Berty Albrecht
Nom de naissance | Wild |
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Alias |
Victoria |
Naissance |
Marseille (France) |
Décès |
(à 50 ans) Fresnes (Val-de-Marne, France) |
Nationalité | Française |
Profession | |
Activité principale | |
Distinctions |
Compléments
Elle est inhumée dans la crypte du Mémorial de la France combattante.
Berthe Wild, dite Berty Albrecht, née le à Marseille et morte le à la prison de Fresnes (Val-de-Marne), est une résistante française. Elle est l'une des six femmes Compagnons de la Libération et l'une des deux femmes inhumées dans la crypte du Mémorial de la France combattante au mont Valérien.
Biographie
Berthe (Berty, parfois orthographié Bertie ou Berthie) Pauline Mariette Wild est issue d'une famille protestante d'origine suisse de la bourgeoisie marseillaise. Elle fait ses études à Marseille au Lycée Montgrand, puis à Lausanne, et obtient son diplôme d'infirmière en 1911[1]. Elle part alors pour Londres, où elle travaille comme surveillante dans une pension de jeunes filles. Au début de la Première Guerre mondiale, elle retourne à Marseille où elle travaille pour la Croix-Rouge dans plusieurs hôpitaux militaires.
En 1918, elle épouse à Rotterdam le banquier néerlandais Frédéric Albrecht, dont elle a deux enfants, Frédéric et Mireille. Le couple vit aux Pays-Bas, puis s'installe à Londres en 1924. C'est là qu'elle rencontre les féministes anglaises et se passionne pour la condition des femmes.
Séparée de son époux, elle s'installe à Paris en 1931 et se lie avec Victor Basch, professeur à la Sorbonne et président de la Ligue des droits de l'homme. Dans un pays où les femmes n'ont pas le droit de voter, où la contraception est rudimentaire, inefficace, peu accessible, l'avortement lourdement sanctionné, elle crée en 1933 une revue féministe, Le Problème sexuel. Financée par l'époux de Berty, cette revue publie cinq numéros, de novembre 1933 à juin 1935. À l'automne 1934, Berty visite l'URSS d'où elle revient déçue par les inégalités et le gaspillage, malgré les réussites du régime (écoles, universités, crèches, jardins d'enfants). En 1935, elle contribue à la fondation du Comité d'aide à l'Éthiopie.
Antifascisme
En 1937, Berty suit la formation de l'école des surintendantes d’usine dont la directrice est Jane Sivadon. Assistante sociale, elle travaille dans une fabrique d'instruments optiques.
Lucide sur la réalité du nazisme, Berty accueille en 1933 des réfugiés allemands dans sa maison de Sainte-Maxime, villa La Farigoulette au lieu-dit de Beauvallon, où elle rencontre le capitaine Henri Frenay. Frenay, qui appartient alors à la droite nationaliste et paternaliste, subit profondément l'influence de son amie.
Résistance
En 1940, Berty est surintendante aux usines Fulmen de Clichy et de Vierzon[2].
À Vichy et à Lyon, Berty Albrecht participe à toutes les initiatives de Frenay qui fonde le Mouvement de Libération Nationale qui devient, avec le regroupement avec Liberté en , Mouvement de Libération Française, avant d'être rebaptisé très rapidement Combat en [3]. En , elle prend en charge la fabrication du Bulletin bi-hebdomadaire du capitaine. Grâce aux contacts de Berty, Pierre de Froment et Robert Guédon peuvent développer leur action en zone occupée et en zone interdite.
Albrecht et Frenay reconnaissent le général de Gaulle en tant que symbole de la Résistance, mais renâclent à accepter son autorité. Peu à peu, Frenay se détache de la Révolution nationale qu'Albrecht avait toujours rejetée. Ensemble, ils lancent successivement trois journaux : après le Bulletin, Les Petites Ailes de France, puis Vérités et enfin Combat[3]. Leur mouvement prend alors en 1941 le nom de Combat.
En 1941, elle est engagée comme « inspectrice du chômage féminin »[3] de la ville de Lyon par Henri Maux. Berty, fonctionnaire de l'État français, militante connue d'avant-guerre, est surveillée de près par la police française et, sans doute, par les services allemands. Elle organise le service social qui, en zone libre, aide les militants emprisonnés et leur famille. Elle est arrêtée une première fois par la police française, en . Libérée au bout de trois jours, elle est contrainte de démissionner.
