Marcel Leborgne

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Marcel Leborgne
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 79 ans)
CharleroiVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Marcel Amand Jules Ernest LeborgneVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Saint-Luc de Tournai
Saint-Luc de Bruxelles
Activité
Famille
Armand-Joseph Leborgne (grand-père - 1823-1923), architecte
Henri Leborgne (frère), architecte
Père
Hector Leborgne (1866-1949), architecte
Autres informations
Mouvement
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Œuvres principales

Marcel Leborgne est un architecte belge né à Gilly le et mort à Charleroi le , membre d'une famille d'architectes. Son œuvre, moderniste pour l'essentiel, même si son parcours est en marge du mouvement moderne en Belgique, est avant tout carolorégienne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Le bureau de l’architecte Marcel Leborgne (1939).

Marcel Amand Jules Ernest Leborgne est le fils d'Hector Leborgne, ingénieur architecte, et d'Elise Moors[4]. Il fait ses études secondaires chez les Jésuites au Collège du Sacré-Cœur de Charleroi, puis en architecture à Saint-Luc (Tournai puis Bruxelles) où il recevra son diplôme en 1922.

Il débute en travaillant avec son frère Henri, essentiellement sur la reconstruction de Wijtschate, de 1921 à 1926, une commune proche d’Ypres écrasée lors de la Première Guerre mondiale. Là, il entre en contact avec les idées modernistes notamment celles de Victor Bourgeois[5].

La majeure partie de son œuvre est construite dans l'entre-deux-guerres. Il s'agit principalement de villas, immeubles de logements et bâtiments de services.

Victime d'une thrombose qui le paralyse partiellement en 1947, il se consacre plus à l'urbanisme et à la peinture. Il délègue alors à ses collaborateurs et ses rares projets d'architecture n'auront plus le lyrisme qu'on admirait auparavant chez lui.

Influences et style[modifier | modifier le code]

Maison, route de Philippeville à Loverval. Construction 1930. Cette maison présente une grande proximité artistique avec Robert Mallet-Stevens et la villa Martel[6].

Outre celle de Victor Bourgeois, Marcel Leborgne subit également l'influence de grands maîtres tels que Le Corbusier, Robert Mallet-Stevens[6],[7], le courant De Stijl et même Frank Lloyd Wright dans la villa qu'il construit pour lui-même à Loverval en 1929[8].

Moderniste pour l'essentiel, son œuvre est cependant en marge du mouvement moderne en Belgique[9]. Son art est personnel, caractérisé par la vigueur des compositions et un goût pour la scénographie. Marcel Leborgne adopte une voie hybride qui associe le rationalisme italien, des influences corbuséennes et le style paquebot[10]. Elle peut être mise en parallèle avec Mallet-Stevens. Tous deux atténuent l'ascétisme moderniste par des touches Art déco, l'introduction inattendue de pergolas et de vitraux aux motifs abstraits[11].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Villa Malter à Mariembourg

Même s'il rayonne au-delà de son pays natal, notamment à Mariembourg (villa Malter, 1933), Namur (villa Liber), Bruxelles (villas Lemort, 1934), Saint-Idesbald (villa Le Carbet, 1937) et Rhode-Saint-Genèse, où il construit sa réalisation la plus spectaculaire en collaboration avec son frère, la villa Dirickz (1933)[6], c'est à Charleroi qu'il concentre ses efforts et c'est là que se trouve son œuvre la plus connue. Il est indissociablement lié au patrimoine de Charleroi[5] où plusieurs de ses constructions ont été classées.

Intéressé par les nouveaux programmes sociaux destinés à améliorer le sort des classes défavorisées, il construit deux œuvres majeures. La maternité Reine Astrid à Charleroi (1936-1937, avec Raymond Van Hove), et la Cité de l’Enfance à Marcinelle (1938, avec Raymond Van Hove et Victor Bourgeois ; 1947-1953, avec Victor Bourgeois), orphelinat conçu comme une cité-jardin[12].

Charleroi, boulevards Dewandre et Drion en 1939. À droite, la maternité Reine Astrid, au centre immeuble à appartement Moreau avec à sa gauche, la maison Mattot, toutes trois œuvres de Marcel Leborgne.

Il construit et soutient la construction de logements organisés sur des bases plus collectives. Par exemple, la résidence Albert, avenue Meurée à Marcinelle (1937-1938), l'immeuble Moreau au boulevard Dewandre à Charleroi (1938), la résidence du Moulin au boulevard Tirou à Charleroi (1948)[13].

L'immeuble Dickmans, situé dans la Grande-Rue à Charleroi, peut être considéré comme un prototype des immeubles d'appartements d'angle qui seront construits à la fin des années 1930[14]. L'une de ses dernières créations suivant cette typologie urbaine est la maison Dolpire. Un bâtiment moderniste peu connu, situé entre la rue Charles Dupret et la rue de Charleville dans la ville basse de Charleroi[15].

En plus de ces projets à impact urbain, Marcel Leborgne réalise également des bâtiments collectifs plus petits ou pour des particuliers. Par exemple, la maison Druard et l'immeuble Marin dans le boulevard Gustave Roullier (1935). La maison Mattot sur le boulevard Dewandre à Charleroi (1937) et l'immeuble Henry de l'autre côté du même boulevard (1938)[16].

