Eugène Belgrand

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Eugène Belgrand
Fonctions
Académicien
à partir du
Président de la Société géologique de France
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Marie François Eugène BelgrandVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
École polytechnique (à partir de )
École des Ponts ParisTech (à partir du )
Lycée Louis-le-GrandVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Conjoint
Jeanne Félicie de Labrosse
Autres informations
Membre de
Distinctions
Œuvres principales
Buste d'Eugène Belgrand au Musée des Égouts de Paris

Eugène Belgrand, né le à Ervy-le-Châtel[1] et mort le à Paris, est un ingénieur français connu pour sa participation aux travaux de rénovation de Paris dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

Biographie[modifier | modifier le code]

Eugène Belgrand suit une classe de mathématiques spéciales au lycée Louis-le-Grand avec Evariste Galois. Il est polytechnicien (X1829), ingénieur général des ponts et chaussées[2].

À sa sortie d'X, Eugène Belgrand choisit l'École des ponts et chaussées à l’issue de laquelle[réf. souhaitée] il est affecté dans le Puy-de-Dôme, dans la Côte d'Or, puis à Avallon en 1845 et présente dès 1846 à l'Académie des sciences ses études sur la partie supérieure du bassin de la Seine[2] (parues dans les Annales des ponts et chaussées de 1846). Il fait l’hypothèse que la suppression des étangs qui existaient autrefois en grand nombre dans les petites vallées granitiques du Morvan à eu des conséquences désastreuses sur les cours d'eau du pays[3]. Il publie la description de la distribution d'eau d'Avallon en 1849 et la carte géologique de l'arrondissement d'Avallon en 1851. En 1852, il est nommé ingénieur en chef, affecté à la Navigation de la Seine de Paris à Rouen[2].

En 1854, Eugène Belgrand prend la direction du service des eaux de Paris[4]. Il participe alors à la rénovation de Paris voulue par Napoléon III, mise en œuvre par le baron Haussmann entre 1852 et 1870 sous la direction de Zoroastre Alexis Michal, en compagnie de son confrère Adolphe Alphand et du jardinier Jean-Pierre Barillet-Deschamps. Il est d'abord affecté au service des eaux, puis à la direction des eaux et des égouts où il réalise les adductions de la Dhuis et de la Vanne, le réservoir de Montsouris, et lance la construction des égouts de Paris[2]. On lui doit aussi les réservoirs de Passy.

En 1871, il devient membre de l'Académie des sciences[2].

Belgrand a aussi fait œuvre en tant qu'historien de Paris, rendant ainsi hommage à ses prédécesseurs fontainiers de la capitale tels que Salomon de Caus et les constructeurs de la Samaritaine du Pont-Neuf dans son ouvrage Mémoire sur les eaux de Paris (5 tome, 1872-1887). Il poursuit ses recherches sur le régime des eaux jusqu'à sa mort subite par apoplexie en 1878[2].

Il est inhumé au cimetière du Montparnasse dans la 6e division.

Travaux[modifier | modifier le code]

Eugène Belgrand introduit dans son ouvrage La Seine (1872) le mot hydrologie dans son sous-titre études hydrologiques. Justifiant que l'étude des phénomènes pluviaux et fluviaux relève d'un ensemble de disciplines scientifiques (géologie, ingénierie, chimie, médecine, physique, agriculture, ...), il pose alors certaines bases de la science de la circulation de l'eau sur la terre. Il introduit la loi de Dausse (« les pluies de la saison chaude ne profitent pour ainsi dire point aux cours d’eau ») et l'illustre d'exemples. Il analyse l'action des forêts sur le régime des eaux pour noter le rôle bénéfique des espaces boisés dans la lutte contre le ravinement. Bien qu'il évoque le concept d'évapotranspiration des plantes (qu'il nomme perspiration) dans le mécanisme naturel de rétention des eaux en été, il n'en fournit pas une description suffisamment détaillée pour être considérée comme scientifique[2].

Le projet des égouts de Paris, inspiré de la Cloaca Maxima à Rome, constitue la pièce maîtresse de la transformation de la ville sous l'ère Hausmann. Belgrand doit répondre au cahier des charges établi dans le grand programme adopté par le conseil municipal de Paris le 22 janvier 1855. Belgrand est chargé de modéliser l'hydrométrie à géométrie variable des égouts (saisons, fontaines, évacuations ménagères et industrielles), de développer un système de nettoyage dans les galeries souterraines, ainsi qu'un système de drainage de la nappe d'eau du sous-sol parisien. Chaque rue de la capitale devient équipée d'un égout. Belgrand s'appuie sur l'inclinaison naturelle nord-ouest du terrain parisien pour orienter la circulation générale des eaux dans la ville. De la Concorde à Clichy, le nouveau collecteur d'eau (4,4 m de haut, 5,6 m de large) devient le plus large du monde. Belgrand développe la technologie de curage des égouts, encore d'usage aujourd'hui. Son projet d'égouts pour la capitale s'achève en 1924 avec la dérivation de la Voulzie. Avec 600 kilomètres de galeries, il constitue alors le plus grand réseau d'égouts au monde[4]. Il implémente les fontaines Wallace dans son réseau de distribution des eaux[5].

Belgrand mène également la construction d'un siphon de 88 mètres de dénivelé à travers la vallée du Cousin (à Avallon), alors un record mondial[2], pour alimenter la ville en eau potable. Après ce succès, il fut sollicité en divers endroits du pays pour résoudre le problème des eaux, d'abord à Saint Laurent, dans le Jura, puis ce furent Castelnaudary, Rouen, Amiens, Senlis et Rennes[6].

