Abbaye des Vaux-de-Cernay
Abbaye des Vaux-de-Cernay | |||
![]() Vue d'ensemble | |||
Présentation | |||
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Type | Abbaye | ||
Rattachement | Ordre de Citeaux | ||
Début de la construction | 1118 | ||
Style dominant | Gothique | ||
Protection | ![]() ![]() |
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Site web | abbayedecernay.com | ||
Géographie | |||
Pays | ![]() |
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Région | Île-de-France | ||
Département | Yvelines | ||
Ville | Cernay-la-Ville | ||
Coordonnées | 48° 41′ 02″ nord, 1° 56′ 10″ est | ||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Île-de-France
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L'abbaye des Vaux-de-Cernay est un ancien monastère cistercien datant du XIIe siècle. Elle se situe dans le diocèse de Versailles, dans les communes de Cernay-la-Ville et d'Auffargis, dans le département des Yvelines et la région d'Île-de-France, à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Paris. L'abbaye se situe dans la forêt de l'Yveline en vallée de Chevreuse, à proximité de la forêt de Rambouillet.
L'abbaye est fermée par le pouvoir révolutionnaire français et les moines en sont chassés (vers 1791). Vendus comme biens nationaux, les bâtiments sont bientôt démantelés comme carrières de pierre. Ce qui demeure encore debout, au XXIe siècle, témoigne de l'ancienne grandeur de l'abbaye cistercienne. Les vestiges de l'abbaye sont classés au titre des monuments historiques en 1994.
Historique[modifier | modifier le code]
Moyen Âge[modifier | modifier le code]
L'abbaye des Vaux-de-Cernay est fondée en 1118 par un groupe de moines dans un site donné par Simon et Eve de Neauphle à la congrégation normande de Savigny, dont la maison mère se trouve près d'Avranches. En 1147, avec l'ensemble des abbayes de la congrégation, elle est rattachée à Cîteaux.
Comblée de dons par tous les seigneurs des environs, l'abbaye connaît une période de grande prospérité aux XIIe et XIIIe siècles. Pierre des Vaux de Cernay, un de ses moines, est le chroniqueur des croisés lors de la croisade des albigeois. L'un de ses abbés, Thibaut de Marly, élu en 1235 et mort en 1247, est canonisé en 1261 et ses reliques suscitent des pèlerinages. Lors de sa fondation en 1204, Port-Royal des Champs est d'abord un prieuré rattaché aux Vaux-de-Cernay, avant de s'en affranchir. De nombreux sites des environs dépendaient de l'abbaye des Vaux, comme la ferme d'Ithe, près de Jouars-Pontchartrain.
Au XIVe siècle, la vie intellectuelle et matérielle de l'abbaye se ralentit. Au XVe siècle, après la Guerre de Cent Ans les bâtiments sont abandonnés.
En décembre 1463, par ses lettres patentes, le roi Louis XI (1423-1461-1483) confirma sa protection royale, octroyée par ses prédécesseurs[2].
Époques moderne et contemporaine[modifier | modifier le code]
L'abbaye est donnée en commende à Armand-Louis Bonnin de Chalucet. La galerie sud et le cloître sont alors reconstruits. L'abbaye est restaurée au XVIIe siècle et des travaux considérables sont entrepris au XVIIIe siècle. Mais après la Révolution française, en 1791, les biens mobiliers et immobiliers de l'abbaye sont vendus comme biens nationaux. Les bâtiments sont utilisés comme carrière de pierre et tombent progressivement en ruine. Le général d'Empire Jean-François Christophe, entrée en possession des lieux, est réputé avoir fait dynamiter une partie des bâtiments pour en récupérer plus commodément les pierres comme matériau de construction.
En 1873, le parc et les bâtiments sont acquis par la baronne Charlotte de Rothschild (fille de James de Rothschild). Celle-ci entreprend de reconstituer et de restaurer le domaine. Elle y fait remonter la grille d'entrée, chef-d'œuvre de ferronnerie du XVIIIe siècle sur un dessin de Contant d'Ivry, provenant de son château d'Arnouville à Arnouville-lès-Gonesse, dont elle fait également enlever pour les faire remonter aux Vaux les ferronneries de l'escalier d'honneur. Elle fait relever les bâtiments. Après sa mort en 1899, le domaine passe à son petit-fils, Henri de Rothschild, connu comme auteur dramatique sous le pseudonyme d'Henri Pascal.