Avec Joseph André, il réalise l'urbanisation du boulevard Joseph Tirou à Charleroi. La qualité de ce projet lui permet d'être nommé en 1951 au Conseil technique de l'Urbanisme à Bruxelles[13].

« Il créait une architecture simple, réelle et fonctionnelle. Seules les formes comptaient pour lui et toute décoration inutile ou superflue était radicalement proscrite » a écrit un de ses confrères, Édouard Bouillart[17]. Sa vision d'un fonctionnalisme sans sécheresse, plus sentimentale et raffinée, s'adaptant aux besoins du commanditaire, lui vaut parfois des critiques, mais surtout, le titre de « constructeur lyrique »[18].

Œuvres classées[modifier | modifier le code]

Après un temps d'oubli, la démolition de la maternité, chère au cœur des habitants de Charleroi, dans les années 1980 sous le bourgmestre Jean-Claude Van Cauwenberghe, marqua le début d'un regain d'intérêt pour l'œuvre de Marcel Leborgne[19].

En 2023, cinq des constructions de Marcel Leborgne sont classées au patrimoine.

Villa Dirickz à Rhode-Saint-Genèse[modifier | modifier le code]

La Villa Dirickz à Rhode-Saint-Genèse, côté rue.

Construite en 1929-1933 en collaboration avec son frère Henri, c'est la réalisation la plus spectaculaire de Marcel Leborgne. Elle fut construite pour Henri Dirickz (parfois orthographié erronément Dirickx), directeur général des Forges de Clabecq, dont il fut commissaire de 1946 à 1950 et administrateur[20] de 1950 à 1979.

La villa s'inscrit dans un cube virtuel de 25 mètres de côté. Elle présente deux faces ambivalentes. Côté rue, ses fenêtres horizontales sont clairement dans l'esprit de Le Corbusier. Côté jardin, la façade symétrique est d'inspiration Art déco. L'atrium est centré autour d'un bassin qui donne un aspect théâtral à l'ensemble. Il semble inspiré du décor dessiné par Robert Mallet-Stevens pour le film L'Inhumaine de Marcel L'Herbier[6]. La villa servit d'ailleurs de décor. Jacques Deray y tourna un film avec Alain Delon, L'Ours en peluche, et Goffin, François Schuiten et Benoît Peeters l’utilisèrent dans leur bande dessinée, Plagiat[21].

Elle restera la propriété de la famille du maître d'œuvre jusque dans les années 1980. Le bâtiment sera classé en 1990[22]. Néanmoins, il se dégrade peu à peu. Il sera racheté fin 2007 par un particulier, Alexander Cambron qui le restaure à l'identique et le modernise avec l'accord des Monuments et Sites.

Constructions classées à Charleroi[modifier | modifier le code]

Quatre des constructions de Marcel Leborgne ont été classées à Charleroi.

L'immeuble dit « Piano De Heug » fut construit en 1933, vraisemblablement en collaboration avec son frère Henri. Classé en 1995[23].

La maison du sculpteur Alphonse Darville, la Villa Darville à Mont-sur-Marchienne. Construite en 1937, classée en 1998[24].

La résidence Albert à Marcinelle fut construite en 1937-1938 et classée en 2010[25],[26],[27].

La Cité de l'Enfance à Marcinelle, est un ancien orphelinat de type pavillonnaire bâti en 1938 sur un terrain arboré de plus de 5 ha. Il se compose d'une vingtaine de bâtiments à étage en brigues rouges et ocre sous une toiture plate. De larges baies rectangulaires à encadrement en grès blanc éclairent les pièces d'habitations[28]. L'ensemble fut classé en [29].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « http://aam.be/wp-content/uploads/2014/11/Leborgne-Marcel.pdf » (consulté le )
  2. « http://aam.be/en/list-of-collections/ » (consulté le )
  3. « http://www.archiefbank.be/dlnk/AE_10612 »
  4. Commune de Gilly, « Acte de naissance n°206 » Inscription nécessaire, sur FamilySearch, (consulté le )
  5. a et b Bioul 2009, p. 82.
  6. a b c et d Architecture en Belgique, p. 372-373
  7. La vue du film L'Inhumaine de Marcel L'Herbier en 1924, avec des décors de Robert Mallet-Stevens, sera pour lui une révélation.
  8. Bioul 2009, p. 82-83
  9. Strauven et Van Loo 2003, p. 390-391.
  10. Culot et Delaunay 2002, p. 30.
  11. Culot et Delaunay 2002, p. 33.
  12. Bioul 2009, p. 83
  13. a et b Bioul 2009, p. 83-84
  14. Strauven, Le Maire et Dailly 2017, p. 139.
  15. Strauven, Le Maire et Dailly 2017, p. 179.
  16. Strauven, Le Maire et Dailly 2017, p. 107; 113.
  17. ...A Charleroi, Marcel Leborgne, p. 5
  18. Flouquet 1939, p. 297
  19. Didier Albin, « Vingt ans après la maternité reine Astrid », La Dernière Heure,‎ (lire en ligne)
  20. Madeleine Jacquemain, Inventaire des archives de la s.a. Forges de Clabecq, p. 38 : « Henri Dirickz... commissaire 1946-1950 ...administrateur 1950-1979 ».
  21. Guy Duplat, « La Villa Dirickz a été luxueusement restaurée », La Libre Belgique,‎ (lire en ligne)
  22. (nl) « De Inventaris van het Bouwkundig Erfgoed - Villa Dirickz » (consulté le )
  23. Bioul 2004, p. 223-226
  24. Bioul 2004, p. 208-213
  25. Bioul 2004, p. 227-230
  26. Florence Branquart, « La résidence Albert à Marcinelle, œuvre de l’architecte Marcel Leborgne », La Lettre du Patrimoine, Institut du patrimoine wallon, no 21,‎ , p. 22 (lire en ligne)
  27. « Arrêté de classement sur le site officiel » (consulté le )
  28. Patrimoine monumental de la Belgique, vol. 20, p. 151
  29. Didier Albin, « La cité de l’Enfance est classée », L'Avenir (Belgique),‎ (lire en ligne)

