Mariembourg

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Mariembourg
Mariembourg
Ancienne maison communale.
Blason de Mariembourg
Héraldique
Administration
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Communauté Drapeau de la Communauté française de Belgique Communauté française
Province Drapeau de la province de Namur Province de Namur
Arrondissement Philippeville
Commune Couvin
Code postal 5660
Zone téléphonique 060
Démographie
Gentilé Mariembourgeois(e)
Population 2 054 hab. (1/1/2020)
Densité 269 hab./km2
Géographie
Coordonnées 50° 05′ nord, 4° 31′ est
Superficie 763 ha = 7,63 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Voir sur la carte topographique de Belgique
Mariembourg
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Voir sur la carte administrative de Belgique
Mariembourg
Géolocalisation sur la carte : Région wallonne
Voir sur la carte administrative de la Région wallonne
Mariembourg
Géolocalisation sur la carte : province de Namur
Voir sur la carte administrative de la province de Namur
Mariembourg

Mariembourg (en wallon Mariyambour, en allemand Marienburg) est une section de la commune belge de Couvin située en Wallonie dans la province de Namur.

Après la prise de la ville par le roi de France Henri II en , la ville changea de nom pour s'appeler Henribourg[1] jusqu'en 1559. Peu après la Révolution française de 1789, elle s'appela un court moment Avant-poste national.

C'était une commune à part entière avant la fusion des communes de 1977.

Géographie[modifier | modifier le code]

Mariembourg est situé :

Évolution démographique[modifier | modifier le code]

  • Source: DGS, 1831 à 1970=recensements population, 1976= habitants au 31 décembre

Histoire[modifier | modifier le code]

Création de la ville ()[modifier | modifier le code]

Contexte politique[modifier | modifier le code]

Carte
Fortifications édifiées par la France (en bleu) et l'Espagne (en rouge) au XVIe siècle.

La création de la ville fortifiée s'inscrit au cours des XVe et XVIe siècles dans une période d'affrontement entre le royaume de France et les ducs de Bourgogne qui se prolonge lorsque les territoires bourguignons passent à la maison de Habsbourg à la fin du XVe siècle à la suite du mariage de Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne avec Maximilien Ier de la maison de Habsbourg. À cette même époque, la guerre de Succession de Bourgogne à la fin du XVe siècle a entrainé la perte de la Picardie pour les Pays-Bas bourguignons avec un déplacement de la frontière vers le nord à la frontière avec l'Artois resté bourguignon.

Mais c'est surtout l'invention puis la démocratisation de l'artillerie au XVe siècle ayant rendu caduques les fortifications médiévales qui va pousser ces deux puissances au cours du XVIe siècle à réaliser de nombreuses fortifications le long de leur frontière commune.

Choix de l'emplacement et travaux[modifier | modifier le code]

À l'origine, la localité fait partie de Frasnes-lez-Couvin, un village de la principauté de Liège. Sa position stratégique sur un axe nord - sud entre la France et les Pays-Bas conduit en Marie de Hongrie, sœur de Charles-Quint et gouvernante des Pays-Bas à ordonner la construction dans la plaine au lieu-dit « Pont à Fresne », près du confluent de l’Eau Blanche et de la Brouffe d'une forteresse pour renforcer la frontière face aux français dont la place forte de Maubert-Fontaine. Cette forteresse va prendre son nom Marienbourg[2].

Les fortifications sont conçues par les architectes Donato de Boni et Jacques Du Brœucq, sur un plan tétragonal d’environ trois cents mètres sur deux cent septante, comprenant quatre bastions et entouré d'une douve remplie d’eau.

Entre France et Pays-Bas (-)[modifier | modifier le code]

Prise par la France (-)[modifier | modifier le code]

Bien que réputée imprenable, Mariembourg est prise dès 1554 par Henri II[3] après un siège de quatre jours seulement, le commandant Philibert de Martigny n'ayant pas reçu en temps utile les renforts demandés. Sous domination française, la ville est renommée Henribourg. Cette défaite fragilisant sa ligne de défense, Charles Quint décide en 1555 de bâtir une nouvelle place forte, Philippeville[4] et le fort de Charlemont à Givet.

Retour aux Pays-Bas (-)[modifier | modifier le code]

En 1559, la ville est rendue aux Pays-Bas espagnols par les traités du Cateau-Cambrésis[5].