Après la mort de ce dernier en 1946, le domaine est racheté par l'industriel Félix Amiot[3], constructeur d'avions, qui y installe ses bureaux d'études.
En 1988, le domaine est racheté par le groupe Savry, dirigé par Philippe Savry[4], spécialisé dans les hôtels installés dans des bâtiments historiques (citadelle Vauban de Belle-Île-en-Mer, château d'Ermenonville…). Celui-ci transforme l'abbaye en un hôtel-restaurant qui ouvre ses portes l'année suivante. Aujourd'hui, le domaine regroupe trois hôtels.
Le , l'abbaye est classée au titre des monuments historiques[1]. Cette protection concerne les parties bâties, ainsi que les sols sur lesquels elles sont construites, et la grille en fer forgé du XVIIIe siècle. Cet arrêté vient en remplacement d'une inscription aux monuments historiques datée du , arrêté qui ne fut pas annulé et est donc toujours en vigueur[1].
Liste des abbés[modifier | modifier le code]
La liste suivante présente les abbés successifs des Vaux-de-Cernay[5] :

- 1137-1145 : Arnaud, Arrald ou Artaud de Savigny
- 1145-1156 : Hugues I
- 1156-1157 : Jean I
- 1157-1165 : André de Paris
- 1165-1181 : Mainier
- 1181-1210 : Guy
- 1210-1219 : Thomas I
- 1219-1235 : Richard
- 1235-1253 : saint Thibaut de Marly
- 1253-1268 : Garin
- 1268-1283 : Thomas II
- 1283-1286 : Roger
- 1286-1289 : Raoul
- 1290-1309 : Guillaume I
- 1309-1316 : Jean II
- 1316-1320 : Philippe I
- 1320-1329 : Simon de Rochefort
- 1329-1349 : Pierre I
- 1349-1364 : Jean III
- 1364-1391 : Guillaume II
- 1391-1412 : Étienne
- 1412-1413 : Pierre II de Montreuil
- 1413-1423 : Hugues II du Mesnil
- 1423-1431 : Jean IV de La Salle de Galardon
- 1431-1454 : Dominique Fournier de Beaune-Semblançay
- 1454-1457 : Thomas III Cordier
- 1457-1480 : Jean V de Rully de Saint-Gengoul
- 1480-1493 : Jean VI
- 1493-1495 : Jean VII Le Chevrier
- 1495-1503 : Michel Buffereau
- 1503-1516 : Pierre III de Tessé
- 1516-1522 : Jean VIII des Monceaux de Bazemont
- 1522-1543 : Louis I de Bajoue
- 1543-1559 : cardinal Antoine Sanguin de Meudon
- 1559-1561 : Louis II Guillart
- 1561-1573 : Charles I Guillart
- 1573-1587 : Mathurin Vincent
- 1587-1588 : cardinal François de Joyeuse
- 1588-1603 : Philippe II des Portes
- 1603-1669 : Henri de Bourbon, duc de Verneuil
- 1669-1673 : Jean IX Casimir Vasa de Pologne
- 1673-1712 : Armand-Louis Bonnin de Chalucet
- 1712-1766 : Charles II Maurice de Broglie
- 1766-1791 : Louis II Charles du Plessis d’Argentré
Architecture[modifier | modifier le code]
L'abbaye est ouverte aux visiteurs. Les deux éléments les plus remarquables sont les ruines de l'abbatiale et la salle capitulaire des moines. Cette salle, qui fait 80 m de long, comporte deux travées de voûtes gothiques qui en fait l'une des plus grandes salles de ce type en France, avec celle du collège des Bernardins à Paris. Différentes salles peuvent être visitées, comme l'ancien cloître, la galerie de lecture, le moulin, la salle capitulaire.
Près de cette abbaye, se trouve la fontaine de Saint-Thibaut (XXe siècle). L'édifice qui s'élève au-dessus de la fontaine Saint-Thibaut est un vestige du cloître, de style renaissance, construit au XVIe siècle, puis remployé en édicule, lors de la restauration du domaine par la baronne de Rothschild[7]. Selon la légende, au XIIIe siècle, saint Louis enjoint l'abbé Thibaut de Marly de prier pour son épouse Marguerite de Provence, qui est stérile. Thibaut fait boire à la reine de l'eau de la fontaine. Exaucée, la reine met au monde onze enfants. L'eau de la source est depuis réputée pour favoriser la fécondité des femmes[8].
