Jeanne Brousse

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Jeanne Brousse
Jeanne Maurier vers 1942.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 96 ans)
AnnecyVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jeanne Élise Adèle MaurierVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Résistante, municipal employeeVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinctions

Jeanne Brousse née Maurier, dite Jeannette, née le à Saint-Pierre-de-Curtille dans le département de la Savoie et morte le à Annecy, est une résistante française durant la Seconde Guerre mondiale et une Juste parmi les nations.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeanne Brousse en avril 2014 lors de l'inauguration du bâtiment du service des migrations et de l'intégration à la préfecture de la Haute-Savoie

Jeanne Maurier grandit à Annecy. Son père, ancien combattant est revenu gazé de la Première Guerre mondiale[1] et travaille à la préfecture de la Haute-Savoie. À 18 ans, elle veut commencer des études à la Croix Rouge Française, à Paris, mais la déclaration de la guerre l'en empêche.

Pendant la guerre (1939-1945)[modifier | modifier le code]

Après avoir effectué plusieurs remplacements, Jeanne Maurier entre en 1939 comme employée à la préfecture de la Haute-Savoie, à Annecy. Elle est affectée au service des naturalisations comme auxiliaire, puis comme contractuelle. À partir de 1941, elle intègre le nouveau service des réfugiés qui vient d'être créé pour aider les personnes réfugiées qui commencent à arriver dans la région. En , une femme, Suzanne Aron (Benoit-Lévy), lui demande de l'aider pour lui procurer des papiers d’identité. Son mari, Francis Aron, ancien combattant, officier de réserve blessé en 1940 et décoré de la Légion d'honneur, les a brûlés car, juif, il ne veut pas que sa famille porte l'étoile jaune[2]. Elle en a besoin aussi pour trois petites filles du rabbin de Valence, Henri Schilli, dont elle a la garde.

Jeanne Maurier commence à fabriquer sept premières fausses cartes d'identité dont quatre documents au nom de Caron, trois autres pour les enfants Schilli en transformant leur nom en Sureau[3]. Ces dernières, avec les enfants Aron, trouvent une cache dans la ferme des grands-parents maternels de Jeanne Maurier[4].

Dès , elle aide ensuite les jeunes gens des classes 1919, 1920 et 1921 désignés à rejoindre le service du travail obligatoire à y échapper. Par son travail à la préfecture, elle bénéficie d'un laisser-passer de nuit. Elle en profite pour aller avertir les familles après son travail[4] après avoir vu la liste des personnes convoquées. À cette époque arrivent des hommes venant d'autres régions pour se cacher dans les montagnes. Elle leur fournit des papiers d’identité et modifie leur lieu de naissance pour les faire naître dans une ville qui avait été bombardée ou d'Afrique du Nord afin que les recherches à l’état civil de naissance ne puissent se faire.

Elle rencontre Geneviève de Gaulle en qui recherche quelqu'un pour distribuer des journaux clandestins. Elle l'aide à fournir des faux documents d'identité aux réfractaires.

Elle facilite le passage de réfugiés vers la Suisse avec l'aide des cheminots de la voie ferrée Annemasse-Genève Eaux Vives, du temple réformé d'Annemasse et de Jeanne Bach, femme de pasteur.

Elle se marie en avec Jean Brousse, un collègue de la préfecture qui travaille alors au bureau du préfet. Ce dernier avait été emprisonné avec d'autres hommes par la milice lors d'une rafle.

Après-guerre[modifier | modifier le code]

Attestation de la médaille des Justes de Jeanne Brousse (1973).

Après guerre, le rabbin Schilli, devenu directeur du Séminaire Israélite de France témoigne du rôle de Jeanne Brousse dans sa sauvegarde ainsi que celle de ses trois filles Françoise, Nicole et Danielle[5].

En 1973, l'État d'Israël lui décerne le titre de Juste parmi les nations[6]. En 1974, elle reçoit la médaille des Justes du consul général d'Israël à Paris et est invitée à planter un arbre à Jérusalem dans le jardin des Justes à Yad Vashem [6].

Son nom est inscrit sur le mur d'honneur des Justes du musée du mémorial de l'Holocauste des États-Unis à Washington.

Jeanne Brousse est en 1981 une des membres fondatrices de la section française de l'association « Les Justes des nations »[7]. Elle rejoint en 1987 le comité français de Yad Vashem et en assure pendant plusieurs années la vice-présidence. Elle est également présidente d'honneur des Sauveteurs héroïques de Haute-Savoie[8],[9]. Elle participe au Concours national de la résistance et de la déportation, en venant témoigner dans les écoles ainsi qu'aux Journées nationales contre le racisme et l'antisémitisme [10]. Elle est membre du jury du concours départemental sur la résistance et la déportation.

Très active dans le milieu associatif, elle a été notamment secrétaire de l'amicale départementale des anciens de l'armée secrète et secrétaire de l'union départementale des combattants volontaires de la résistance.

