L'Eau vive (Thomas Philippe)

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Communauté de l'Eau vive
Repères historiques
Fondation 1946
Fondateur(s) Thomas Philippe
Lieu de fondation Soisy-sur-Seine
Disparition 1956
Fiche d'identité
Dirigeant Thomas Philippe (1946-1952)
Jean Vanier (à partir de 1952)
Membres Marie-Dominique Philippe, Pierre de Menasce, Jacques Maritain, Jean Rupp, Maryse Huebert, Marguerite Tournoux, Lucie Denis, Jacqueline d'Halluin et Anne de Rosanbo.

L'Eau vive a été entre 1946 et 1956 un centre de formation et de spiritualité à vocation internationale fondé par le père Thomas Philippe à Soisy-sur-Seine près du couvent dominicain du Saulchoir d'Étiolles[1]. Jean Vanier en prend la direction à partir de 1952 avant de créer quelques années plus tard la communauté de l'Arche avec le père Thomas Philippe et d'anciennes membres de l'Eau vive. Le centre est fermé en 1956 par décision du Saint-Office à la suite de plaintes en 1951 pour abus sexuels[2]. Cette affaire de l'Eau vive est abordée par la journaliste Céline Hoyeau dans son livre La Trahison des pères publié en 2021 comme le « péché des origines »[3] qui expliquerait la genèse et l'étendue d'abus sexuels dans plusieurs communautés nouvelles fondées par des proches de Thomas Philippe et de son frère Marie-Dominique Philippe.

Fondation de l'Eau vive

En 1945, Thomas Philippe, alors recteur du couvent d'études du Saulchoir à Étiolles, conçoit le projet d'une hôtellerie sur une propriété acquise par la fondation Félix Dehau, son grand-père, en bordure de la forêt de Sénart à la limite des communes de Soisy-sur-Seine et d'Étiolles où sont implantés le couvent de l’Épiphanie des dominicaines de la congrégation des Tourelles et le monastère des dominicaines de la Croix et de la Compassion, où l'une de ses sœurs, Cécile Philippe, est maîtresse des novices. Celle-ci fonde la même année[4], (ou plus tardivement, peu après 1948[5]) avec des religieuses de son ancien couvent, le monastère du Cœur Immaculé de Marie sur les terres familiales de Bouvines.

Ainsi naît l'idée en 1946 d'ouvrir aux portes de Paris un « Centre international de spiritualité et de culture chrétienne », une « école de sagesse » destinée à former de futures élites chrétiennes grâce à un enseignement théologique et philosophique d'inspiration thomiste. Le projet reçoit l'approbation du père Thomas Dehau, l'oncle de Thomas Philippe, et de sa dirigée, la mystique belge Hélène Claeys-Bouuaert (1888-1959), l'« l'âme secrète » de l'Eau vive qui reçoit en révélation que « près du Saulchoir une œuvre de Dieu surgirait qui serait plus importante que celle de Catherine de Sienne »[6]. Le nom de la fondation est notamment inspiré par le titre d'un livre de Thomas Dehau publié en 1941 : Des fleuves d’eau vive[7]. La petite dizaine de femmes qui assurent la vie matérielle de la maison, surnommées les « saintes femmes », sont ses filles spirituelles. En septembre 1946, L'Eau vive accueille treize étudiants[8] qui suivent également les cours dispensés au Saulchoir. La branche féminine ouvre en 1947, hébergée par le couvent de l'Épiphanie. Début 1948 une trentaine d'étudiants, de diverses nationalités et confessions religieuses s'y côtoient. « Autour, gravite une vaste nébuleuse d'hôtes. »[9]. La direction est confiée à Thomas Philippe qui a transmis sa charge de recteur du Saulchoir en octobre 1948. Son frère Marie-Dominique Philippe et le père Pierre de Menasce y donnent des sessions d'enseignement.

