Région autonome de Shinmin

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Association Populaire Coréenne en Mandchourie
Membres de la Fédération anarchiste coréenne en 1928.
Histoire
Fondation
1929
Dissolution
1932
Prédécesseur
Préfecture militaire de Shinminbu
Successeur
Cadre
Type
Langue
Langue de travail

La Commune de Shinmin, ou région autonome de Shinmin, ou Sinminbu (hangeul : 신민부 ; 1929-1932), était une commune anarchiste révolutionnaire. Durant son existence, elle s'opposera à la fois à l'invasion japonaise, mais aussi aux forces soviétiques coréennes, et permettra l'instauration d'une société sans État en Mandchourie, sur un territoire équivalent à 1/3 de la France[1],[2],[3],[4].

Contexte

Avant l'offensive japonaise, la Mandchourie n'a aucune administration centralisée. Elle est répartie en zone contrôlée par les seigneurs de la guerre chinois et des fractions de l'armée coréenne. Ainsi, le territoire forme le principal bloc de résistance à l'impérialisme nippon.

Le relief y est montagneux - bien que l'on compte quelques vastes plaines. L'Armée du Nord, commandée par Kim Jwa-jin, libère des zones propices à l'instauration de la Commune.

Dès 1925, trois grandes préfectures militaires s'établissent. Il s'agit de Junguibu, Chamuibu - et plus à l'est - Shinminbu. Cette dernière, dont le nom signifie « nouvelle société populaire », est fondée en 1925. Quatre ans plus tard, elle fusionne avec le projet révolutionnaire des anarchistes[1].

Débuts (1927), projet révolutionnaire et réunion de Mujidang

Dès 1927, la Fédération anarchiste coréenne de Chine (FACC) envisage sérieusement l'instauration d'un projet révolutionnaire social en Mandchourie. C'est dans cette perspective que des militants sont envoyés, en juin, dans la province du Fujien, au Centre d'entraînement populaire de Chuang Yuang. Cette expédition est une préparation à la guérilla en zone rurale. Lee Eul-kyu, anarchiste de premier plan, en fait partie. À son retour à Shanghai, il sera rapidement rappelé par Kim Jong-jin. Celui-ci l'enjoint de le rejoindre dans la préfecture de Shinmin, avec d'autres militants tels que Yu rim ou Yi Hoeyeong. Kim Jong-jin, qui s'installe dans la préfecture en octobre à la demande de la Fédération, envisage une réunion avec « Baekya » (Kim Jwa-jin), afin d'élaborer un plan de défense de la Commune.

Cette réunion décisive aura lieu le mois même, dans une gare à l'est de la Mandchourie - dans la localité de Mujidang. Elle se situe dans l'actuelle province de Heilongjiang. On y décide des propositions qu'on soumettrait aux communautés paysannes, et autres forces sociales de la préfecture. La Mandchourie est en effet un pays rural, où seul 40 000 personnes vivent groupées dans des localités de l'est. Le reste, soit près de 95 % de la population, vit dans les champs.

Projet pour la paysannerie

Le plan intègre ainsi n'importe quel paysan de la région :

« Ce ne seront pas seulement les groupes de villageois mais aussi les paysans dispersés associés à l'organisme qui devraient s'établir sur les terres de manière transitoire jusqu'à ce que la structure d'entraide achève de les assimiler. Cette solidarité permettra aux personnes de résister aux persécutions des seigneurs de la terre chinois et aux puissants clans. Ils sortiront de l'actuelle pauvreté en accédant à l'indépendance économique. Cette ferme et systémique unité ne peut se rompre ou se dissoudre. Ce système économique aux intérêts et dans le mode de vie doit permettre à chacun de ses membres de développer ses capacités individuelles et créatives. Pour cela, la formation du paysan sera menée à bien pour améliorer sa vie, orienter ses occupations et faciliter l'unification de l'agriculture. De cette façon, le peuple coréen de Mandchourie obtiendra une existence stable et un pouvoir économique grâce à ce nouveau système pour la paysannerie. Il permettra d'organiser la lutte contre le Japon et sa force économique pourra l'appuyer financièrement » [5],[6]

Projet éducatif

L'« éducation primaire » devait durer quatre ans, pour tout enfant entre huit et douze ans. Le système devait mettre l'accent sur les choses pratiques de la vie et du quotidien, ainsi que sur la solidarité et la participation à la vie collective.

