Spencer Tracy, Clark Gable et Humphrey Bogart… Elle apparaît aussi dans un péplum, L'Égyptien de Michael Curtiz d'après Mika Waltari, en rivale de Jean Simmons et Bella Darvi. Mais les grands rôles de Gene Tierney sont derrière elle.
De graves ennuis de santé l'éloignent de son métier. Elle est internée pour problèmes mentaux, subit des électrochocs, reprend contact avec la vie en société en travaillant dans un magasin où les touristes viennent voir « la folle de Hollywood… »
Gene Tierney effectue son retour en 1962 grâce à son mentor Otto Preminger dans Tempête à Washington (sa dernière apparition notable) et interprète quelques autres films. Par la suite, elle se contente de deux apparitions télévisées et se retire entre-temps avec son mari Howard Lee.
Filmographie
Cinéma
Télévision
Année | Type | Titre | Titre original | Épisode | Réalisateur | Rôle |
---|---|---|---|---|---|---|
1960 | Série télévisée | General Electric Theater | General Electric Theater | Journey to a Wedding (saison 9 épisode 7) |
Ellen Galloway | |
1969 | Sur la piste du crime | The F.B.I. | Conspiracy of Silence (saison 4 épisode 23) |
Jesse Hibbs | Faye Simpson | |
Téléfilm | Daughter of the Mind | Daughter of the Mind | Walter Grauman | Lenore Constable | ||
1980 | Mini-série | Scrupules | Scruples | Alan J. Levi | Harriet Toppingham |
Théâtre
Année | Titre | Auteur(s) | Mise en scène | Rôle |
---|---|---|---|---|
1938 | What a Life | Clifford Goldsmith | George Abbott | Figurant |
1939 | The Primrose Path | Robert Buckner Walter Hart |
George Abbott | Doublure |
Mrs. O'Brien Entertains | Harry Madden | George Abbott | Molly O'Day | |
Ring Two | Gladys Hurlbut | George Abbott | Peggy Carr | |
1940 | The Male Animal | James Thurber Elliott Nugent |
Herman Shumlin | Patricia Stanley |
Hommage
Un coffret Gene Tierney sort en 2019 chez Wild Side, ce coffret comprend les films Les Forbans de la nuit, Max Dixon, détective et Shanghai Gesture.
Notes et références
- Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
- (en) Michelle Vogel, Gene Tierney. A Biography, McFarland, , p. 3.
- Thomas C.Reeves, Le Scandale Kennedy, la fin d'un mythe, Plon 1992, p. 98
- Tierney and Herskowitz (1978). Wyden Books. Self-Portrait. p. 65-66.
- Tierney and Herskowitz (1978). Wyden Books. Self-Portrait. p. 33.
- Tierney and Herskowitz (1978). Wyden Books. Self-Portrait. p. 27.
- Tierney and Herskowitz (1978). Wyden Books. Self-Portrait. p. 36.
Voir aussi
Bibliographie
- Gene Tierney, Mademoiselle, vous devriez faire du cinéma (Self-portrait, 1979), Hachette, Paris, 1985, traduction de Françoise Caetano ; Ramsay poche, 1991, réimpression en poche dans la même collection en 2006.
- Pascal Mérigeau, Gene Tierney, Edilig, Paris, 1987 ; épuisé. (Très bel ouvrage de base, articles de fond, filmographie détaillée, superbe iconographie.)
Article connexe
Liens externes
- « Gene Tierney » (présentation), sur l'Internet Movie Database
- Gene Tierney sur l'Internet Broadway Database