Plan de Mariembourg publié en 1645.

La ville est reconstruite après un incendie en 1655.

Seconde période française (-)[modifier | modifier le code]

En 1659, le traité des Pyrénées fait de Mariembourg une ville française. Après une visite de Louis XIV, Vauban modifie ses fortifications.

Intégrée au département des Ardennes dès sa création en 1790, Mariembourg est en 1793 à la tête d'un canton municipal qui comprend Frasnes-lez-Couvin et Fagnolle. La ville compte alors 130 feux et 520 habitants. La poste aux lettres part pour Paris, Rocroi et Mézières les jours pairs à 10 h du matin et arrive les jours impairs à midi. Trois ans plus tard, un projet de réduction des cantons est prévu : la ville fait dès lors partie du canton de Couvin tel qu'il existe encore aujourd'hui[6].

Elle reste française en 1814 après le 1er traité de Paris. La ville résiste à 7 000 soldats prussiens pendant un siège de 36 jours, du au [7], avant d'être rattachée au royaume des Pays-Bas par le second traité de Paris[8].

Si le plan géométrique des rues en étoile est conservé, les fossés comblés et les fortifications sont rasées en 1853 (Convention des forteresses).

Dates repères de l’histoire de Mariembourg[modifier | modifier le code]

En 1549, Charles-Quint, et sa cour, visite la place forte gouvernée par Philibert de Martigny. On y construit une église sous le patronage de sainte Marie-Madeleine (qui sera consacrée en 1584). C'est la 1re période espagnole.

Henri II, roi de France, s’empare en 1554 de la place qui devient française sous le nom d'Henribourg. Elle le restera cinq ans. Ce sera la 1re période française.

En effet, à la suite du traité de Cateau-Cambrésis de 1559, la place est rétrocédée aux Pays-Bas espagnols. Les Bryas sont nommés gouverneurs héréditaires.

On construit une chapelle dédiée à Notre-Dame de la Brouffe en 1616. Une statue de la Vierge, sculptée par Tonon, de Dinant, y prend place. Treize ans plus tard, un couvent accueille des religieuses sépulchrines.

Le Traité des Pyrénées (1659) rend Mariembourg à la France. C'est la seconde période française qui s'étendra jusqu'en 1815. Mariembourg, comme Philippeville, sont des enclaves françaises en territoire des Pays-Bas espagnols[9].

Vauban fait démolir les murailles en 1674 et construit une nouvelle enceinte. Au retour du siège de Namur, en 1692, Louis XIV séjourne dans la forteresse.

En 1789, Darche, maître de forge de Tromcourt, est délégué aux États Généraux. Mariembourg s'appelle désormais Avant-Poste national. L’église et le couvent sont pillés et partiellement détruits en 1791, les Sépulchrines chassées en 1796.

En 1814, les Cosaques occupent la place forte. L'année suivante, après Waterloo, Napoléon passe à Mariembourg tandis que du au , les Prussiens, commandés par Auguste de Prusse, assiègent la ville.

Le 2e traité de Paris donne la ville au Royaume de Pays-Bas. C'est la période de l'Amalgame.

Guillaume Ier, roi de Hollande, visite Mariembourg en 1816 et fait remettre en état la forteresse. Ouverture d’une deuxième porte.

En , la révolution belge chasse les néerlandais. Une École régimentaire est créée.

Un incident local aura un retentissement national : un petit matin de 1848, une sentinelle tire sur les baudets de marchandes de beurre d'Olloy, qu’elle avait pris pour des assaillants pro-Français : c'est "l'affaire des bourriques". La sentinelle voyant des lumières au loin, demande qui va là. Les voyageuses répondent "Les marchandes de beurre d'Olloy" mais le soldat comprend "Nous n'avons pas peur du Roi". Le soldat sonne alors l'alarme mais seul un âne est blessé à la queue. Les Mariembourgeois sont depuis lors surnommés Les coupeus d'queuwes (du wallon qui signifie en français "les coupeurs de queues").

On démantèle la forteresse de 1853 à 1855.

Le chemin de fer de l'Entre-Sambre-et-Meuse, qui relie Charleroi à Vireux-Molhain en France, atteint la ville en 1854.

Érection de la pompe sur le puits de la place forte en 1863. L’ancien couvent des Sépulchrines fait place à l’hôtel de ville en 1885.