Autres fonctions[modifier | modifier le code]

  • 1854-1878 : Directeur du service hydrométrique du bassin de la Seine[2]
  • 1867-1878 : Directeur du service des eaux et des égouts de Paris[2]

Récompenses[modifier | modifier le code]

  • 1871 : Commandeur de la Légion d'honneur[5]

Principales publications[modifier | modifier le code]

  • La Seine. Le Bassin parisien aux âges antéhistoriques, Paris, Imp. impériale, 1869 [lire en ligne], 2e édition, 1883 (lire en ligne),
  • Les Travaux souterrains de Paris (5 volumes, 1872-1887)
  • Étude préliminaire sur le régime des eaux dans le bassin de la Seine (1873)
  • Assainissement de la Seine, épuration et utilisation des eaux d'égout : Avant-projet d'un canal d'irrigation à l'aide des eaux d'égout de Paris entre Clichy et la partie nord-est de la forêt de Saint-Germain, département de Seine-et-Oise : Enquête. Rapport des ingénieurs de la ville de Paris, (Eugène Belgrand, Mille, Alfred Durand-Claye) ; Préfecture de la Seine, 4 juillet 1876.

Annales des ponts et chaussées[modifier | modifier le code]

  • Études hydrologiques dans les granites et les terrains jurassiques formant la zone supérieure du bassin de la Seine, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 1846, 2e semestre, p. 129-183 (lire en ligne)
  • Notice sur l'établissement d'une conduite destinée à amener les eaux du ru d'Aillon à Avallon, suivie, de quelques considérations sur les ouvrages en ciment romain, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 1850, 2e semestre, p. 412-451 (lire en ligne)
  • Études hydrologiques dans le bassin de la Seine entre la limite des terrains jurassiques et Paris, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 1852, 1er semestre, p. 1-228 (lire en ligne)
  • Hydrologie - De l'influence des forêts sur l'écoulement des eaux pluviales, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 1854, 1er semestre, p. 1-27 (lire en ligne)
  • Notice sur le régime de la pluie dans le bassin de la Seine, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 1865, 2e semestre, p. 30-58 (lire en ligne)
  • Note sur la fondation de l'égout de la Pépinière à Paris, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 1866, 2e semestre, p. 309-313 (lire en ligne)
  • avec Georges Lemoine, Etude sur le régime des eaux du bassin de la Seine pendant les crues du mois de septembre 1866, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 1868, 2e semestre, p. 235-312 (lire en ligne)
  • avec Georges Lemoine, Note sur l'état probable des eaux courantes du bassin de la Seine dans l'été et l'automne do 1870, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 1870, 1er semestre, p. 532-546 (lire en ligne)
  • Du mélange des eaux courantes au confluent de deux cours d'eau; moyen de l'éviter, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 1872, 1er semestre, p. 133-135 (lire en ligne)
  • Sur les conditions qu'on a dû chercher à réaliser dans le choix de sources destinées à l'alimentation de la Ville de Paris, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 1873, 1er semestre, p. 315-326 (lire en ligne)
  • De l'action de l'eau sur les conduites en plomb, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 1873, 2e semestre, p. 280-292 (lire en ligne)
  • avec Georges Lemoine, Étude de la grande crue de la Seine en mars 1876, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 1877, 1er semestre, p. 435-475 (lire en ligne)

Hommages[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Annales des ponts et chaussées: Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, Numéro 51, Partie 1, Volume 2, p. 338.
  2. a b c d e f g h i j et k René Coulomb, « Eugène Belgrand (1810-1878) », Bulletin de la SABIX,‎ (lire en ligne)
  3. Eugène Belgrand, Études hydrologiques dans les granites et terrains jurassiques formant la zone supérieure du bassin de la Seine, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 1846, 2e semestre, p. 154 (lire en ligne)
  4. a et b « Le rôle d’Eugène Belgrand dans la modernisation des égouts de Paris », sur Égouts de Paris sur Free.fr
  5. a et b « Eugène BELGRAND (1810-1878) », sur AFLO
  6. Joseph Bertrand, Eloge historique d'Eugène Belgrand, Paris, Firmin-Didot, , 28 p., p. 10
  7. Site officiel du collège : http://clg10.belgrand.free.fr

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Émile Malézieux, Analyse et extraits sur « Les aqueducs romains » par M. Belgrand, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 1875, 2e semestre, p. 375-402 (lire en ligne)
  • Éloge historique d'Eugène Belgrand par Joseph Bertrand, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, lu dans la séance publique du 1er mars 1880, p. 8 [lire en ligne]
  • Léon Lalanne, Notice sur la vie et les travaux de M. E. Belgrand, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 1881, 2e semestre, p. 337-387 (lire en ligne)
  • Guy Coronio (dir.) et al., 250 ans de l'École des Ponts en cent portraits, Paris, Presses de l'École nationale des ponts et chaussées, , 221 p. (ISBN 2-85978-271-0), « Eugène Belgrand », pp. 119-120.
  • René Coulomb, « Eugène Belgrand (1810-1878) », Bulletin de la Sabix, no 48,‎ , p. 15-19 (lire en ligne, consulté le ).
  • Jean-Claude Deutsch (dir.), Isabelle Gautheron (dir.) et al., Eaux pour la ville, eaux des villes : Eugène Belgrand, XIXe – XXIe siècle, Paris, Presses des Ponts, , 436 p., broché (présentation en ligne).
  • Christian Labrousse et Jean-Pierre Poirier, La science en France : dictionnaire biographique des scientifiques français de l'an mille à nos jours, Paris, Jean-Cyrille Godefroy, , 1494 p. (ISBN 978-2-86553-293-3), entrée « Belgrand, Eugène », p. 115.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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