Rino Della Negra

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Rino Della Negra
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Rino Della Negra (né le à Vimy et fusillé au fort du Mont-Valérien le ), dit Chattel, est un joueur de football français et soldat volontaire de l'armée française de libération (FTP-MOI), qui fait partie des 23 martyrs du groupe Manouchian fusillés en février 1944, dont une dizaine figuraient sur l'Affiche rouge.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Rino Della Negra naît en 1923 à Vimy dans le Pas-de-Calais, de parents italiens, naturalisés en 1938. Son père, briquetier, est originaire d'Udine, dans le Frioul[1],[2]. La famille s'installe en 1926, dans la région parisienne, à Argenteuil, dans le quartier Mazagran, rebaptisé « Mazzagrande » par son importante communauté italienne[3],[4].

En 1937, Rino travaille comme apprenti ajusteur à l'usine Chausson d'Asnières-sur-Seine[3].

Football[modifier | modifier le code]

Espoir du football, il commence sa carrière au FC Argenteuillais au poste d’attaquant, dans l’équipe interne de Chausson qui remporte la Coupe de la Seine en 1938, à la Jeunesse sportive Jean-Jaurès d’Argenteuil avec qui il gagne la Coupe du Matin-FSGT en 1941.

En 1942, cette compétition change de formule et oppose des sélections régionales, avec celle de Paris « il inscrit un doublé lors de la finale victorieuse »[5]. Il est remarqué par la presse lorsqu'il rejoint l’Union sportive athlétique de Thiais. Le Red Star de Saint-Ouen[3],[6] le recrute au début de la saison 1943-1944.

Résistance[modifier | modifier le code]

En 1942, réquisitionné pour le Service du travail obligatoire (STO) en Allemagne, il décide de ne pas partir et entre dans la Résistance : il rejoint Francs-tireurs et partisans (FTP) d’Argenteuil dès février 1943, sans quitter son activité sportive et sa famille[7].

Il rejoint le 3e détachement italien des Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) de la région parisienne commandé par Missak Manouchian[8].

Le , il participe à l’exécution du général Von Apt au 4 Rue Maspero. Le , il attaque le siège central du parti fasciste italien rue Sédillot. Le , il attaque la caserne Guynemer à Rueil-Malmaison.

Le , au no 56 rue La Fayette, il attaque avec Robert Witchitz des convoyeurs de fonds allemands, mais c’est un échec ; Rino, blessé, et Robert sont arrêtés.

Le , Spartaco Fontanot et Roger Rouxel sont arrêtés par la Brigade Spéciale 2 (BS2) des Renseignements généraux. Le , Missak Manouchian et Joseph Epstein tombent entre les mains de la BS2 en gare d'Évry-Petit-Bourg. Le , Olga Bancic et Marcel Rajman sont également capturés. Au total, dix-sept résistants MOI sont appréhendés par la BS2.

Rino Della Negra est condamné à mort[7], puis fusillé au fort du Mont-Valérien, le , avec les 23 membres du groupe Manouchian dont les dix de l'affiche rouge[9],[10],[11],[12]. Il est inhumé au cimetière du Centre d'Argenteuil[13].

Hommages[modifier | modifier le code]

En septembre 1944, son nom est donné à un tournoi organisé par Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT, proche de la CGT)[14]. En , le grand quotidien populaire communiste Ce soir consacre un article à son inhumation[14].

À Argenteuil, sa ville d'adoption, une rue porte son nom[7], de même qu'une salle municipale. Le , la ville d'Argenteuil (Val-d'Oise) décerne un diplôme spécial à Rino Della Negra[14].

Une stèle est fleurie chaque année, un samedi ou dimanche matin de fin février, lors d'une célébration commémorant son exécution, survenue le [4].

Figure emblématique du club, sa mémoire est régulièrement honorée par les supporters du Red Star[6], qui ont notamment installé une stèle commémorative à l'entrée du stade[7].

La tribune Première Est du stade Bauer, où se tiennent les supporters les plus fervents du club, est appelée « Tribune Rino Della Negra ».

Depuis 2022, à l’initiative de deux associations sportives, Spartak Fontgrande[15] (bassin minier Carmausin) et Spartak Arlésien (Bouches du Rhône), un trophée portant le nom de Rino Della Negra se déroule en hommage au célèbre résistant[16].