Le philosophe Jacques Maritain, alors ambassadeur de France près le Saint-Siège soutient l'initiative, y donne aussi des cours et songe même en 1948 à s'y installer. Thomas Philippe sollicite les milieux ecclésiastiques en France et à Rome ainsi que les cercles intellectuels et mondains pour appuyer son entreprise. Des ventes de charité sont organisées au profit de l'Eau vive[1], ce qui ne va pas sans créer quelques tensions avec le Saulchoir et la Province dominicaine sur l'attribution des bénéfices et l'autonomie de l’œuvre de Thomas Philippe[10]. Le général Georges Vanier, ambassadeur du Canada à Paris, finance l'installation du chauffage central et oriente son fils, Jean Vanier, vers l'Eau vive qui s'y installe en septembre 1950. De nombreuses personnalités honorent l'Eau vive de leur présence : l'indianiste Olivier Lacombe, l'islamologue Louis Massignon, le député Maurice Schumann, Giuseppe Roncali, futur pape Jean XXIII, alors nonce à Paris[11]. L'Eau vive au moment de son apogée, dans les années 1950-1951, compte près d'une centaine d'étudiants venus du monde entier et attire le Tout-Paris catholique lors de conférences et de retraites. Dans le contexte de l'après-guerre, cette communauté apparaît aux yeux du psychiatre américain John W. Thompson (1906-1965), qui s'y installe à partir de 1951 et y accueille des adolescents et des jeunes adultes en souffrance mentale, comme « une oasis spirituelle infusée par l'amour de Dieu au milieu d'un désert sans âme marqué par le matérialisme et la destruction. »[12].

La crise de 1952

Des dysfonctionnements cependant se font jour, d'autant que le père Thomas Philippe est un piètre administrateur. L'afflux de visiteurs[13] désorganise l'Eau vive, « pagaye »[14] qui déplaît fortement à ses proches, l'abbé Charles Journet, le père de Menasce et Jacques Maritain qui s'en plaint en ces termes : « L'Eau vive n'est ni un hospice, ni un hôpital, ni un asile, ni une maison de retraite spirituelle, ni un centre de personnes déplacées. Elle doit spécialement se tenir en garde vis-à-vis des déséquilibrés et des gyrovagues. »[15]. Ils déplorent également les débordements de piété affective, mariale en particulier[16]. Cet avis est partagé par Jean-Marie Paupert qui y a séjourné durant plusieurs années et critiquera dans son livre Peut-on être chrétien aujourd'hui ? (1966) un « caravansérail rempli de psychiatres avides de merveilleux » fustigeant la « mariolâtrie » et le « mépris cathare de la matière et de la chair » régnant selon lui à l'Eau vive[17]. Le père Thomas Philippe entretient des rapports privilégiés avec plusieurs moniales dont il assure la prédication et la direction spirituelle : « Tout ce microcosme dominicain d’Étiolles et de Soisy, qui mériterait une cartographie précise, vit dans l’exaltation mariale sous son ascendant : les pénitents et pénitentes se pressent dans le couloir d’accès à son bureau, quitte à y faire le pied de grue plusieurs heures. »[18].

À l'été 1951, deux femmes, parmi plusieurs victimes[19], une novice du monastère de la Croix et de la Compassion d'Étiolles, et une laïque de l'Eau vive dénoncent des abus sexuels subis de la part de Thomas Philippe, justifiés par des arguments théologiques et mystiques. Des indiscrétions ébruitent l'affaire. Au début de 1952, la branche féminine de L’Eau vive est fermée. Le 3 avril 1952, Thomas Philippe est définitivement démis de ses fonctions et appelé à Rome à la maison générale de l'Ordre des prêcheurs, au couvent Sainte-Sabine, pour rendre compte de ses agissements. Il nomme à sa place Jean Vanier, soutenu par le conseil d'administration de l'Eau vive, constitué de laïcs influents, au grand dam du père Albert-Marie Avril (1897-1978), provincial français de l'Ordre dominicain, qui le juge inexpérimenté et souhaite que le Saulchoir reprenne la main sur l'Eau vive. A la rentrée 1952, ce dernier interdit aux frères dominicains d'enseigner à l'Eau vive et aux étudiants de l'Eau vive l'accès aux cours du Saulchoir. Les effectifs de l'Eau vive baissent alors rapidement.