Mort
Arrêtée en par la Surveillance du Territoire, elle est mise en internement administratif à Vals-les-Bains en . Elle fait une grève de la faim afin d'être jugée[3]. Elle obtient gain de cause au bout de 13 jours. Transférée à la prison Saint-Joseph à Lyon, jugée au bout de 6 mois, elle est condamnée à passer le reste de la guerre dans un camp d'internement du gouvernement de Vichy. Le , les Allemands envahissent la Zone Libre. Craignant la déportation, elle profite du trouble ambiant pour simuler la folie et est internée dans un hôpital psychiatrique Vinatier à Bron d'où elle s'évade le [4] grâce à une opération d'un commando des Groupes Francs de Combat, préparée avec sa fille Mireille. Refusant de quitter la France pour l'Angleterre, Berty Albrecht entre dans la clandestinité, d'abord dans les Cévennes, à Durfort, puis près de Toulouse. Début , elle rejoint Frenay à Cluny, trouve refuge chez Jeannine Frèze-Milhaud. En , Berty Albrecht se rend à Marseille pour assister à une réunion, à laquelle participent Maurice Chevance, Marcelle Bidault, Jeannine Frèze-Milhaud et Jean Multon. Lors de cette rencontre elle a le tort de révéler un contact sur la région lyonnaise, l'hôtel de Bourgogne à Mâcon[5].
L'invasion de la zone libre a changé la situation, elle est contrainte de changer fréquemment de lieu de résidence. La Gestapo intervient sur tout le territoire et plusieurs arrestations ont lieu. Ainsi, quelques membres du réseau Gilbert tombent entre les mains du SIPO-SD de Lyon, notamment Edmée Delétraz. C'est l'appât principal de Klaus Barbie, pour atteindre Henri Frenay, par l'intermédiaire de Berty Albrecht. Un faux message est envoyé, lui précisant la venue d'une personne de Marseille qu'elle connaît (Jean Multon) et qui souhaite lui donner des nouvelles de Maurice Chevance. Berty se rend au rendez-vous d'Edmée Delétraz… elle est arrêtée par l'Abwehr et la Gestapo de Lyon le à Mâcon, en présence de Klaus Barbie, Robert Auguste Moog et Jean Multon. Non sans crier à haute voix : « Attention, les amis, la Gestapo est là ! » Dans son sac, Barbie trouve une enveloppe à l'adresse de la famille Gouze à Cluny où Berty Albrecht a passé la nuit[6]. Revenu bredouille, Barbie enferme et torture la jeune femme à l'hôtel Terminus, au siège du SIPO-SD de Mâcon. Le , elle est transférée à la prison de Fresnes[3], dans le quartier des droits communs, puis après une nouvelle séance de torture, elle est retrouvée pendue le même jour[1],[7], probablement par suicide afin d'éviter de parler sous la torture. Elle aurait dit : « La vie ne vaut pas cher, mourir n'est pas grave. Le tout, c'est de vivre conformément à l'honneur et à l'idéal que l'on se fait[8]. »
Le 26 août, elle est faite Compagnon de la Libération. En , son corps est retrouvé dans le jardin-potager de la prison[3].
C'est en son honneur que le groupe de la Résistance du Travail organisé par André Moosmann prit le nom de groupe Berty Albrecht[9].
Après-guerre
Le 29 octobre 1945, le nom de Berty Albrecht est tiré au sort pour inhumation au Mont Valérien, à Suresnes, dans le Mémorial de la France combattante, avec quinze autres noms, dont celui de Renée Lévy. La cérémonie a lieu le 11 novembre 1945.
Le Musée d'histoire de Marseille lui consacre un espace thématique et expose du courrier qu'elle a écrit au cours de son emprisonnement, divers effets personnels dont son bureau qui lui avait été offert par ses parents et qui l'a suivie toute sa vie.
Distinctions
- Compagnons de la Libération : elle est l'une des six femmes nommées dans cet ordre[10]
- Médaille militaire à titre posthume
- Croix de guerre 1939-1945 avec palme
- Médaille de la Résistance avec rosette
Hommages
- Un centre social porte son nom dans la ville d'Aubervilliers.
- Une rue Bertie-Albrecht se trouve dans la commune de Nangis.
- Une rue Bertie-Albrecht se trouve dans la commune de Saint-Raphaël dans le Var.
- Une rue Berthie Albrecht à Saint Gratien.
- Une rue Berthie Albrecht se trouve à Limoges.
- Une allée Berthy Albrecht se trouve dans la commune de Mions, dans le Rhône.
- Un square baptisé de son nom à Marseille, face à l'abbaye Saint-Victor.
- Une avenue est baptisée de son nom en 1944 dans le 8e arrondissement de Paris (ancienne avenue du Parc-Monceau).
- Une avenue Bertie Albrecht à Sainte-Maxime.
- Le collège de Sainte-Maxime porte également son nom.
- Une école maternelle et primaire de Caluire-et-Cuire porte son nom.
- Une plaque a été apposée au 87 du quai Pierre Scize à Lyon 9ème avec la mention : Bureau clandestin de Berthie Albrecht.