En , les troupes allemandes tuent 4 civils et incendient 95 maisons lors de la prise de la ville.

En 1937, la ville élève un monument à un enfant du pays, Léopold Roger, qui en 1925 a réalisé comme pilote la première liaison Belgique-Congo.

À la Libération, le , des bombardements alliés importants détruisent la ville.

En 1961, à la suite d'importantes inondations, la ville reçoit la visite du roi Baudouin et de la reine Fabiola.

L'orthographie du nom de la commune était "Marienbourg" jusqu'en 1963[10].

La fusion des communes, au , incorpore Mariembourg à l’entité de Couvin[11].

Quelques gouverneurs et commandants[modifier | modifier le code]

Première période espagnole (1546-1554)

  • 1546-1554 : Philibert de Martigny, capitaine de la place.
  • 1552 : Philippe, comte de Lalaing, superintendant; Martigny lui est subordonné.

Première période française (1554-1559 — Henribourg)

  • 1554 : de Breuil, gentilhomme breton, lieutenant-général.
  • 1554 : Artus de Cossé-Brissac, sieur de Gonnor, comte de Secondigny.
  • 1555 : de Fumet
  • 1556 : Jean de Losses, seigneur de Bannes.

Deuxième période espagnole (1559-1659)

  • 1559 : Jacques de Bryas, colonel d’Infanterie wallonne. Époux de Jenne de la Cressonière.
  • 1577 : Jean de Rongy, lieutenant-gouverneur en l’absence de Bryas.
  • 1623 : Jacques de Bryas, baron de Morialmé, † . Époux d’Adrienne de Nedonchel.
  • 1623 : Charles de Bryas. Philippe IV érige sa terre de Bryas en comté.
  • 1656 : Charles de Lespine, lieutenant-gouverneur.

Deuxième période française (1660-1815)

  • 1674 : Henri de Montaut, marquis de Saint-Geniez.
  • 1720 : François de Salair.
  • 1729 : Guillaume Morin, seigneur de Préville, commandant.
  • 1738 : Pierre Douthier.
  • 1741 : Abraham de Michon.
  • 1751 : René de Biodore, marquis de Castéja. † en 1774.
  • 1774-1776 : Louis d’Auteroche, vicomte, commandant.
  • 1780 : André Thévet de Marsac[12].

Économie[modifier | modifier le code]

De nombreuses entreprises sont implantées dans un parc industriel important, qui assure le dynamisme de la ville.

Transports[modifier | modifier le code]

La ville est desservie par la route nationale 5 ou E420.

La gare SNCB est située sur la ligne 132, qui relie aujourd'hui Charleroi et Couvin. Mariembourg dispose également de bus pour Couvin, Charleroi et Namur. C’est le que fut inaugurée la section Cerfontaine - Mariembourg du chemin de fer de l'Entre-Sambre-et-Meuse.

Sites et monuments[modifier | modifier le code]

  • La place Marie de Hongrie est la place centrale de la vieille ville, d'où rayonnent les huit rues qui formaient la ville fortifiée. La place est bordée de nombreuses maisons du XVIIe siècle. Sur la place plantée de tilleuls plus que centenaires se trouve le puits de la forteresse, sa fontaine et sa pompe.
  • L’église royale Sainte-Madeleine date du XVIe siècle.
  • Une stèle, à la rue de France, près de la Grand-place, rappelle la "glorieuse" défense de la forteresse assiégée en 1815 par les Prussiens.
  • Au chevet de l'église, le monument à Léopold Roger, pilote, qui a réalisé le la 1re liaison aérienne Belgique-Congo en huit étapes et 50 jours[13]
  • La chapelle dédiée à Notre-Dame de la Brouffe dans le cimetière de Mariembourg.
  • La villa Malter, construite en 1934 par Marcel Leborgne, au 48 de la rue Reine Astrid.

Personnalités[modifier | modifier le code]

  • Jacques de Bryas, chef de guerre, défend la ville de Renty, aux confins de l'Artois, assiégée par les troupes d'Henri II. En récompense, il est nommé gouverneur de Mariembourg en 1559. Colonel d'infanterie, il se distingue à Middelbourg en 1572, à la tête de 700 Wallons. Philippe II le fait entrer en 1578 au Conseil de guerre.
  • Jacques-Théodore de Bryas, fils de Charles, gouverneur de la ville, et d'Anne d'Immerselle, archevêque de Cambrai en 1675, † en 1694.
  • Le journaliste René Weverbergh y est décédé en 1963.