Pour sortir de l'impasse et tenter une conciliation avec les dominicains, Alexandre Renard, évêque de Versailles, ordonne le 17 février 1954 une enquête canonique qui est menée par le père Vandewalle, vicaire général du diocèse. La Province dominicaine « pose comme un préalable à toute reprise des négociations le renvoi de tous les éléments féminins exerçant une responsabilité dans l'Eau Vive, même à titre bénévole. »[20] À la suite de cette enquête, un accord tripartite entre l'Eau vive, la Province dominicaine et le diocèse est trouvé en septembre 1954 qui prévoit la nomination d'un directeur aumônier en la personne du père Fulbert Cayré. Cependant entre lui et Jean Vanier les relations se tendent rapidement, ce dernier n'entendant pas lui laisser les rênes de la communauté. Soucieux de défendre l'autonomie de l’œuvre de Thomas Philippe, Jean Vanier mobilise un vaste réseau de relations en France et à Rome, qui comprend le cardinal Angelo Roncalli, ami de la famille Vanier, et Giovanni Montini, alors pro-secrétaire d’État de Pie XII[21]. Ces démarches suscitent l'agacement des dominicains et l'inquiétude du Saint-Office qui se saisit de l'affaire.

En , le verdict tombe : le père Thomas Philippe est « frappé de la peine vindicative de déposition [...] qui le prive du droit d’exercer son ministère et de délivrer les sacrements. »[18] « Sa sœur, mère Cécile, alors prieure du couvent dominicain de Bouvines [...] est condamnée pour complicité, débarquée dans l'heure de sa charge et déplacée au couvent de Langeac où elle finira ses jours sous un nouveau nom de religion. »[22]. En raison de sa « grave responsabilité » dans les désordres de son neveu, son oncle Thomas Dehau reçoit, compte tenu de son grand âge et de son état de santé, une simple monition canonique. Il meurt six mois plus tard. Le père Marie-Dominique Philippe, « jugé gravement complice des agissements de son frère », est condamné en 1957 : il lui est interdit durant deux ans de confesser, de diriger spirituellement des religieuses, de séjourner et de prêcher dans des monastères et d’enseigner la spiritualité[23]. L'Eau vive est fermée, avec interdiction pour ses membres de reformer une communauté et pour Thomas Philippe de reprendre contact avec son groupe de disciples. En 1958 la propriété est vendue par la fondation Félix Dehau au profit de la Province de France des dominicains[24].

Postérité de l'Eau vive

Malgré ces interdictions, un groupe formé par Jean Vanier et sept anciennes membres de l'Eau vive, dont Maryse Huebert, Marguerite Tournoux et Lucie Denis[25], Jacqueline d'Halluin et Anne de Rosanbo[21], entretiennent des relations clandestines avec le père Thomas Philippe, assigné à Rome sous étroite surveillance à la Trappe de Frattochie, puis au couvent de Sainte-Sabine. C'est « la vie cachée en Marie ». Ils correspondent via des lettres portées par des personnes de confiance (la « valise diplomatique de Marie ») non datées, sous noms de code et en langage secret. Ces lettres témoignent de liens amoureux et mystiques avec un arrière-plan sexuel[21]. En 1959, Jean Vanier loue un appartement à Rome pour faciliter les rencontres. Le père Thomas Philippe ayant été soigné pour dépression en 1953 et en 1955 au hameau-école de Longueil-Annel dirigé par le Dr Robert Préaut, Jean Vanier joue de son influence pour le placer là-bas, à 13 km du village de Trosly-Breuil où lui-même s'installera en 1964 en toute discrétion en compagnie des femmes qui l'ont suivi. Ensemble, ils formeront le noyau initial de la communauté de l'Arche.

Le , l'Arche révèle qu'entre les années 1970 et son départ en 1991[26] « le père Thomas Philippe a eu des agissements sexuels sur des femmes majeures, par lesquels il disait rechercher et communiquer une expérience mystique. »[27]. Concernant Jean Vanier, l'Arche annonce le avoir recueilli sur une période allant de 1970 à 2005 des « témoignages de relations sexuelles sous emprise tous émanant de femmes adultes et non handicapées [...] avec des justifications soi-disant mystiques et spirituelles ». Le rapport conclut que « parce que Jean Vanier n’a pas dénoncé les théories et les pratiques du père Thomas Philippe dont il était personnellement au courant dès les années 1950, cela a rendu possible, de fait, la poursuite de ses abus sexuels sur des femmes à L’Arche et lui a permis d’élargir son influence spirituelle sur les fondateurs ou membres d’autres communautés. »[28].

Ainsi la journaliste Céline Hoyeau dans son livre La Trahison des pères fait « l'hypothèse que les frères Philippe auraient transmis à d'autres fondateurs leur doctrine cachée »[29] conduisant à de nombreux abus sexuels observés dans les communautés créées sous leur influence : la communauté Saint-Jean, l'Office culturel de Cluny, la communauté des Béatitudes, Points-Cœur.