Sculptures[modifier | modifier le code]
Les jardins de l'abbaye exposent les sculptures monumentales de Pollès[9].
Filiation et dépendances[modifier | modifier le code]
Les Vaux-de-Cernay est fille de l'abbaye de Savigny
Cinéma et télévision[modifier | modifier le code]
Le château a servi de lieu de tournage pour plusieurs films et téléfilms, notamment :
- 1945 : L'Invité de la onzième heure de Maurice Cloche
- 1963 : Thierry la Fronde, série télévisée de Robert Guez et Pierre Goutas
- 1966 : Les Compagnons de Jéhu, feuilleton télévisé de Michel Drach
- 1969 : D'Artagnan, feuilleton télévisé de Claude Barma
- 2017 : Les Nouvelles Aventures de Cendrillon de Lionel Steketee
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Notice no PA00087395, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Lettres patentes de Louis XI, Crotoy, décembre 1463.
- Bénédicte Agoudetsé, « Trouvez la paix à l’abbaye des Vaux-de-Cernay dans les Yvelines », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le 11 juillet 2020).
- Malik Laïdi, « L’abbaye des Vaux-de-Cernay, c’est 55 chambres et suites de grand confort dans un site superbe », L'Écho républicain, (lire en ligne).
- Abbés, p. 517-526.
- Morize 1889, p. Planche XXXVIII.
- Aubert 1933, p. 203.
- Abbaye des Vaux-de-Cernay
- « Géantes les sculptures, immense l'artiste », sur Ouest France,
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Jean-Marie Pérouse de Montclos (dir.), Guide du Patrimoine. Île-de-France, Paris, Hachette, 1992 – (ISBN 978-2-01-016811-6)
- Marcel Aubert, L'Abbaye des Vaux-de-Cernay, Monographie publiée par M. Marcel Aubert pour M. le baron Henri de Rothschild, Paris, 1931
- Dom Beaunier, La France monastique, t. 1, la province ecclésiastique de Paris, Paris, 1905, p. 47
- Antoine-Félix Boisselier, « Description pittoresque et archéologique de l'abbaye des Vaux-de-Cernay », Mémoires de la société archéologique de Rambouillet, 1913, t. XXII, p. 180-202
- Louis-Firmin-Hervé Bouchitté, Notice historique sur l'abbaye des Vaux-de-Cernay de son origine jusqu'à la mort de Louis XIV, Versailles, (lire en ligne).
- Maurice-Pierre Boye, Les Vaux-de-Cernay. À la billebaude en Yvelines et autres lieux, Paris, 1960, p. 273-299
- Maurice-Pierre Boye, Chevreuse et ses environs, Paris, 1939, p. 35-38
- Camille Boyer, « L'abbaye cistercienne Notre-Dame-des-Vaux-de-Cernay », Mémoires de la société archéologique de Rambouillet, 1939, t. XXVIII, p. 35-35
- Pauline Prévost-Marcilhacy, Les Rothschild, bâtisseurs et mécènes, Paris, 1995
- L. Morize (dir.), Étude archéologique sur l'abbaye de Notre-Dame des Vaux de Cernay : de l'ordre de Cîteaux et de l'étroite observance, au diocèse de Paris. Résumé historique et description du monastère accompagnés de 50 planches au trait., Tours, Société archéologique de Rambouillet, (lire en ligne).
- Marcel Aubert, « L'abbaye des Vaux-de-Cernay (Seine-et-Oise). », Bulletin Monumental, t. 92, no 2, , p. 195-206 (DOI 10.3406/bulmo.1933.9974, lire en ligne, consulté le 6 juillet 2020).
- Honoré Fisquet, « Les Vaux-de-Cernay », dans La France pontificale (Gallia christiana), histoire chronologique et biographique des archevêques et évêques de tous les diocèses de France depuis l'établissement du christianisme jusqu'à nos jours, divisée en 17 provinces ecclésiastique., t. II : Archidiocèse de Paris, Paris, Étienne Repos, 1864-1873 (lire en ligne).