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Cécile Sorel

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Cécile Sorel
Cécile Sorel, par Reutlinger.
Fonction
Sociétaire de la Comédie-Française
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Céline Émilie SeureVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Villa Mirasol (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Conjoint
Autres informations
Ordre religieux
Maître
Influencée par
Madame Dorval (d), Madame Favart (née Marie Justine Duronceray), (Avignon, 1727-Paris, 1772) comédienne (d), Delaunay (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Vue de la sépulture.

Céline Émilie Seurre[1], dite Cécile Sorel, comtesse de Ségur par son mariage, née le à Paris[2] et morte le à Hennequeville dans la commune de Trouville-sur-Mer (Calvados) chez M Robert Jauneaux à la villa Rejane , est une comédienne française. Jouissant d'une très grande popularité, elle côtoie les plus grandes personnalités de son temps, au nombre desquelles Clemenceau, Rostand, Guitry... Reine des planches, ses apparitions publiques, le plus souvent dans des costumes extravagants, font à son époque sensation.

Biographie

Sorel, « star » française de la Belle Époque.

Cécile Sorel est très tôt attirée par le théâtre. Élève de Delaunay et de Mademoiselle Favart, elle est, durant les premières années de sa carrière, une représentante du théâtre dit « léger ». C'est à cette période qu'un de ses admirateurs, le jeune Vladimir Chtchoukine (il meurt à 25 ans en 1893), tombe fou amoureux d'elle ; il réussit à l'inviter à souper en lui adressant par un employé du théâtre sa carte accompagnée d'un billet de mille francs, soit environ dix mille euros actuels (Natalia Semenova et André Delocque, Chtchoukine - Le patron de l'art moderne La collection Chtchoukine, 2016 p. 49).

En 1899, elle fait son entrée à l'Odéon et, en 1901, à la Comédie-Française, où elle se spécialise dans les emplois de « grandes coquettes ». Son style est très reconnaissable et serait considéré aujourd'hui comme outré, au ton déclamatoire et à la diction « surarticulée » – c'était aussi, à la même époque, le style de Sarah Bernhardt. Comme cette dernière, elle est notamment associée au rôle de Célimène du Misanthrope de Molière. Élue 339e sociétaire de la Comédie-Française en 1904, Cécile Sorel le restera jusqu'en 1933.

Éternelle fiancée de Whitney Warren, un Américain richissime, elle se marie finalement, et contre toute attente, avec le comte de Ségur-Lamoignon, arrière-petit-fils de la comtesse de Ségur, acteur jugé médiocre, appelé Guillaume de Sax à la scène. Plus de quinze ans séparent les époux, et ce mariage donne lieu aux moqueries les plus cruelles : on appelle le couple « la fossile et le marteau », « la belle et le bête », etc. Son mari, employé au Ministère des Affaires étrangères est rebaptisé le « con d'Orsay ». Cécile conservera le titre de comtesse de Ségur jusqu'à la fin de sa vie. Elle était amoureuse de Guillaume de Ségur qui était beau et séduisant mais elle ne pouvait donner d'enfants. Il eut deux enfants, Béatrice et Victoire, avec Madeleine Monier, mais le couple ne divorcera pas.

Cécile Sorel et Maurice Barrès au jardin des Tuileries lors de l'inauguration du monument André Le Nôtre en 1913.

Elle devient une amie proche de l'historien d'art Gustave Larroumet, de Maurice Escande, de Clemenceau, qui en a brossé ce savoureux portrait : « Une sorte de travesti empanaché. À travers les plumes, j'ai fini par reconnaître l'autruche. Elle s'était surpassée, ce qui me paraissait impossible. Une robe pour le Carnaval de Rio ou le couronnement du roi Pausole. », et qui sut un jour la remercier d'un envoi de... chrysanthèmes par ces mots : « Merci de vos admirables fleurs, par lesquelles il vous a plu d'humilier ma vieillesse. »[3].

Elle fréquente aussi Maurice Barrès, dont Clemenceau dit qu'elle fut très brièvement la maîtresse, et Félix Faure[4].

Le , lors de la première de la revue Vive Paris dans laquelle elle interprète Célimène, et après avoir descendu avec succès le grand escalier Dorian du Casino de Paris, elle lance à Mistinguett placée à l'avant-scène le fameux « L'ai-je bien descendu ? ». Écouter Cécile Sorel prononçant son « L'ai-je bien descendu ? » :

En 1937, elle tourne un petit rôle auto-allusif, la courtisane - très âgée - dans Les Perles de la couronne de Sacha Guitry.

En 1941, elle tourne un rôle inspiré par son propre personnage public, (La Clermont), dans Les Petits riens, un film à sketches de Raymond Leboursier.

Le , elle échappe de peu au bombardement du Théâtre-Français à Rouen où elle venait de donner une représentation du Roi Christine[5].

Après la Seconde Guerre mondiale

Cécile Sorel fleurissant l'orant de Marie-Antoinette, en 1941.