Quatre commissions historiques et théologiques des dominicains, de L'Arche et des Frères de Saint-Jean continuent d'enquêter sur la genèse des abus des frères Philippe et doivent rendre leur rapport en 2022[2].

En 1963, à l'emplacement du château de Gerville[30], bâtiment qui avait servi à l'Eau vive, est installé l'actuel hôpital psychiatrique de Soisy-sur-Seine qui a conservé ce nom.

Références

  1. a et b Raymond Millet, « "L'Eau Vive" », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  2. a et b Céline Hoyeau, « Enquête sur les frères Philippe : des années d’abus en toute impunité », La Croix,‎ (lire en ligne)
  3. Hoyeau 2021, p. 302-339
  4. « Par ailleurs, depuis Bouvines, le père Pierre Dehau et Cécile Philippe soutiennent le projet. Car, dans le château de Félix et Marie Dehau fut fondé, en 1945, le monastère du Cœur immaculé de Marie. Une volée de Dominicaines contemplatives du monastère de la Croix de Soisy-sur-Seine s'y installèrent, La fondatrice et première prieure n'est autre que mère Cécile. » Lafon 2015, p. 302
  5. « Selon Jean Marx, en 1948, sa sœur y est maîtresse des novices. Elle partira peu de temps après pour prendre la direction d'un monastère fondé par le sien, celui du Cœur Immaculé de Marie à Bouvines. Ce dernier, dont le Père Dehau est l'aumônier et l'animateur, se rattache évidemment complètement à cette « famille spirituelle de l'Eau Vive ». » Mourges 2009, p. 68
  6. « [Le] Père Thomas Philippe [a été] envoyé à Rome par Dehau et cette âme contemplative : elle lui avait dit alors de parler au maître général, de lui dire que près du Saulchoir une œuvre de Dieu surgirait qui serait plus importante que celle de Catherine de Sienne. [...] Le Père Dehau m'avait parlé de cette grande œuvre, de cette floraison intellectuelle et spirituelle qui aurait lieu « au prix de fleur de sang ». Cette âme parlait d’une œuvre d'Église (non de l'ordre), d’une espèce de congrégation ou d'ordre de la Sainte Vierge, sans forme extérieure ni constitution visible mais où il y aurait son esprit dans la liberté. C’est tout cet ensemble de lumière qui a fortifié le Père Thomas Philippe et l'a poussé à fonder l'Eau Vive. » Carnets personnels de Maritain, 30 août 1949, Archives Jacques et Raïssa Maritain, cité par Mourges 2009, p. 66
  7. Mourges 2009, p. 65
  8. Mourges 2009, p. 131
  9. Lafon 2015, p. 303
  10. « [...] Cette question de l'autonomie de l'Eau Vive va être aussi le point où se cristallisent toutes les tensions avec le Saulchoir et la Province, qui à partir de ce moment iront sans cesse croissantes. Ces tensions, sont longuement exposées par le Père Avril au Maître Général dans un rapport du mois d'août 1949, qu'il écrit à la suite d'un conflit à propos de la répartition des bénéfices d’une vente organisée au profit commun de la Province et de l'Eau Vive. La Province, dans une situation financière catastrophique, reproche à l'Eau Vive d'avoir accaparé la majeure partie des bénéfices à son profit, alors qu'elle était juste « invitée » à cette vente. » Mourges 2009, p. 72
  11. Lafon 2015, p. 304
  12. « Thompson considered Eau Vive a spiritual oasis, infused with the love of God in an otherwise soulless desert of materialism and destruction. » Weindling 2010, p. 216
  13. « In the difficult year between April 1951 and April 1952, 454 students came from forty countries. » Weindling 2010, p. 209
  14. « À l'Eau Vive nous sommes tombés dans une pagaye que vous prévoyiez et redoutiez » Lettre de Jacques Maritain à Charles Journet, 12 juin 1949, Correspondance vol. 3, Éditions universitaires (1996) p. 754. Cité par Mourges 2009, p. 155