Armoiries[modifier | modifier le code]

Armes de la ville de Mariembourg. Emblèmes reprises d'un sceau de 1570.
Blasonnement : D'or au lion de sable[14].



Tourisme[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Couvin Bibliotheca », sur couvin-histoire.be (consulté le ).
  2. Guide Michelin Voyage Belgique (2017) p.431 mais cette source indique la date de 1542.
  3. Guide Michelin Voyage Belgique (2017) p.431
  4. du nom de son fils, Philippe
  5. Guide Michelin Voyage Belgique (2017) p.431 mais cette source indique que la ville est reprise par les espagnols à cette date.
  6. André Lépine, Le rattachement à la France du district de Couvin en 1793, cahier du Musée de Cerfontaine, , chap. 246
  7. Guide Michelin Voyage Belgique (2017) p.431 mais cette source indique que le siège s'achève le 25 juillet 1815 et les défenseurs reçoivent les "honneurs de la guerre".
  8. ainsi que Couvin, Fagnolle, Bouillon et Philippeville
  9. p.141 Carte Frontières septentrionale de la France en 1659, après le traité des Pyrénées in Histoire de la France vol. II Dynasties et révolutions, de 1348 à 1852 sous la direction de Georges Duby, Ed. Larousse, 1971 (ISBN 2-03-519302-8)
  10. Arrêté royal du 20.12.1963 modifiant le nom de certaines communes, Moniteur belge 25.12.1963, p. 12.529
  11. Source : S.I. de Mariembourg
  12. André Lépine, Mariembourg. Notes d'histoire (2), cahier du Musée de Cerfontaine, , 24 p., chap. 260
  13. André Lépine, 80 monuments insolites d'Entre-Sambre-et-Meuse, cahier du Musée de Cerfontaine, , chap. 520
  14. concédées par Arrêté Royal du 28 février 1855

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Olivier Berckmans, « Mariembourg et Philippeville, villes neuves et fortes de la Renaissance », Bulletin de la Commission royale des Monuments et des Sites, Commission royale des Monuments et des Sites, t. 6,‎ , p. 62-85 (lire en ligne)
  • Olivier Berckmans, « Mariembourg et Philippeville, villes neuves et fortes de la Renaissance (seconde partie) », Bulletin de la Commission royale des Monuments et des Sites, Commission royale des Monuments et des Sites, t. 8,‎ , p. 106-138 (lire en ligne)
  • Albert de Robaulx de Soumoy, « Recherches sur l’histoire de la ville de Mariembourg et l’origine de Charlemont », Annales de la Société Archéologique de Namur, Société Archéologique de Namur, t. 8,‎ , p. 159-220 et 233-236
  • Marc Thiry, Mariembourg. Notre-Dame de la Brouffe, Bruxelles-Paris, Éditions universitaires, , 254 p.
  • André Lépine, « Notes d’histoire sur Mariembourg », Cahier du Musée de Cerfontaine, no 210,‎
  • Frédéric Schollaert, Notice sur Mariembourg, Liège, Université de Liège, , 24 p.
  • André Lépine, « Registres paroissiaux de Mariembourg 1737-1802 », Cahier du Musée de Cerfontaine, no 294,‎
  • André Lépine, « Notes d’histoire sur Mariembourg au 18e s. », Cahier du Musée de Cerfontaine, no 295,‎
  • André Lépine, « État civil du 19e s. Mariembourg (+ 1900-10) », Cercle d'Histoire de Cerfontaine, no 383,‎
  • André Lépine, « Le qui est-ce ? du 19e s. Mariembourg : 1150 noms », Cahier du Musée de Cerfontaine, no 384,‎
  • André Lépine, « Mariembourg en cartes postales anciennes », Cahier du Musée de Cerfontaine, no 504.,‎
  • André Lépine, « La ligne 132 en cartes postales anciennes », Cahier du Musée de Cerfontaine, no 500,‎
  • Itinéraire des gares rurales, vol. 4, Société Royale Belge de Géographie, coll. « Hommes et paysages », , 45 p.


Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]