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Bâtiment de Marcel Leborgne.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • …A Charleroi, Marcel Leborgne, Charleroi, Espace Environnement, , 48 p.
  • Le patrimoine monumental de la Belgique, vol. 20 : Wallonie, Hainaut, Arrondissement de Charleroi, Liège, Pierre Mardaga, éditeur, , 602 p. (ISBN 2-87009-588-0, lire en ligne).
  • Françoise Aubry, Jos Vandenbreeden, France Vanlaethem, Christine Bastin (Photographie) et Jacques Evrard (Photographie), Architecture en Belgique : Art nouveau, Art déco & Modernisme, Bruxelles, Éditions Racine, , 408 p. (ISBN 978-2-87386-467-5, lire en ligne), p. 372-373.
  • Anne-Catherine Bioul, Vivre aujourd'hui dans un intérieur d'autrefois, à Charleroi, Namur, Ministère de la Région wallonne, coll. « Études et documents / Monuments et sites », , 245 p. (ISBN 2-87401-171-1).
  • Anne-Catherine Bioul, « Marcel Leborgne ou le choix de la modernité «humaine» », Les Cahiers de l'Urbanisme, Service public de Wallonie/Éditions Mardaga, no 73,‎ , p. 81-85 (ISBN 978-2-8047-0029-4, lire en ligne [PDF]).
  • Anne-Catherine Bioul, « Ode au béton et à la lumière : Leborgne et l'immeuble paquebot », Les Nouvelles du patrimoine, Association des Amis de l'Unesco, no 132 « Béton et patrimoine »,‎ , p. 30-33 (ISSN 0773-9796).
  • Maurice Culot et Gaëtane Warzée (coordinatrice), « L'œuvre de Marcel Leborgne », dans Le patrimoine moderne et contemporain de Wallonie : De 1792 à 1958, Namur, Division du Patrimoine, DGATLP, , 423 p. (ISBN 2-87401-070-7), p. 114-116.
  • Maurice Culot et Dominique Delaunay (Photographe), Charleroi : De l'Art nouveau à l'Art déco, Bruxelles, Archives d'architecture moderne, , 64 p. (ISBN 978-2-87143-121-3).
  • Louis-Philippe Breydel (photos) et Ephrem (texte), Marcel Leborgne : Villa Dirickz, Alice Éditions, , 160 p. (ISBN 978-2-87426-118-3).
  • Pierre Louis Flouquet, « Les frères Leborgne », Bâtir, no 20,‎ , p. 778-781 (lire en ligne [PDF]).
  • Pierre-Louis Flouquet, « La nouvelle “maternité” de Charleroi : L’architecture au service de la vie », Bâtir, no 54,‎ , p. 1192-1196 (lire en ligne [PDF])
  • Pierre Louis Flouquet, « Marcel Leborgne, constructeur lyrique », Bâtir, no 80,‎ , p. 297-329 (lire en ligne [PDF]).
  • (en) Iwan Strauven et Mil De Kooning (dir.), « Marcel Leborgne », dans Horta and after : 25 masters of modern architecture in Belgium, Gand, University of Ghent, , 332 p. (ISBN 9076714010), p. 108-119.
  • Iwan Strauven (dir.), Judith Le Maire (dir.) et Marie-Noëlle Dailly (dir. et photogr.), 1881-2017 Charleroi métropole, Bruxelles, Mardaga et Cellule architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, coll. « Guide d'architecture moderne et contemporaine » (no 4), , 367 p. (ISBN 9782804703677).
  • Iwan Strauven et Anne Van Loo (dir.), « Leborgne Marcel », dans Dictionnaire de l'architecture en Belgique de 1830 à nos jours, Anvers, Fonds Mercator, , 624 p. (ISBN 90-6153-526-3), p. 390-391.
  • « Marcel Leborgne », dans : Musée des archives d'architecture moderne. Collections, Bruxelles, 1986, pp. 272-276.