  15. « Il importe d'être spécialement en garde contre les dangers que pourraient faire courir à l'œuvre les gens attirés par le snobisme de la sagesse, les curieux et les touristes. L'Eau Vive ne doit non plus, à aucun moment, accepter d'être un lieu de camping pour scouts, colonies de vacances ou œuvre de jeunesse. Elle ne doit recevoir comme hôtes ou visiteur que ceux qui s'intéressent vraiment à l'œuvre et à ses fins, et peuvent vraiment en tirer profit. » « Au sujet de l'Eau vive », juin 1949, Archives Jacques et Raïssa Maritain. Cité par Mourges 2009, p. 157
  16. « Vous me dites, Charles, que vous avez des inquiétudes pour l'Eau Vive. Je vous en prie, dites-moi plus clairement de quoi il s'agit. Je suis inquiet, il me semble qu'il y a je ne sais quoi qui ne va pas. [...] Je pense à l'esprit de l'Eau Vive. Entre nous, le rapport du Père Thomas Philippe au Congrès Marial [...] m'a mis extrêmement mal à l'aise. Est-ce là de la sagesse théologique ? [...] Et cette manière de vouloir faire de la Sainte Vierge l'épouse de son Fils (comme s'il ne suffisait pas de sa Maternité, comme si tout n'était pas dans sa Maternité !) m'exaspère et me scandalise. » Lettre de Jacques Maritain à Charles Journet, 24 juillet 1951, Correspondance vol. IV, Éditions Saint-Augustin (2005) p. 140.
  17. Pierre Vignon, « Les deux expertises ou l’inventaire des décombres »,
  18. a et b Étienne Fouilloux, « PHILIPPE Thomas », sur Dictionnaire biographique des frères prêcheurs, (consulté le ).
  19. Mourges 2009, p. 168
  20. « On peut se demander pourquoi la Province continue à poser une telle exigence, alors qu'il est certain que si « dérives » il y a eu, elles ne furent pas imputées à la communauté dans son ensemble mais à [Thomas] Philippe seul. Une explication plausible serait que cette exigence découle du besoin de se prémunir contre toute suspicion possible du Saint-Office. Quoi qu'il en soit, on imagine aisément qu'une telle condition est extrêmement difficile à accepter pour l'Eau Vive, car elle impliquerait le renvoi de l'équipe de femmes qui porte la communauté depuis sa fondation en 1946 et qui en est le véritable noyau avec Vanier depuis 1952. Cependant, d'après les propos de Vandewalle que nous avons cités, il semble que la communauté soit prête à se plier à cette exigence en demandant une exception pour Marguerite Tournoux, Nous verrons plus loin que dans la pratique, aucune suite ne fut donnée à cette exigence par la communauté, qui revenait pour elle à se décapiter. » Mourges 2009, p. 305
  21. a b et c Antoine Mourges, L'Arche - Traverser notre histoire - 2020.
  22. Hoyeau 2021, p. 307.
  23. Communauté des frères de Saint-Jean, « Message final de la seconde session du chapitre général », sur freres-saint-jean.org, .
  24. Lafon 2015, p. 313.
  25. Xavier Le Pichon, « Rapport de Xavier Le Pichon sur la place du Père Thomas Philippe dans la fondation de l’Arche »,
  26. Céline Hoyeau, « L'Arche fait la lumière sur la face cachée du P. Thomas Philippe », La Croix,‎ (lire en ligne)
  27. « Lettre de Patrick Fontaine et Eileen Glass », sur L'Arche internationale,
  28. « Rapport de synthèse par L’Arche Internationale », sur L'Arche internationale, .
  29. Hoyeau 2021, p. 295
  30. « Soisy Mag », sur Ville de Soisy-sur-Seine, .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Céline Hoyeau, La Trahison des pères, Paris, Bayard, , 351 p. (ISBN 978-2-2274-9870-9, lire en ligne)
  • Marie-Christine Lafon, Marie-Dominique Philippe - Au cœur de l'Eglise du XXè siècle, Paris, Desclée de Brouwer, , 840 p. (ISBN 978-2-220-06630-1, lire en ligne)
  • Antoine Mourges, Des « sages et des savants » aux « tout petits ». Aux origines des communautés de l'Arche, 1945-1965. Mémoire de Master 1 d'Histoire religieuse sous la direction de Michel Fourcade, Université Paul Valéry Montpellier III, , 478 p.
  • (en) Paul Weindling, John W. Thompson : Psychiatrist in the Shadow of the Holocaust, Rochester (USA), University of Rochester Press, , 456 p. (lire en ligne), p. 203-241 chap. 14 The Eau Vive Affair