- Une plaque commémorative a été apposée dans le square de la Paix à Mâcon.
- Une maison à la disposition des associations porte son nom à Villeurbanne au 14 de la place Grandclément.
- Une école de Suresnes porte son nom.
- Un timbre à son effigie est émis le 7 novembre 1983 dans la série Héroïnes de la Résistance.
Notes et références
- Renée Dray-Bensousan, « Albrecht Berthie » dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français de Jean Maitron, T. 1 à 5, en ligne, consulté le 22 septembre 2011.
- Usine de batteries Fulmen à Vierzon. Voir Mireille Albrecht, Les Oubliés de l'Ombre, Éditions du Rocher, 2007.
- Christine Bard et Corinne Bouchoux, « Berty Albrecht », Dictionnaire des féministes, PUF, , p. 19-21
- « Le , Berty Albrecht s’évade du Vinatier », sur rebellyon.info, .
- Balique et Biaggi, Ernst Dunker et la Gestapo de Marseille, éditions Vendémiaire, 2016, p. 69.
- Biaggi, Ernst Dunker, la Gestapo de Marseille, éditions Vendémiaire, 2016, p. 89.
- https://www.ordredelaliberation.fr/fr/compagnons/berty-albrecht.
- Berty Albrecht, 15 mai 1943 (Missika 2005, p. 266).
- Boris Dänzer-Kantof, Véronique Lefebvre, Félix Torres, Un siècle de réformes sociales : Une histoire du ministère du Travail 1906-2006, p. 126-127, éd. Documentation française, 2006, (ISBN 2110062649).
- Les autres sont Laure Diebold, Marie Hackin, Simone Michel-Lévy, Émilienne Moreau-Évrard et Marcelle Henry.
Voir aussi
Bibliographie
- Mireille Albrecht, Vivre au lieu d'exister. La vie exceptionnelle de Berty Albrecht, Compagnon de la Libération, Éditions du Rocher, .
- Mireille Albrecht, Les oubliés de l'ombre, Éditions du Rocher, .
- Pierre Bolle et Patrick Cabanel, « Berthe Pauline Albrecht, née Wild », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 30-32 (ISBN 978-2846211901).
- Henri Frenay, La nuit finira, t. 1 : 1940-1943, Éditions Robert Laffont, , 509 p. (ISBN 978-2-253-00377-9, OCLC 312868278).
- Henri Frenay, La nuit finira, t. 2 : 1943-1945, Livre de poche, coll. « Livre de poche » (no 4052), , 441 p. (ISBN 978-2-253-00378-6, OCLC 73381526).
- Marie Granet et Henri Michel, Combat, histoire d'un mouvement de Résistance, Presses universitaires de France, .
- Dominique Missika, Berty Albrecht, Éditions Perrin, .
- Gilles Perrault, Dictionnaire amoureux de la Résistance, Éditions Fayard, , « Albrecht (Berty) », p. 30-34.
- Ullcer, Régis Hautière, Francis Laboutique et Emmanuelle Polack, Femmes en résistance. Numéro 3 Berthy Albrecht, Éditions Casterman, .
- « Berty Albrecht », dans Vladimir Trouplin, Dictionnaire des compagnons de la Libération, Bordeaux, Elytis, (ISBN 9782356390332).
- Ania Francos, Il était des femmes dans la Résistance, Paris, Stock, coll. « Les grands sujets », (réimpr. 1979, 1985), 483 p. (ISBN 978-2-234-00642-3, OCLC 906321884).
Évocation dans la littérature
- Michèle Fabien, Claire Lacombe, suivi de, Berty Albrecht, Arles, France Paris, Actes Sud Papiers, (ISBN 978-2-869-43198-0).
Articles connexes
Liens externes
- Notice biographique sur le site de l'ordre de la Libération.
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- « Berty Albrecht », sur chrd.lyon.fr, Centre d'histoire de la Résistance et de la déportation de Lyon.
- Chemins de mémoire. Le même site, en allemand (trad. insuffisante ; avec une autre photographie, un portrait).
- Compagnon de la Libération
- Titulaire de la médaille de la Résistance
- Titulaire de la croix de guerre 1939-1945
- Personnalité liée à Marseille
- Personne citée au Panthéon de Paris
- Femme dans la Résistance
- Résistance à Lyon
- Interné résistant
- Mouvement de Libération nationale (1940-41)
- Naissance en février 1893
- Naissance à Marseille
- Décès en mai 1943
- Décès à 50 ans
- Suicide par pendaison en France
- Suicide en prison
- Néomalthusien
- Décès à Fresnes (Val-de-Marne)
- Résistant du mouvement Combat
- Victime de la Seconde Guerre mondiale
- Mont Valérien