Synagogue de la rue Pavée

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Synagogue de la rue Pavée
Image illustrative de l’article Synagogue de la rue Pavée
Présentation
Culte Judaïsme
Type Synagogue
Début de la construction 1913
Fin des travaux 1914
Style dominant Art nouveau
Protection Logo monument historique Inscrit MH
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Île-de-France
Département Paris
Ville Paris
Coordonnées 48° 51′ 21,5″ nord, 2° 21′ 37,75″ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Synagogue de la rue Pavée
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Synagogue de la rue Pavée

La synagogue de la rue Pavée est une synagogue de Paris, située au numéro 10 de la rue Pavée, au cœur du quartier juif du Marais, dans le 4e arrondissement.

Historique[modifier | modifier le code]

Photographie de la Synagogue de la Rue Pavée, en 1917.

Le bâtiment a été réalisé en 1913 par l'architecte Hector Guimard, le maître parisien de l'Art nouveau, pour l’Agoudas Hakehilos (אֲגֻדָּת־הַקְּהִלּוֹת, Union des communautés)[1], une association issue de neuf sociétés israélites orthodoxes d'origine essentiellement russe, présidée par Joseph Landau. Elle témoigne de l'arrivée massive d'immigrés d'Europe de l'Est au début du XXe siècle. La construction est en pierres agglomérées creuses sur armatures en béton armé. Elle a été officiellement inaugurée le , mais elle était déjà en service depuis .

La synagogue, financée entièrement par des fonds privés, fut inaugurée le sans représentant officiel du Consistoire central. Le célèbre Hazzan Gershon Sirota de Varsovie participe à l'inauguration[2],[3].

La synagogue fait partie des œuvres tardives d'Hector Guimard. Avec son propre hôtel dans le XVIe arrondissement de Paris (1910), la synagogue illustrent, par leur rythme vertical simple et calme, le retour à l'ordre de l'architecture française après 1910[4].

Lors de la veillée de Yom Kippour en 1941, le bâtiment fut dynamité en même temps que six autres synagogues parisiennes[5] par des collaborateurs à l'occupant nazi, antisémite. Dans la nuit du 2 au , un attentat est organisé par le Mouvement social révolutionnaire (MSR), parti d'extrême droite fondé par Eugène Deloncle[6]. Elle fut ensuite partiellement restaurée (notamment la porte d'entrée ne le fut que sommairement, et non remise à l'état original).

Cette synagogue est toujours en activité. Elle fait partie des synagogues orthodoxes non-consistoriales. Il n'est pas possible de la visiter en temps ordinaire, mais seulement lors d'occasions particulières comme les Journées du patrimoine. La synagogue de la Agoudas Hakehilos, dirigée par les rabbins Joël Leib HaLevi Herzog (1914-1934), Israël Elazar Halevi Hopsztein, Samuel Jacob Rubinstein, puis par le rabbin Chaim Yaakov Rottenberg, est aujourd'hui dirigée par son fils, Mordechaï Rottenberg[7].

Des hazzanim connus ont officié à cette synagogue, dont Elinke Hirschin (1870-1960)[8] avant la guerre, Zousman (Simon) Pessine, né le à Yourrief (Russie), décédé le à Auschwitz (Pologne)[9],[10], Tajg et Fleischer[11].

Seul édifice cultuel réalisé par Hector Guimard, il a fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par un arrêté du [12], y compris tous les éléments liturgiques immeubles par nature[7].

Description[modifier | modifier le code]

Ne disposant que d'une bande de terrain biaise et très étroite (5 m × 23 m), Guimard a construit le bâtiment tout en hauteur. En façade, la verticalité (12 m) est accentuée par les étroites fenêtres et les pilastres continus. Le volume intérieur est aussi entièrement vertical. Il comporte deux étages de mezzanines de part et d'autre de la travée centrale. La nef est éclairée par des verrières au plafond et une vaste baie vitrée dans le mur du fond.