Depuis 2023, une voie de la ville de Saint-Ouen porte son nom[17],[18].

Le , il est cité « Mort pour la France », ainsi que ses 23 autres camarades, avec l'entrée de Missak et de Mélinée Manouchian lors de la cérémonie de panthéonisation en présence d'Emmanuel Macron, président de la République française. Une plaque portant son nom et ceux des 23 résistants du groupe Manouchian est apposée au Panthéon[19]. Son portrait figure avec les autres camarades du groupe des FTP-MOI de l'Ile-de-France.

Liste des membres du groupe Manouchian exécutés[modifier | modifier le code]

Mémorial de l'Affiche rouge à Valence.

La liste suivante des 23 membres du groupe Manouchian exécutés par les Allemands signale par la mention (AR) les dix membres que les Allemands et la propagande de Vichy ont fait figurer sur l'Affiche rouge :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Anthony Lieures, « Groupe Manouchian : qui était Rino Della Negra, le footballeur résistant du Red Star ? : Deux chercheurs préparent un ouvrage sur ce membre du groupe Manouchian fusillé par l’armée allemande il y a 75 ans. Et devenu, depuis peu, une icône des supporters du club audonien. », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. Jérôme Latta, « Rino Della Negra, étoile rouge de la Résistance et du football : cône des supporters du Red Star de Saint-Ouen, Rino Della Negra est entré dans l’histoire en entrant dans la Résistance, avant d’être exécuté parmi les « terroristes » de l’Affiche rouge. Une biographie lui est enfin consacrée », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. a b et c Claude Pennetier, « DELLA-NEGRA Rino [Pseudonyme : ROBIN] », sur maitron.fr.
  4. a et b Thibault Chaffotte, « Derrière Rino Della Negra, l’histoire de la Petite Italie d’Argenteuil, ancien bastion antifasciste : La ville rend hommage ce dimanche à Rino Della Negra, footballeur au Red Star et résistant fusillé au Mont Valérien en 1944. Le quartier de Mazagran où il a vécu était alors une terre d’accueil pour les Transalpins qui fuyaient le fascisme et qui cherchaient du travail. », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Jérôme Latta, « Rino Della Negra, étoile rouge de la Résistance et du football », sur Une balle dans le pied, (consulté le )
  6. a et b Nima Kargar, Edouard de La Rochefordière, « La carte de la gauche alternative à Paris », sur StreetPress, .
  7. a b c et d Marceau Taburet, « Rino Della Negra, icône méconnue du groupe Manouchian », Libération,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  8. « Le groupe Manouchian », sur ivry94.fr (consulté le )
  9. Adrien Pécout, « Football : le Red Star se souvient de ses résistants », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. Paris-Soir du 21 février 1944 : « Le mouvement ouvrier immigré était dirigé par des Juifs qui prenaient leurs ordres de Moscou »
  11. Paris-Soir du 22 février 1944 : « Le procès des 24 terroristes judéo-communistes - Le Juif Rajman et Alfonso complices de Missak Manouchian font aux juges le récit de l'assassinat du Dr Ritter - Le Hongrois Poczor, les Juifs Glasz, Fingerzweig, Waisbrot, Goldberg, Schapira, et Elek organisaient les déraillements de trains »
  12. Paris-Soir du 6 mars 1944 : « Épilogue du procès des terroristes judéo-communistes - Vingt-deux-des condamnées à mort ont été exécutés »
  13. Cimetières de France et d'ailleurs
  14. a b et c Dimitri Manessis et Jean Vigreux 2022, p. ?.
  15. Yann Dey-Helle, « Le Spartak Fontgrande, la mémoire sportive du bassin minier », sur dialectik-football.info, (consulté le ).
  16. Mathieu Fournier, « Chronique d’un weekend footballistique : le trophée Rino Della Negra, hommage aux mineurs! », sur dialectik-football.info, (consulté le ).
  17. Anthony Lieures, « Saint-Ouen : une rue en hommage à Rino Della Negra, footballeur résistant du Red Star », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. Hugo Bouville, « Joueur prodigieux, résistant vaillant : cent ans plus tard, le cœur de « Rino » bat au Red Star », Ouest France,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. Louis Hausalter, « « Vous entrez ici en soldat » : Macron accueille Manouchian au Panthéon » Accès libre, sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Émission radio[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]