L'« éducation secondaire » s'adressait aux adolescents et aux jeunes de la Commune. Elle devait durer six ans. Il est dit que tous les étudiants cohabiteraient avec leurs maîtres dans une salle communautaire. Ensemble, ils cultiveraient des fermes expérimentales pour être autosuffisants en alimentation. Leurs seront enseignés les techniques telles que la ferronnerie, la menuiserie des travaux d'ingénierie, de construction et de maçonnerie. On y insistait sur un enseignement pratique ainsi que scientifique en lien avec l'agriculture et un apprentissage professionnel. Un équilibre devait être trouvé entre travail rural et exploitation forestière. Durant les vacances d'hiver, les étudiants recevraient une formation semi-militaire dispensée par les paysans, afin d'être apte à la lutte armée contre les troupes japonaises.

Ensuite, le programme comprenait des cours pour adultes, d'une formation culturelle jusqu'à la préparation militaire. Le tout, de sorte qu'elles soient adaptés aux différentes tranches d'âge.

« L'éducation pour adultes. Cette éducation sera destinée à des jeunes et à des hommes de 18 à 30 ans. Les matières développées dans cette formation seront l'amélioration du cadre de vie, l'orientation des loisirs, des débats sur le sens commun et l'entraînement militaire. En période de paix, les agriculteurs seront entraînés pour la lutte, sans préparation trop intensive, afin de constituer une armée de réserve.

Débats culturels. Tous les habitants participeront à des débats culturels qui seront organisés périodiquement afin d'inspirer un esprit d'indépendance et de pratiquer une vie rationnelle et scientifique. Cela contribuera à l'armement mental des individus.»

Enfin, ce programme incluait un entraînement militaire, afin de constituer les corps de guérilleros défendant la Commune :

« Une formation militaire à court terme également d'un an sera conduite pour les meilleurs élèves des écoles secondaires, afin de les convertir en personnel militaire »[7],[5] .

Ce plan éducatif fut sans doute ébauché par Lee Kang-hun, membre de la Fédération anarchiste. Lee Kang-hun naît en 1903 à Gimhwa ( province de Gangwon, Corée ). Dans la seconde moitié des années 1920, il s'établit à Mishan, à la frontière de l'URSS ( actuelle province de Heilongjiang ). À partir de 1927, il sera une des figures centrales de la Commune. Dans le cadre d'élaboration de ce programme, il collabore étroitement avec Baek Jeong-gi et Won Shim-chang - tout deux membres de la Fédération anarchiste, avec lesquels il restera en contact après la chute de Shinmin[8],[7].

Notes et références

  1. a et b Emilio Crisi, Révolution anarchiste en Mandchourie, Noir et rouge, , 164 p.
  2. (en) Anarchism in Korea (lire en ligne).
  3. « Région autonome de Shinmin — Wikirouge », sur wikirouge.net (consulté le )
  4. « Le Mouvement anarchiste en Corée », sur Bibliothèque Anarchiste (consulté le ).
  5. a et b Ha Ki-rak, Histoire du mouvement anarchiste coréen (History of the Korean Anarchist Movement).
  6. Emilio Crisi, Révolution anarchiste en Mandchourie, Noir et rouge, , p. 104.
  7. a et b Emilio Crisi, Révolution anarchiste en Mandchourie (1929-1932),
  8. (ko) « 아나키스트 독립운동가 이강훈 원심창 백정기 의사 육삼정 의거 », sur 이도경세 이의보본,‎ (consulté le )