Le mobilier (luminaires, chandeliers, appliques et bancs) ainsi que le décor végétal stylisé en staff et les garde-corps en fonte sont également des créations d'Hector Guimard. On retrouve dans les dossiers des bancs le même mouvement ondulant que sur la façade et ils sont ornés de motifs triangulaires. À l'origine, il n'y avait pas d'étoile de David sur la façade mais seulement un triangle, comme on peut le voir sur les vieilles photos. L'étoile de David date peut-être de la rénovation d'après-guerre.

Selon Magalie Flores-Lonjou et Francis Messner, le plan de cette synagogue, dans lequel l'espace réservé au culte est rejeté à l'arrière de l'édifice, de sorte que des salles de cours et des bureaux puissent occuper la partie avant, montre une volonté d'associer le culte aux autres activités, volonté caractéristique du judaïsme orthodoxe, s'opposant en cela aux synagogues du consistoire[13].

Ce site est desservi par la station de métro Saint-Paul.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Création de l'association annoncée au JO du 23 décembre 1911, avec siège au 32 rue de Turenne, a Paris [1]
  2. Vivre et survivre dans le Marais. Éditions Le Manuscrit, p. 312. (ISBN 274815133X et 9782748151336).
  3. Histoire juive du Marais. 25 août 2013.
  4. Époque contemporaine XIXe – XXIe siècles, P.Dagen et F. Hamon, Flammarion, p.259
  5. (en) Carol Herselle Krinsky, Synagogues of Europe : Architecture, History, Meaning, Mineola, Dover Publications, , 2e éd., 480 p., poche (ISBN 978-0-486-29078-2 et 0-486-29078-6, LCCN 95049027, lire en ligne), p. 253.
  6. Voir Cécile Desprairies. Paris dans la Collaboration. Préface de Serge Klarsfeld. Éditions du Seuil: Paris, 2009, p. 95-96. (ISBN 978-2-02-097646-6)
  7. a et b « - Synagogue de la rue Pavée Synagogue Ashkenaz a Paris », sur Synagogue de la rue Pavée (consulté le )
  8. (en) « Lexicon of Jewish Musicians in Poland: A Partial List », traduit, extrait et compilé par Ada Holtzman d'après (he) Issachar Fater, Muzika Yehudit B'Polin Bein Shtei Milchamot Haolam, Tel Aviv, Hakkibutz Hameuchad, (ISBN 978-965-02-0060-2 et 965-02-0060-6).
  9. Simon Pessine est né le 18 mars 1898 à Jourief. Il est déporté par le Convoi No. 69, en date du 7 mars 1944, du Camp de Drancy vers Auschwitz. Voir, Serge Klarsfeld. Le Mémorial de la déportation des Juifs de France. Beate et Serge Klarsfeld: Paris, 1978. Nouvelle édition, mise à jour, avec une liste alphabétique des noms.FFDJF (Fils et Filles des Déportés Juifs de France), 2012.
  10. Pessine (Zousman dit Simon), né le 18 mars 1898 à Yourrief (Russie), décédé le 7 avril 1944 à Auschwitz (Pologne), JORF n°290 du 14 décembre 1997 page 18080. Arrêté du 31 juillet 1997 portant apposition de la mention « Mort en déportation » sur les actes et jugements déclaratifs de décès.
  11. (fr) Paul Fenton, « La musique sacrée de tradition ashkénaze », sur Israelfr.com, 14 mai 2006.
  12. (fr) Notice no PA00086477, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  13. Magalie Flores-Lonjou et Francis Messner, Les lieux de culte en France et en Europe : Statuts, pratiques, fonctions, Louvain & Paris & Dudley, Peeters Publishers, coll. « Law and religious studies », , 308 p. (ISBN 978-90-429-1857-3, LCCN 2006051729, lire en ligne), p. 237.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Dominique Jarassé, Guide du patrimoine juif parisien, Parigramme, 2003.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]