À la Libération, elle est inquiétée, peut-être parce qu'elle apparaît plusieurs fois dans le journal collaborationniste Le Matin, notamment en une du numéro du , où on la voit en photo en train de fleurir le priant de Marie-Antoinette à la basilique Saint-Denis[6], mais surtout en raison d'une lettre écrite en Allemand, retrouvée dans les papiers de la Gestapo, datant du 12 juin 1942, signée « Cécile Sorel, Gräfin van Segur », dans laquelle elle demande au général commandant du Grand Paris l'attribution d'un appartement situé à Paris quai d'Orsay dont le propriétaire, juif, a fui la capitale. Dans cette lettre, elle indique mettre son « influence, en matière d'art, au service de la collaboration franco-allemande la plus étroite ». La commission d'épuration du spectacle la frappe d'une année d'interdiction d'exercer son métier[7]. À propos de sa fréquentation des Allemands, elle dit : « Les Allemands n'auraient jamais mis les pieds chez moi si vous ne les aviez pas laissés entrer ! »[8].

À Biarritz, elle habite soit à la villa Mirasol, près de l'hôtel du Palais, soit dans une suite qu'elle loue à l'année à l'hôtel Continental.

À Paris, elle habite un hôtel particulier au 21 de la rue Le Sueur, qui est racheté en mai 1941 par le sinistre docteur Petiot.

Le , son mari décède. Le , elle est saisie d'une « conversion », à la suite de laquelle elle prononce ses vœux dans le tiers-ordre franciscain – comme l'avait fait l'« autre » comtesse de Ségur avant elle – à la chapelle des Carmes de Bayonne ; elle prend le nom de sœur sainte Cécile de l'Enfant-Jésus. Ses dernières années sont consacrées à l'écriture et à la foi. Elle apparaît encore, cependant, dans une émission télévisée consacrée à sa carrière en 1965.

Tombe de Cécile Sorel au cimetière du Montparnasse.

Elle meurt en 1966, âgée de quatre-vingt-douze ans, des suites d'une fracture du col du fémur, à la villa Réjane de Hennequeville de Trouville-sur-Mer, que louait Jean Dupuy, dit le « baron Barclay » au propriétaire Robert Jauneaux ; elle s'est éteinte en murmurant au neveu de M. Jauneaux âgé de 5 ans : « Je remercie Dieu de m'avoir permis d'ensoleiller mon époque et de m'avoir donné une vie si magnifique »[8]. On[9] a dit d'elle : « Elle a vécu ce que vivent les roses, les roses en fer forgé ».

Elle est inhumée au cimetière du Montparnasse à Paris.

Hommages

Plaque au 7 quai Voltaire.

Théâtre

Avant la Comédie-Française

Comédie-Française

Cécile Sorel, en 1920, par Reutlinger.

Après la Comédie-Française

Cécile Sorel en 1938 (photo studio Harcourt)

Filmographie

Bibliographie

  • Collection de Mme Cécile Sorel (sociétaire de la Comédie-Française), par Maîtres F. Lair Dubreuil et Henri Baudoin, commissaires-priseurs, Galerie Georges Petit, Paris, jeudi 6 et vendredi .
  • Robert Cardinne-Petit, « Cécile Sorel », en couverture un portrait de Cécile Sorel par Bernard Bécan, Les Hommes du jour no 36, Éditions Henri Fabre, 1933.

Notes et références

  1. D'après son acte de naissance.
  2. Archives numérisées de l'état civil de Paris, acte de naissance no 15/1552/1873, avec mention marginale du décès (consulté le 6 décembre 2012)
  3. Cité par Gilbert Prouteau, Le Dernier défi de Georges Clemenceau, France Empire, 1979.
  4. Christophe Deloire, Christophe Dubois, Sexus Politicus, Paris, Albin Michel, , 390 p. (ISBN 2-226-17255-6), p. 56
  5. Gontran Pailhès (préf. Pierre Varenne), Rouen et sa région pendant la guerre 1939-1945, Rouen, Henri Defontaine, , 309 p., p. 200
  6. « Cécile Sorel a fleuri la tombe de Marie-Antoinette », Le Matin, une du 17/10/1941, sur Gallica.
  7. Paris-Presse, 28 novembre 1945, p. 1 : « Cécile Sorel signait volontiers Gräfin von Ségur quand elle écrivait à Messieurs les Allemands ». Le 30 novembre 1945, ledit journal reproduit le texte de sa lettre, traduite en français : « Paris, 12 juin 1942. À la Kommandantur du Grand Paris. Je me permets par la présente, de vous adresser la prière suivante : En ma qualité d'artiste représentative du théâtre français, je mets mon influence, en matière d'art, au service de la collaboration franco-allemande la plus étroite. Actuellement, je n'ai pas d'appartement convenable pour recevoir et honorer tous mes amis allemands. Aussi me serait-il agréable de pouvoir emménager, très prochainement, dans un appartement que je voudrais éventuellement choisir parmi les nombreux appartement ayant été occupés par des juifs. Je pourrais par exemple, indiquer l'appartement 89, quai d'Orsay. J'espère que vous aurez la bonté de prendre ma demande en considération et de me donner, le plus tôt possible, une réponse positive. Dans cette attente, je vous assure de ma très haute considération. Signé Cécile Sorel, Gräfin van Ségur »
  8. a et b « Isadora, Cécile et Suzy, stars de la Côte fleurie », Le Calvados, no 117, automne 2014.
  9. Jean Rieu.

Annexes

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