Le , en présence de Catherine Trautmann, porte-parole du gouvernement français, elle inaugure le Mémorial national des Justes, "la clairière des Justes" à Thonon-les-Bains[11].

En , elle accompagne la visite officielle du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin en Israël lors de à l'inauguration du nouveau musée de Yad Vashem dédié à la Shoah en présence de Simone Veil.

Son nom se trouve sur le mur des Justes inaugurée en 2006 au mémorial de la Shoah à Paris.

En 2008, le théâtre Circus lui rend hommage en montant le spectacle collectif Juste rebelle[12].

Le , le nouveau bâtiment de la préfecture de la Haute-Savoie du service des migrations et de l'intégration situé à Annecy est baptisé à son nom[13].

Comme elle se définit elle-même, Jeanne Brousse indique : « Je ne suis pas une héroïne, pas une conférencière. Je suis une femme ordinaire qui a vécu des choses extraordinaires, tout simplement »[1].

Jeannette Maurier-Brousse mentionnée sur le mur des Justes au Memorial de la Shoah à Paris.
Jeanne Brousse mentionnée sur le mur d'honneur du musée de l'Holocauste à Washington.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Laurent Neury, L'espoir au bout du pont. Histoire et mémoire de la filière de Douvaine (1939-1945), Cabédita, 2019.
  • Jean-Claude Plat, Bernard Iselin, Ces dames qui ont illustré la Savoie, co-édition, 2003, pp. 179-190.
  • Agnès Poncet, Isabelle Wagner, Les armes de Jeanne (1940-1945), éditions le Vieil Annecy, 2005, 201 pages.
  • « Jeannette Brousse-Maurier », dans Israel Gutman, Lucien Lazare, Dictionnaire des Justes de France, Jérusalem et Paris, Yad Vashem et Arthème Fayard, (ISBN 2-213-61435-0), p. 126.
  • Jean-Marie Jeudy, Femmes et rebelles du XVe au XXIe siècle en Savoie, Éditions en Train de lire, 2007, pp. 183-200.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Émissions de radio[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Catherine Bernstein, « Grands entretiens- Mémoire de la Shoah- Jeanne Brousse », sur INA,
  2. « Jeanne Brousse, "Juste parmi les nations" et femme exemplaire », L'Essor Savoyard,‎ (lire en ligne)
  3. « "Rester indifférente, ce n'était pas possible" », L'Express,‎ , p. X
  4. a et b « Une femme juste », L'Essor Savoyard,‎ (lire en ligne)
  5. (en-US) Emily Langer, « ‘I was determined . . . that the greatest number of those who came to me could be saved.’ », Washington Post,‎ (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le )
  6. a et b « The Righteous Among The Nations- Jeanne Brousse »,
  7. Sarah Gensburger, « Les Justes de France : politiques publiques de la mémoire », Presses de Sciences Po, « Académique », vol. chapitre 2: Entrepreneurs de mémoire et configuration française,‎ (lire en ligne Inscription nécessaire)
  8. « Hommage : la communauté juive honore une centaine "Sauveteurs de l'ombre" », L'Essor savoyard,‎ .
  9. « Fonds Jeanne Brousse des Justes parmi les Nations », sur Archives de la Haute-Savoie.
  10. « Témoigner car « tout pourrait vite recommencer » », L'essor savoyard,‎ .
  11. « Les juifs remercient les "justes" », La Croix,‎ (lire en ligne)
  12. « Le théâtre Circus : Hommage à Jeanne Brousse », sur 8 Mont Blanc.
  13. « De nouveaux locaux pour les étrangers », Dauphiné Libéré,‎ .
  14. « Décret du 31 décembre 2004 portant promotion et nomination », sur Legifrance
  15. « France 2, dimanche, 22h30. «Tzedek. Les Justes», documentaire de Clara et de Marek Halter sur ceux qui ont aidé ou sauvé des juifs pendant la guerre. Le simple métier d'homme bien », Libération,‎ (lire en ligne)
  16. « REPORTAGE ' Envoyé spécial ', France 2, 21 heures; Le courage discret des justes. », Le Figaro,‎
  17. « Gens d'ici : Jeanne Brousse épisode 1 », France Bleu,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. « Gens d'ici : Jeanne Brousse épisode 2 », France Bleu,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. « Gens d'ici : Jeanne Brousse épisode 3 », France Bleu,‎ (lire en ligne).
  20. « Gens d'ici : Jeanne Brousse épisode 4 », France Bleu,‎ (lire en ligne).
  21. « Gens d'ici : Jeanne Brousse épisode 5 », France Bleu,‎ (lire en ligne).
  22. « L’invité de la rédaction du 27 octobre 2017- Nicole Naouri », sur studioqualita (consulté le )
  23. « L’invité de la rédaction du 27 octobre 2017- Nicole Naouri » (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]